#littérature

Lire à Lausanne

Lire à Lausanne

Lausanne fête la rentrée littéraire avec une librairie éphémère 100% lausannoise installée à l’Hôtel de Ville. 

En plus d’y bénéficier d’une promotion 1 livre offert pour 2 achetés, l’espace accueille…

  • Des séances de dédicaces des autrices et auteurs lausannois
  • La performance “Vous avez un appel”: 20 textes de l’écrivain Antoine Jaccoud lus au téléphone par les comédiens et comédiennes de la Compagnie générale de théâtre
  • Des ateliers et concours d’écriture jeunesse
  • Des petits interviews vidéo avec les autrices et auteurs sélectionnés pour la 11e édition du Prix du livre de Lausanne
  •  Des performance d’écriture collective par plusieurs collectifs d’auteur-ice-s lausannois
  • Deux balades historiques dans Lausanne (jeudi 19 et samedi 21 septembre à 18h).

Informations pratiques:
Du 18 au 21 septembre 2024
Forum de l’Hôtel de Ville, Lausanne
www.lausanne.ch

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HispanÁfrica : un lieu de connexion culturelle entre deux continents

Les 12 et 13 septembre prochains, l’Université de Lausanne accueillera le colloque international HispanÁfrica, un événement majeur dédié à l’exploration des relations entre l’Afrique et l’Espagne à travers le prisme littéraire.

Texte et propos recueillis par Catia Afonso

La littérature comme pont entre deux continents

Parler de relations entre l’Espagne et l’Afrique permet d’amorcer une discussion sur la littérature africaine, trop peu représentée en Suisse et en Europe. L’Université de Lausanne agit en faveur du développement culturel et du renforcement de liens internationaux : elle accueille notamment le Pôle pour les Études Africaines (PEALL) dirigé par Christine Le Quellec Cottier, ayant pour but de visibiliser les travaux portant sur l’Afrique et ses diasporas. Rappeler l’abondance des relations littéraires entre le monde hispanique et africain au cours du 20e et 21e siècle, voici l’objectif de cet événement organisé par des chercheurs de l’institution.

Un regard croisé sur la littérature et les arts afro-hispaniques

Quatre conférencier∙ère∙s se joindront au colloque lors de conférences plénières : Mohamed Abrighach de l’Université Ibn Zohr à Agadir s’intéressera à la littérature marocaine en langue espagnol. Joanna Boampong de l’Université du Ghana exposera sur la notion d’appartenance dans la narrative contemporaine de la diaspora africaine hispanique. Stuart Green de l’Université de Leeds présentera l’histoire du rap afro-espagnol depuis les années 90. Christine Le Quellec Cottier, Professeure à l’Université de Lausanne, explorera la place de l’Afrique dans le monde et les nouveaux réseaux atlantiques pour rappeler les liens qui unissent le continent africain à l’Amérique Latine.

D’autres conférences à choix s’inscriront au cœur de ces journées. Celles et ceux dont l’intérêt se porte sur la littérature pourront assister à des discussions sur l’importance de l’Afrique dans la littérature hispanique. Celles et ceux chez qui la curiosité culturelle et artistique domine pourront assister à des conférences autour du cinéma, du théâtre, de la musique et de l’activisme afro-descendants. 

Le Professeur Marco Kunz, spécialiste de littérature espagnole et latino-américaine à l’Université de Lausanne et co-organisateur du colloque avec Sara Bernechea Navarro, a rappelé lors de notre entretien en juin dernier à l’UNIL qu’il existe « beaucoup de zones de contacts entre l’Afrique et le monde hispanophone, d’une part en Amérique Latine de par l’histoire et l’esclavage, d’autre part dans plusieurs pays en Afrique, notamment le Maroc et la Guinée Équatoriale, où il existe une littérature écrite en langue espagnole. »  Marco Kunz souligne également que pour gagner en visibilité, la littérature africaine doit inévitablement passer par l’Europe. Les espaces de discussions agissent en ce sens.

Un zoom sur une conférence : le cas de la Guinée Équatoriale

Lors du colloque, Sandra Schlumpf, Professeure à l’Université de Bâle, apportera une perspective précieuse en présentant une analyse du regard des Équato-Guinéens sur l’Espagne, mettant en lumière les liens culturels et historiques entre ces deux régions. Schlumpf a également collaboré à un projet dirigé par Monica Castillo Lluch, Professeure à l’Université de Lausanne, visant à faire connaître la Guinée Équatoriale, ancienne colonie espagnole. Ce projet, réalisé dans le cadre d’un séminaire de Master à l’Université de Lausanne, a permis aux étudiantes de Castillo Lluch de rencontrer des membres de la communauté équato-guinéenne vivant en Suisse. Les portraits réalisés retracent les parcours de vie de ces ressortissant·e·s, incluant leur passage par l’Espagne, tout en mettant en évidence la diversité linguistique qu’ils et elles représentent. Les données récoltées seront bientôt disponibles sur www.mapaespanolsuiza.org, une plateforme dédiée à la langue espagnole en Suisse.

Vers une collaboration accrue

Le colloque vise ainsi à renforcer les liens culturels et littéraires entre l’Europe et l’Afrique en ouvrant des espaces de dialogues. Les conclusions de ces deux jours serviront de base pour de futures collaborations.  Les deux organisateurs du colloque maintiennent leur volonté de publier une collection d’articles scientifiques au terme de ces journées, assurant ainsi une trace écrite.

HispanÁfrica s’annonce comme un rendez-vous incontournable pour tous les hispanophones curieux∙ses, universitaires mais également auditeur∙trice∙s libres, offrant un lieu d’échanges pour la célébration de la diversité culturelle.

Colloque international HispanÁfrica

Les 12 et 13 septembre 2024
Université de Lausanne, bâtiment Anthropole, salle 4030
www.unil.ch/esp 

Pôle pour les Études Africaines, Université de Lausanne: www.unil.ch/fra/pole-etudes-africaines

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Gabriella Zalapi

Ilaria, une enfance volée ?

Après son premier roman Antonia, Journal 1965-1966 (2019) récompensé par deux prix et Willibald (2022), Gabriella Zalapì publie Ilaria ou la conquête de la désobéissance aux éditions Zoé. L’Agenda a assisté à une discussion avec l’auteure, organisée lors du Livre sur les quais à Morges.

Texte et propos recueillis par Frida

L’idée de cet ouvrage est née lors d’une nuit d’insomnie alors que l’auteure écoutait un podcast proposant une lecture de Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke. Un passage la marque, le fait qu’un individu doit écrire des histoires que seul lui peut raconter, et lui donne envie d’écrire sur la figure du père. Gabriella Zalapì imagine donc l’histoire d’Ilaria en entrecroisant fiction et réalité. Afin de trouver la bonne distance avec les événements, l’écrivaine écrit d’abord le récit à la troisième personne avant de la remplacer par le « je » de l’enfant, qui donne au texte davantage de profondeur.

Ilaria ou la conquête de la désobéissance porte sur l’enlèvement d’une enfant de huit ans, Ilaria, par son père, à la sortie de l’école. Les parents de la petite fille sont séparés. Fulvio, le père, est toujours épris de sa femme. En enlevant sa fille, il en fait un objet de chantage auprès de son épouse. Il est finalement pris à son propre piège. Il part pendant deux ans avec Ilaria sur les routes d’Italie. Ces années constituent une véritable fuite en avant dans laquelle il perd pied. Le récit est ponctué des télégrammes envoyés par le père à sa femme, mais ne contient pas les réponses de celle-ci. L’auteure explique qu’elles n’étaient pas nécessaires à la construction du texte et que l’épouse peut, en outre, ne pas avoir répondu. Ce qui importait à Gabriella Zalapì était de faire entendre la voix du père sans le filtre de l’enfant. Pour éclairer la figure de Fulvio, l’écrivaine convoque la mère de ce dernier (la grand-mère d’Ilaria), et superpose ainsi à la figure du père celle du fils. Cela permet aussi de contextualiser le passé : Fulvio a soutenu sa mère lors du décès de son mari. Celle-ci est fantasque, toujours occupée et laisse peu de place à son fils. Pourtant, ils ont un lien très fort. Le but est de dépasser l’image du bourreau que pourrait renvoyer le père d’Ilaria, en lui apportant des failles et de la lumière. Il a enlevé sa fille et ne s’en occupe guère. Cependant, il est plus qu’un homme irresponsable et malveillant.

Ilaria perçoit la grande solitude de son père ainsi que sa honte de boire parfois. La relation entre les deux personnages se révèle complexe. Il s’agit d’un amour défectueux. Ilaria aime son père tout en le détestant. Il la délaisse la plupart du temps mais ils partagent quelques moments joyeux à travers le jeu et la musique. Il lui apprend à mentir mais également à conduire. Cet espace de jeu crée une complicité entre l’enfant et le père. Tous deux partagent aussi un sentiment de peur. Fulvio a peur de perdre sa femme et Ilaria a peur de son père et de ses réactions imprévisibles liées à son alcoolisme. Le contexte historique de l’Italie des années 80 résonne aussi avec la vie des protagonistes.

L’auteure désirait comprendre comment une fillette peut survivre à une telle situation. La petite fille est aux prises avec la loyauté qu’elle ressent pour ses deux parents. Même au milieu du chaos, les enfants parviennent à trouver de la joie. Ilaria se construit en décalage avec les autres enfants. Elle se retrouve dans une situation instable mais crée sa propre stabilité dans les endroits où elle habite provisoirement. Elle reste curieuse et assoiffée d’un contact avec le monde. L’enfant cherche une place à côté de son père qui reste accaparé par sa douleur. Elle la trouve dans la désobéissance.

L’écriture de Gabriella Zalapì est sobre, minimaliste et laisse pourtant voir aux lecteur∙ice∙s les différents personnages et les lieux variés qui constituent ce périple. Étant également plasticienne, l’écrivaine s’imprègne d’images pour donner à son écriture plus de précision. Son sens de la retenue permet une exploration en clair-obscur d’une enfance malmenée et du poids des relations filiales.

Ilaria

Rencontres avec l’auteure :

La page de l’auteure sur les Éditions Zoé :
www.editionszoe.ch/auteur/gabriella-zalapi

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