Textes lauréats du concours 2024

"L'Homme qui marche"

Les trois nouvelles lauréates sont publiées dans L’Agenda n°109 juillet-août 2024.
La mention « coup de coeur » a été publiée uniquement sur le site internet de L’Agenda

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Longtemps elle l’a regardé, ce bloc de pierre froide dressé devant elle dans l’atelier. Cet homme debout, orphelin depuis que l’autre s’est effondré. L’autre, son mari. Ils l’ont emmené hier soir, juste après qu’elle l’a découvert couché aux pieds du géant de granit. Mort d’un coup. D’en avoir trop donné. D’avoir frappé encore etencore sur la pierre brute, jusqu’à en délivrer un visage. Puis, de haut en bas, des épaules noueuses, un torse épais et des hanches étrangement larges. Le tout posé sur une paire de jambes emprisonnées dans leur piédestal. Elle a toujours préféré la finesse de Giacometti aux découpes brutales de son mari. Mais lui, il disait qu’il fallait suivre les nervures de la pierre. Que c’est elle qui choisissait. Que la Nature guidait ses gestes. Jusqu’à la touche finale. Jusqu’à sa fin. Celle de son Pierre. Quel autre prénom pouvait-il porter ? Son mari ne vivait que par et pour les pierres. N’avait-il pas choisi de mourir ici, sur le béton froid de son atelier plutôt que dans ses bras à elle ? Elle, la femme du sculpteur. Celle qui n’attise plus ni flamme, ni inspiration, jusqu’à en lâcher son prénom. A la place, elle porte sa passion à lui, cela fera 50 ans ce printemps.

Depuis un demi-siècle, elle sait l’emprise des pierres sur son mari. Elle ne s’est pas inquiétée, la veille, lorsqu’il n’est pas rentré manger sa soupe. Plus ses statues étaient imposantes, plus elles imposaient leurs rythmes à leur famille. Elle se rappelle l’éclat dans les yeux de Pierre lorsque Matteo, le contremaître de la gravière, avait déposé devant lui ce bloc de roche haut comme un homme – Sacré morceau ! On est tombé dessus en creusant du côté de l’ancien puits. Impossible de le broyer, il n’entre pas dans la machine. Je me suis dit que tu saurais quoi en faire. Amuse-toi bien, mon Pierrot ! Ça, pour sûr, il savait s’amuser dans son atelier. Il y devenait même magicien. A faire disparaître les heures dans la poussière de son royaume, quand, de l’autre côté du jardin, une lumière l’attendait patiemment à travers la fenêtre de la cuisine.

Hier, comme souvent, les deux tranches de pain servies avec la soupe ont fini par sécher sur le bord de l’assiette. Elle les a emballées dans un linge de cuisine, avant de se raviser. Face à un tel labeur, son mari aurait besoin de forces. La femme du sculpteur a coincé un épais morceau de jambon gras entre les deux miches – pour ramollir la mie – et posé le sandwich sur une assiette fleurie. Puis elle a traversé le jardin en attrapant au passage une bière fermentée dans la réserve. Elle avait pris l’habitude de caler le rythme de ses pas sur celui des coups de burins à l’approche de l’atelier. Elle se fondait dans l’atmosphère des lieux. C’est ainsi qu’elle pénétrait toujours dans le monde de Pierre, avec son air chargé de particules minérales et du chant des roches blessées. Toujours, mais pas cette fois. Hier, ses pas n’ont foulé que le silence. Et la poussière retombée sur le sol. En poussant la porte de l’ancienne grange, elle s’attendait à voir son mari marcher vers elle. Sauf que le seul homme debout dans l’atelier était le géant de pierre.

Voilà comment, de la femme, elle est passée à la veuve du sculpteur, au son d’une assiette qui se brise. Une veuve revenue ce soir dans un atelier vide de vie. Elle ausculte le visage du marcheur pétrifié sur son socle. Les derniers coups de son mari ont griffé ses joues. Comme des larmes éternelles. Oui, ne dit-on de l’immuable qu’il est gravé dans le granit? Contrairement à son Pierre, à ce corps effondré qu’ils ont emporté sans peine, laissant au sol une auréole de poussière. Un courant d’air et il n’en reste plus rien. Sauf qu’elle la voit encore, la trace de la mort. Le ricochet du burin au moment où, quittant la main de son mari, il a heurté la terre. Trois petites entailles en forme de lune, comme trois baisers volés qui n’ont rien à faire là.

Faire là. Mais quoi ? Ses yeux glissent du burin abandonné vers l’homme figé. Faire ? Sa tête lui hurle de défaire. La veuve du sculpteur saisit l’outil. Le premier coup part. Dans l’épaule. Le deuxième dans le bras. Le troisième atteint le cœur de pierre. L’homme ne vacille pas. Il encaisse la colère et la tristesse. Les cris aussi. De celle qui n’a jamais rien osé dire à haute voix dans cet endroit. Des années passées à chuchoter. A craindre de déranger. A se glisser loin de cette roche offerte aux caresses rudes de son mari. A l’envier. Aujourd’hui, elle la hait à corps et à cris. Ses hurlements couvrent le son de ses coups. Personne pour marcher en rythme et rejoindre l’atelier. Son chemin à elle, vers ses pierres et lui. Elle frappe encore et encore. Sa poitrine, son ventre, ses cuisses. L’orphelin laissé inachevé. Il le restera. Ses nervures se fracturent. Ses traits éclatent. Il perd de la masse qui s’écrase à terre. Il s’affine. Qui sait, elle pourrait en faire un Giacometti ? Non. Il doit disparaître. Ce rocher qui l’a tué ne sera jamais la dernière œuvre de son mari.

Essoufflée, elle s’appuie contre l’étagère du fond. Des dizaines de visages, des regards froids, sont posés sur elle. Les autres œuvres de Pierre. Pas une seule ne bouge pour prendre la défense de celui qui s’efface sous ses coups. Elle tousse. Trop de poussière. Elle fait coulisser la porte de la grange. La grande, celle par laquelle son mari accueillait ses pierres. Pas la petite sous laquelle elle devait baisser la tête pour entrer avec ses bouteilles de bière et ses assiettes froides. Les derniers rayons de soleil roux prennent d’assaut tout l’espace. Rien ne devrait briller aujourd’hui. La terre, le ciel, la nature entière devraient pleurer son Pierre. Sa rage cogne dans ses tempes. Elle frappe encore. Se blesse la paume. Change de main. Frappe moins vite, moins fort, mais ne s’arrête pas. Enfin la roche-homme cède. Son bras gauche se détache. Le bloc éclate en morceaux. Ne reste de ce côté que le renflement d’une main posée le long d’une cuisse. Elle donne un coup de pied dans les débris, les balance sous l’étagère. Se fait mal de nouveau. Peu importe, elle continue. Frappe, casse, balance morceau après morceau aux quatre coins de l’atelier. Qui a dit qu’on ne s’acharnait pas sur un ennemi à terre ? Quelqu’un qui n’a jamais haï personne. C’est à terre qu’on achève l’adversaire. Pour être certaine que jamais il ne revienne.

A la fin, il ne reste qu’un socle lourd flanqué des
racines d’un corps qu’on devine encore. Mais tant qu’on le devine, elle décide que ce n’est pas la fin. Alors elle va chercher le jerrican. Celui qui sert à étancher la vieille ponceuse à essence. Elle le vide sur les étagères en bois. Contre la grande porte. Gicle les dernières gouttes sur le mur du fond. Elle veut foutre le feu à tous ses visages, aux restes du sculpteur. Que ses pierres disparaissent après lui. Se brisent comme elle! Tout s’embrase très vite. Elle court vers la maison. S’enferme. Boit une bouteille de goutte. S’endort. Demain, il ne restera rien de l’atelier. Elle a tort. Au matin, le bois est parti en fumée. Restent les pierres. Le feu les a léchées, réchauffées, noircies, mais pas brisées. Forcément, la pierre reste. Lâchés par les étagères en cendres, les visages gisent à terre, charbonnés, tournés vers le ciel. Ils la regardent, la veuve du sculpteur revenue une dernière fois sur ses pas. Au milieu du foyer éteint, lui aussi est toujours là, le socle dressé dans le vide. Mais lorsqu’elle se penche sur lui avec l’idée de le rouler jusqu’au puits, c’est là qu’elle la voit, l’inscription. Elle frotte la suie du bout de sa manche pour délivrer les fines lettres gravées:

« Juliane, marchant à mes côtés depuis 50 ans. »

Les dernières fumées s’effacent alors qu’apparaît
son prénom. Il n’y a plus ni homme ni femme debout à présent. Plus personne ne marche vers l’atelier. Il n’y a plus d’atelier. Qu’un prénom jamais prononcé. Que des visages couchés autour de Juliane, tombée à genoux sur les reliques de l’hommage de Pierre.

Karin Suini
Rédactrice, communicante, parfois drôle,
Lausanne

Je m’enfonce. Il tient ma main. J’aimerais serrer la sienne. Lui demander de ne plus la lâcher. Retenir m’est devenu impossible, quant à tenir… Dans un semi-coma, la voix de Thierry: Paul, tu peux t’en aller. Soixante-trois ans, c’est jeune pour mourir, mais ton corps n’a plus la force de lutter. Pars, mon ami, tu as le droit. Je sens ses lèvres sur mon front et j’entends l’infirmière murmurer Il ne passera pas la nuit.

Ce même baiser, comme un retour en arrière. L’infirmière, l’ami, sa main sur la mienne, d’abord abandonnée puis plus forte. Je serre à nouveau. Mon cerveau commande d’aller plus vite. Les images défilent. Les soignants courent en arrière, comme dans un film qu’on rembobine. Pas de touche arrêt. Ralentir, accélérer ou visionner à vitesse normale, telles sont mes options. Ma vie en marche arrière. À nouveau cette douleur des draps sur mon corps épuisé. Retrouver l’apaisement après la morphine. J’ai conscience que mon regard, mon ouïe, mon esprit sont ceux de l’homme d’aujourd’hui, celui qui se meurt, mes sensations, elles, collent parfaitement aux scènes qui repassent

Pour éviter le va-et-vient de la douleur j’accélère jusqu’à la dernière visite de l’oncologue ; il parle avec des mots incompréhensibles car entendus à l’envers, aussi étranges que l’oiseau s’envolant du bord de la fenêtre à tire-d’ailes arrière pour disparaître dans le ciel bleu. Dans les réponses à mes questions, je saisis rir-mou, le mou-rir retourné. Décrypter ce langage me fatigue, mon corps abdique. Tous mes sens sont cette chair éprouvée. Les visites de l’ami Thierry ponctuent les jours et les nuits passés aux soins palliatifs. Un midi, la civière rentre dans l’ambulance qui recule jusque chez moi. Pas de sirène, ce n’est plus nécessaire. Léger ralenti pour prendre le temps de revoir mon appartement. Mes larmes arrosent cette matinée avant l’admission. Je les sens sur mes joues. Aran, mon siamois, miaule avec la voisine qui cache sa difficulté à prendre congé dans d’interminables logorrhées et caresses à rebrousse-poil. Chimios, nausées, poignées de cheveux entre mes mains blafardes. Vitesse maximale.

Suivre des yeux un homme qui marche en arrière, sans s’arrêter, dans les rues et les parcs m’aurait amusé si cet homme n’était pas moi, plus jeune de trois mois, la chevelure souple, la peau hâlée d’un été finissant, égaré après l’annonce de la blouse blanche Cancer du pancréas, stade très avancé, métastases. Je passe vite sur les douleurs insidieuses, la perte d’appétit, les Va consulter. Je ralentis pour profiter d’un repas partagé avec Thierry. Naissance d’une amitié. Attraper au vol ce moment de bonheur. Juste avant, la répétition du « Messie » de Händel. Chanté à l’envers, je ne le reconnais plus. Aux pas en arrière, je m’y suis presque habitué, mais pas aux notes déchiffrées de droite à gauche sur nos partitions. Moment musical d’une lointaine proximité.

Besoin de vite retrouver Dalida, la femme de ma vie.
Je ne m’attarde pas sur la dispersion de ses cendres au pied du cèdre où on aimait s’étendre, sur la cérémonie, sur cette peine terrifiante qui m’étouffe. Arrive le matin où Dalida gît à mes côtés. Pas même soixante ans, victime d’un AVC pendant son sommeil. Je n’ai rien entendu. La culpabilité ne m’a plus quitté durant ces cinq années de veuvage. La veille, je la retrouve si vivante en ce léger effleurement de nos lèvres qui n’a rien d’un baiser d’adieu. Ralenti sur notre dernière nuit d’amour. La revivre dans un orgasme inversé est une expérience très particulière. Cette fulgurance finale m’irradie pour s’apaiser jusqu’au désir frissonnant des préliminaires. Sens dessus dessous, sa voix me bouleverse. Je m’entends répéter Dalida, un des rares mots intelligibles de cette langue permutée. Un prénom qu’elle a d’abord détesté, car sans cesse associé à la chanteuse. Quand tous ses amis l’appellent Dali, moi je dis et redis Dalida, tout au long de nos trente ans de passion et elle aime ça. Comme dans l’autre sens, ces années filent le parfait amour. Le film se rembobine à toute allure. Divorce, crises de jalousie de mon ex-femme,
d’adolescence de mon fils, mes mensonges, mes fuites. Trop vite survient notre rencontre dans la librairie que je tiens (vendue trois mois avant son décès pour profiter ensemble d’une retraite qui durerait six mois). Je m’attarde sur nos lectures à voix haute du « Journal d’Aran » de Bouvier paru cette année-là, notre talisman. Visiter ces îles resterait un rêve, nos matous Aran (deuxième) et Aran (premier), sa réminiscence. Si je pouvais m’arrêter éternellement sur notre premier regard. Après la foudre survient déjà le temps orageux.

Mon gamin rapetisse pendant que grandit mon sentiment d’avoir été un mauvais père. Il a toutes les raisons d’être en colère, d’avoir mis des kilomètres de rancœur entre nous. Je me souviens de nos discussions avec Dalida sur mon rapport aux femmes. Dragueur des années quatre-vingts, avais-je été un prédateur ? Je lui avais juré ma conduite irréprochable. Au fond de moi, je n’en étais pas si sûr. Mais qui aurait pu vérifier, hein ? Dans mon film, je me vois repoussé par une jeune fille dégoûtée. La séquence suivante me montre dansant un slow, mes doigts caressant ses fesses. Une main baladeuse, ce n’est pas trop grave, me dis-je en m’observant rire, boire et reluquer avec mes potes. Je recule ensuite jusqu’au WC, remonte mon pantalon, mon slip. Peu après, une autre fille appuyée contre le lavabo se débat et dit non, ou plutôt on-n. En avant, en arrière, dans un sens ou dans un autre, je baise, je viole. Son visage ne me rappelle rien, son corps non plus. Est-elle au moins majeure, je n’en suis pas certain. Honteux, je goûte le plaisir d’un gars de vingt ans vigoureux et non coupable.

Marche arrière sur mon solex. Sorti de chez moi en claquant la porte, la colère se déverse dans le nez de ma mère qui pleure. La brutalité sur mon visage acnéique. Certain que mon père est parti à cause d’elle, je la fais payer. Je crains mon jugement d’agonisant. Mes yeux nouveaux suivent cette femme qui travaille à l’extérieur et qui dedans, lave, cuisine, ménage et supporte mes cris, me pousse à terminer mon apprentissage de libraire. Pour la première fois, mon père entre dans le film de ma vie ; c’est donc la dernière fois que je le vois ; ce moment où, d’après mon souvenir, il me serre dans ses bras, me montre sa tendresse, notre avenir. Rien de tout cela. Lui aussi claque la porte. Avec son sac en bandoulière, il marche sans se retourner. Durant ce court passage, il ne m’accorde aucun regard, aucune parole. Je me suis fabriqué un départ de cinéma plein de larmes et d’amour. Son silence, je l’avais expliqué par des lettres interceptées, des messages téléphoniques jamais transmis, les manipulations d’une mère jugée coupable et condamnée à ma rancune à vie. Je croyais me rappeler tous ces soirs où mon père me racontait des histoires. En réalité, il n’y en eut qu’un seul, d’une brièveté insignifiante. Les plus beaux souvenirs ont-ils la valeur de leur rareté ? Je suis des yeux ce père aller et venir, évaporé dans sa maison, étranger à sa femme, au petit Paul, visage extasié, telle une lune virevoltant autour de son soleil, en quête de chaleur, ne trouvant qu’indifférence, lassitude et violence. En perdant des centimètres, les ressentiments contre ma mère s’éteignent pour laisser place à d’innombrables scènes de câlins et de rigolades. Il fut un temps où je fus un fils aimant sa mère. À la maternité, je la sens espérer que son mari me prenne dans ses bras. Devant ses beaux-parents il n’ose refuser un furtif bercement.

Je suis le nourrisson amarré au sein de ma mère.
Premières gorgées d’air. Contrairement à la légende familiale, mon père n’assiste pas à l’accouchement. Le film est bientôt terminé. Cri primal, cordon, des mains me poussent à l’intérieur de ma mère, les pieds devant. Même inversés, je devine les C’est un garçon, il arrive, poussez Madame. Je m’enfonce.

Roane Leschot
Bibliothécaire, Genève

Ouvrir les yeux. C’est ce qu’il aurait dû faire depuis de longues minutes. Comme chaque matin depuis ce jour-là, il retardait la confrontation avec un monde devenu fade. Ouvrir les yeux, pour quoi faire ? Pour constater qu’elle avait déserté leur lit, qu’il ne sentirait plus la tiédeur de ses courbes imprimées dans les draps ? Se lever pour quoi faire ? Il ne se levait plus que pour Vincent. A l’évocation de son fils, ses paupières frémirent. Ouvrir les yeux pour aligner  une journée après l’autre, comme quand, enfant, pour Noël, il enfilait patiemment des tranches d’orange séchée sur un ruban rouge.

Il s’extirpa du lit, se traîna jusqu’à la salle de bains, ouvrit le robinet. Il regarda longuement l’eau couler, engourdi par ce vide glacial qui le quittait rarement. Il se rafraîchit le visage. Il ne se rasait plus depuis des semaines. A quoi bon ? Il consentit à se coiffer, histoire d’être un peu présentable pour Vincent qui allait passer plus tard. Ne pas lui infliger l’image d’un père qui n’était plus qu’une ombre. Dans le miroir, il scruta ce visage vaguement familier, comme un souvenir longtemps enfoui au fond de la mémoire. Il grimaça un sourire. Donner le change à l’entourage, pour s’efforcer d’avancer.

Lentement, il retourna dans la chambre, attrapa un
pantalon, une chemise, lui préféra finalement un polo. Le bleu indigo qu’elle lui avait offert à son anniversaire. Indigo « parce que ça va bien à tes cheveux poivre et sel ». Il ferma les yeux à l’idée de son prochain anniversaire. Plus jamais il n’aurait le goût de fêter quoi que ce soit sans elle. A l’extérieur, le printemps prenait ses quartiers d’été en déployant lumière, douceur et couleurs. A travers la vitre, le soleil déversait son insoutenable gaité, à laquelle il opposa une indifférence profonde. Elle, chaque matin, été comme hiver, elle ouvrait la fenêtre, humait l’air, offrait son visage aux caresses du jour, prenant le temps d’apprécier ces plaisirs simples qu’il avait trop souvent négligés. Au début de leur vie commune, elle avait essayé de lui ouvrir les yeux, comme elle disait, puis y avait renoncé. Il n’aurait su dire quand. Sans doute était-ce sa manière à elle de l’aimer: ne pas chercher à le changer. Il ne le comprenait que maintenant. Mais maintenant, il était
trop tard.

Depuis combien de semaines, de mois, d’années ne lui avait-il pas dit qu’il l’aimait, qu’elle était la raison pour laquelle il ouvrait les yeux tous les matins ? Qui avait cultivé ce champ d’indifférence qui avait prospéré entre eux ? Elle avait organisé ce week-end à la montagne en amoureux pour leur anniversaire de mariage « dans un endroit tranquille où on pourra enfin prendre le temps de se parler ». Il avait d’abord été surpris par ses reproches puis, devant son insistance, avait fini par reconnaître qu’il était peu disponible dernièrement. Elle n’avait même pas souri. L’autre jour, en quête nostalgique de son odeur, il avait ouvert l’armoire où elle avait l’habitude de ranger ses foulards et était tombé sur quelques carnets aux couvertures disparates: rayées aux nuances de l’arc-en-ciel, unies aux couleurs de bord de mer, fleuries en mode romantique. Il ignorait leur existence. La plupart étaient des journaux intimes, qu’elle semblait tenir plus ou moins régulièrement. Voir son écriture raffinée, élancée, tantôt appliquée, tantôt négligée, ondulant en vagues noires ou bleues sur ces pages blanches, lui avait fait l’effet d’un coup de poing dans le ventre. Elle était là, entre ces lignes, vibrante, heureuse ou mélancolique, si présente.

Il n’avait pas parlé à Vincent des carnets, qui étaient
devenus ses livres de chevet. Le soir, seul dans le grand lit, il les avait tous lus, l’un après l’autre. Puis il avait recommencé et recommencé encore. Il ne savait pas lui-même ce qu’il y cherchait, mais il ne pouvait s’empêcher de scruter chaque vide, de décortiquer chaque phrase, tentant d’imaginer pourquoi, quand et où elle avait bien pu les écrire. Un carnet, bleu tendre avec des petites fleurs blanches, l’intriguait particulièrement. Il ne la savait pas si romantique, mais que savait-il vraiment d’elle au juste ? La première page annonçait « Lettres à mon bienaimé ».
Les suivantes s’égrenaient en lettres d’amour. Comme il n’en avait jamais reçues, comme il aurait aimé qu’elle lui en écrive. Il n’avait qu’une certitude: ce n’est pas à lui qu’elles s’adressaient. Elle suggérait dans une de ces missives que ce bienaimé n’était qu’une invention de son esprit, mais il avait un doute. La force des sentiments, la sensualité des échanges qu’elle décrivait semblaient vraies, réelles, vécues. Il avait lu et relu ces déclarations d’amour, ces regrets de l’absence, ces marques d’affection, se torturant, livrant son cœur à la morsure de la jalousie. Cet amour était-il vraiment imaginaire ? Pourquoi l’avait-elle inventé ? Ressentait-elle vraiment un manque aussi vaste ? Et comment, lui, avait-il pu être si distant et aveugle ?

Il traîna ses questionnements jusqu’à la cuisine, alluma la machine à café. Comme tous les matins, un double espresso bien fort ferait office de petit déjeuner. Il n’avait aucun appétit depuis ce jour-là. Il ne se nourrissait que pour pouvoir avancer. Il s’efforçait de mettre un pied devant l’autre pour Vincent, ne souhaitant pas ajouter au désarroi du jeune homme, qui affrontait courageusement la situation. Il saisit la tasse rouge qui affichait en lettres noires « Pour le meilleur des papas ». Il espérait ne pas avoir été un trop mauvais père. Il avait travaillé comme un fou pour mettre sa famille à l’abri mais avait été assez stupide ou naïf pour croire qu’ainsi il contrôlait tout, oubliant dans cette course effrénée que c’était la vie qui avait le dernier mot. Comment aurait-il pu prévoir, même dans ses scenarios les plus pessimistes, ce qui était arrivé ce matin-là sur une route de montagne ? Un soleil radieux ; une chaussée dégagée ; la voix sensuelle d’Etta James dans l’habitacle ; elle, souriante, replaçant avec nonchalance une mèche un peu trop longue au-dessus de son oreille, toute en élégance et retenue comme à son habitude ; la promesse d’un week-end serein ; la fragrance subtile du bonheur… avant la collision. Ces dernières sensations, son dernier souvenir d’elle. Quand il avait rouvert les yeux, il était à l’hôpital et elle était morte.

Depuis, il devait se faire violence chaque matin pour
ouvrir les yeux. Depuis, l’amertume du café qu’elle aimait tant lui laissait en bouche un goût de désespoir. Depuis, il n’avait plus que trois mots en tête: avancer pour Vincent. Jusqu’ici, il avait échoué, n’était parvenu qu’à tourner en rond et à se noyer dans son chagrin et ses regrets. Il avait perdu son amour, sa raison de vivre, son travail et il allait bientôt quitter la maison où ils avaient été heureux. Il se demanda ce qu’elle dirait si elle le voyait dans cet état. Sans doute lui reprocherait-elle de se laisser aller, de ne penser qu’à lui, de ne pas prendre soin de leur fils. Pour qu’elle soit fière de lui, il lui fallait se mettre debout et avancer sur son chemin, même s’il était désormais caillouteux.

L’odeur de café flottait encore dans la cuisine. Par la fenêtre, il aperçut son fils. Vincent, la seule preuve de sa vie d’avant. Il savait qu’il ne sonnerait pas, il avait gardé les clés de leur maison. Il ouvrirait la porte en lançant un « salut, c’est moi ! », amenant avec lui un souffle de vie et de joie. Son fils, sa raison d’avancer. Il sourit en sortant de la cuisine. Vincent l’embrassa, puis planta son regard vert dans le sien, comme le faisait sa mère.

– Tu vas bien ? Bien dormi ? Je vois que tu es déjà prêt. On peut y aller alors ? Je te préviens, je t’ai pris rendez-vous chez le barbier aujourd’hui et ce n’est pas négociable. Cette barbe négligée, ce n’est plus possible Papa, il faut avancer maintenant !

Puis, d’un geste décidé, il empoigna le fauteuil de son père et le poussa vers la porte.

Belen Tartaglia
Recueilleuse de récits de vie, rédactrice et traductrice, Renens

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0. Lumière. Naître. Être. Elle et moi. Elle est Moi. Nous. Nous faim. Nous sans fin. Nous sein. Nous là. Maman où? Peur. Triste. Calme. Rien. Bercer. Encore bercer. Nuit. Crier.

1. Voir. Moi. Voir! Fenêtre. Nan. Naaan! Main lâcher! Trébucher. Tousseul lever. Ça? Veux ça! Donne! Toussuiiite! Bouche… Salive… Bof. Parterre. Flaque de bave. Non! Pieds nus. Pas chauchures! Naaan. Tousseul! Triste.

2. J’ai pas b’soin d’personne. Je vais tout seul! Chaussures tout seul. Veste tout seul. Porte tout seul. Oui. Ciao ciao. Partir. Moi voir arc-en-ciel. Oui-oui! « Tu vas dehors? A la sortie de la ville? » … Oui-oui, àlachoti vil! Bye bye!

4. J’aime pas ces chaussures. J’voulais les baskets avec les lumières. Elles me plaisent pas. Elles serrent trop et ça fait mal. J’m’en fiche. Y a du soleil et aussi avec de la pluie! Alors ça fait un arc-en-ciel dit maman. J’vais voir l’arc-en-ciel en sautant dans les flaques. J’adore clabousser les flaques!

6. En fait, j’ai jamais traversé la route sans donner la main à quelqu’un! En fait, ça va… C’est pas trop compliqué. Lumière rouge, lumière verte. En fait, tout va bien. Hey! Salut les copains. Je vais voir un arc-en-ciel. Vous venez? Non? Ok. À plus tard.

8. Mince, y a plus de chewing-gums secs pour marcher dessus! Les feuilles mortes ça compte aussi? C’est clair ouais! La ligne du trottoir aussi. Hop. Encore une feuille. Une autre, là. Hop. Pourquoi les gens marchent pas sur les chewing-gums? Oh oui! Une flaque d’eau!

11. Ça pue. Je déteste les gens qui fument devant les magasins. Après, on doit retenir sa respiration pour traverser ces nuages de fumée. Les gens puent. Ils savent pas qu’ils puent et personne leur dit. J’ai envie de dire au monde qu’il pue!

14. Merde. Chuis perdu. La sortie de la ville c’est à gauche ou à droite? Chuis tellement creuvéé! Vais prendre le bus. Pas d’fric? Merde. M’en balec! Là, il arrive. Le 3, c’est bon. Oh… Mais. Non! Oui! Ouah! Lisa Carmoni! Elle sort du bus. Merde. Hey! Bien bien! Toi? Elle est tellement belle! Rien. J’vais euh. J’voulais. J’veux sortir de la ville. Je peux pas lui dire que c’est pour voir un arc-en-ciel. J’traverse la ville parce que… parce que… Quoi? Tu veux venir avec moi? Toi, tu veux venir avec moi? Euh! Ouais. Je l’aime. Non, j’ai rien dit. Oui, viens. Je voulais pas passer par la rue piétonne, y a trop des cassoss devant le macdo! Ouais? Oui! Trop? Trop! Ah ah ah! Je ris trop fort! Je ris trop fort? Elle rit aussi. J’voudrais habiter à cet arrêt de bus pour toujours. Yes. Ok, on y va. Silence. Je sais pas quoi dire. J’fais quoi avec mes bras? Noon! Mes bras savent plus comment marcher! « Tu vas bien? » Oui, oui, j’ai mal à une épaule. « Tu veux qu’on s’embrasse? » Si tu veux. Je t’aime.

16. Je la déteste. J’m’en fous des voitures. J’vais traverser sans regarder. Un taxi va me renverser et comme ça je vais arrêter d’avoir mal. Pourquoi j’ai mal? Comment j’ai mal? Il pleut partout. Dehors. Dedans. Je veux sortir de la ville. Je veux sortir de moi-même. J’veux être avec elle. J’ai mal. Putain. J’vous déteste dans vos caisses de bourges. Salut,
je suis trop con, j’ai une caisse plus grande que moi qui pollue sa mère et j’écrase qui je veux parce que je vois rien. Connard!

20. Yes! Un Selecta! Et…? Oui!! Des feuilles à rouler! Parfait. J’ai un G. J’peux tenir jusqu’à ce soir. Beau! Et c’est qui qu’a fait le plus beau S de tous les filtres de la planète weed! Hey, pardon, t’as pas une clope? Connard! Alors pourquoi t’es désolé? Là. Toi! T’as pas une clope? Hein? Ok, mais juste une latte alors! Tu savais qu’un millionnaire, c’est un pauvre à côté d’un milliardaire? Ouais! C’est tous des enfoirés! Yes! Je continue par là, moi! Oh, ben non. Désolé. J’ai juste un G pour tenir jusqu’à demain! Désolé. Yo.

26. Je devrais m’acheter un vélo électrique. Je pourrais être à la sortie de la ville en dix minutes max. Ou une trot, comme Simon. Non! Un vélo, c’est plus classe avec la sacoche pour l’ordi. Ou un fixies! Oui, ça tue un fixies. Bleu mat. Avec une Garmin. Celle avec le GPS. Je finis le contrat Tadenofi et j’me paie tout ça! Et j’invite Jess! Ou Muriel. Oui, Muriel elle envoie du lourd. Il est quelle heure? Faut vraiment que je m’achète cette montre.

35. Tous ces rats, c’est insupportable. Et les gens qui mettent leur poubelles À CÔ-TÉ du container! Je déteste enjamber les sacs éventrés! On dirait des fausses couches! Faut que j’accélère pour sortir de ce quartier de débiles! On devrait fermer ce quartier et tout brûler. Ou mettre des barrières tout autour. Oui, des barrières ça règlerait tout.

48. Oh, ça faisait longtemps que j’étais pas passé par ici. On était tellement beaux. Papa pouvait encore marcher. Comme elle était belle. J’aurais dû lui acheter la robe crème. Oui. Si je lui avais acheté cette putain de robe crème pour 200 balles de plus, on serait peut-être encore ensemble? Ça lui faisait un gros cul. Mais je l’aimais ce gros cul. On marcherait tous les deux. Au rythme qu’on veut. A reculons ou à cloche-pied. On s’en foutait. On y allait ensemble, voir cet arc-en-ciel. Faut pas que je l’appelle. C’est encore l’autre enfoiré qui va répondre! Et si j’passais par chez eux. Ça me ferait un détour! Au point où j’en suis. De toute façon, je sortirai jamais de cette ville. Et les arcs-en-ciel, ça court pas les rues de nuit. J’ai soif. Un whisky. Oui, un whisky. Il est pas 22h, je peux encore trouver une bouteille.

57. J’ai mal aux genoux. J’ai l’impression que la vie, c’est aux genoux qu’elle frappe en premier. Pour ralentir le pas. Puis. Uppercut à la vessie. Pas une nuit sans devoir me lever pour pisser trois fois. Ça coule. J’vais me soulager dans cette petite rue. Les chiens marquent leur territoire. Moi, je remarque que je vois plus mes pieds. Que je marche dedans comme si je marchais dans une flaque d’eau. J’ai mal aux pieds. J’aurais dû mettre mes baskets. Ces chaussures cirées ne font briller que mes remords. C’est important d’être bien dans ses baskets. Mais moi je traverse la ville à la recherche de lumière et de pluie. J’ai plein d’idées qui se bousculent dans ma tête, comme une boîte de conserve accrochée au pare chocs de la deux-chevaux… Oui! C’est papa qui la conduisait pour nous amener à la mairie! Nos souliers brillaient. Nos sourires également. Je vais faire une petite pause et après je sors enfin de cette ville. J’ai juste envie de sortir d’ici. Je ne sais pas pourquoi. Mais j’ai besoin de fuir. Fuir mes idées noires. J’ai encore l’envie de colorier ma vie.

74. L’arc-en-ciel. L’arc-en-ciel. Partir. Moi voir l’arc-en-ciel. L’arc-en-ciel. Sortir de la ville. Àlachoti. Àlachoti? Ça veut dire quoi déjà, àlachoti? J’ai la tête qui tourne. J’ai pas b’soin d’personne.

86. « Papa? »… « Papa!!! »… « Papa, monte dans la voiture! C’est tard, j’ai pas qu’ça à foutre de t’ramener tous les soirs! »… « Putain! Tu montes dans la voiture tout d’suite! »… « C’est la dernière fois que je sors te chercher! J’ai des journées de dingue, alors je veux dormir! Tu comprends papa? PAPA? Je dois dormir aussi! Je peux pas toujours venir te chercher quand tu fugues au milieu de la nuit! »… « Je dois faire le plein! »… « Tu restes dans la voiture! »… Mon fils s’en va payer, pisser, café. Une flaque d’eau brille. À côté des poubelles. L’essence y colorie un arc-en-ciel. Voir. Je dois le voir. Je dois sortir de cette voiture. J’ouvre. Tout seul. La porte est si lourde. Quelques pas. Juste quelques pas. Puis. Mes genoux lâchent. Je trébuche. Le gasoil irisé qui enlumine le sol se trouble quand je m’y échoue. À quatre pattes. La surface se calme. Je m’y vois. L’odeur du miroir moiré me murmure de m’approcher. Je souris. Et. Mon dentier m’échappe. Mes larmes sèches tombent dans la joie de cette flaque bariolée. Mon fils crie et il ne veut pas me toucher. Ça fait longtemps que personne ne me touche. J’adore taper dans les flaques. Paumes ouvertes, j’éclabousse mon garçon qui s’énerve. À nouveau. Je suis un gamin. Ma vie baigne dans mon arc-en-ciel de fortune.

Blake Eduardo Carreno
Illusionniste, Bienne

Avec le soutien de la Fondation Jan Michalski
Michalski

Avec le soutien de la papaterie Brachard
Papeterie Brachard

Merci à toutes et tous les participant·e·s ! Nous avons reçu 64 textes cette année, inspirés par « L’Homme qui marche ».

Modalités concours 2024

Thème: L’Homme qui marche

Genre:  Texte narratif
Nombre de signes maximum: 8’000 signes espaces comprises
Délai de participation: Dimanche 5 mai 2024 à minuit
Envoi: À info@l-agenda.ch avec Concours d’écriture en objet du mail, texte dans un document Word.

Les textes sont réceptionnés et rendus anonymes pour le jury

Voir le règlement plus bas pour tous les détails de participation

Avec le soutien de

Le Jury: Le jury, composé d’auteur·e·s et d’une représentante de L’Agenda, sélectionne trois nouvelles qui seront publiées dans L’Agenda de juillet-août 2024.

Prix: Les trois lauréat∙e∙s 2024 recevront un bon d’achat de CHF 50.- de la part de la papeterie Brachard & Cie, une carte de lecteur∙ice à la bibliothèque de la Fondation Jan Michalski, valable un an, donnant accès aux livres des collections et aux expositions temporaires, ainsi qu’un an d’abonnement à L’Agenda.

Visibilité: L’auteur·e de la nouvelle lauréate sera présenté·e dans L’Agenda n°104 de septembre-octobre 2024.

Membres du jury 2024

Michel Cretton

Michel Cretton

Responsable de formation à l’École supérieure sociale intercantonale de Lausanne (ESSIL), Michel Cretton est un grand lecteur passionné d’écriture, avec deux romans à son actif: Ainsi soit-il. Confessions d’un gamer (2017) et Le pantin assassiné (2020). Après un essai de polar durant ses études, mis au placard des années durant, le déclic de l’écriture lui arrive en emploi, alors qu’il est amené à développer des activités créatives avec des ados. 
Il est lauréat de l’édition 2023 du concours d’écriture de L’Agenda, sur le thème « À bout de souffle ».

« L’originalité n’est rien d’autre que le désir de transmettre ce sentiment de liberté, cette joie sans limite, tels que, à l’état brut, si possible, de donner la forme juste à son impulsion en la partageant avec un public nombreux. »

    Albert Einstein
    Haruki Murakami
    Enid Blyton

    Jade Sercomanens

    Jade Sercomanens a obtenu son doctorat ès lettres en Histoire générale à l’Université de Genève. Dans sa vie d’auteure, sa nouvelle “Sophia” a été honorée d’une mention dans le recueil Même jour même heure dans 10 ans des éditions Encre Fraîche. Chez le même éditeur, elle publie “Grâce” dans le recueil FrissonsSa nouvelle “Eugénie” figure dans le recueil du Prix du Jeune Écrivain 2018 (découvrir l’article dans L’Agenda 73). Pour L’Agenda, elle écrit le texte intitulé Correspondance invisible, paru dans le numéro 88, aux côtés des textes de trois autres rédacteurs et rédactrices.

    « J’ai tendu des cordes de clocher à clocher; des guirlandes de fenêtre à fenêtre, des chaînes d’or d’étoile à étoile, et je danse. »

      Pierrot
      Alcide Bava
      Arthur Rimbaud

      Mélissa Quinodoz

      Mélissa jury

      Mélissa Quinodoz a été durant six mois une collègue précieuse à la rédaction de L’Agenda en 2019, puis a souhaité rester rédactrice bénévole en parallèle son poste de responsable d’une édition. genevoise. Son esprit à la fois créatif et pragmatique, son désir d’apporter son aide à la diffusion de la culture l’a menée à se proposer pour le poste de secrétaire de l’association.

      « Devenir adulte est sans doute la plus grosse bêtise que l’on puisse faire… »

        Calvin et Hobbes, Bill Watterson
        Mafalda, Quino
        Peter Pan, J. M. Barrie

        Règlement concours 2024

        1. Organisateur: Rédaction de L’Agenda, Chemin de Primerose 36, 1007 Lausanne.
        Édité par l’association CultureEnJeu, Chemin de la Mayaz 8, 1610 Vuibroye.

        2. Objet du concours: encourager l’écriture et faire découvrir au lectorat de L’Agenda des nouveaux talents ou des plumes confirmées.

        3. Temporalité: le concours est lancé au premier trimestre 2024. Le résultat sera annoncé dans le courant du deuxième trimestre, et les nouvelles seront publiées dans le courant du troisième trimestre.

        4. Thème du concours d’écriture: « L’Homme qui marche ».

        5. Contenu et forme: le texte transmis doit s’agir d’un texte narratif, en langue française, de type « nouvelle ». Il devra présenter un titre et être limité à 8’000 signes (espaces et ponctuation comprises). Il doit être transmis en format .doc (format Word).
        Le texte devra être exempt de toute connotation raciste, diffamatoire, injurieuse ou calomnieuse à l’égard de tiers, personnes physiques ou morales, ainsi que de propos pornographiques ou discriminatoires. L’organisateur se réserve le droit d’exclure du concours toute œuvre qui ne respecterait pas cette condition.
        Les œuvres seront originales et produites exclusivement pour ce concours.
        Respect du droit d’auteur: chaque candidat∙e garantira l’originalité de l’œuvre présentée, sachant qu’en cas de plagiat notoire, il ou elle en supporterait seul les conséquences légales, l’organisateur ne pouvant être mis en cause d’aucune façon que ce soit.

        6. Participant∙e∙s: le concours est ouvert à toute personne désireuse de participer. Il s’adresse aux auteure·s tant amateur·trice·s que professionnel·le·s. Seuls les membres du jury n’ont pas le droit de participer au concours. En envoyant leur texte à L’Agenda, les participant·e·s acceptent le présent règlement et que leur travail soit évalué par un jury. Aucun recours ne sera possible.

        7. Délai: les textes doivent être envoyés au plus tard le dimanche 5 mai 2024 à minuit. Passé ce délai les textes reçus ne seront pas pris en compte.

        8. Envoi: les textes doivent être envoyés par email en format Word à info@l-agenda.ch avec la mention Concours d’écriture en guise d’objet.
        Doivent être indiquées dans l’email et non directement dans le document Word les informations suivantes: nom, prénom, âge, adresse et numéro de téléphone. Ces informations ne seront pas communiquées au jury avant que celui-ci ait pris sa décision finale.

        9. Évaluation: Les membres du jury feront leur choix en toute indépendance. Une première étape sera effectuée individuellement, pour laquelle chaque membre sélectionnera les textes qu’il ou elle souhaite voir publiés. Une seconde étape permettra au jury de mettre leurs choix en commun et de débattre de vive voix pour prendre une décision finale. Les critères de jugement porteront sur le respect du thème, l’originalité avec lequel celui-ci est traité, le style, la qualité générale de l’œuvre et le plaisir de lecture. Le jury n’aura pas connaissance des auteur∙e∙s des textes avant d’avoir pris sa décision. La décision du jury sera sans appel.

        10. Palmarès: les lauréat∙e∙s seront prévenus dans la semaine du 3-9 juin. Les personnes ayant participé au concours acceptent que leur texte, s’il est sélectionné, soit publié dans L’Agenda n°109 ainsi que sur le site internet de L’Agenda. Les noms des lauréat∙e∙s seront affichés avec la publication de leur texte dans L’Agenda n°109 ainsi que sur le site internet et les réseaux sociaux.

        11. Prix: les trois nouvelles sélectionnées par le jury seront publiées dans L’Agenda n°109 (juillet-août 2024). Les auteur∙e∙s lauréat∙e∙s recevront également une carte de lecteur·trice à la bibliothèque de la Fondation Jan Michalski, valable un an, qui permet d’emprunter les livres des collections et d’accéder aux expositions temporaires, ainsi qu’un bon d’achat de CHF 50.- de la part de la papeterie Brachard & Cie, et un an d’abonnement à L’Agenda.

        12. Tremplin: L’auteur·e de la nouvelle lauréate, s’il ou elle le souhaite, sera présenté·e dans L’Agenda n°110 (septembre-octobre 2024).

        13. Imprévus: L’Agenda ne peut, en aucune façon, être tenu responsable dans le cas où le déroulement du concours devait être interrompu pour quelque raison que ce soit. Dans ce cas précis, les œuvres déposées seraient remises aux participant∙e∙s qui le souhaiteraient, et L’Agenda n’en ferait aucun usage. Après un délai d’un an, les œuvres non réclamées seront détruites.

        Association L’Agenda, février 2024