Une école de danse ouvre ses portes à Cugy. À sa tête, deux amoureux, artistes idéalistes et déterminé∙e∙s : Miller Sacon, danseur hip-hop au palmarès bien rempli, et Noémie Vaney, jeune autrice de spectacles formée à la comédie musicale. 1000 Arts, c’est un grand pas vers la concrétisation de leurs rêves : expression, transmission et création, dans un environnement où riment effort et valeurs sociétales.
Texte et propos recueillis par Katia Meylan
Des notes de bachata s’échappent du numéro 10E dans la zone industrielle des Dailles. En me baissant pour regarder par les stores, je me retrouve projetée dans leur monde. Au centre d’une salle reluisante – restent encore ici et là quelques pinceaux et tournevis, témoins des derniers travaux à terminer avant l’ouverture –, Noémie Vaney et Miller Sacon dansent.
Dans leurs mouvements, leur sourire et leurs yeux, l’énergie rayonne.
***
Après un mini-cours de bachata improvisé, on s’assoit dans le bureau pour que le couple me raconte cette aventure qu’est la création de leur école de danse à Cugy. Une aventure à mille à l’heure, pour l’éducateur et l’étudiante à la HEP, qui consacrent toutes leurs soirées et leurs week-ends à la mise sur pied de 1000 Arts. Tous deux ont l’habitude d’avoir un emploi du temps bien rempli, car leur passion y a toujours occupé une grande place. En effet, ce n’est qu’à force d’entraînement acharné que Miller a pu représenter la Suisse aux championnats du monde de hip-hop et intégrer les troupes de stars telles que Katy Perry ou M. Pokora. Et ce n’est qu’à force de persévérance que Noémie a eu la fierté de présenter sa première création, le conte musical écologique Elyia, à des centaines d’élèves lors de représentations scolaires.
Noémie avait déjà posé sur papier le texte de son deuxième spectacle et commençait tout juste à réunir des artistes quand l’opportunité d’ouvrir une école se présente pour Miller. L’amoureuse de la nature débordante d’idées et le battant pragmatique, en couple depuis deux ans, décident alors d’allier leurs forces.
Tout en se préparant à l’inauguration officielle de 1000 Arts pour le 14 mars, ils répètent activement, en parallèle, le spectacle Retour aux sources qui sera joué les 8 et 9 mars à la grande salle de Pailly. Écrit par Noémie, le spectacle réunit différentes générations et différents univers, amateurs et professionnels : des comédien∙ne∙s, chanteur∙euse∙s et danseur∙euse∙s, mais aussi des circassiennes, des accordéonistes, une rappeuse, un chanteur de reggaeton, et même un petit groupe d’enfants avec qui Noémie et Miller ont déjà commencé les cours.
Le couple imagine continuer à faire évoluer cette troupe, porteuse de messages sociétaux, composée d’artistes et d’élèves. « On aimerait que nos élèves évoluent, on doit pousser la nouvelle génération à se dépasser. On rêve de créer une comédie musicale “nouvelle”, dans laquelle on pourrait intégrer du hip-hop de haut niveau, de la salsa… en bref, ne pas se limiter à un style, mais y intégrer 1000 arts ! »
***
Trois questions à Noémie Vaney et Miller Sacon
Quel épisode de votre parcours artistique gardez-vous en tête en vous disant : « C’est pour ce genre de moments que j’ai choisi de faire ce que je fais » ?
Noémie : Je n’arrive pas à en choisir qu’un… commence, toi !
Miller : Un parmi les mille auxquels je pourrais penser… Été 2018, Hip-Hop International Lugano, aux championnats suisses, avec mon groupe Atome. Il y avait ce groupe, les Black Diamonds, qui étaient arrivés cinq fois d’affilée champions suisses. On voulait absolument les battre, on s’était entrainés comme des malades, on avait un cardio exceptionnel. Pour la première fois de ma vie, j’ai eu un tel stress qu’en me plaçant sur scène, j’ai tout oublié : j’ai eu un blanc, la musique a démarré et je ne savais plus du tout la choré – comme dans les films, avec la lumière dans les yeux. Je sentais mes coéquipiers à côté de moi, prêts à tout donner. Ça a duré une seconde, ils m’ont regardé, j’ai vu leur grand sourire qui me disait qu’on était là pour s’amuser, et j’ai ressenti un énorme amour. La musique a commencé, je me suis laissé porter, le truc était tellement intense, on prenait du plaisir, on rigolait sur scène en plein championnat ! C’est ce kiff là que j’ai toujours voulu ressentir, qui est arrivé de manière naturelle après des années d’entrainement. Au final, on n’a pas réussi à battre les Black Diamonds, on est arrivés vice-champions suisses. Mais quand les gens dans la salle crient le nom de ton groupe, tu sens que tu as fait une belle prouesse.
Noémie : Je dois quand même parler de deux choses, car enseigner et être sur scène, c’est très différent. Quand j’enseigne, ça m’arrive régulièrement de voir les enfants s’épanouir dans la danse. Certains me disent que ces cours sont leur oxygène dans la semaine : je n’ai pas besoin de plus, ça me comble à 1000% ! Quant au fait de monter des spectacles… j’aime les moments où je vois ce que j’ai imaginé prendre vie grâce à des acteurs, à des chanteurs qui sont à fond avec moi dans cette aventure et qui, même dans les moments où on est tous fatigués, donnent tout pour que ça marche. Dans le regard des enfants, à la fin du spectacle, je me revois moi, devant la première comédie musicale que j’ai vue au Théâtre Barnabé. Je n’avais pas de mots pour décrire toutes les émotions que je ressentais. Quand je les vois nous regarder comme ça, je sais que j’ai réussi à transmettre quelque chose.
Quel morceau vous écoutez pour vous donner de l’énergie ?
Miller : Happy de Pharrell Williams.
Noémie: Je n’ai pas un titre spécifique, mais de l’afro.
Quelle est la principale qualité d’artiste que vous admirez chez l’autre ?
Miller : (sans hésiter une seconde) La créativité. J’ai jamais vu ça. Noémie, elle est tellement créative que ça me fait peur parfois !
Noémie : La folie et la confiance.
***
Retour aux sources
Samedi 8 mars 2025 à 18h
Dimanche 9 mars 2025 à 11h et 15h
Grande salle de Pailly (VD)
instagram.com/troupe_unis_vers
Inauguration de l’école de danse 1000 Arts
Vendredi 14 mars 2025 18h30
Chemin des Dailles 10E, Cugy (VD)
www.1000arts.ch
