PAG - Morning woods

PÅG – Quatre beaux gosses c’est assez, huit c’est trop

J’ai toujours eu un sérieux doute sur ma capacité à saisir le second degré. C’est comme ça, on a tous nos forces et nos faiblesses. Mercredi soir au Théâtre 2.21, devant le spectacle PÅG – Morning Wood, j’ai passé une bonne partie de la pièce à me demander si les quatre comédiens avaient vraiment appris leurs dialogues en suédois, et où ils voulaient en venir. Les rires dans la salle m’ont donné un indice.

Texte de Katia Meylan

PÅG, j’ai donc découvert, est un groupe de reprises a cappella de tubes des années 80, formé par Pierrick Destraz, Pascal Schopfer, Greg Guhl et Christian Denisart, qui existait avant même que ce spectacle soit créé pour la première fois en 2017. Il s’est produit en concert à diverses occasions depuis 2007, jouant même sur la grande scène de Paléo avec Philippe Katerine en 2011! (Ca, c’est vrai, je crois). Leurs personnages de Tåg, Bra, Preben et Morten, quatre beaux gosses suédois mélancoliques ayant survécu à 19 ans de congélation au fond d’une gougère, ont fini par prendre autant d’importance que la musique elle-même. Christian Denisart a donc imaginé, en 2017, une pièce qui raconterait leur histoire plus personnelle, dans l’intimité de leur chalet suédois boisé (très beau décor réalisé par Léo Piccirelli de l’Atelier Antilope).

Entre les scènes contemplatives aux dialogues absurdes surtitrés et les rétrospectives TV, PÅG interprète ses tubes.

Photos ©Daniel Balmat et ©Jonas Lacote

Si les guitares électriques de Kiss manquent peut-être pour que décolle I was made for loving you, leurs arrangements ont du panache : sous l’éclairage, la chanson Fade to Grey devient une sorte de mécanisme hypnotisant. Pascal Schopfer, en lead sur Words don’t come easy, fait beaucoup rire le public par le sérieux avec lequel il réitère le refrain de son accent faussement suédois… et par ailleurs, sa voix en jette, il faut bien le dire.

Pour ne pas dévoiler toutes les chansons du spectacle, je ne dirai pas sur quel titre ma perplexité se dissipe tout à fait. Les musiciens s’assoient par terre près de l’âtre, Christian Denisart empoigne sa guitare, Pierrick Destraz son banjo. Faire de la musique entre amis, et en imaginer un spectacle où se côtoient l’humour, la nostalgie et les désillusion que nous jette ce monde à la figure, ça a beaucoup de sens, non?

Pour redynamiser le tout après ce beau moment, tel un vrai final de concert de stars du pop-rock, leur mashup final pose Living on a prayer sur un tapis rythmique de Billie Jean : c’est joyeux, le public applaudit, certaines s’enflamment et rejoignent en chœur les notes de jeunesse de Bon Jovi.

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Lors du deuxième épisode de PÅG, une création inédite 2024 qui se jouera dès mardi 10 décembre, le groupe des Suédois sera menacé dans sa popularité par un quatuor de latin lovers Italiens, Rocco, Enzo, Carlo et Più, interprétés par Blaise Bersinger, Vincent David, Domenico Carli et Salvatore Orlando.

Les Spag

Hâte d’assister aux dissonances d’ego et aux harmonies que généreront ces huit hommes sur scène !

PÅG – Morning Wood

PÅG – Il Bosco dell’alba

Les deux épisodes, avec un repas en intermède

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