Stand-up

Thomas Wiesel & la nouvelle vague

Si on ne présente plus Thomas Wiesel, lui se fait un plaisir de présenter la nouvelle vague de l’humour romand. Quitte à disposer d’un des meilleurs humoristes de sa génération, autant utiliser sa notoriété pour mettre la lumière sur la relève.

Texte: Yann Sanchez

Photo: Laura Gilli

La salle de spectacles de Renens accueillait vendredi dernier un plateau de cinq humoristes pour une soirée riche en rires et en découvertes grâce au partenariat entre la ville de Renens et Jokers Comedy, ainsi qu’à la capacité de la salle inférieure à mille personnes. La décision du Conseil fédéral d’interdire toute manifestation de plus de mille personnes en raison du coronavirus était tombée plus tôt dans la journée.

Thomas Wiesel se jette à l’eau le premier. Entre l’avancée des travaux de la gare de Renens et autres faits divers concernant la ville, Thomas, comme à son habitude, taquine son hôte histoire de briser la glace. Véritable marque de fabrique, qu’il joue en France, en Belgique, au Québec ou dans le plus anecdotique des petits villages de Suisse, il est toujours renseigné sur l’histoire ou l’actualité du lieu en question. Et de l’actualité ce vendredi, il y en avait! Le virus chinois en tête, Roman Polanski aux Césars, Trump, l’UDC, tout y est passé. Plus mobile derrière son micro qu’à l’accoutumée, l’humoriste lausannois a clairement amélioré sa gestuelle sur scène, ce qui lui permet ainsi d’accentuer certaines de ses blagues. D’ordinaire pas trop porté sur l’interaction, il échange cette fois directement avec des membres de l’audience et ça fait mouche. Apparemment, même les meilleurs peuvent toujours s’améliorer. À n’en pas douter, voici un très bon exemple à suivre pour la nouvelle vague romande.

Les premières gouttes de la vague arrivent: Jeremy Crausaz, la trentaine, originaire de La Broye fribourgeoise, homme de radio et de scène, grand enfant qui ne veut pas grandir. Délit de fainéantise qui engendre son lot de problèmes et anecdotes pour le moins cocasses, son set déborde d’autodérision.

Cinzia Cattaneo prend le relai. La gagnante du tremplin de Morges-sous-Rire 2019 fait dans l’humour un peu plus crû et sarcastique. Qu’elle s’en prenne à sa famille, à son mec ou à elle-même, le résultat est le même, chacun·e en prend pour son grade. La jeune genevoise a du potentiel, talent à suivre.

Entre deux réapparitions de Monsieur Wiesel, les derniers talents de la relève à passer ce soir s’appellent Renaud de Vargas et Bruno Peki.

Le premier avait déjà connu le succès en duo il y a quelques années [Melvin & Renaud, ndlr] et s’attaque à présent au seul-en-scène. Avec son CV d’humoriste/journaliste sportif, il a de la matière à décrypter. Très dynamique et enjoué, il est une vraie boule d’énergie sur scène.

Last but not least: Bruno Peki. Le benjamin de la soirée, récent vainqueur du concours Mon premier Montreux 2019, vient radieusement clôturer cette soirée avec un passage où il se raconte dans les grandes lignes sans se la raconter. Malgré son visage innocent, le jeune homme est déjà très à l’aise sur scène, en radio et sur Internet avec la clique de Tataki.

La scène humoristique suisse romande se développe de plus en plus, la culture du stand up s’étend en permanence et les soirées d’humour deviennent toujours plus fréquentes. La Suisse, bientôt un pays d’humour? N’oublions jamais les propos de l’ancien président de la Confédération Johann Schneider-Ammann: “Rire c’est bon pour la santé”.

Prochaines dates:

Thomas Wiesel en tournée en 2020 pour son spectacle Ça va à travers toute la Suisse.

Jérémy de Crausaz dès avril 2020 au théâtre Le Lieu à Paris pour son spectacle Jeremy Crausaz ne veut pas grandir.

Renaud de Vargas le 8 avril 2020 au CPO d’Ouchy et le 23 avril au Caustic Comedy Club à Carouge pour son spectacle Comment on va l’appeler?

Bruno Peki et Cinzia Cattaneo de mars à juin 2020 au Caustic Comedy Club à Carouge pour leurs spectacles respectifs Innocent et Toi-même.

Retrouvez également Cinzia Cattaneo le 25 mars 2020 au Lounge Bar La Rive à Morges pour une soirée des nouveaux talents francophones dans le cadre du Festival Morges-sous-Rire.

Pour plus d’informations :

www.l-agenda.online/evenements/

www.thomaswiesel.com

www.renens.ch

www.jokerscomedy.ch

www.morges-sous-rire.ch

www.causticcomedyclub.com

www.cpo-ouchy.ch

 

Alors… Roman Frayssinet?

Le jeune humoriste parisien est venu jouer son spectacle Alors en terres genevoises vendredi dernier. Bref récit d’un phénomène humoristique d’à peine 25 ans.

Texte: Yann Sanchez

Par où commencer? Pour celles et ceux qui ne connaissent pas du tout le phénomène Roman Frayssinet, je m’occupe de faire les présentations. Humoriste parisien pas comme les autres, il a été professionnellement formé à l’humour de l’autre côté de l’Atlantique, au Québec. Diplômé de l’École nationale de l’humour de Montréal à 20 ans, il a fait ses armes au pays de Céline, puis est revenu s’installer à Paris suite à sa rencontre avec un certain Kyan Khojandi. Son style d’humour? Certain·e·s diront qu’il fait de l’absurde mais lui préfère dire qu’il essaie de repérer l’absurdité dans ce monde. Nuance. Il a un côté légèrement schizophrène, ils seraient trois dans sa tête à en croire sa capsule web Migraine et il adore placer son personnage de scène du côté de celui qui découvre, celui qui ne connaît pas. Ses points de vue sont souvent décalés, voire marginaux, son personnage semble totalement déjanté mais ses propos font toujours sens.

C’est à guichets fermés qu’il vient se présenter vendredi soir dans l’enceinte du Théâtre du Léman. Accompagné de deux premières parties, son compatriote Ahmed Sparrow et Nadim Kayne, humoriste made in Geneva, les premiers rires tombent rapidement et la salle se réchauffe gentiment. Roman entre en jeu et il est définitivement disposé à mettre le feu sur scène. D’emblée, il aborde le sentiment nostalgique de la liberté de l’enfance, puis la période traumatisante de l’adolescence et enfin la vie d’adulte qui, elle non plus, n’est pas un cadeau. Les thèmes sont universels, la vie, l’amour, le sexe, la mort, la jeunesse, la vieillesse, le monde, la nature, l’environnement et les animaux. Le parti pris est de parler au plus grand nombre, faire de l’humour intemporel pour toutes les générations et, à en croire le public autour de moi, le pari est réussi.

La prestation de Roman est hallucinante, sur scène il est aussi à l’aise qu’un poisson dans l’eau, on sent qu’il est fait pour ça et pour absolument rien d’autre. Son esprit est tourmenté et fasciné par des choses simples de la vie qu’il arrive à rendre complexes par les raisonnements les plus farfelus qui soient. C’est là que vient le rire et honnêtement l’audience doit souvent se demander “Mais comment a-t-il pu penser à ça?” et “Où va-t-il chercher tout ça?”. Son imaginaire semble illimité, il est totalement imprévisible et de fait, personne ne peut anticiper ses chutes. Effet de surprise garanti!

Photo: Nais Bessaih

Le garçon est extrêmement talentueux, un véritable technicien de l’humour qui détonne dans un paysage du stand up français souvent décrié pour sa tendance aux blagues communautaires un tantinet récurrente. Même si la nouvelle vague d’humoristes francophones se diversifie et promet un brillant futur à sa discipline, il sort du lot de par son originalité, son caractère et sa science du rire. Ses années montréalaises ont dû aider.

Au final, j’ai passé une heure et demie à rire et le reste des spectateur·trice·s aussi. En atteste la standing ovation immédiate qu’il a reçu à la fin du show. Roman a semblé apprécier la ferveur du public helvète puisqu’il a décidé de nous offrir en rab dix bonnes minutes de nouveau matériel qu’il commence à rôder en tournée. Ce grand enfant qu’il est quitte finalement les planches sur une chanson de son ami Antoine Valentinelli, dit Lomepal, au refrain qui sonne comme une devise: “Prends cette putain de vie comme un jeu, je suis encore un môme (…) môme jusqu’à la mort, y a aucun remède”.

Prochaines dates:

Mercredi 1er avril à 19h au Théâtre de Beausobre, dans le cadre du festival Morges-sous-rire.

Il nous a annoncé en exclusivité qu’il sera de retour le 8 octobre 2020 à Genève. Affaire à suivre!

 

Humour (dans le) noir 

Inspiré par les soirées NOIR lancées à Paris, Jokers Comedy propose depuis quelques temps au Caustic Comedy Club des stand-ups d’un genre un peu particulier. Avec ses Jokers Blackout, la production fait découvrir au public 4 humoristes et leurs enchaînements de sketchs tout en étant plongé dans l’obscurité totale! Un format qui a le mérite de décomplexer tant les artistes… que le public!  

Texte: Mélissa Quinodoz 

Mardi soir, la salle du Caustic Comedy Club affichait quasi complet pour sa 2e soirée dans le noir de la saison. Il faut dire que le concept a de quoi susciter la curiosité du public qui semblait plutôt impatient de voir les lumières s’éteindre. Et immédiatement, cette obscurité a su créer une atmosphère un peu particulière dans la salle, une sorte d’intimité entre les personnes présentes ce soir-là.  En silence, les spectateur·trice·s ont donc attendu l’arrivée sur scène de la première artiste et des premiers mots qui signaleraient sa présence. Rapidement, on se rend alors compte que pour les artistes l’exercice n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Certes, en étant ainsi dans le noir les humoristes s’affranchissent de l’auditoire, du trac et des regards posés sur eux. En contrepartie, les comiques ne peuvent toutefois compter que sur la réactivité du public et les rires. Il faut ainsi gérer les moments de silence un peu gênants et les flops de certaines blagues dans une situation où On réalise que l’interaction avec les spectateurs·trice·s ne peut évidemment pas être la même que lors d’un stand-up classique et que les humoristes doivent trouver un nouveau moyen d’impliquer leur public. Au fil des sketchs certain·e·s vont ainsi réagir au rire atypique d’une spectatrice alors que d’autres préféreront toucher la tête d’un homme au premier rang.  

Du point de vue du public l’expérience Jokers Blackout est également particulière. Dans le noir on rigole plus fort, on ne se soucie pas de savoir si la blague a fait rire le voisin ou du politiquement correct. Sketchs après sketchs on a ainsi pu entendre certain·e·s partir dans des fous rires incontrôlables alors que d’autres se montraient beaucoup plus réservé·e·s. À ce sujet, il est d’ailleurs surprenant de voir les libertés que peut prendre un public lorsqu’il est plongé dans le noir. Décomplexé·e·s, quelques spectateur·trice·s n’ont pas hésité à interpeller les artistes et ont parfois tenté, avec plus ou moins de succès, de faire eux aussi un trait d’humour. Plus provocante, une spectatrice est même allée jusqu’à reprendre Kevin Eyer sur son niveau de français. Une attitude pas toujours agréable qu’on peine à imaginer dans une salle éclairée mais à laquelle l’humoriste a su parfaitement réagir.  

Au terme de ce spectacle d’environ 1h, ne restait finalement plus qu’une chose à faire, découvrir les 4 artistes de la soirée et associer, enfin, visages et voix. Un moment d’autant plus sympathique que durant toute la prestation on essaie forcément de deviner à quoi ces artistes peuvent bien ressembler. Aussi, on regrettera que la seule femme humoriste de la soirée ne se soit pas donné la peine de rester jusqu’à la fin du spectacle pour se présenter*. Malgré tout, c’est avec plaisir que nous avons découvert ses collègues qui ont pu eux aussi voir pour la première fois ce public mystère qui leur faisait face et les personnes avec lesquelles ils ont interagi.  

Au final, cette expérience humoristique s’est révélée plutôt plaisante. L’événement reste original et mérite qu’on y assiste au moins une fois. Pour les curieux·ses, le prochain rendez-vous dans le noir est ainsi fixé au mardi 21 janvier 2020 au Caustic Comedy Club. L’occasion de voir, ou plutôt d’entendre, de jeunes humoristes tout en faisant des économies d’énergie. Une soirée bonne pour le moral mais également pour la planète donc à découvrir très vite.  

Jokers! Blackout
Caustic Comedy Club, Carouge (GE)
Prochain spectacle le mardi 21 janvier 2020 à 19h30
Toutes les informations sur www.causticcomedyclub.com 

 

*note a posteriori: Le Caustic Comedy Club nous a informé que Cinzia Cattaneo (qui pour des raisons de programmation remplaçait une autre humoriste ce soir-là) serait restée avec plaisir mais jouait dans un autre spectacle aux 4 Coins à 20h. Elle a donc dû faire son set la première afin de pouvoir filer sur l’autre scène.

Un spectacle drôle à Rolle

Un spectacle drôle, c’est ce à quoi j’ai assisté ce samedi 9 février dans la commune de Rolle. “Un spectacle drôle”, c’est aussi le titre du spectacle de Marina Rollman. Un intitulé qui est également une promesse en soi, ce n’est pas forcément rare en humour, mais un spectacle qui va au-delà de sa promesse, c’est plus rare. Et pourtant…

Texte: Yann Sanchez

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Je me rends au Casino Théâtre de Rolle en cette journée grisâtre et morose pour y retrouver un rayon de soleil susceptible de remettre un peu de chaleur dans mon cœur et dans ma tête. J’arrive sur place trente minutes avant l’heure annoncée sur mon invitation, au moment où la directrice artistique du lieu, Marie-Claire Mermoud, prend la parole. Debout sur sa chaise, devant les portes d’entrée de la salle, la patronne prend ses responsabilités et nous annonce que suite à un léger malentendu, l’artiste du soir sera en retard car elle pensait jouer à 20h alors qu’elle est officiellement annoncée pour 19h. On nous parle d’un quart d’heure de retard, rien de bien méchant.

Il est 19h13 quand Madame Mermoud nous annonce que l’humoriste est arrivée et soudainement Marina entre en scène! Comme quoi, une Suissesse, même en retard, reste très ponctuelle. Marina Rollman s’installe derrière le micro pour nous saluer et immédiatement s’excuser du retard. Oui, ponctualité et politesse, deux stéréotypes sur les Suisses qu’on peut définitivement admettre comme des vérités inhérentes à nos origines helvètes. Elle nous explique qu’elle était au restaurant en famille à Genève, qu’elle a dû sauter dans le premier taxi trouvé pour arriver ici à temps. Taxi qui aura servi de moyen de transport ainsi que de loge maquillage et coiffure. WonderRollman!

Photo: Charlotte Abramow.

Et puis, c’est parti pour un peu plus d’une heure de rires. Marina, moitié Marianne et moitié Heidi, nous parle de Genève qui l’a vue naître et de Paris qui la voit vivre actuellement. Fraîchement néo-Parisienne, elle est bien placée pour remarquer les différences entre les Français·es et les Suisses mais aussi pour examiner l’évolution d’une société qui use excessivement d’acronymes pour tout et n’importe quoi, l’opposition entre vegan et carnivore ou encore l’ouverture permanente de nouveaux concept stores en tout genre. Elle dépeint formidablement les nouveaux rapports entre hommes et femmes, le concept de mariage, les comportements sexuels des un·e·s et des autres influencés notamment par les magazines féminins et la pornographie. Marina évoque également des sujets plus lourds comme la folie, la dépression et les peines de cœurs destructrices, avec autant d’humour et d’élégance.

L’artiste de stand up, par définition, observe la société et ses travers, ses semblables et leurs comportements, elle scrute tout ce qui l’entoure en réalité afin de restituer ses impressions de la manière la plus drôle possible. Les meilleur·e·s dans le domaine le font avec brio. Marina Rollman est indéniablement de cette trempe. Elle est à l’image de son titre: rapide, concise, sobre, efficace et drôle évidemment. Elle ne gesticule pas dans tous les sens, elle n’occupe que l’espace au centre de la scène, elle n’a que le micro comme accessoire, pas d’artifice, et elle fait rire son public toutes les dix secondes environ. Elle est non seulement notre meilleure humoriste en Suisse romande à mon avis – avec Thomas Wiesel et Nathanaël Rochat sur le podium– mais je pense qu’elle est aussi l’une des meilleures de toute la francophonie.

Avec des apparitions dans le Burger Quiz d’Alain Chabat, dans la fameuse Boîte à Questions de Canal+ ou encore dans les médias hype du web, Konbini en tête, elle gagne encore plus en notoriété en 2019 et je ne serais pas étonné que sa carrière s’embellisse encore et perdure. Si je parlais tantôt d’un intitulé de spectacle trop modeste, c’est parce j’ai assisté à un spectacle drôle, intéressant et intelligent. En qualité de slogan sur son affiche, Marina savait sans doute que c’eût été perçu comme de la vanité. Comme quoi, une Parisienne, même une nouvelle, n’est pas forcément prétentieuse.

www.theatre-rolle.ch

Prochaines dates:

Bilboquet, Fribourg

Le Swiss Comedy Club aux Faux Nez

Ce mercredi 24 octobre, c’est à Lausanne que ça se passait. Plus précisément dans le café-théâtre Les Faux Nez, situé depuis cette année dans la cave du restaurant italien Osteria Bolgheri. L’un des nombreux rendez-vous mensuels du Swiss Comedy Club a désormais lieu dans cette petite salle intimiste, proche du centre-ville. Au menu du jour: les jeunes talents de l’humour romand et un guest parisien.

Texte: Yann Sanchez

Il est 20h45 quand j’arrive sur place. Quelques visages à l’entrée me paraissent déjà familiers. L’atmosphère semble détendue et l’ambiance bon enfant. On m’invite à prendre les escaliers pour rejoindre l’étage inférieur du restaurant et choisir mon siège dans le public. La salle n’est pas immense mais je compte tout de même une bonne soixantaine de places assises. Sur la scène trônent un micro sur pied, une guitare et le lumineux logo du Swiss Comedy Club accroché à un mur en briques si emblématique dans le milieu du stand up. Le temps de m’installer au premier rang et de faire connaissance avec ma voisine d’un soir qui m’explique faire partie de la Swiss Comedy School, je réalise que toutes les conditions favorables à une bonne soirée d’humour sont réunies. Y a plus qu’à!

Jessie Kobel est le premier à apparaître sur la scène. Vêtu de son costume de maître de cérémonie, il nous présente brièvement le déroulement de la soirée, lance quelques vannes, quelques confettis et le premier humoriste du show. C’est le dénommé PEP qui ouvre le bal, le gagnant du concours Swiss Comedy Talent 2018. Une autre étudiante de la Swiss Comedy School lui succèdera, c’est l’autre jeune pousse au programme: Isabelle Mouche. Les deux humoristes en herbe de la soirée font plutôt bonne impression. PEP nous décrit sa situation familiale mouvementée mais remplie d’amour, entouré de sa femme et ses filles. Et si l’un peine à trouver sa place de mâle à la maison, l’autre peine à trouver un mâle tout court. Isabelle évoque à raison les difficultés actuelles à rencontrer un homme bien via une application, une agence matrimoniale ou même dans la vraie vie.

Après les rookies, c’est au tour des membres du Club de jouer. Edem Labah débute ce 2e tour, suivi de Tamara Cesar, Antoine Maulini, Jacques Bonvin et finalement Jessie Kobel à nouveau. Les vannes fusent, le rythme est soutenu et les thèmes varient. L’esprit général est taquin et rempli d’autodérision. Qu’on soit Vaudois, Valaisan ou Genevois, jeune ou moins jeune, homme ou femme, le résultat est le même: tout le monde s’y retrouve d’une façon ou d’une autre et on rit ensemble. De l’humour d’observation pur aux personnages détonants en passant par la chansonnette et la danse, il y en a vraiment pour tous les goûts. La salle quasiment pleine est hilare. Entre les découvertes que j’ai faites et les humoristes que je voyais pour la seconde fois quelques années après, j’ai vraiment été impressionné par le niveau de la scène suisse romande et enchanté par la diversité présentée.

Clou du spectacle, l’humoriste qui vient clôturer la soirée nous vient de Paris. Il s’agit du talentueux Donel Jack’sman, passé entre autres par le Jamel Comedy Club et l’émission “On ne demande qu’à en rire”. En spectacle le lendemain au même endroit, il venait pour un dernier rodage nous offrir une prestation très solide. Tout le monde en prend pour son grade, les stars de la chanson française, les rappeurs illettrés et surtout le couple au milieu du premier rang. Plus le public se fait chambrer, plus il rit fort. Julia, ma voisine, est conquise. Elle me confie qu’elle reviendra sûrement le soir d’après pour voir son spectacle en entier.

Il est 23h15, le show se termine et après deux heures de rires, j’ai mal aux zygomatiques. Le public et les artistes semblent ravis. Tout ce beau monde se retrouve autour du bar, certains prennent des photos, d’autres débattent de leur prestation, j’entends même Donel donner des conseils à Jessie. On échange, on partage et on rigole. Cette fois c’est certain, on vient de vivre une bonne soirée d’humour. Cet événement est une véritable réussite, une pause humoristique en milieu de semaine des plus agréables. J’y retournerai avec grand plaisir.

Rendez-vous est pris le mercredi 21 novembre, même heure, même endroit pour une nouvelle soirée du Swiss Comedy Club à Lausanne.

www.lesfauxnez.ch/le-cafe-theatre/