Sa voix est aussi douce que sa volonté est de titane. Fardée de rose, teintée de folk. La pop d’Izia Jeen apparait là, petit astre d’une constellation dans laquelle brillent sa famille, ses ami∙e∙s, ses convictions, ses rêves et ses idoles d’enfant des années 2000.
Textes et propos recueillis par Valentin Cherix et Katia Meylan
On en attraperait le tournis tant son énergie est inépuisable ! Elle chante, danse, monte des troupes et des festivals, compose, rassemble des musicien∙ne∙s, enregistre, organise tournages et flashmobs, alimente ses réseaux sociaux, écrit à la presse, planifie des concerts, continue à se former, enseigne. Elle milite pour ses idées, en tant qu’élue chez les Vert.e.s de Bourg-en-Lavaux et au sein d’associations dont les causes lui tiennent à cœur, comme Stop Suicide ou Zoé4Life. En fin 2024, elle sort La légende du Colibri, son premier EP composé de cinq titres originaux. Au milieu de tout ça, la jeune artiste a pris un petit moment pour nous parler de son parcours et de ses projets autour d’une petite soupe dans un café lausannois.
« Cette force qui me pousse vers l’infini »
Izia nous raconte s’être forgé une solide éducation musicale dès sa plus tendre enfance, grâce à ses parents mélomanes. « Pendant les vacances, plutôt que de partir loin en voyage – j’ai pris l’avion que deux fois dans ma vie –, on allait voir des spectacles et des concerts », se remémore-t-elle, reconnaissante. « On s’amusait aussi à faire des petits spectacles en famille. La première fois où je me suis retrouvée sur scène, avec un micro en main, seule face au public, on fêtait mes dix ans et les 40 ans de mon père. Il était aux percussions, ma maman à la guitare. On avait même fait une mise en scène du clip de Black or White, avec mon frère, ma sœur et des potes qui dansaient ». Émerveillée devant ses idoles passeuses d’émotions – Michael Jackson largement en tête de liste –, conquise par le goût de la scène, soutenue « à 3000% » dans tous ses projets par sa famille, la petite Izia entre d’abord à l’ECM Perakis de Moudon et, quelques années plus tard en tant que jeune adulte, fait une formation professionnelle à l’ACMGE. Actuellement, elle continue de travailler avec sa coach vocale Fanny Llado, à qui elle attribue une grande partie de sa confiance en elle et qui la soutient dans son projet solo.
« The rythm of tomorrow »
Lorsqu’on se décide à réaliser son rêve et à devenir artiste, l’une des étapes est de prendre un nom de scène. « Je me suis intéressée à comment les artistes prenaient le leur, et l’histoire du nom de Lady Gaga, qu’elle a adopté en hommage à Radio Gaga de Queen, m’a beaucoup touchée. Je me suis dit qu’il me fallait un nom en rapport avec Michael Jackson ! Je me suis arrêtée sur la chanson Billie Jean, en optant pour un deuxième « e », pour que ça se prononce bien en français. » Izia Jeen était née…
… et tout restait à faire, ou presque. Aux côtés de ses nombreux projets artistiques collectifs, la jeune femme se lance dans l’écriture de son EP. « Parfois, je voulais juste me poser au piano et jouer, mais il y avait toujours quelque chose à gérer. Ce qui est difficile, c’est surtout le travail de l’image : je passe énormément de temps à m’occuper des réseaux, faire des vidéos, des shootings etc. L’autre difficulté est financière : en Suisse, contrairement au statut d’intermittent du spectacle en France, rien n’assure un revenu de base, alors avant d’être connue, tu galères ». Tout son temps et son énergie y passent. Heureusement, la jeune artiste comprend rapidement qu’elle n’y arrivera pas seule, et s’entoure, tant pour la composition que pour l’organisationnel. Le guitariste Andreas Dahinden et le pianiste Allan Broomfield, qui la suivent depuis le début, ou encore le coach Peter King sont de précieux alliés dans la composition des textes ou de la musique de certains morceaux. Le clip de son titre Proud Rebel, tourné au Théâtre Barnabé avec 60 personnes dont certain·e·s des meilleur·e·s danseur·euse·s de la région, est un bel exemple de sa capacité à fédérer.
Photo prise durant le tournage de Proud Rebel
« Respirer, balayer la peur et regarder ailleurs »
En avançant sur son chemin artistique, Izia suit les pas de modèles comme Grand Corps Malade, Ben Mazué, Renaud ou encore Aretha Franklin. « Je m’inspire de leurs personnalités artistiques mais également publiques. De la poésie qui se dégage de leurs textes, mais aussi de leurs combats. Ils ont des valeurs hyper fortes qu’ils défendent jusqu’au bout. Aretha Franklin, à l’époque où elle a évolué en tant que femme noire, a pu proposer des productions tellement qualitatives, avec des textes osés pour l’époque. Je veux oser dire ce que je pense, avoir conscience de l’impact que ça a de défendre des valeurs comme la justice sociale ou l’écologie. C’est une des raisons pour lesquelles je fais de l’art. Bien sûr que j’adore faire de la scène, mais je reste persuadée qu’avec l’art on peut faire passer des messages ».
À l’art, la jeune femme couple la politique. En 2019, passant par une période d’éco-anxiété et constatant que les manifestations pour le climat auxquelles elle participe activement n’ont pas l’effet escompté, elle rejoint les Jeunes Vert·e·x·s. « On a fait des textes et des propositions, et plus on avançait, plus j’avais l’impression que les portes se refermaient. En 2021, un peu par dépit, j’ai déposé ma candidature au Conseil communal de Bourg-en-Lavaux sans trop y croire et j’ai été élue au premier tour », sourit Izia, relatant une expérience intense, formatrice et riche de rencontres, qu’elle a pris à bras-le-corps.
« Tant que j’y crois, ils auront tort »
Avec des dates de concert prévues en mars à Lausanne et Paris, en avril au Cully Jazz Festival ou encore en juillet à Saas-Fee, Izia réfléchit actuellement à la suite, tant en solo qu’avec les Quesaco, la troupe qu’elle a formée et avec laquelle elle imagine continuer à évoluer en parallèle. Mue par une énergie inébranlable, Izia n’écoute que ses rêves et ses convictions pour avancer dans une carrière qu’on lui souhaite prometteuse !
Izia Jeen & Band
- Dimanche 2 mars 2025 à 15h
Maison de Quartier du Désert, Lausanne
- Dimanche 9 mars 2025 à 20h
La Mazane, Paris
- Jeudi 10 avril 2025 à 20h
Kaffee Lutz, Cully Jazz Festival
- Samedi 26 juillet 2025 à 18h30
SaasFeestival 2025, scène principale