Jazz

Biennale in situ

«Condamnées pour légitime violence» ou «Ceci n’est pas un opéra»

Transgresser les conventions et briser les barrières de l’art lyrique avec une expérience immersive inédite. C’est ce que propose la Biennale In Situ, du 21 au 27 septembre à Lausanne. La série d’événements réinventera la scène, le théâtre et l’opéra dans le but de démocratiser l’accès à l’art lyrique. Dans un espace original, une ancienne gare CFF, la Biennale explorera la thématique « Condamnées pour légitime violence » qui abordera les violences faites aux femmes.

Texte et propos recueillis par Marie Butty

La conférence de la sociologue Natacha Chetcuti-Osorovitz ouvrira cette semaine qui se profile riche en nouvelles expériences. Performances, concerts ou encore films documentaires seront proposés tous les soirs avec, notamment, spécialement créée pour l’occasion, la production Les Suppliantes d’après Eschyle et A. Salieri de la compagnie AGORA qui aura lieu le 21, 24, 26 et 27 septembre. Créée en 2015 sous l’impulsion de l’artiste Benjamin David, AGORA propose d’explorer les frontières entre théâtre, musique et nouveaux médias. Également directeur artistique du projet, Benjamin David nous a accueillies à l’Espace Amaretto afin de nous présenter la Biennale.

benjamin_david. photo Marie Tercafs

Benjamin David. Crédit: Marie Tercafs

Quelle a été la réflexion derrière la proposition de ces événements?

Je viens de l’opéra classique. J’étais assistant à l’opéra Munich et, après quelques années là-bas, j’avais l’impression que l’opéra avait besoin d’un renouvellement, de redéfinir ses contours. Lorsque l’on pense à l’opéra, on voit un domaine très difficilement accessible tant par les thématiques – qui sont souvent déconnectées des préoccupations sociétales actuelles ou, du moins, nécessitent un savoir spécifique pour comprendre ce qu’il se passe – que par les prix pratiqués. La Biennale cherche à élargir ce que le mot « opéra » signifie – d’ailleurs nous utilisons très peu le mot « opéra », nous essayons plutôt de parler de « théâtre lyrique ». Nous nous basons sur la musique de Salieri, nous gardons les éléments musicaux et visuels propres à l’opéra, mais nous sommes dans un espace atypique – une ancienne gare marchande CFF – qui n’a rien à voir avec un opéra. Le public n’est plus assis dans un siège mais amené à déambuler au sein de l’orchestre, au sein des chœurs, être proche des artistes. Il est invité à vivre l’opéra comme il le souhaite: si une personne veut s’allonger, fermer les yeux et uniquement écouter la musique c’est possible! Il n’y a donc pas de scène mais une volonté de projet véritablement immersif, in situ. Nous avons également fait des choix artistiques drastiques comme couper dans la musique, l’enrichir avec la collaboration de la harpiste jazz Julie Campiche. Il y aura ainsi une discussion entre différents styles musicaux.

Comment en êtes-vous venu à aborder cette thématique?

Je suis toujours à la recherche de nouvelles œuvres en tant que metteur en scène d’opéra. Je suis tombé sur une pièce qui s’appelle Les Danaïdes de Salieri. Cet opéra m’a beaucoup travaillé puisque c’est un des seuls dans lequel les femmes prennent leurs destins en main en passant à l’acte – elles décident de tuer leurs maris le soir de leurs noces. Il existe quelques autres opéras comme Elektra de Richard Strauss où les femmes sont représentées un peu différemment, mais, la plupart du temps, elles subissent. Avec ce point de départ, j’ai commencé à faire des recherches et suis tombé sur le livre de Natacha Chetcuti-Osorovitz. Cette sociologue, qui est d’ailleurs invitée pendant la Biennale, s’est intéressée aux femmes en prison qui avaient écopé de moyennes et longues peines. Elle les a interviewées et s’est rendu compte que 35 des 42 femmes avaient subi des violences domestiques ou intrafamiliales avant d’elles-mêmes passer à l’acte, ce qui pose la question de la légitime défense. Le travail qu’a effectué Natacha Chetcuti-Osorovitz avait pour but d’essayer de cadrer ou d’ouvrir un espace d’expression pour ces femmes judiciarisées. C’est précisément ce que nous essayons de faire avec la Biennale et cette thématique: ouvrir un espace d’expression pour un sujet sensible et qui, à notre avis, devrait être débattu au sein de notre société.

La pomme croquée de Blanche-Neige, et une installation de Gent Shkullaku à Tirana, deux images symboliques, proches des thématiques abordées par la biennale.

Sous quelles formes allez-vous traiter ce sujet lors de Biennale?

Bien que nous nous soyons documentés un maximum pour interroger ce thème sensible afin de mettre en place notre production, la fiction ne remplacera jamais un témoignage de personne ayant vraiment vécu ces violences. C’est pour cette raison que nous avons enrichi notre programme avec des films documentaires et le projet participatif AppARTenir qui réunit des femmes judiciarisées. Trois d’entre elles viendront nous parler de leur film en préparation, qui sera d’ailleurs tourné à l’Espace Amaretto. Ces femmes viennent de la région, elles illustrent donc le fait que la Suisse n’échappe pas à cette réalité. Cela nous met face à la responsabilité que nous avons en tant que citoyen romand de s’informer sur les réalités qui existent autour de nous. Nous nous évertuons encore trop souvent à ne pas trop nous occuper de ce qui se passe de l’autre côté de son palier, c’est pour cette raison que, pour notre compagnie, cet ancrage dans la réalité était vraiment important.

Comment êtes-vous parvenu∙e∙s à illustrer les questionnements autour de cette thématique dans la scénographie du théâtre lyrique?

Nous allons jouer sur la lumière, la présence et la non-présence. Nous nous sommes beaucoup inspirés de la tache aveugle dans l’œil. Il s’agit de quelque chose que l’on voit, mais que notre cerveau remplit afin de la rendre invisible. Nous trouvions intéressant de travailler avec passablement de rideaux puisque nous voyons à travers, mais cela reste flou. Le public aura la possibilité de se déplacer où il le souhaite et donc de regarder ce qu’il se passe derrière le rideau. Ainsi, la question « Est-ce que nous avons vraiment envie de regarder derrière le rideau et, si oui, est-ce que nous allons réellement aller regarder ? » est mise en perspective.

Cette Biennale implique donc un but de réveiller les consciences?

Oui, absolument! Pour nous, il est très important lorsque l’on parle d’art lyrique que cela ait un impact sociétal. Nous croyons à l’opéra, à la musique et au théâtre mais il est primordial de les reconnecter avec le public et donc à l’actualité et aux problèmes sociétaux. Dans la même perspective de reconnexion, nous avons tenté de rendre le théâtre lyrique accessible à tout le monde tant sur les prix que sur la longueur – il ne s’agit pas de rester assis pendant trois heures. Nous espérons que les spectateur·ice·s pourront repartir en ayant vécu des émotions et avoir des réflexions sur le comment vivre en communauté.

Informations pratiques:
Biennale In Situ
Du 21 au 27 septembre 2024
Espace Amaretto, Lausanne
www.biennaleinsitu.ch

Ouverture de la billetterie le 23.08.24

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Montreux Jazz - Lac - TromboneShorty_(c)MarcDucrest

Nouvelle formule au Montreux Jazz Festival et Grand Opening Jazz

Cette année, le Montreux Jazz Festival se réinvente avec une nouvelle formule. En raison des travaux de rénovation de la salle de concert du 2M2C, le festival et ses scènes se déploient désormais au cœur de la ville de Montreux. Pour le Grand Opening de vendredi, c’est le jazz qui a fait vibrer la nouvelle scène du lac, un retour aux origines de l’événement. Deux artistes emblématiques de la Nouvelle-Orléans, Trombone Shorty et Jon Batiste, ont offert des performances éblouissantes, marquant le coup d’envoi de cette édition 2024.

Textes et propos recueillis par Myriam Vijaya, de SAMO Agence Marketing

Sur une scène magique, plongeant dans le lac et baignée par le soleil couchant, Trombone Shorty et ses musiciens ont ouvert le bal. Leur jazz, fusionnant avec le funk, le hip-hop et le rock, a offert un spectacle à la fois surprenant et enivrant. Fidèles à la tradition jazz, ils ont livré des improvisations virtuoses, alternant joutes musicales et vocales avec des solos instrumentaux. Tout soulignait la valeur phare de cette soirée: la liberté, symbolisée par le cri de « freedom » résonnant à travers chaque note… et un bain de foule sur la place du marché!

Montreux Jazz Festival, Trombone Shorty. Photos © Lionel Flusin
Photo de haut de page © Marc Ducrest

Puis, « freedom » a trouvé un écho puissant dans la performance de Jon Batiste. Habillé tout en doré, l’artiste, tour à tour intimiste et énergique, jazz et rock, a démontré sa polyvalence musicale, alternant entre saxophone, chant, batterie, piano et même melodica, cet harmonica à touches tenu à la main. Chaque instant de sa performance était un appel à vivre pleinement et à savourer chaque sonorité de la vie, offrant ainsi une expérience authentique au public.

Montreux Jazz Festival, Jon Batiste. Photo © Emilien Itim

Enfin, Jon Batiste a transporté le public avec une performance inspirée des célèbres « marching bands » de la Nouvelle-Orléans, défilant au bord du lac de Montreux. L’artiste, plusieurs fois invité au Montreux Jazz Festival, a une fois de plus créé du rêve, grâce à son style et à sa personnalité chaleureuse et sympathique.

Montreux Jazz Festival, Jon Batiste. Photo © Lionel Flusin

Fort de cette première soirée, placée sous le signe du jazz et de son éclectisme, le festival se poursuit jusqu’au 20 juillet avec cette nouvelle formule. Entre kiosques aux gastronomies diverses, terrasses animées d’événements, activités et performances gratuites ou payantes, le festival se renouvelle et nous surprend une fois de plus. Une ode au jazz, à son esprit d’improvisation et à sa capacité de résilience!

Montreux Jazz Festival – 58e édition
Du 5 au 20 juillet 2024
montreuxjazzfestival.com

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Eden Park

Eden Park, A Prohibition Opera

Interpellé par un newsie, le public de l’Oriental-Vevey lève la tête vers l’escalier menant du vestibule à la scène et, instantanément, se fait happer dans les années folles. Le richissime couple George et Imogene Remus, la procureure Mabel Willebrandt, l’inspecteur Franklin Dodge lui font fièrement face, bretelles, châles et bandeau dans les cheveux. Fièrement… avant les désillusions, avant le féminicide acquitté. A Cincinatti, la prohibition fait rage, mais chacun∙e croit encore pouvoir tirer son épingle du jeu.

Texte de Katia Meylan

L’énergique vendeur de journaux (Aurélien Frey) sautant in and out de la fiction sa guise, se fait narrateur tout au long de la pièce Eden Park, A Prohibition Opera et le public appréciera la compagnie de ce complice – ainsi que celle du petit livret de salle – comme support pour suivre la trame, chantée en anglais dans un registre lyrique.

Tirée d’un fait divers, l’histoire de George Remus, contrebandier fortuné dont les fêtes défiant la prohibition étaient réservées aux initié∙e∙s, et de sa femme Imogene, d’abord vénérée puis tuée par jalousie en plein jour à Eden Park, inspire le compositeur lausannois Gérard Massini… à tel point qu’elle est l’impulsion qui le lance dans la composition d’un opéra original. Pour l’écriture du livret, il s’adresse à une amie de longue date, la musicienne Tatiana Eva-Marie, Lausannoise elle-aussi, établie à Brooklyn où sa carrière explose. Après plusieurs années de travail, les deux auteur∙ice∙s ont vécu hier soir à Vevey la première de leur création, réunissant sur scène deux instrumentistes, quatre solistes, plusieurs comédien∙ne∙s ainsi que deux chœurs composés d’amateur∙ice∙s averti∙e∙s.

Tant par sa musique que par sa mise en scène, par l’interprétation des solistes que par l’implication des choristes, l’œuvre convainc. Soutenus au piano par Gérard Massini et aux saxophones par César Decker Auberson, les airs déploient leurs textures changeantes. Certains sont récitatifs, allant dans le pur lyrisme, permettant aux solistes d’exprimer leurs capacités vocales ainsi que les émotions de leurs personnages: le ténor Xavier Flabat livre un George Remus touchant dans ses solos et duos de couple des premières parties. La délicatesse de sa voix nous fait presque espérer le personnage incapable de barbarie… mais l’ouverture de la pièce, percutant flash forward que la mise en scène de Dominique Tille nous fait revivre de la plus belle et terrible des manières, nous rappelle à la réalité impunie. La soprano Carole Meyer dans le rôle d’Imogene est explosive en reine de la fête (she’s a riot, chantent deux invitées) comme en « amie, en épouse, en partenaire » que l’on a prise pour une simple catin. Le slimy and sneaky inspecteur Dogde, peu estimé par l’opinion publique – comme l’affirment les paroles d’un air choral jazzy dédié à sa personne – est incarné, dans une posture et des gestes sournois, par Alexandre Bonstein. Une sournoiserie due à un cœur brisé,  raconte son solo interprété dans un timbre qui emprunte à la comédie musicale. Dans le rôle de procureure, la mezzo-soprano Marion Jacquemet campe un quatrième personnage principal tout aussi nuancé que les trois autres sous la plume de Tatiana Eva-Marie, inspirant à la fois la droiture et le mystère, entre des univers opposés.

Le cœur musical et narratif est étoffé par les choristes intrépides des ensembles Voix de Lausanne et Callirhoé, arrivés dans l’aventure en début d’année. Si certain∙e∙s s’élèvent parfois en courts solos, leur force réside surtout dans les belles harmonies dissonantes ou caressantes composées par Gérard Massini. Et une scène peuplée fait toujours son petit effet, non seulement sonore mais aussi visuel! Les chorégraphies, simples et efficaces, créent une unité des invité∙e∙s pompettes, des passant∙e∙s avides de scoops ou des détenu∙e∙s derrière les barreaux, faisant affleurer plusieurs fois les frissons.

Les représentations à l’Oriental-Vevey affichent complet mais une liste d’attente est tenue à la billetterie le soir même, et il reste encore quelques places au PullOff en mai pour aller découvrir cette création originale, fruit du travail de nombreux artistes de la région.

Eden Park, A Prohibition Opera

– Du 17 au 21 avril 2024
Oriental-Vevey
orientalvevey.ch

– Du 14 au 26 mai 2024
PullOff Théâtres, Lausanne
pulloff.ch

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Week-End Musical de Pully: Vocation de transmission

Lorsque l’on arrive au Week-End Musical de Pully pour écouter des concerts de musique classique, on tombe tout d’abord sur une brochette de polos violets de toutes tailles, chacun affairé à sa tâche et fermement fier d’être là. Puis l’on réalise également bien vite que, si le festival réserve une belle part de sa programmation au classique, il n’hésite pas à s’aventurer hors des sentiers battus.

Texte de Katia Meylan Propos recueillis auprès de Caroline Mercier et Guillaume Hersperger, co-fondateurs du festival, Jonathan Gerstner et Léonard Wüthrich, membres du comité d’organisation, et Raphaël Bollengier, staff.

 

A tout juste neuf ans, le Week-End Musical de Pully, WEMP pour les intimes, n’a à rougir d’aucune comparaison avec certains frères aînés ou cousins des grandes villes. Gratuit depuis ses origines et comptant bien le rester, il convie depuis 2013 des grands noms tels que Marina Viotti, Beatrice Berrut, Cédric Pescia, Louis Schwizgebel ou encore le Quatuor Sine Nomine. 

Une programmation éclectique 
Cette année, le festival s’étendra du 5 au 8 mai. Pour donner une idée de la diversité des styles qu’offre la programmation 2022 pensée par Guillaume Hersperger, prenons la journée du dimanche: un spectacle d’opéra dédié aux familles et un conte musical porté par des jeunes artistes de la région côtoieront The Beggar’s Ensemble et Sneaky Funk Squad, deux formations exubérantes, l’une baroque, l’autre funky. Un récital du pianiste Nelson Goerner, lui aussi en entrée libre, clôturera les festivités – et Guillaume Hersperger de présager en souriant qu’il faudra peut-être arriver un peu en avance. 

La genèse
Depuis la première édition où les trois co-fondateurs géraient l’entièreté de l’organisation, le WEMP a pris de l’ampleur. Devant l’évidence que son trio aurait besoin d’aide, Guillaume Hersperger, professeur de piano au Conservatoire, en parle à ses jeunes élèves qui acceptent de venir donner un coup de main. “Ils savaient tous qu’il enseignait aussi les arts martiaux, ils n’ont pas osé refuser!” plaisante Caroline Mercier, directrice générale du festival. Une équipe d’une vingtaine de bénévoles s’est ainsi formée, motivée et efficace. Si la démarche semble née d’une nécessité pratique, elle devient aussitôt la marque de fabrique du festival, qui adopte une vocation de transmission: en effet, le jeune staff, dont le rôle consistait d’abord à mettre des chaises en place ou distribuer des goodies, se responsabilise petit à petit, se forme auprès de professionnels à des tâches telles que la régie son ou lumière, la logistique ou encore la communication.

Raphaël Bollengier en masterclass avec Christian Chamorel. Photos: Emilie Steiner

Le staff en scène
La plupart sont musicien·ne·s, élèves du conservatoire ou au début de leur parcours professionnel, et le festival leur donne l’occasion de monter sur scène. Lors du spectacle intitulé La hotline musicale de Blaise Bersinger, six bénévoles feront partie du Pully-Région Orchestral Ultimate Trio qui, mené par l’humoriste lausannois reconverti en responsable d’antenne radio, devra répondre instantanément à toute demande des auditeur·ice·s. Le but du spectacle: aborder la musique classique sous son aspect “cool”. Autant dire que le moment est attendu avec impatience par le staff! Les bénévoles que nous avons rencontrés sont unanimes: “C’est l’opportunité de l’année!”, s’enthousiasme Léonard Wüthrich, 22 ans, clarinettiste et assistant à la direction. “Sans le WEMP, un étudiant en musique classique se retrouverait difficilement à faire un spectacle avec un humoriste de la nouvelle génération”. ” Pour moi, Blaise est la personne qu’il nous fallait. Il arrive à me faire rire de tout”, confirme Jonathan Gerstner, 19 ans, violoncelliste, également assistant à la direction, et arrangeur d’une partie des morceaux qui seront joués durant le spectacle. 

Ce dernier aura une autre opportunité de se produire sur scène lors de cette édition 2022, et de taille! Il s’est vu confier un récital, pour lequel il a choisi d’interpréter la 5e Suite pour violoncelle seul de Bach et la Sonate pour violoncelle et piano en Fa Majeur nº 2 de Brahms. Il jouera également une création mondiale, commandée par le WEMP au compositeur Jean-Sélim Abdelmoula pour l’occasion. 

La confiance accordée
Parmi les tâches déléguées au binôme que forment Jonathan Gerstner et Léonard Wüthrich, la programmation de l’esplanade open-air du samedi après-midi. Encore une belle preuve de confiance de la part de la direction! Inspirés par l’esprit libre du festival, ils décident d’y convier le jazz, en proposant carte blanche à l’École de Jazz et Musiques Actuelles (EJMA). En effet, la porosité entre les styles de musique parle aux deux jeunes musiciens, qui regrettent qu’elle ne soit pas toujours une évidence au stade des études. “Ayant débuté mon parcours dans la région lausannoise, je trouve qu’il manque encore des liens entre classique et jazz”, constate Léonard, actuellement élève à la Hochschule Luzern. “En Suisse alémanique, on développe beaucoup plus ces connexions; j’ai des cours d’improvisation, et les musiciens des deux filières ont accès aux modules des uns et des autres”. 

Ce constat encourage le WEMP à donner, lors des masterclass qu’il met en place, la priorité aux élèves de Bachelor ou pré-professionnels plutôt qu’aux Master, qui bénéficient déjà d’une offre plus large. Cette année, les participant·e·s rencontreront le violon baroque d’Augustin Lusson, le répertoire à deux pianos de Sélim Mazari et Tanguy De Williencourt et le violoncelle jazz de Stephan Braun.

 “Grâce au WEMP, j’ai créé des contacts avec des artistes locaux et européens que je n’aurais pas forcément rencontrés, ou beaucoup plus tard”, exprime Léonard. Il pense notamment au Quintet Ouranos et à sa rencontre avec le clarinettiste parisien Amaury Viduvier, dont le partage d’expérience lui a été très enrichissant. 

Les plus jeunes ne sont pas en reste, et même à 12 ans, on a sa place au WEMP, preuve en est de Raphaël Bollengier, nouvelle recrue et benjamin du staff. L’année dernière, ce pianiste en herbe avait eu l’occasion de travailler la Polonaise de Chopin en do dièse mineur avec Christian Chamorel, de jouer avec des camarades lors d’un pré-concert, et d’assister à des concerts assis dans le public. Il verra cette année le festival du côté de l’organisation… Et qui sait, peut-être que celui qui ne se voit pas pianiste professionnel, car “c’est compliqué d’avoir une renommée pour être à l’aise financièrement”, y verra une autre piste de vocation musicale? 

Retrouvez tout le programme du Week- End Musical de Pully sur: wempully.ch  

Week-End Musical de Pully Du 5 au 8 mai 2022 Divers lieux, Pully 

                                                                                                        

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Nostalgie des années folles

L’Ensemble Tiffany est une espèce rare qui compte une quinzaine de musicien∙ne∙s se rassemblant uniquement dans les alentours du 31 décembre, pour plusieurs traditionnels concerts du Nouvel An. Mercredi 5 janvier, l’Association des Concerts de Savigny avait créé un terrain propice à leur accueil et a ainsi permis au public de profiter d’un répertoire de musique des années folles.

Texte de Katia Meylan

Si depuis 25 ans, l’Ensemble Tiffany est particulièrement actif lors de la période du Nouvel An, ses membres, tous professionnels, n’hibernent pas les mois restants: on peut repérer notamment le violoniste François Gottraux au quatuor Sine Nomine, le violoncelliste Dan Sloutskovski parmi l’OCG, le tromboniste Ross Butcher dans l’ensemble Ad’libitum et le percussionniste Claude Meynent dans le Centre de Percussions de la Côte.

Leurs traditionnels Concerts du Nouvel An leur permettent de mettre leur technique au service d’un répertoire jazzy et rétro de l’après-guerre, et de présenter, chacun∙e à son tour, à sa façon et parfois dans sa langue, les œuvres du programme. Hier, le compositeur Kurt Weill et son “jazz symphonique” était à l’honneur, avec toute une série de titres de L’Opéra de quat’sous. Ces morceaux ont côtoyé durant la soirée d’autres grands tubes contemporains tels que In the Mood du Glenn Miller Orchestra, ou alors la plus tardive Valse n°2 de Chostakovitch, le tout dans des arrangements pour l’orchestre de salon que forment ces joyeux lurons.

Dans un orchestre de salon, on trouve un accordéon; à Savigny, il est placé au centre de la scène. On tend parfois l’oreille pour le distinguer parmi la belle homogénéité de l’ensemble. Denis Fedorov semble comme happé dans un rêve; on s’amuse à imaginer que les airs joués par l’ensemble sortent de la nostalgie de cet accordéoniste aux yeux fermés.

Chaque instrument a sa place, et l’on se balade de l’un à l’autre. Durant Foxtrot-Potpourri de Kurt Weill arrangé par Hartwig von Platen particulièrement, c’est un vrai plaisir d’assister à la conversation entre le saxophone, la flûte et la clarinette, qui laisse place à un court monologue de trompette, avant que nos oreilles se rivent sur le piano… pour finalement arriver aux dernières mesures, que les quatorze interprètes tendent comme un élastique jusqu’au coup percussif final.

Pour retrouver l’Ensemble Tiffany l’année prochaine: www.ensembletiffany.com

Pour connaître le programme de l’Association des Concerts de Savigny: www.concerts-savigny.ch

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jowee-omicil

Deux quartets pour un Friday night détendu mais sérieux chez Jazz Onze+

Le festival JazzOnze+ était de retour la semaine dernière, et L’Agenda a eu l’immense plaisir d’occuper un siège de la salle Paderewski et d’être ainsi baigné dans l’astmosphère envoûtante et bienfaisante du jazz pour deux moments très distincts et rassasiants. En effet, vendredi soir, après le guitariste suisse Louis Matute Quartet en première partie, c’est le saxophoniste canado-haïtien Jowee Omicil qui a joué, sublime et impétueux, mettant le feu à la scène lausannoise de Montbenon pour une édition avancée dans ses dates.

Texte: Marion Besençon

Louis Matute Quartet, dans l’intimité d’un créateur suisse
Profondément ancrée dans l’ADN du festival, la musique classique sera mise à l’honneur au travers d’une sélection d’œuvres phares. Pour cette édition retour après l’annulation du festival en 2020, la soirée jazz du vendredi avait programmé Louis Matute et le quartet qu’il forme avec Léon Phal, Virgile Rosselet et Nathan Vandenbulcke. Une première partie foisonnante pour un public de salle hélas encore clairsemé ce qui n’aura pas suffi à désenflammer ou débrancher le guitariste trend et chouchou du festival (en showcase d’ailleurs lors de la conférence de presse), qui a rapidement partagé avec la salle Paderewski qu’il était encore la tête dans ses polyphonies de la Renaissance, de retour de la BâtieFestival de Genève… Et c’est tant mieux! puisque les festivalier∙ère∙s ont eu le privilège de voir un musicien-compositeur à la recherche de mélodies et peut-être de paroles, avec simplicité et aisance, ce qui aura aussi permis de mettre le doigt sur ce que l’artiste porte du contemporain et sans doute de suisse par cette accessibilité gentille et sans manière d’inclure ceux qui l’écoutent.

Une performance livrée avec brio par un quartet qui participe aux grandes rencontres musicales de l’année et qui aura su faire le spectacle crescendo pour un final feux-d’artifice à la Whiplash.

louis-matute, photo Thea Moser
photo: Thea Moser

Jowee Omicil, du saxo et les registres du crime
En musicien confirmé quand il entre en scène, le très prisé (The Eddy, Netflix) Jowee Omicil ouvre le show en sortant ses nombreux instruments d’un cabas bien que ce soit du saxophone dont il jouera. Très stylé, il ôtera ses couches de t-shirts successives comme à Montreux pour en débardeur nous laisser voir ses bras fins et musclés – ndlr il faudrait lui demander s’il fait du yoga. Une prestation rocambolesque pour une narration enlevée où les racines du jazz seront détournées pour ne pas dire moquées, une attention de tous les instants qu’il exige dans un face-à-face avec son public qu’il excite jusqu’à la réaction. Et c’est à propos qu’il cherche une interface à sa hauteur, s’affirmant très frontal dès ses premières foulées, taquinant l’audimat suisse réputé frileux. Après avoir écumé quelques clichés lausannois, et en sorcier, il convoquera le mythe Nina Simone et mettra tout en oeuvre pour que nous donnions de la voix, portant éventuellement jusqu’à nos conscience une large question: aime-t-on plutôt oui ou non participer aux festivités?

jowee-omicil-1 Photo: Yann Laubscher
Photo: Yann Laubscher

Et c’est ce qu’il obtiendra des réactions vives et contrastées révélant que personne n’est indifférent.
Démontrant s’il le fallait qu’il est un performeur hors-pair, il parviendra ensuite à faire se lever et se trémousser un public conquis après qu’avec classe il nous ait ramené à sa réalité d’être un jazzman complet, jouant quelques notes de piano, instrument qui, il l’apprendra tard, était l’instrument d’une mère qu’il n’a pas connu longtemps.

Dans une salle presque pleine, il nous a été donné de voir un grand nom se déchaîner puis sortir de scène et s’asseoir l’espace d’un instant sur les marches à nos côtés. L’intention sans doute d’une performance musclée dont nous n’avons pas fini de reconstituer le fil rouge puisqu’elle s’impose en dialogue avec les tribulations qui toutes et tous nous secouent présentement.

JazzOnze+
Du 8 au 12 septembre 2021
Casino de Montbenon, Lausanne
www.jazzonzeplus.ch

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Your Fault portrait ©MarySmith_Marie Taillefer

Culture estivale à Lausanne

La plateforme CultureDebout! recense toutes les actions et initiatives mises en place en un temps record par la scène culturelle lausannoise. Rivalisant de créativité, elle vous propose cet été un programme inédit et majoritairement gratuit dans des conditions respectueuses des normes sanitaires.

Texte: Sandrine Spycher

Un des rendez-vous phares de l’été lausannois est, depuis de nombreuses années, Le Festival de la Cité. Annulé à cause de la pandémie de coronavirus, il vous donne rendez-vous pour sa version revisitée, Aux confins de la Cité, qui se tiendra du 7 au 12 juillet 2020. Les différents lieux, choisis avec attention afin de respecter les normes sanitaires tout en garantissant une expérience de spectacle enrichissante, ne sont dévoilés qu’aux participant·e·s. En effet, les projets, in situ ou sur des scènes légères, ne sont accessibles que sur inscription. C’est donc après tirage au sort que les chanceux et chanceuses pourront profiter de spectacles de danse, théâtre, musique et bien plus encore Aux confins de la Cité!

Pour ce qui est des arts de la scène, L’Agenda conseille, au cœur de cette riche sélection, la pièce Sans effort de Joël Maillard et Marie Ripoll. Déjà présenté à l’Arsenic en octobre 2019, ce spectacle est un joyau de texte et de créativité, qui explore les questions de la mémoire humaine et de la transmission entre générations. Côté musique, vous retiendrez notamment la pop velours de Your Fault, projet de Julie Hugo (ancienne chanteuse de Solange la Frange). Cette musique aux notes envoûtantes ne manquera pas de rafraîchir la soirée à l’heure où le soleil se couche. Enfin, pour apporter une touche grandiose dans ce festival, Jean-Christophe Geiser jouera sur les Grands Orgues de la cathédrale de Lausanne. Ce monument symbolique de la Cité où se déroulent les festivités contient le plus grand instrument de Suisse, que l’organiste fera sonner. Bien d’autres projets et spectacles seront présentés au public inscrit. En prenant soin de respecter les consignes sanitaires, on n’imaginait tout de même pas une année sans fête à la Cité !

Your Fault portrait ©MarySmith_Marie Taillefer
Your Fault, © MarySmith : Marie Taillefer

Les cinéphiles ne seront pas en reste cet été grâce aux différentes projections, par exemple dans les parcs de la ville. Les Toiles de Milan et les Bobines de Valency ont repensé leur organisation afin de pouvoir offrir un programme de films alléchant malgré les restrictions sanitaires. Les Rencontres du 7e Art, ainsi que le Festival Cinémas d’Afrique – Lausanne se réinventent également et vous invitent à profiter de l’écran en toute sécurité. La danse sera également à l’honneur avec la Fête de la Danse ou les Jeudis de l’Arsenic, rendez-vous hebdomadaires au format décontracté, qui accueillent aussi de la performance, du théâtre ou encore de la musique.

La plupart de ces événements sont rendus possibles grâce au programme RIPOSTE !. Selon leurs propres mots, RIPOSTE !, « c’est la réponse d’un collectif d’acteurs culturels lausannois pour proclamer la vitalité artistique du terreau créatif local ». L’Esplanade de Montbenon et son cadre idyllique avec vue sur le lac Léman a été choisie pour accueillir, chaque vendredi et samedi en soirée, une sélection de concerts, films en plein air et performances de rue. L’accès y sera limité afin de respecter les mesures sanitaires.

L’Agenda vous souhaite un bel été culturel !

Informations sur culturedebout.ch


 

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Adriano Koch: “Lone” mais bien entouré

Hier soir au Romandie, L’Agenda était au vernissage de l’album Lone du jeune pianiste Adriano Koch, que nous avions rencontré en été 2018 à l’occasion de la sortie de son premier album. Lone, troisième et dernier en date puisqu’il sort aujourd’hui-même, chemine toujours au travers d’inspirations classiques, jazz, électro et de sonorités israéliennes et arméniennes, avec quelques nouveautés.

Texte: Katia Meylan

Photo: Valentin Cherix

Lone, paru chez Irascible, porte bien son nom car il est le fruit d’un travail solitaire, pour la composition comme pour l’enregistrement. Sur d’autres plans de la réalisation de ce projet le talentueux pianiste est toutefois bien entouré, comme ce soir dans la salle du Romandie, où il prend un moment pour remercier les artistes, les programmateurs et les proches qui participent à son succès.

Ce qu’on remarque en premier lieu dans Lone est que l’artiste intègre à sa musique un élément nouveau, la voix. Hier en live, un micro rajoutait un paramètre de plus au piano, à la percussion et aux machines qu’il gère seul. Sur certaines chansons sa voix se fait comme un écho crié au loin, sur d’autres il chante un motif répétitif. “Quand un élément humain vient s’insérer dans l’instrumental, ça touche le public différemment”, nous fait constater Adriano lorsqu’on lui demande d’où vient l’envie d’ajouter des voix à sa musique. “De mon côté ça me permet de mieux rentrer dans un état de flow”, ajoute-t-il encore.

Photo: Katia Meylan

Une réflexion qui s’apparente à celle qui s’est imposée à nous au sujet de la lumière; au début du concert, les spots puissants en contre-jour laissaient planer le mystère, puis dès la deuxième chanson, l’éclairage fait apparaître l’humain. On admire ainsi le pianiste tout à sa musique, jongler avec plusieurs instruments. La création lumière, travaillée et rythmique, est partie intégrante du concert et ajoute une épaisseur d’interprétation.

L’instrument lui aussi attire l’attention et on aime à imaginer qu’il rassemble les différents univers d’Adriano Koch: sa carrure de piano droit en bois fait penser à l’apprentissage de la musique classique, le fait qu’il soit ouvert avec les cordes et les marteaux apparents serait comme une improvisation personnelle propre au jazz, et l’éclairage bleu représenterait l’électro.

 

Parti dans ce genre de pensées insolites, on reste néanmoins à l’écoute de la musique, où l’on décèle une note répétée obsédante sur plusieurs morceaux qu’on retrouvait déjà dans les premières compositions. Peut-être une marque de fabrique? Et dans chaque titre, tant d’amplitude; Quand le classique prend l’ascendant il est vite nuancé par un vocabulaire oriental ou un phrasé jazz. L’électro amène des moments intenses où le public commence à se met en mouvement, puis soudain retour au calme, et l’on entend la voix d’un homme à côté souffler “c’est beau!”. C’est vrai!

LONE
Sortie le 6 mars 2020

Sur Spotify: www.open.spotify.com/artist/

Prochaine date de concert:
Jeudi 26 mars à 21h, Le Bar King, Neuchâtel
www.adrianokoch.com

 

(Pour un petit retour en arrière: l’article au sujet d’Adriano Koch dans L’Agenda n°75, septembre-octobre 2018 www.l-agenda.online/archives en p. 30)

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Thomas Dutronc et ses Esprits Manouche, une recette qui fait mouche!

Charme polisson, flegme iconique, voie enjôleuse. C’est devant une salle comble que Thomas Dutronc, vêtu d’un costume noir et blanc, foulait la scène du Cully Jazz pour la seconde fois, accompagné de ses Esprits Manouche.

Texte Julia Jeanloz

L’alchimie entre le guitariste émérite et ses musiciens est palpable. Lors de la soirée du 11 avril 2019, c’est avec simplicité et générosité que le groupe a apprivoisé le public du Chapiteau, lequel n’a pas mis longtemps avant de succomber aux sirènes des rythmes manouches et swing. Et il faut ajouter que cette franche connivence des musiciens lors du concert, un numéro « comme à la maison » calibré avec soin où chacun s’échangeait regards et sourires complices, n’y était pas pour rien… En toute décontraction, Thomas Dutronc et ses comparses ont donc offert au public un joli moment d’échange musical et d’amitié, égrenant les titres uns à uns, avec quelques moments plus tendres au compteur, comme la reprise de « Count Basie » d’Henri Salvador. Au violon, Pierre Blanchard a brillé de sa prodigieuse maestria. Tous ensemble, rassemblés autour de leur amour pour la musique, Thomas Dutronc, Jérôme Ciosi, David Chiron, Rocky Gresset, Pierre Blanchard et Maxime Zampieri ont réchauffé la salle, dans un mélo musical protéiforme, laissant les températures fraîches aux portes du Chap’. Un travail d’équipe d’une redoutable efficacité!

Cully Jazz 2019 – Jeudi – Thomas Dutronc et les Esprits Manouches – Chapiteau

La 37e édition du Cully Jazz s’est achevée le week-end dernier et ses salles de concert, ses caveaux et rives ont compté près de 60’000 festivalier·ère·s. Les photos et les vidéos des concerts sont à retrouver sur les réseaux sociaux du festival.

 

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Midnight in the Docks

Qu’ont en commun la BO de Titanic, “I Will Survive” ou encore “Nothing Else Matter” de Metallica?
Ce sont des hits des ’20ies!
… pas exactement, mais le Postmodern Jukebox pourrait tout aussi bien nous le faire croire. Passés à travers les arrangements du pianiste et fondateur du groupe Scott Bradlee, les tubes des dernières années, tous genres musicaux confondus, prennent une teinte délicieusement vintage. L’orchestre était au Docks hier soir, a tout donné, a rendu Lausanne fou!

Texte: Katia Meylan

L’affiche ayant attiré de nombreux amateur-trice-s, on serpente patiemment dans la file et on arrive dans la salle alors que le concert a déjà commencé depuis quelques minutes. L’ambiance: euphorique bien qu’encore un peu timide du côté du public – comme souvent dans les concerts de nos contrées, détrompez-moi peut-être – mais ça n’a été qu’une question de temps!

En scène, le maître de cérémonie nous présente la toute dernière vocaliste ayant rejoint la tournée. Tia Simone a apparemment décidé de ne pas se ménager pour sa première chanson de la soirée, et la puissance dans sa voix nous fait tout de suite comprendre pourquoi elle a rejoint l’orchestre.
PMJ, comme on appelle aussi le collectif, a la particularité de compter plus d’une cinquantaine d’artistes qui se produisent en alternance. Au Docks, on a la chance de rencontrer, en plus des musiciens attitrés (piano, guitares, contrebasse, batterie, trombone, saxophone) les chanteuses Hannah Gill et Olivia Kuper Harris, et le danseur de claquettes Caley Carr. LaVance Colley, le maître de cérémonie, présente les artistes, s’assure que le public va bien entre deux chansons.

https://www.facebook.com/LAgenda16/videos/256438921775183/

Olivia Kuper Harris en battle avec le trombone

C’est “Creap” de Radiohead et “All About That Bass” de Meghan Trainor qui ont le plus la cote auprès des Suisses sur YouTube, nous apprend-il encore. Mais dans la salle, chaque chanson remporte son petit succès. Après une reprise de “Feel it Still” du groupe Portugal The Man par les trois chanteuses, qui gardent le côté dansant du titre et le recouvrent de velours, LaVance Colley s’avance et reçoit autant d’acclamations et sifflements admiratifs que les femmes juste avant lui. Et on a bien fait, car on ne le savait pas encore, mais… il allait entonner “Halo” de Beyoncé. L’émotion se diffuse et prend même le dessus sur la performance – qui n’est pourtant pas des moindres puisque le vocaliste traverse plusieurs octaves, donnant à chacune ses nuances.

Les yeux fermés, nous étions partis dans nos mondes, que ce soit sur “Halo” ou sur Metallica, mais l’orchestre a vite fait de nous secouer avec quelques titres bien swing qui nous font revenir aux Docks comme ils auraient été il y a cent ans. Entre chaque changement de costumes scintillants et duveteux, aussi à l’aise au chant qu’à leurs instruments où à la danse, ces showmen et showgirls ont épaté Lausanne, qui crie, tape des mains et en aurait redemandé toute la nuit!

Pour les globe-trotters qui les auraient manqués hier soir, ils sont ce soir à Girona en Espagne, dimanche à Bologne, mardi à Munich… et ainsi de suite, tout leur programme sur: www.postmodernjukebox.com

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SFJAZZ Collective – JazzOnze+

Si vous étiez de passage à Lausanne du côté de Montbenon le 10 novembre dernier, pendant le festival JazzOnze +, le groupe SFJAZZ Collective sévissait au Casino. Les arrangements cubistes d’Antonio Carlos Jobim sont la marque de fabrique de musiciens talentueux, et très créatifs. SF pour San Francisco. Le collectif se prélasse dans la spontanéité. Depuis 2004, ils honorent chaque année des grands compositeurs: John Coltrane, Herbie Hancock, Wayne Shorter, Thelonious Monk, Miles Davis, Stevie Wonder, etc. Le groupe, composé de Miguel Zenón (saxophone alto), David Sánchez (saxophone ténor), Robin Eubanks (trombone), Warren Wolf (vibraphone), Edward Simon (piano) et Obed Calvaire (percussion), accueille sur cette tournée deux nouveaux venus: le trompettiste Etienne Charles et le bassiste Matt Brewer.

Texte: Olivier Hostettler

Vous n’avez pas pu être présent parce que votre grand-mère avait besoin de vous pour réparer sa machine à laver la vaisselle, je compatis. Voici donc quelques impressions générales de ma part, n’ayant prévu ce samedi soir, sinon de traîner vers l’auditorium Paderewski, absolument rien.

Antonio Carlos Jobim, pour vous situer, est le père de la bossa-nova, un blues en tonalité de fiction, qu’on entend dans les films, quand un individu prend l’ascenseur occupé par deux ou trois filles bien habillées et un homme en costume. Rien ne se passe, personne ne se parle, la bossa meuble le vide. Puis, avec un timbre magnétique, un son retentit de l’appareil, les portes coulissantes s’ouvrent, la musique s’arrête, l’histoire continue… Un titre de Jobim, “The Girl From Ipanema”, a brillé dans la sphère internationale en recevant en 1965 le Grammy du meilleur enregistrement de l’année.

Photo © Jean-Marc Guélat

Sur un va-et-vient entre le passé et le futur empreint de rythmes cubains, les artistes du collectif ont ramené un trésor. Entre autres, “Agua de Beber”, “Corcovado”, “Olha Maria” et “How Insensitive”, œuvres choisies par les oreilles expertes de ces sculpteurs du son, qui me font voyager à travers le temps et l’espace. Les huit joueurs vivent leurs musiques — ce qui m’entraîne en rêve, avec eux — sur scène. Irrésistible, la composition du batteur Obed Calvaire est une explosion dématérialisée du “Corcovado”; ne restent sur le podium avec lui que le pianiste et le bassiste. Réussissant à créer une ambiance chaleureuse et puissante, appuyée par la simplicité des solos, typique d’Antonio Carlos Jobim placé en avant avec finesse dans les expressions de la contrebasse, sur cette composition délivrée par un impérial percussionniste.

Matt Brewer Photo: ©Jean-Marc-Guélat

En plus des arrangements retravaillés, chaque acteur propose ses inventions individuelles; après une pluie tropicale, Matt Brewer avec “Unspoken word” nous transporte dans sa jungle urbaine de New York avant que les ombres ne quittent les rues. À ce moment-là, sans que l’on s’y attende, tout est remis en question par un jazz-funk de Warren Wolf, un vibraphoniste, percussionniste, pianiste, bassiste, etc. Ce titre serait, selon mes sources, une œuvre inspirée de “Sly” (Heads’ Hunters). Cette composition douce et électrique a été la trouvaille de la soirée, je ne saurais pas dire exactement où toutes les couleurs qui chamarrèrent cette œuvre prenaient leurs lumières. Était-ce une touche de salsa cubaine, de blues avec une pointe de “Chega de Saudade” pour nous amener à voltiger? Avec élégance, le bassiste n’en finit pas de promener ses doigts sur les quatre cordes de sa guitare, mais se fait flouer par le tromboniste Robin Eubanks, qui envoie des graves à décoller les membranes des haut-parleurs, pour rappeler que “si ses notes sonnent grasses — les basses c’est moi!” Après une rafale d’applaudissements, encore vivant mais légèrement assommé, j’encaisse la partie suivante: une autre bombe musicale qui m’évoque “My Favorite Things” de John Coltrane. J’apprécie un enchaînement de solos des plus délicieux, Miguel Zenon d’abord, serré de près par un échange entre David Sanchez et Etienne Charles. À bout de souffle; ils se munissent tous deux d’une conga pour trancher leur conversation, apparemment décisive, pour le plus insigne bonheur du public. Et là, à ce moment déjà proche de la fin du jeu, un morceau tranquille démarre. Un passage de David Sanchez fait grimper le mercure, métissage de mer et de soleil, une espèce de bleu profond qui me laisse des étoiles et des larmes dans les yeux. Les huit musiciens ont donné lors du festival JazzOnze+ une remarquable exécution. Merci à eux et aux organisateurs de nous offrir ces concerts légendaires.

SFJAZZ Collective, le 10 novembre 2018 au Casino de Montbenon à Lausanne, dans le cadre du Festival JazzOnze+

www.jazzonzeplus.ch

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Ti-Cora: un débordement de vie

Ce soir, au lieu de m’abandonner quelques heures supplémentaires dans une salle d’étude à la recherche de solutions abstraites, j’ai enfourché mon vélo et je me suis laissée glisser jusqu’à l’AMR. Aux premiers jours du festival JazzContreBand, le quartet de jazz créole Ti-Cora s’est installé pour quatre soirées de concert dans la cave de l’antique bâtiment.

Texte: Maëllie Godard

Photo: Li Weingerl

Dès les premières notes, quelque chose de puissant et vivace voit le jour. Les quatre musiciens épousent leurs instruments, et interagissent avec souplesse tels les organes d’un même corps. La batterie comme cœur battant la chamade, les poumons du saxophone se gonflant en écho, l’orgue hammond et ses basses qui prennent aux tripes puis la guitare; tous se rejoignent dans une danse festive et sensuelle. Ils invitent en deuxième partie une musicienne sur les congas, donnant lieu à de nouvelles interactions pleine d’enthousiasme.

“Afro psychedelik créole music”, jazz créole, rythmes ancestraux africains, mauriciens et latins ; les mots sont bien faibles pour rendre justice à la musique. Il y a des mélodies qui sont comme des chuchotements, des mots tendres. D’autres qui sont des sucreries savoureuses et épicées, gagnant en intensité. Les coups assaillants les toms, les caisses et les cymbales ravivent en permanence le feu qui habite cette musique. À plusieurs reprises dans la soirée, les solistes sont à la fois poussés par ceux qui les entourent, ou les tirent jusqu’à une sorte de climax musical dans les cris du public envouté.

Vous voulez vous sentir vivant? Ayez l’audace de venir les écouter pour cette dernière soirée du 4 octobre, vous ne le regretterez pas. Au fond de cette cave, comme les rescapés d’une apocalypse, on retrouvera sans doute des genevois qui dansent, crient, et transpirent dans un mélange intergénérationnel et culturel touchant.

Ti-Cora le 4 octobre à 20h30 à l’AMR, Genève

Arthur Donnot, saxophone ténor
Cédric Schaerer, orgue hammond
Erwan Valazza, guitare électrique
Hadrien Santos Da Silva, batterie

Retrouvez la programmation du festival sur www.jazzcontreband.com

Et de l’AMR sur www.amr-geneve.ch

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Mais d’où vient cette énergie entraînante? Nolosé !

Jeudi soir au D!Club le groupe lausannois de salsa-jazz Nolosé a présenté son 5ème disque en avant-première accompagné de plusieurs artistes invités pour l’occasion: “White Night Mambo” a conquis le public.

À l’occasion de la sortie de leur 5ème disque “White Night Mambo”, Nolosé a organisé un grand concert inédit dans sa ville natale. Sur scène, trois couples de danseurs, deux chanteuses et deux percussionnistes (Edwin Sanz et Mambi) ont rejoint les neuf membres du groupe de salsa-jazz pour un concert qui a décidemment réchauffé l’ambiance du D!Club. Les voix envoutantes des deux solistes, Lidia Larrinaga et Pilar Velásquez, couplées aux mélodies entraînantes rappelant La Havane créées par les instruments accompagnants et les choristes gospel de Madrijazz, n’ont laissé aucune chance à ceux qui étaient venus sans prétention de danser. Si tout le monde ne possède pas le talent dont ont fait preuve sur scène les danseurs des écoles Alia Salsa School, Salsa y Dulzura et Cubaliente, il n’était tout de même pas possible de rester figés: dans la pénombre de la salle, les silhouettes ondulaient toutes au même rythme, celui de Nolosé. Des bulles se forment alors parmi la foule pour laisser place à quelques intrépides qui connaissent les bons pas de danse, quelqu’un bat sa main sur une petite table au rythme des chansons. Les applaudissements en fin de concert confirment la bonne réussite de la soirée.

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L’ensemble des artistes sur la scène du D!Club

Pour en découvrir d’avantage sur “White Night Mambo”, L’Agenda a rencontré Laurent Cuénoud, percussionniste et membre fondateur de Nolosé, ainsi que la charmante Lidia Larrinaga, âme cubaine du groupe. On apprend alors que le disque n’a pas un mais plutôt quatre pays d’origine: Cuba bien évidemment, Lutry où il a été enregistré, la Grèce où Nolosé a fait une tournée intense, et New York, ville d’où viennent Hector Martignon et Christos Rafalides, deux musiciens renommés qui ont collaboré à la création de ce disque. Signe de l’inspiration internationale de cette dernière œuvre, les quatre faces de la case du disque présentent chacune un de ces lieux.

“Qué cuenta La Habana”, leur 4ème disque qui a été enregistré à Cuba juste après la participation au Festival International Jazz Plaza et qui a gagné la distinction “Premium de la catégorie International” au CubaDisco en mai 2014, avait des sonorités “très cubaines”, affirme Laurent Cuénoud. Avec “White Night Mambo” le groupe penche cette fois plus vers le jazz/soul: c’est un disque qui, selon Lidia Larrinaga, a “plus de richesse et de subtilités”. Richesse qui, au sein du groupe, est représentée par le mélange: de sonorités peu communes, d’un côté, et de nationalités, de l’autre. Nolosé est hétérogène, tout comme la Suisse qui regroupe différentes cultures et paysages: “le mélange est quelque chose de positif, c’est grâce à cela qu’on obtient de la richesse” estime Laurent.

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Nolosé

Comme déjà le nom du groupe, qui apparemment suscite pas mal de gags, aussi le titre du 5ème disque de Nolosé cache une histoire drôle: la légende narre qu’il a bien fallu une “nuit blanche” pour obtenir le neuvième et dernier morceau de l’album. De “Plazos Traicioneros” qui incite à une évolution continue à “Soy la rumba” qui donne une folle envie de danser, “White Night Mambo” véhicule un message très important: “on veut transmettre l’énergie, on veut que les gens se sentent bien, qu’ils se disent ‘on va voir Nolosé: on va s’amuser’ !” souligne Lidia. “La salsa c’est le plaisir de vivre, c’est l’amour”, ajoute-t-elle avec un grand sourire.

Pour présenter les résultats de leurs derniers efforts, le groupe part maintenant en tournée nationale. Prochains rendez-vous: 30 avril à l’école K’Danse, et 20 mai au Chorus Jazz Club pour le vernissage officiel de “White Night Mambo”.

Texte: Céline Stegmüller

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Nicolle Rochelle nous conte Billie Holiday

nicolle-005-jpgVendredi 15 avril, le Théâtre du Pré-aux-Moines voyait ses planches enflammées par la réincarnation de la chanteuse de jazz Billie Holiday (1915-1959) pour le 100e anniversaire de sa naissance. L’Agenda a eu la chance d’être présent à cette merveilleuse représentation.

Texte: Adélaïde Offner

Dans un décor de coulisses où se mêlent un mythique miroir de star à ampoules et un phonographe, Nicolle Rochelle, une artiste métisse du New Jersey, incarne avec humour et justesse Billie Holiday. Ce spectacle, « Le Blues de Billie Holiday », du Swiss Yerba Buena Creole Rice Jazz Band, un orchestre de jazz aux créations folles, parle d’un combat pour la liberté qui nous a fait vibrer.

Billie Holiday enchaîne les morceaux entrecoupés d’anecdotes sur sa vie. Avec son accent anglophone, elle enjolive des souvenirs tels que le mariage imaginaire de ses parents lorsqu’elle avait trois ans. Elle nous dévoile également les coulisses de ses concerts en tant que seule noire du groupe, obligée de passer par derrière alors que les autres entraient par la grande porte, ou encore interdite d’utiliser les mêmes toilettes que les blancs. Elle nous raconte ses combats à travers des chansons comme Strange fruit, métaphore du lynchage des Noirs dans le Sud des Etats-Unis, et progressivement nous divulgue, de manière enjolivée et avec énormément d’humour et d’ironie, ses problèmes d’alcool et de drogue qui, à cause d’un sevrage en clinique, l’envoyèrent une première fois en prison.

Puis vient la confession d’avoir toujours voulu un petit club, où elle pourrait jouer ce qu’elle veut, comme elle le veut et quand elle le veut, ou même changer de chanson au milieu d’une autre si l’envie lui en prenait. Et la chanson finale tombe, plongeant le spectateur dans une légère mélancolie. Au milieu des applaudissements admiratifs retentit la voix du personnage déclarant qu’elle ne peut tout de même pas finir sur une chanson si triste… et le show continue.

Pour la petite anecdote, au bis, un invité inattendu a fait son apparition. Le temps d’une danse et d’une chanson, son petit chien accompagnait la si talentueuse Nicolle Rochelle.

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Nicolle Rochelle nous conte Billie Holiday

nicolle-005-jpgVendredi 15 avril, le Théâtre du Pré-aux-Moines voyait ses planches enflammées par la réincarnation de la chanteuse de jazz Billie Holiday (1915-1959) pour le 100e anniversaire de sa naissance. L’Agenda a eu la chance d’être présent à cette merveilleuse représentation.

Texte: Adélaïde Offner

Dans un décor de coulisses où se mêlent un mythique miroir de star à ampoules et un phonographe, Nicolle Rochelle, une artiste métisse du New Jersey, incarne avec humour et justesse Billie Holiday. Ce spectacle, « Le Blues de Billie Holiday », du Swiss Yerba Buena Creole Rice Jazz Band, un orchestre de jazz aux créations folles, parle d’un combat pour la liberté qui nous a fait vibrer.

Billie Holiday enchaîne les morceaux entrecoupés d’anecdotes sur sa vie. Avec son accent anglophone, elle enjolive des souvenirs tels que le mariage imaginaire de ses parents lorsqu’elle avait trois ans. Elle nous dévoile également les coulisses de ses concerts en tant que seule noire du groupe, obligée de passer par derrière alors que les autres entraient par la grande porte, ou encore interdite d’utiliser les mêmes toilettes que les blancs. Elle nous raconte ses combats à travers des chansons comme Strange fruit, métaphore du lynchage des Noirs dans le Sud des Etats-Unis, et progressivement nous divulgue, de manière enjolivée et avec énormément d’humour et d’ironie, ses problèmes d’alcool et de drogue qui, à cause d’un sevrage en clinique, l’envoyèrent une première fois en prison.

Puis vient la confession d’avoir toujours voulu un petit club, où elle pourrait jouer ce qu’elle veut, comme elle le veut et quand elle le veut, ou même changer de chanson au milieu d’une autre si l’envie lui en prenait. Et la chanson finale tombe, plongeant le spectateur dans une légère mélancolie. Au milieu des applaudissements admiratifs retentit la voix du personnage déclarant qu’elle ne peut tout de même pas finir sur une chanson si triste… et le show continue.

Pour la petite anecdote, au bis, un invité inattendu a fait son apparition. Le temps d’une danse et d’une chanson, son petit chien accompagnait la si talentueuse Nicolle Rochelle.

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