Humour

Julie Conti

La culture du spectacle et du terroir fait bon ménage

Depuis 2021, Vignes&Culture a su convaincre le public romand. Tout a commencé avec Aurélie Candaux et son envie de créer un événement qui permette un échange positif avec le public, pendant la pandémie de COVID-19, au niveau de la culture artistique et du terroir. Succès dès la première édition avec une cinquantaine de dates dans des caveaux romands somptueux, jusqu’à la consécration en début d’année avec le prix Best Wine Tourism. Fort de son succès, Vignes&Culture est de retour cette année avec un panel aussi bien musical qu’humoristique. Parmi les artistes, Julie Conti, standupeuse genevoise en pleine ascension. À cette occasion, nous sommes revenus sur son parcours et son humour ouvertement féministe et décomplexé.

Texte et propos recueillis par Steve Weisshaupt

Entre un travail à 80%, jusqu’à deux spectacles par semaine et ses enfants, cette superwoman ne mâche pas ses mots. Elle dit ce que les choses sont, telles quelles, sans filtres. Sur une terrasse du quartier des Grottes à Genève, elle raconte comment, depuis un stage d’humour au Caustic Comedy Club à Carouge, son hobby est devenu partie intégrante de sa carrière.

“C’était en 2019, j’ai juste fait deux jours de stage et les organisatrices du Caustic m’ont proposé de venir faire un plateau féminin qui s’appelait à l’époque Drôles de Meufs – c’est devenu depuis Standupeuses – et du coup, ça m’avait plu.” Une pause Covid plus tard, elle est repérée par le Montreux Comedy Festival. “Pas forcément une consécration, mais plutôt une sorte de certification à ajouter à son CV” dit-elle modestement.

Elle ne se veut pas donneuse de leçon. Julie Conti pense son humour empreint de discours féministes par le prisme des codes de la masculinité pour évoquer les regards sur les stéréotypes de genre ou la place de la femme dans l’humour, mais aussi dans la société en tant que mère et femme en couple. Un humour brut et honnête qu’elle sait désamorcer en finesse en fonction de son public. “J’ai une blague qui raconte comment au Moyen-Âge, on castrait les hommes avec des briques. Il y avait un petit bout de huit ans tout seul devant, les parents assis au fond. Et puis je lui dis: tu veux que papa, il en fasse une de vasectomie?”.

Vignes&Culture

Photo: Vignes&Culture au domaine Saint-Sébaste. ©Vanessa Giardini
Photo de haut de page: Julie Conti. ©András Barta

La troisième édition de Vignes&Culture accueillera dès juin les amateur·ice·s de vin et de spectacles humoristiques, avec une dizaine d’artistes dans une vingtaine de domaines à travers toute la Romandie. Quant à Julie Conti, elle sera présente pour la première fois cette année pour deux spectacles, le 6 juillet au domaine des Balises à Bevaix sur le littoral neuchâtelois et le 7 juillet au domaine Bovy à Chexbres.

Toutes les informations sur: vignesetculture.ch

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Joël Maillard, les trucs qui lui font peur et les choses dont il a marre

Après s’être frotté au théâtre à travers ses propres textes et mises en scène pendant de nombreuses années, Joël Maillard se lance dans le stand-up. Il ne sait pas comment faire, mais il est en quête perpétuelle de dilettantisme. Résilience mon cul, c’est l’artiste lui-même, face à nous, qui nous parle de ses peurs et ses doutes quant à la capacité de résilience d’une société qui fonce droit dans le mur. Des blagues, il y en a, mais pas tout le temps. C’est drôle et triste, étonnant et inspirant.

Texte et propos recueillis par Jeanne Möschler

Du théâtre au stand-up

Fondateur de sa propre compagnie de théâtre SNAUT, Joël Maillard joue depuis 2012 avec différent·e·s artistes dans des pièces qu’il écrit et met en scène. Elles ne sont pas forcément interactives, mais elles “mettent le public dans la fiction” à travers le dispositif scénique et visuel, explique-t-il. L’assistance a par exemple dû s’asseoir sur scène pour former un cercle de parole, dans lequel une actrice se confiait. Une autre fois, la pièce se déroulait dans une cabine noire pour une personne, seule, qui entendait des voix préenregistrées. À travers une mise en scène où le public pouvait décider de son déroulement en appuyant sur des boutons, Joël Maillard a tenté encore une fois de trouver un autre rapport entre acteur·ice·s et spectateur·ice·s, mais il conclut finalement que “c’était raté”. Il décide, en 2017, de revenir à des formes de théâtre plus traditionnelles, avec les gradins d’un côté, et la scène de l’autre. Et cette fois sous la forme d’un stand-up.

Mettre les pieds dans le plat

Le spectacle est presque dénué de mise en scène, juste un micro, un synthétiseur et Joël Maillard lui- même qui nous parle de ses obsessions et ses craintes. Il choisit d’en exagérer certaines tandis qu’il en atténue d’autres. Les thèmes sont inspirés de sa vie et de la vie, ce qu’il dit peut être vrai ou faux, il nous le dit mais on n’est pas obligé de le croire. Les sujets dont il parle sont “touchy” car “c’est important d’essayer de mettre les pieds dans le plat”. Ainsi, le comédien commence en s’interrogeant sur le bien-être et les moyens surabondants pour tenter de le trouver dans notre société. Les rayons des librairies débordent d’ouvrages sur le développement personnel, les sites regorgent d’articles sur la pleine conscience et on trouve des coachs et tutoriels à pléthore. “C’est pas que ça fait pas sens”, estime l’artiste, “(…) mais quand on en est à faire ça, c’est comme si tous les autres problèmes étaient résolus et qu’on en est déjà au stade où on a plus qu’à mieux respirer. Il admet avoir tenté un cours de méditation et a été effrayé par l’image de notre société qui recherche le bonheur individuel: “C’était chiant et j’eu l’impression d’être au McDo: on donne aux clients la même recette avec des phrases toutes faites et des citations du Dalaï Lama hors-contexte. Ca faisait aucun sens.”

Une société problématique, capable de résilience?

Ce business du bien-être entre au final dans la structure du capitalisme qui nous force à adopter un regard très individuel sur le monde. Joël Maillard en parle, du capitalisme. Il le chante même, accompagné de son synthétiseur, “j’encule pas le capitalisme (..) j’encule le capitalisme”. Il l’encule ou pas? Non, car en plus de ne pas savoir où est son trou, l’artiste est dépendant des contribuables: “il y a des gens qui ont assez de thune pour que ça ruissèle à quelque chose d’aussi inutile que l’art”. Se déclarer anticapitaliste est paradoxal du moment où la personne qui le prononce reçoit un salaire, estime l’artiste – qui ne voit idéologiquement pas d’alternative réaliste et viable à long terme à ce système. D’ailleurs vivre et mourir, c’est un autre sujet qui préoccupe Joël Maillard: “La mort, j’y pense beaucoup. Parmi les choses qui me retiennent dans la vie, il y a le fait que je suis incapable d’écrire ma lettre d’adieu.” Ce passage a finalement été coupé du stand-up afin de garder un équilibre entre les moments drôles et ceux sans blague. Ce que notre interlocuteur préfèrerait serait de se réveiller une semaine “tous les dix ans ou tous les siècles”, pour voir comment la société va se redresser après la catastrophe. Il pense que l’espèce humaine ne disparaitra pas à cause du réchauffement climatique: c’est trop grand, il y a des gens avec beaucoup d’argent qui pourront s’en tirer. Mais quelle humanité va advenir après l’effondrement? La société devra faire preuve de beaucoup de résilience pour se reconstruire sur ses débris. Et c’est une question de comportement, de décision, pas de foi: notre interlocuteur à la tignasse bouclée s’est converti à l’athéisme. “J’ai de la peine à respecter un Dieu qui veut brûler les homosexuels”, témoigne-t-il. Et cela ressort explicitement dans son spectacle quand il a des flatulences et que c’est Dieu qui s’exprime sous la forme d’un pet, et “ce n’est pas un blasphème parce que je n’y crois pas”. Et ce Dieu, c’est le Dieu de tout le monde, des chrétien·ne·s comme des musulman·e·s ou des autres religions.

Photo: Dorotheģe Theģbert-Filliger

Dire tout haut ce qui se pense tout bas

Cependant, Joël Maillard reconnaît qu’il est parfois délicat de parler de certains sujets. S’il y en a qu’il évite car sa pensée n’est pas assez arrêtée, il estime qu’il faudrait continuer à tout dire, tout en admettant qu’il y a des thèmes délicats: “une même phrase dite par une personne d’un certain âge, d’un certain genre, ça fait des effets très différents selon à qui elle est adressée”. Il exemplifie cette situation à travers une scène imagée de son stand-up, dans laquelle il s’adresse à un homme du public en rêvant qu’ils aient un coup de foudre amical et qu’ils iraient se poser dans un bar, boire, discuter et refaire le monde. “Dire ça à une femme, je pourrais mais j’ose pas”, admet-il tristement. Car en plus de sa position dominante d’artiste (qui coche toutes les cases de l’homme blanc cis hétéro) avec le micro et totalement libre d’expression, il y a forcément un arrière-plan culturel qui fait qu’on le soupçonnerait “de malveillance”. Mais ce qui ne se dit pas il le prononce tout haut, alors à la fin, il ajoute: “qu’est-ce que ça aurait fait si j’avais dit ça à une femme?”

Où le retrouver ?

En ce moment même au Théâtre St-Gervais à Genève

Joël Maillard reprend également cet automne le spectacle Quitter la Terre, à voir au Casino-Théâtre de Rolle les 14 et 15 octobre, et au Théâtre Benno Besson à Yverdon le 9 décembre. On peut également découvrir un week-end de carte blanche autour de son travail, au Pommier, à Neuchâtel, du 10 au 13 novembre.

Résilience mon cul

Dates à venir:

Puis en 2023:

  • Bibliothèque de Vevey
  • Nuithonie, Fribourg
  • Théâtre ABC, La Chaux-de-Fonds
  • Usine à Gaz, Nyon
  • Théâtre du Jura, Delémont

Toutes les dates sur snaut.ch

Photo de haut de page: David Gagnebin-de Bons

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Les Coloc’s – l’aventure du quotidien

Les Coloc’s, c’est une série co-écrite par les comédiennes et humoristes Faustine Jenny et Capucine Lhemanne, inspirée par leur colocation de quatre mois alors que toutes deux jouaient dans la Revue de Genève. La première saison a été diffusée l’été passé sur Léman Bleu et La Télé Vaud-Fribourg, puis sur YouTube, où les épisodes sont toujours disponibles. Cette semaine, il m’a semblé que le moment était propice pour la revoir: pas parce que tout le monde m’a déjà spoilé Squid Games, mais parce que ces comédiennes me font rigoler et parce que je suis en quarantaine alors moi aussi je porte un onesie. 

Texte de Katia Meylan 

La rencontre a lieu dans le premier épisode, qui assied le comique décalé des comédiennes dans leur gestuelle, dans leurs voix et leurs mimiques polymorphes. Le public l’aura compris, ces deux personnages drôles, excentriques, susceptibles, complices, hystériques et de mauvaise foi, “c’est elles, mais c’est pas vraiment elles”. 

Chez les coloc’s, le quotidien est transformé en aventure de chaque instant, par leur manière de tout prendre à cœur et par une dramatisation musicale qui tombe à pic: l’É de Vivaldi accompagne, depuis les toilettes, un risotto qui a dû mal passer, L’apprenti sorcier de Dukas, dirigé à la baguette par Capucine, rythme la cadence lorsque Faustine fouille les poubelles, et le retour des courses pendant le confinement se fait sur une musique de film de guerre. 

Le binge-watching des 13 épisodes sera vite complété – en une heure et quart. Chaque épisode, pensé pour se regarder indépendamment à la manière d’une sitcom, aborde un nouveau thème épique, tel que le calendrier de l’Avent, la centrifugeuse à jus de fruit, ou encore l’identité de Gribouille, un rat en peluche qui tient l’un des rôles principaux.

La série dégage une atmosphère spontanée, de l’écriture au générique-bêtisier qui témoigne de la bonne humeur ambiante. Elle est plus qu’un projet que le confinement a rendu possible; Capucine Lhemanne et Faustine Jenny en avaient rêvé en 2019, et n’ont pas chômé pour écrire et réaliser leur première saison, le décor et les costumes pimpants, et un générique original à la clé. 

Comme dirait Gribouille de son accent mexicain, “en avant pour la saison dos”? 

La chaine YouTube des Coloc’s
L’Instagram des Coloc’s

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Voilà la vie parisienne

Voilà la Vie Parisienne

Les énergiques Raphaëlle Farman et Jacques Gay de la Comédie Lyrique sont de retour en ce moment à Genève, avec une création de leur crû, intitulée Voilà la Vie Parisienne, librement adaptée de l’opéra bouffe d’Offenbach (1866). Le livret, signé Raphaëlle Farman, est tissé autour d’airs lyriques et de chansons françaises familières à la troupe, qui en modifie les paroles aux besoins de sa trame humoristique.

Texte de Katia Meylan

Le décor est posé: un petit couvent, abritant cinq Sœurs et un Frère, décide de se transformer pour une nuit en maison des plaisirs afin d’entourlouper un riche baron, le faire dépenser son argent et ainsi éviter la ruine et la fermeture.

Si on dit que l’humour est personnel et que son sens varie d’une personne à l’autre… il est aussi sans aucun doute influencé par les fréquentations et par les discours qui nous nourrissent. Intéressée par les mouvances qui tendent à fluidifier plutôt qu’à exacerber les différences, je suis sceptique lorsque qu’un spectacle tire sur des ficelles genrées pour faire rire, mettant en scène hommes et femmes dans des rôles clichés bien définis. Si le rire passe en partie par la surprise, de voir un baron veuf à l’accent belge voulant s’en “fourrer jusque-là” de jeunes filles parisiennes, les reluquant, les consolant sur ses genoux, ne me surprend (malheureusement) pas plus que ça, ni de voir des filles se faire juger constamment sur leur beauté ou leur âge et toutes risquer de passer à la casserole contre leur gré.
(Un petit twist final dans les couples constitués a tout de même été inattendu, mais je ne vous le révélerai pas!)

Comme le chante le personnage du Frère dans une reprise en duo de Vous les femmes, travesti pour l’occasion et poursuivi par le baronJe comprends si bien les femmes qui balancent leur porc!“. Quelques clins d’œil de ce type rappellent que le tout est à prendre au second degré, et que ces personnages aux traits grossiers sont surtout là pour chanter, danser et faire rire d’eux.

Jacques Gay nous confie à la fin du spectacle: “tout aseptiser, tout aplatir, et il serait difficile de rigoler!”. Les opérettes ou les vaudevilles, jupes courtes, paillettes, perruques et léopard à l’appui, ont de tout temps joué sur ces clichés. La Comédie Lyrique reprend ces codes, et le public est réceptif, tant sur les blagues que sur les chansons qu’il lui arrive d’entonner en chœur. À la fin de la pièce, de façon sympathique et familiale, les artistes présentent les jeunes de leur troupe et discutent volontiers avec la salle.

C’est très personnel, mais je me dis que, couplé à cette bonne humeur et à ce talent, plutôt qu’une trame pastiche, on aimerait une fois voir une proposition plus actuelle!

 

Voilà la Vie Parisienne
Du 13 au 16 décembre à 20h
Salle Centrale Madeleine
www.comedielyrique.com/voila-la-vie-parisienne-2

 

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La grande parodie genevoise

Pour fêter la fin d’année, Genève se met sur son 31 en rire, danse et chanson. La Revue genevoise reprend le style désormais classique du cabaret-théâtre et plusieurs comédien-ne-s et danseur-euse-s reviennent sur les éléments marquants de 2021 avec humour et talent.

Texte: Alexandre Romi 

C’était la première fois en deux ans que je me rendais dans une salle aussi pleine. Je retrouvais la bonne vieille salle du Casino-Théâtre, avec ses sièges de velours rouge, ses balcons et ses moulures décoratives. Bien que le public n’ait été prévenu, la salle était apparemment en travaux, à en croire la première scénette. Nous avons ainsi assisté à la presque rénovation du théâtre, du moins au nettoyage, aussi peu efficace que possible, mais aussi drôle que nécessaire. Nettoyage effectué par nulle autre que Claude-Inga Barbey, qui interprète son fameux rôle de Manuela, femme de ménage à la langue bien pendue qui tente simplement de nettoyer le “bordel” laissé par les neuf acteur·trice·s et les six danseur·euse·s entre plusieurs scènes.  

Et du bordel ils en font! Les nombreux décors, effets lumineux, costumes et accessoires nous nous ébahissent, tant par leur variété que par leur qualité. Les scènes sont tout autant variées, allant de la politique genevoise tumultueuse à la finale de l’euro en passant par le covid. Le public autour de moi, moi inclus d’ailleurs, riait à gorge déployée devant l’incarnation somme toute fidèlement parodique de Vladimir Poutine par Jean-Philippe Meyer, ou lors du “One man Circus” de Laurent Deshusses. La qualité des intermèdes musicaux n’est pas en reste, car, même si la plupart des interprètes ne ferait pas se retourner un seul siège à The Voice, l’ensemble était très réussi, sublimé par des chorégraphies de qualité. 

Photo: Igor Kromov

Personnellement, j’ai beaucoup apprécié les parties sur la politique, sur la culture et sur la médecine, qui étaient à la fois criantes de vérité par certains aspects tout en demeurant totalement satirique. Les interventions d’Alain Berset, nous enjoignant expressément à ne pas rire pour des raisons sanitaires et de médiocrité du spectacle, n’ont heureusement pas été respectées, tandis que Guy Parmelin nous montrait son fameux talent de polyglotte. 

Quelques rares scénettes étaient moins à mon goût; j’ai notamment trouvé que le propos du sketch sur le harcèlement en magasin, seul sketch où je n’ai pas saisi la référence d’ailleurs, était gênante, car il suggérait que les jeunes vendeuses étaient responsables de l’attitude machiste et harcelante de leur patron. En outre, j’ai constaté que certains éléments abordés dans le spectacle ont été tellement omniprésents cette année que les gens n’étaient pas forcément content·e·s de les aborder à nouveau, notamment sur le vote des femmes, et, d’un point de vue plus personnel, la victoire sur la France au football, bien que la scène constitue une très belle conclusion au spectacle. 

Photo: Igor Kromov

En guise de conclusion, j’ai été émerveillé par le brio du jeu et la diversité des pièces, entre théâtre, danse et concert, qui valent à mon avis le détour. C’était même un véritable feu d’artifice consacré à l’humour, j’entends

La Revue genevoise 
Du 14 octobre au 31 décembre 2021 
Casino-Théâtre, Genève 
www.larevue.ch  

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Your Fault portrait ©MarySmith_Marie Taillefer

Culture estivale à Lausanne

La plateforme CultureDebout! recense toutes les actions et initiatives mises en place en un temps record par la scène culturelle lausannoise. Rivalisant de créativité, elle vous propose cet été un programme inédit et majoritairement gratuit dans des conditions respectueuses des normes sanitaires.

Texte: Sandrine Spycher

Un des rendez-vous phares de l’été lausannois est, depuis de nombreuses années, Le Festival de la Cité. Annulé à cause de la pandémie de coronavirus, il vous donne rendez-vous pour sa version revisitée, Aux confins de la Cité, qui se tiendra du 7 au 12 juillet 2020. Les différents lieux, choisis avec attention afin de respecter les normes sanitaires tout en garantissant une expérience de spectacle enrichissante, ne sont dévoilés qu’aux participant·e·s. En effet, les projets, in situ ou sur des scènes légères, ne sont accessibles que sur inscription. C’est donc après tirage au sort que les chanceux et chanceuses pourront profiter de spectacles de danse, théâtre, musique et bien plus encore Aux confins de la Cité!

Pour ce qui est des arts de la scène, L’Agenda conseille, au cœur de cette riche sélection, la pièce Sans effort de Joël Maillard et Marie Ripoll. Déjà présenté à l’Arsenic en octobre 2019, ce spectacle est un joyau de texte et de créativité, qui explore les questions de la mémoire humaine et de la transmission entre générations. Côté musique, vous retiendrez notamment la pop velours de Your Fault, projet de Julie Hugo (ancienne chanteuse de Solange la Frange). Cette musique aux notes envoûtantes ne manquera pas de rafraîchir la soirée à l’heure où le soleil se couche. Enfin, pour apporter une touche grandiose dans ce festival, Jean-Christophe Geiser jouera sur les Grands Orgues de la cathédrale de Lausanne. Ce monument symbolique de la Cité où se déroulent les festivités contient le plus grand instrument de Suisse, que l’organiste fera sonner. Bien d’autres projets et spectacles seront présentés au public inscrit. En prenant soin de respecter les consignes sanitaires, on n’imaginait tout de même pas une année sans fête à la Cité !

Your Fault portrait ©MarySmith_Marie Taillefer
Your Fault, © MarySmith : Marie Taillefer

Les cinéphiles ne seront pas en reste cet été grâce aux différentes projections, par exemple dans les parcs de la ville. Les Toiles de Milan et les Bobines de Valency ont repensé leur organisation afin de pouvoir offrir un programme de films alléchant malgré les restrictions sanitaires. Les Rencontres du 7e Art, ainsi que le Festival Cinémas d’Afrique – Lausanne se réinventent également et vous invitent à profiter de l’écran en toute sécurité. La danse sera également à l’honneur avec la Fête de la Danse ou les Jeudis de l’Arsenic, rendez-vous hebdomadaires au format décontracté, qui accueillent aussi de la performance, du théâtre ou encore de la musique.

La plupart de ces événements sont rendus possibles grâce au programme RIPOSTE !. Selon leurs propres mots, RIPOSTE !, « c’est la réponse d’un collectif d’acteurs culturels lausannois pour proclamer la vitalité artistique du terreau créatif local ». L’Esplanade de Montbenon et son cadre idyllique avec vue sur le lac Léman a été choisie pour accueillir, chaque vendredi et samedi en soirée, une sélection de concerts, films en plein air et performances de rue. L’accès y sera limité afin de respecter les mesures sanitaires.

L’Agenda vous souhaite un bel été culturel !

Informations sur culturedebout.ch


 

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Thomas Wiesel & la nouvelle vague

Si on ne présente plus Thomas Wiesel, lui se fait un plaisir de présenter la nouvelle vague de l’humour romand. Quitte à disposer d’un des meilleurs humoristes de sa génération, autant utiliser sa notoriété pour mettre la lumière sur la relève.

Texte: Yann Sanchez

Photo: Laura Gilli

La salle de spectacles de Renens accueillait vendredi dernier un plateau de cinq humoristes pour une soirée riche en rires et en découvertes grâce au partenariat entre la ville de Renens et Jokers Comedy, ainsi qu’à la capacité de la salle inférieure à mille personnes. La décision du Conseil fédéral d’interdire toute manifestation de plus de mille personnes en raison du coronavirus était tombée plus tôt dans la journée.

Thomas Wiesel se jette à l’eau le premier. Entre l’avancée des travaux de la gare de Renens et autres faits divers concernant la ville, Thomas, comme à son habitude, taquine son hôte histoire de briser la glace. Véritable marque de fabrique, qu’il joue en France, en Belgique, au Québec ou dans le plus anecdotique des petits villages de Suisse, il est toujours renseigné sur l’histoire ou l’actualité du lieu en question. Et de l’actualité ce vendredi, il y en avait! Le virus chinois en tête, Roman Polanski aux Césars, Trump, l’UDC, tout y est passé. Plus mobile derrière son micro qu’à l’accoutumée, l’humoriste lausannois a clairement amélioré sa gestuelle sur scène, ce qui lui permet ainsi d’accentuer certaines de ses blagues. D’ordinaire pas trop porté sur l’interaction, il échange cette fois directement avec des membres de l’audience et ça fait mouche. Apparemment, même les meilleurs peuvent toujours s’améliorer. À n’en pas douter, voici un très bon exemple à suivre pour la nouvelle vague romande.

Les premières gouttes de la vague arrivent: Jeremy Crausaz, la trentaine, originaire de La Broye fribourgeoise, homme de radio et de scène, grand enfant qui ne veut pas grandir. Délit de fainéantise qui engendre son lot de problèmes et anecdotes pour le moins cocasses, son set déborde d’autodérision.

Cinzia Cattaneo prend le relai. La gagnante du tremplin de Morges-sous-Rire 2019 fait dans l’humour un peu plus crû et sarcastique. Qu’elle s’en prenne à sa famille, à son mec ou à elle-même, le résultat est le même, chacun·e en prend pour son grade. La jeune genevoise a du potentiel, talent à suivre.

Entre deux réapparitions de Monsieur Wiesel, les derniers talents de la relève à passer ce soir s’appellent Renaud de Vargas et Bruno Peki.

Le premier avait déjà connu le succès en duo il y a quelques années [Melvin & Renaud, ndlr] et s’attaque à présent au seul-en-scène. Avec son CV d’humoriste/journaliste sportif, il a de la matière à décrypter. Très dynamique et enjoué, il est une vraie boule d’énergie sur scène.

Last but not least: Bruno Peki. Le benjamin de la soirée, récent vainqueur du concours Mon premier Montreux 2019, vient radieusement clôturer cette soirée avec un passage où il se raconte dans les grandes lignes sans se la raconter. Malgré son visage innocent, le jeune homme est déjà très à l’aise sur scène, en radio et sur Internet avec la clique de Tataki.

La scène humoristique suisse romande se développe de plus en plus, la culture du stand up s’étend en permanence et les soirées d’humour deviennent toujours plus fréquentes. La Suisse, bientôt un pays d’humour? N’oublions jamais les propos de l’ancien président de la Confédération Johann Schneider-Ammann: “Rire c’est bon pour la santé”.

Prochaines dates:

Thomas Wiesel en tournée en 2020 pour son spectacle Ça va à travers toute la Suisse.

Jérémy de Crausaz dès avril 2020 au théâtre Le Lieu à Paris pour son spectacle Jeremy Crausaz ne veut pas grandir.

Renaud de Vargas le 8 avril 2020 au CPO d’Ouchy et le 23 avril au Caustic Comedy Club à Carouge pour son spectacle Comment on va l’appeler?

Bruno Peki et Cinzia Cattaneo de mars à juin 2020 au Caustic Comedy Club à Carouge pour leurs spectacles respectifs Innocent et Toi-même.

Retrouvez également Cinzia Cattaneo le 25 mars 2020 au Lounge Bar La Rive à Morges pour une soirée des nouveaux talents francophones dans le cadre du Festival Morges-sous-Rire.

Pour plus d’informations :

www.l-agenda.online/evenements/

www.thomaswiesel.com

www.renens.ch

www.jokerscomedy.ch

www.morges-sous-rire.ch

www.causticcomedyclub.com

www.cpo-ouchy.ch

 

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Alors… Roman Frayssinet?

Le jeune humoriste parisien est venu jouer son spectacle Alors en terres genevoises vendredi dernier. Bref récit d’un phénomène humoristique d’à peine 25 ans.

Texte: Yann Sanchez

Par où commencer? Pour celles et ceux qui ne connaissent pas du tout le phénomène Roman Frayssinet, je m’occupe de faire les présentations. Humoriste parisien pas comme les autres, il a été professionnellement formé à l’humour de l’autre côté de l’Atlantique, au Québec. Diplômé de l’École nationale de l’humour de Montréal à 20 ans, il a fait ses armes au pays de Céline, puis est revenu s’installer à Paris suite à sa rencontre avec un certain Kyan Khojandi. Son style d’humour? Certain·e·s diront qu’il fait de l’absurde mais lui préfère dire qu’il essaie de repérer l’absurdité dans ce monde. Nuance. Il a un côté légèrement schizophrène, ils seraient trois dans sa tête à en croire sa capsule web Migraine et il adore placer son personnage de scène du côté de celui qui découvre, celui qui ne connaît pas. Ses points de vue sont souvent décalés, voire marginaux, son personnage semble totalement déjanté mais ses propos font toujours sens.

C’est à guichets fermés qu’il vient se présenter vendredi soir dans l’enceinte du Théâtre du Léman. Accompagné de deux premières parties, son compatriote Ahmed Sparrow et Nadim Kayne, humoriste made in Geneva, les premiers rires tombent rapidement et la salle se réchauffe gentiment. Roman entre en jeu et il est définitivement disposé à mettre le feu sur scène. D’emblée, il aborde le sentiment nostalgique de la liberté de l’enfance, puis la période traumatisante de l’adolescence et enfin la vie d’adulte qui, elle non plus, n’est pas un cadeau. Les thèmes sont universels, la vie, l’amour, le sexe, la mort, la jeunesse, la vieillesse, le monde, la nature, l’environnement et les animaux. Le parti pris est de parler au plus grand nombre, faire de l’humour intemporel pour toutes les générations et, à en croire le public autour de moi, le pari est réussi.

La prestation de Roman est hallucinante, sur scène il est aussi à l’aise qu’un poisson dans l’eau, on sent qu’il est fait pour ça et pour absolument rien d’autre. Son esprit est tourmenté et fasciné par des choses simples de la vie qu’il arrive à rendre complexes par les raisonnements les plus farfelus qui soient. C’est là que vient le rire et honnêtement l’audience doit souvent se demander “Mais comment a-t-il pu penser à ça?” et “Où va-t-il chercher tout ça?”. Son imaginaire semble illimité, il est totalement imprévisible et de fait, personne ne peut anticiper ses chutes. Effet de surprise garanti!

Photo: Nais Bessaih

Le garçon est extrêmement talentueux, un véritable technicien de l’humour qui détonne dans un paysage du stand up français souvent décrié pour sa tendance aux blagues communautaires un tantinet récurrente. Même si la nouvelle vague d’humoristes francophones se diversifie et promet un brillant futur à sa discipline, il sort du lot de par son originalité, son caractère et sa science du rire. Ses années montréalaises ont dû aider.

Au final, j’ai passé une heure et demie à rire et le reste des spectateur·trice·s aussi. En atteste la standing ovation immédiate qu’il a reçu à la fin du show. Roman a semblé apprécier la ferveur du public helvète puisqu’il a décidé de nous offrir en rab dix bonnes minutes de nouveau matériel qu’il commence à rôder en tournée. Ce grand enfant qu’il est quitte finalement les planches sur une chanson de son ami Antoine Valentinelli, dit Lomepal, au refrain qui sonne comme une devise: “Prends cette putain de vie comme un jeu, je suis encore un môme (…) môme jusqu’à la mort, y a aucun remède”.

Prochaines dates:

Mercredi 1er avril à 19h au Théâtre de Beausobre, dans le cadre du festival Morges-sous-rire.

Il nous a annoncé en exclusivité qu’il sera de retour le 8 octobre 2020 à Genève. Affaire à suivre!

 

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Humour (dans le) noir 

Inspiré par les soirées NOIR lancées à Paris, Jokers Comedy propose depuis quelques temps au Caustic Comedy Club des stand-ups d’un genre un peu particulier. Avec ses Jokers Blackout, la production fait découvrir au public 4 humoristes et leurs enchaînements de sketchs tout en étant plongé dans l’obscurité totale! Un format qui a le mérite de décomplexer tant les artistes… que le public!  

Texte: Mélissa Quinodoz 

Mardi soir, la salle du Caustic Comedy Club affichait quasi complet pour sa 2e soirée dans le noir de la saison. Il faut dire que le concept a de quoi susciter la curiosité du public qui semblait plutôt impatient de voir les lumières s’éteindre. Et immédiatement, cette obscurité a su créer une atmosphère un peu particulière dans la salle, une sorte d’intimité entre les personnes présentes ce soir-là.  En silence, les spectateur·trice·s ont donc attendu l’arrivée sur scène de la première artiste et des premiers mots qui signaleraient sa présence. Rapidement, on se rend alors compte que pour les artistes l’exercice n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Certes, en étant ainsi dans le noir les humoristes s’affranchissent de l’auditoire, du trac et des regards posés sur eux. En contrepartie, les comiques ne peuvent toutefois compter que sur la réactivité du public et les rires. Il faut ainsi gérer les moments de silence un peu gênants et les flops de certaines blagues dans une situation où On réalise que l’interaction avec les spectateurs·trice·s ne peut évidemment pas être la même que lors d’un stand-up classique et que les humoristes doivent trouver un nouveau moyen d’impliquer leur public. Au fil des sketchs certain·e·s vont ainsi réagir au rire atypique d’une spectatrice alors que d’autres préféreront toucher la tête d’un homme au premier rang.  

Du point de vue du public l’expérience Jokers Blackout est également particulière. Dans le noir on rigole plus fort, on ne se soucie pas de savoir si la blague a fait rire le voisin ou du politiquement correct. Sketchs après sketchs on a ainsi pu entendre certain·e·s partir dans des fous rires incontrôlables alors que d’autres se montraient beaucoup plus réservé·e·s. À ce sujet, il est d’ailleurs surprenant de voir les libertés que peut prendre un public lorsqu’il est plongé dans le noir. Décomplexé·e·s, quelques spectateur·trice·s n’ont pas hésité à interpeller les artistes et ont parfois tenté, avec plus ou moins de succès, de faire eux aussi un trait d’humour. Plus provocante, une spectatrice est même allée jusqu’à reprendre Kevin Eyer sur son niveau de français. Une attitude pas toujours agréable qu’on peine à imaginer dans une salle éclairée mais à laquelle l’humoriste a su parfaitement réagir.  

Au terme de ce spectacle d’environ 1h, ne restait finalement plus qu’une chose à faire, découvrir les 4 artistes de la soirée et associer, enfin, visages et voix. Un moment d’autant plus sympathique que durant toute la prestation on essaie forcément de deviner à quoi ces artistes peuvent bien ressembler. Aussi, on regrettera que la seule femme humoriste de la soirée ne se soit pas donné la peine de rester jusqu’à la fin du spectacle pour se présenter*. Malgré tout, c’est avec plaisir que nous avons découvert ses collègues qui ont pu eux aussi voir pour la première fois ce public mystère qui leur faisait face et les personnes avec lesquelles ils ont interagi.  

Au final, cette expérience humoristique s’est révélée plutôt plaisante. L’événement reste original et mérite qu’on y assiste au moins une fois. Pour les curieux·ses, le prochain rendez-vous dans le noir est ainsi fixé au mardi 21 janvier 2020 au Caustic Comedy Club. L’occasion de voir, ou plutôt d’entendre, de jeunes humoristes tout en faisant des économies d’énergie. Une soirée bonne pour le moral mais également pour la planète donc à découvrir très vite.  

Jokers! Blackout
Caustic Comedy Club, Carouge (GE)
Prochain spectacle le mardi 21 janvier 2020 à 19h30
Toutes les informations sur www.causticcomedyclub.com 

 

*note a posteriori: Le Caustic Comedy Club nous a informé que Cinzia Cattaneo (qui pour des raisons de programmation remplaçait une autre humoriste ce soir-là) serait restée avec plaisir mais jouait dans un autre spectacle aux 4 Coins à 20h. Elle a donc dû faire son set la première afin de pouvoir filer sur l’autre scène.

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La Lesbienne invisible: on peut la voir à nouveau!

L’humoriste Marine Baousson reprend le spectacle La Lesbienne invisible écrit par Océan en 2009, une prestation pleine d’énergie et de fraicheur. L’Agenda l’a découverte vendredi dernier à Vernier, dans le cadre du festival Les Créatives.

Texte: Jennifer Barel

©Ville de Vernier. Photo: Greg Clément

À peine entrée sur scène, Marine Baousson diffuse dans l’air une espièglerie communicative. L’ambiance est à la bonne humeur et les sourires s’impriment sur les visages. Puis, elle se lance. C’est l’histoire d’Océanerosemarie, jeune femme qui nous raconte l’exploration de son homosexualité et son quotidien en tant que lesbienne. Elle pioche dans les nombreux clichés à propos des femmes homosexuelles et arrive à les mettre à mal à travers l’humour. Pendant une heure et quart, les blagues fusent. Quelques unes tirées à gros trait pour appuyer l’absurdité de certaines remarques et attitudes à l’égard des femmes lesbiennes et d’autres beaucoup plus subtiles et intelligentes. Au final, il y en a pour tous les types d’humour dans ce spectacle porté par une Marine Baousson pétillante et dynamique. Pas le temps de s’ennuyer avec Marine sur scène. Elle bouge, elle danse sur du Britney Spears, elle chante une reprise hilarante de Harley Davidson de Brigitte Bardot et, même, elle se roule par terre. Le tout avec une assurance et une présence scénique qui captent l’attention. Ça se voit, elle prend beaucoup de plaisir à faire ce spectacle et même lorsqu’elle se trompe dans son texte, elle sait se rattraper avec finesse et naturel, toujours à l’aise, ce qui rend la situation encore plus comique et donne une dimension unique et plaisante à la représentation.

C’est un récit qui parle de l’homosexualité des femmes (et rien que ça, c’est important!) avec fierté et perspicacité mais surtout avec humour, sans lourdeur ni gravité. Un récit qui, dix ans après les premières représentations, reste très actuel. Cela prouve bien que les choses n’ont malheureusement pas beaucoup changé et qu’il est nécessaire de faire du bruit et de remuer un peu la fourmilière. Marine Baousson tente de la remuer, cette fourmilière, avec sa vitalité débordante, dans un spectacle léger, drôle et bienveillant qui arrive subtilement à rendre l’homosexualité des femmes tout simplement normale. À retenir: non, les lesbiennes n’aiment pas que le football et, non, elles n’ont pas l’annulaire plus grand que l’index!

www.instagram.com/marinebaousson
www.vernier.ch
www.lescreatives.ch

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Quand le Perroquet prend la plume

C’est une charmante fantaisie qui nous a été servie mardi soir au Théâtre Le Crève-Cœur, où le baryton Guillaume Paire s’est emparé de la scène pour livrer non pas un récital classique, ni un numéro de stand-up, mais… quelque chose entre les deux. Un spectacle jovial à l’hybridité assumée, dont on ressort le cœur léger.

Texte: Athéna Dubois-Pèlerin

Le spectacle commence de manière on ne peut plus conventionnelle. Le violoncelliste et le pianiste jouent les premières notes d’un aria bien connu de Mozart, l’air de Papageno, tiré de La Flûte enchantée. Le baryton fait une entrée élégante, commence à chanter et… s’arrête net. Cette fois, ça suffit. Le personnage se révolte, Papageno fait un burn-out.

 

 

Commence alors un soliloque coloré, dans lequel le malheureux oiseleur de Mozart laisse tomber son script habituel pour dévoiler à l’assemblée ses états d’âme, sur le mode apparent de l’improvisation. 228 ans qu’il chante les mêmes airs, récite les mêmes phrases et fréquente les mêmes personnages! Tamino est insipide, la Reine de la Nuit insupportablement vaniteuse et même sa dulcinée Papagena ne l’enthousiasme plus… Papageno se prend à rêver d’une autre vie, pourquoi pas une vie faite de conquêtes en tous genres, comme celle que mènent ses “demi-frères” mozartiens Dom Juan et le Comte Almaviva, dont il prend les traits le temps d’un facétieux aria, avant de poursuivre ses méditations et ses métamorphoses.

En réinventant le sympathique personnage de Papageno, qu’il connaît bien pour l’avoir très souvent interprété sur scène, Guillaume Paire offre un divertissement haut en couleurs, décomplexé et résolument drôle. Soutenue par Florent Chevallier au violoncelle et Adrien Polycarpe au piano, la voix chaude et bien timbrée du baryton s’adapte aussi bien aux morceaux chantés dont il ponctue son spectacle (des airs d’opéra, oui, mais pas seulement!) qu’au discours parlé qu’il délivre avec une percutante spontanéité.

Songeur et enjoué, l’artiste use de l’humour pour proposer une réflexion sur les rapports entre art lyrique et société. Il n’hésite pas à pointer du doigt le manque d’intérêt dont peut souffrir l’univers de l’opéra, ironise sur les dérives idéologiques qui viennent contaminer la scène artistique, et ne résiste pas au plaisir d’aller taquiner la presse culturelle en exposant certains de ses travers.

Si le ton est parfois narquois, il reste toujours tendre, et si le spectacle peut sembler par moments un peu décousu, il retombe avec légèreté sur ses pattes grâce à Papageno, que l’on retrouve toujours sous les nombreux masques qu’il s’amuse à porter. On se laisse toucher par la solitude du personnage, qui dit son désir tout humain d’échapper à sa condition, son rejet du figé et son goût de la métamorphose, du multiple, de l’insaisissable. N’est-ce pas là la profession de foi de l’acteur, cet être polymorphe par excellence, qu’énonce Guillaume Paire? Davantage encore que du perroquet, ce dernier tient véritablement du caméléon, au point que l’on rit aux éclats en entendant ce chanteur, comédien, pianiste, auteur et metteur en scène se lamenter qu’il “aurait aimé être un artiste”.

 

Le Blues du Perroquet
Du 19 novembre au 15 décembre
Théâtre Le Crève-Cœur
 www.lecrevecoeur.ch

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En route, chevaliers!

Cela fait désormais un mois que l’Opéra de Lausanne a pris la route avec “Les Chevaliers de la Table Ronde”, un opéra-bouffe en trois actes d’Hervé. La tournée continue sur huit dates en juillet, de Russin à Chillon en passant par les terres nord-vaudoises.

Texte: Katia Meylan

Les Chevaliers de la Table ronde © Alan Humerose

Quarante personnes et un décor chevaleresque se baladent dans le cadre de cette 5e Route Lyrique, un concept biennal créé il y a 9 ans. Avec des productions qui voyagent dans les théâtres, salles communales et autres places du village, l’Opéra de Lausanne occupe l’espace culturel romand pendant l’été tout en offrant des débouchés aux jeunes diplômé·e·s chanteur·euse·s et musicien·ne·s de la Haute École de Musique de Lausanne (HEMU).

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

 

Cette année, l’équipe artistique a choisi de mettre en scène une parodie de la fameuse légende de la Table Ronde. Dans le livret signé Henri Chivot et Alfred Duru (auteurs prolifiques dont on compte une centaine de vaudevilles écrits dans la deuxième moitié du 19e siècle), pas d’exploit chevaleresques; tout élément moyenâgeux est prétexte au développement d’une pitrerie. Pastiches et airs populaires alimentent cet opéra-bouffe d’Hervé, qui fut, au coude à coude avec Offenbach, inventeur de l’opérette.

 

 

Le public rencontre dans cette histoire des personnages avec bien plus de vice que de vertu; un Roland narcissique, une princesse faussement ingénue prête à se marier avec le premier venu, un Merlin II fils de son père pour qui le talent n’a apparemment pas été héréditaire, une Mélusine castratrice et jalouse (dont on admire la voix puissante et le charme de l’interprète, Laurène Paternò), une duchesse infidèle et un duc qui joue à la drama queen.

Les Chevaliers de la Table ronde © Alan Humerose

Tout ce beau monde progresse dans une avalanche de comique de répétition, de cris et d’extravagances qui peuvent amuser ou étonner. On surprend même des jeunes musiciens de l’orchestre à se retenir de rire lors de certaines scènes particulièrement loufoques!
En fait-on trop sur scène? Dans l’opéra-bouffe, tous les excès sont permis, tant dans les costumes que dans l’interprétation, car ils servent à mettre en évidence les fonctionnements de la société pour mieux s’en moquer. Et dans cette pièce mise en scène par Jean-François Vinciguerra (alias Merlin II), on trouve, aux côtés d’un humour de situation qui a probablement fonctionné de siècle en siècle, des surprises auxquelles on ne s’attendait pas: une incartade dans un royaume sous-marin hippie, des références au télé-achat (quelque peu daté) ou à Jacques Brel (indémodable).

Au fil des trois actes, on devine à peu près comment l’histoire devra se terminer: des histoires d’amour qui finissent bien et un joyeux final chorégraphié où l’on on entonne en chœur que “Jamais plus joli métier ne fut dans le monde / que celui de chevalier de la Table Ronde…”. Oui, ça reste dans la tête et on le chante encore le lendemain!

Les Chevaliers de la Table Ronde
Route Lyrique de l’Opéra de Lausanne

Tout public
Prix entre 20.- et 35.-

Les dates à venir:

Lundi 1er juillet à 21h:                   Place du Mandement 1, Russin
Mercredi 3 juillet à 20h30:           Place François Silvant, Ecublens
Vendredi 5 juillet à 21h:               Château de Chillon
Samedi 6 juillet à 20h:                  Casino d’Orbe
Dimanche 7 juillet à 19h30:        Fédération vaudoise des jeunesses campagnardes, Savigny
Mardi 9 juillet à 19h30:                 Salle Davel, Cully
Mercredi 10 juillet à 19h30:        Salle du Parc, Bex
Vendredi 12 juillet à 19h30:        Centre Culturel et sportif du Chêne, Aubonne

www.opera-lausanne.ch/show/route-lyrique-2019

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Le gala Crème au Montreux Comedy Festival

La 29e édition du Montreux Comedy Festival avait lieu ce week-end dans la ville éponyme. Au programme: une pléiade d’humoristes confirmés ou débutants, francophones ou anglophones, du stand up, de l’humour absurde, des personnages, de la musique, de la danse et surtout du show. Ma passion pour le stand up m’a conduit à la soirée de gala Crème, présentée de surcroît par deux de mes humoristes préférés, Marina Rollman et Roman Frayssinet.

Texte: Yann Sánchez

Il y a un mois, mon fil d’actualité Instagram m’offrait la vision radieuse d’Emily Ratajkowski en tenue de femme des cavernes glamour pour célébrer Halloween et rendre hommage à un autre sex-symbol, Raquel Welch, dans un classique du cinéma d’aventure fantastique des sixties. C’est peu dire que l’algorithme de cette application connaît bien mes goûts cinématographiques et artistiques. Je dis ça car, dans la foulée, je suis tombé sur une série de vidéos hilarantes via le compte de la très talentueuse Marina Rollman. Marina, avec qui je partage mes origines helvètes, mon année de naissance et mon obsession pour la mannequin anglo-américaine d’origine polonaise. Ces mini vidéos en duo avec la nouvelle pépite du stand up francophone Roman Frayssinet étaient le teaser du gala Crème qui s’est joué ce samedi à l’Auditorium Stravinski à Montreux.

Un mois et quelques nouvelles vidéos plus tard, je fais le trajet Lausanne-Montreux pour assister en live à la suite de leur joute verbale sur les réseaux sociaux. En découvrant le line-up de la soirée, je me rends compte qu’on aurait pu la résumer comme un début de blague qu’on se racontait gamins, quelque chose comme: “C’est l’histoire d’un Belge, de deux Suisses, deux Canadiennes et six Français sur une scène (…)”. Mais si ces blagues étaient déjà légèrement douteuses à l’époque, il n’en sera rien ce soir car ce sont bel et bien des professionnels du rire qui sont venu performer. Le gala Crème se veut onctueux, savoureux et cosmopolite vous l’aurez compris. Me voilà donc assis dans la salle qui se remplit peu à peu, pendant que Monsieur Grégoire Furrer, fondateur du festival, nous adresse quelques mots doux. Tout n’est qu’amour et humour ce soir.

Tout le monde est en place, le show peut commencer. Les deux hôtes du gala viennent nous présenter la soirée et nous rappeler la chance que nous avons d’être ici à écouter des blagues et rigoler alors que nous pourrions être ailleurs à exercer une autre activité complètement éclatée comme dirait Roman, la vaisselle par exemple. Je retrouve vite le schéma humoristique utilisé dans la bande-annonce et leur joyeuse complicité. La soirée commence bien. Toutes et tous feront un passage d’environ dix minutes tantôt sur des thématiques classiques telles que le sexe, la vie de couple, le racisme, l’alcool et les drogues, tantôt sur des thèmes plus absurdes comme les dauphins violeurs, le régime fémi-nazi, la prononciation du mot tabouret en anglais ou encore le suicide chez les félins. Entre les passages, nous assistons à des scénettes tout aussi absurdes et loufoques entre les deux animateurs d’un soir. De l’interview surréaliste du clitoris, personnifié par Baptiste Lecaplain, en passant par les tenues cocasses des deux co-animateurs, je me régale.

Deux heures de sketchs, une multitude de rires et une chorale de gospel plus tard, j’attends déjà avec impatience le 30e anniversaire du festival l’année prochaine.

www.montreuxcomedy.com

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Le Coach

Le coach, cette créature à part entière, dynamique avec ses baskets, est souvent confondu avec un psy, un médecin, un ami. Difficile d’en donner une définition, nous allons essayer quand même: Le coach offre différentes méthodes d’accompagnement basées sur la confiance mutuelle afin de retrouver une harmonie dans un cadre privé ou professionnel grâce à la mise en place de nouveaux réflexes. La comédie de Bruno Bachot “Le Coach” en présente un beau spécimen, à voir jusqu’au 1er décembre à l’Uptown Geneva.

Texte: Jenny Raymonde

Tyrannisé par son chef, amoureux de sa collègue Vanessa, Patrick n’aime pas les conflits et il fait tout ce qu’il faut pour que son entourage soit satisfait de lui. Éternel incompris, il aimerait que les choses changent mais ne sait pas trop par où commencer… et pourquoi ne pas faire appel à un coach?

Questionné avec humour lors de la séance de démarrage, Patrick fait ressortir ses traits de personnalité pour permettre à son coach, le dénommé Assuérus Chêne, de mieux le cerner. En se donnant la réplique, le duel coach-coaché emporte les éclats de rire du public.
La posture de coach naturelle de l’acteur et de l’auteur de la pièce, Bruno Bachot, peint une partie de l’univers de son quotidien.

Les pratiques de coaching ne manquent pas pour donner un coup de pouce à Patrick dans la réalisation de ses objectifs personnels: prendre confiance en soi et s’affirmer autant dans sa vie personnelle que professionnelle. Le coach ne décide pas à la place de son client, il lui souffle des pistes à prendre ou à laisser, c’est finalement lui qui aura le dernier mot, même si il ne s’appelle pas Jean-Pierre.
Patrick prend peu à peu de l’assurance et commence à entreprendre différentes actions auxquelles le public ne s’attendait pas.

La mise en scène de la pièce se présente avec un décor classique fait de trois tables, deux chaises et un porte-manteau. La complicité entre les quatre comédien·e·s se fait sentir tout le long du spectacle. Ils échappent de justesse à un fou rire dans leurs répliques respectives.

L’accompagnement d’Assuérus Chêne portera-t-il ses fruits? Pour le savoir, il vous suffit d’aller voir la pièce “Le Coach”, jouée tous les jeudis, vendredis et samedis à 21h jusqu’au 1er décembre à l’Uptown Geneva.

www.uptown-geneva.ch

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Le Swiss Comedy Club aux Faux Nez

Ce mercredi 24 octobre, c’est à Lausanne que ça se passait. Plus précisément dans le café-théâtre Les Faux Nez, situé depuis cette année dans la cave du restaurant italien Osteria Bolgheri. L’un des nombreux rendez-vous mensuels du Swiss Comedy Club a désormais lieu dans cette petite salle intimiste, proche du centre-ville. Au menu du jour: les jeunes talents de l’humour romand et un guest parisien.

Texte: Yann Sanchez

Il est 20h45 quand j’arrive sur place. Quelques visages à l’entrée me paraissent déjà familiers. L’atmosphère semble détendue et l’ambiance bon enfant. On m’invite à prendre les escaliers pour rejoindre l’étage inférieur du restaurant et choisir mon siège dans le public. La salle n’est pas immense mais je compte tout de même une bonne soixantaine de places assises. Sur la scène trônent un micro sur pied, une guitare et le lumineux logo du Swiss Comedy Club accroché à un mur en briques si emblématique dans le milieu du stand up. Le temps de m’installer au premier rang et de faire connaissance avec ma voisine d’un soir qui m’explique faire partie de la Swiss Comedy School, je réalise que toutes les conditions favorables à une bonne soirée d’humour sont réunies. Y a plus qu’à!

Jessie Kobel est le premier à apparaître sur la scène. Vêtu de son costume de maître de cérémonie, il nous présente brièvement le déroulement de la soirée, lance quelques vannes, quelques confettis et le premier humoriste du show. C’est le dénommé PEP qui ouvre le bal, le gagnant du concours Swiss Comedy Talent 2018. Une autre étudiante de la Swiss Comedy School lui succèdera, c’est l’autre jeune pousse au programme: Isabelle Mouche. Les deux humoristes en herbe de la soirée font plutôt bonne impression. PEP nous décrit sa situation familiale mouvementée mais remplie d’amour, entouré de sa femme et ses filles. Et si l’un peine à trouver sa place de mâle à la maison, l’autre peine à trouver un mâle tout court. Isabelle évoque à raison les difficultés actuelles à rencontrer un homme bien via une application, une agence matrimoniale ou même dans la vraie vie.

Après les rookies, c’est au tour des membres du Club de jouer. Edem Labah débute ce 2e tour, suivi de Tamara Cesar, Antoine Maulini, Jacques Bonvin et finalement Jessie Kobel à nouveau. Les vannes fusent, le rythme est soutenu et les thèmes varient. L’esprit général est taquin et rempli d’autodérision. Qu’on soit Vaudois, Valaisan ou Genevois, jeune ou moins jeune, homme ou femme, le résultat est le même: tout le monde s’y retrouve d’une façon ou d’une autre et on rit ensemble. De l’humour d’observation pur aux personnages détonants en passant par la chansonnette et la danse, il y en a vraiment pour tous les goûts. La salle quasiment pleine est hilare. Entre les découvertes que j’ai faites et les humoristes que je voyais pour la seconde fois quelques années après, j’ai vraiment été impressionné par le niveau de la scène suisse romande et enchanté par la diversité présentée.

Clou du spectacle, l’humoriste qui vient clôturer la soirée nous vient de Paris. Il s’agit du talentueux Donel Jack’sman, passé entre autres par le Jamel Comedy Club et l’émission “On ne demande qu’à en rire”. En spectacle le lendemain au même endroit, il venait pour un dernier rodage nous offrir une prestation très solide. Tout le monde en prend pour son grade, les stars de la chanson française, les rappeurs illettrés et surtout le couple au milieu du premier rang. Plus le public se fait chambrer, plus il rit fort. Julia, ma voisine, est conquise. Elle me confie qu’elle reviendra sûrement le soir d’après pour voir son spectacle en entier.

Il est 23h15, le show se termine et après deux heures de rires, j’ai mal aux zygomatiques. Le public et les artistes semblent ravis. Tout ce beau monde se retrouve autour du bar, certains prennent des photos, d’autres débattent de leur prestation, j’entends même Donel donner des conseils à Jessie. On échange, on partage et on rigole. Cette fois c’est certain, on vient de vivre une bonne soirée d’humour. Cet événement est une véritable réussite, une pause humoristique en milieu de semaine des plus agréables. J’y retournerai avec grand plaisir.

Rendez-vous est pris le mercredi 21 novembre, même heure, même endroit pour une nouvelle soirée du Swiss Comedy Club à Lausanne.

www.lesfauxnez.ch/le-cafe-theatre/

 

 

 

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