Nostalgie des années folles

L’Ensemble Tiffany est une espèce rare qui compte une quinzaine de musicien∙ne∙s se rassemblant uniquement dans les alentours du 31 décembre, pour plusieurs traditionnels concerts du Nouvel An. Mercredi 5 janvier, l’Association des Concerts de Savigny avait créé un terrain propice à leur accueil et a ainsi permis au public de profiter d’un répertoire de musique des années folles.

Texte de Katia Meylan

Si depuis 25 ans, l’Ensemble Tiffany est particulièrement actif lors de la période du Nouvel An, ses membres, tous professionnels, n’hibernent pas les mois restants: on peut repérer notamment le violoniste François Gottraux au quatuor Sine Nomine, le violoncelliste Dan Sloutskovski parmi l’OCG, le tromboniste Ross Butcher dans l’ensemble Ad’libitum et le percussionniste Claude Meynent dans le Centre de Percussions de la Côte.

Leurs traditionnels Concerts du Nouvel An leur permettent de mettre leur technique au service d’un répertoire jazzy et rétro de l’après-guerre, et de présenter, chacun∙e à son tour, à sa façon et parfois dans sa langue, les œuvres du programme. Hier, le compositeur Kurt Weill et son “jazz symphonique” était à l’honneur, avec toute une série de titres de L’Opéra de quat’sous. Ces morceaux ont côtoyé durant la soirée d’autres grands tubes contemporains tels que In the Mood du Glenn Miller Orchestra, ou alors la plus tardive Valse n°2 de Chostakovitch, le tout dans des arrangements pour l’orchestre de salon que forment ces joyeux lurons.

Dans un orchestre de salon, on trouve un accordéon; à Savigny, il est placé au centre de la scène. On tend parfois l’oreille pour le distinguer parmi la belle homogénéité de l’ensemble. Denis Fedorov semble comme happé dans un rêve; on s’amuse à imaginer que les airs joués par l’ensemble sortent de la nostalgie de cet accordéoniste aux yeux fermés.

Chaque instrument a sa place, et l’on se balade de l’un à l’autre. Durant Foxtrot-Potpourri de Kurt Weill arrangé par Hartwig von Platen particulièrement, c’est un vrai plaisir d’assister à la conversation entre le saxophone, la flûte et la clarinette, qui laisse place à un court monologue de trompette, avant que nos oreilles se rivent sur le piano… pour finalement arriver aux dernières mesures, que les quatorze interprètes tendent comme un élastique jusqu’au coup percussif final.

Pour retrouver l’Ensemble Tiffany l’année prochaine: www.ensembletiffany.com

Pour connaître le programme de l’Association des Concerts de Savigny: www.concerts-savigny.ch

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