À la fois publicitaire et peintre, aussi adulé que controversé, Andy Warhol, obsédé par la mort et la finitude, a tout de même fini par entrer dans l’histoire en rendant éternel l’éphémère. Celui que l’on considère comme le Pope of the Pop semble effectivement être l’homme de tous les paradoxes. Ces différentes facettes qui font la singularité de l’artiste mais aussi de son œuvre sont justement ce que Pop Art Identities, produite et organisée par l’ on retour pour une 24e édition claironnante, qui se tiendra du 15 au 29 août 2021. Si l’âme du festival reste attachée à la Grange aux Concerts et aux Grandes Serres de Cernier à Neuchâtel, où se tiendront la plupart des représentations, des Bal(l)ades sont également prévues sous la forme de concerts extramuros, pour mieux emmener le public à la découverte du patrimoine suisse. Musique classique et actuelle, théâtre, performances littéraires, ciné-concerts et ateliers viendront rythmer cette nouvelle édition, qui s’ouvre à tous les yeux et toutes les oreilles.
Texte: Athéna Dubois Pèlerin
De Beethoven à Debussy
Profondément ancrée dans l’ADN du festival, la musique classique sera mise à l’honneur au travers d’une sélection d’œuvres phares. Sous la houlette de Valentin Reymond, l’Orchestre des Jardins Musicaux interprétera des pièces de Mendelssohn, Mahler et Wagner. Parmi les nombreux artistes invités, le pianiste Roger Muraro conviera son public à découvrir les Années de pèlerinage de Liszt, tandis que le Quatuor Béla s’embarquera pour Venise en donnant à entendre deux œuvres de Britten et Chostakovitch célébrant la Cité des Doges. La célèbre Symphoniepastorale prendra vie sous les doigts du Beethoven Trio Bonn, et c’est à l’Ensemble Fecimeo que reviendra l’honneur de conclure le festival en rendant hommage à Debussy et ses Préludes.
De la musique classique… mais pas seulement
Les adeptes de chant lyrique auront l’occasion de découvrir deux œuvres du répertoire contemporain, l’opéra de chambre The Lighthouse, drame fantastique aux accents de thriller, et Encore une fois, opérette bondissante et délurée. Une incursion dans l’univers de la musique folk est prévue, avec un florilège de chansons populaires du compositeur Luciano Berio, tandis que le quatuor Convulsif ira explorer les confins du rock avec un projet avant-gardiste teinté de jazz. Une place importante sera laissée enfin à l’expérimentation artistique, avec des performances musicales hors des sentiers battus: c’est là l’occasion de se plonger dans le « théâtre alchimique » de Stanislas Pili, de redécouvrir La Disparition de Georges Pérec adaptée à la scène par Luc Birraux, de se laisser sombrer dans la folie musicale de San Clemente de Pierre Jodlowski, ou encore de s’étonner devant les percussions surréalistes de Pascal Pons.
À la découverte du patrimoine
Fidèle à sa tradition, le festival encourage le décloisonnement de la scène musicale et le dialogue entre art et patrimoine. Dans cette optique, une série de Bal(l)ades seront organisées sous la forme de concerts-visites dans des lieux surprenants, parfois insolites, toujours chargés d’histoire. Ainsi, le projet musical aux résonances aquatiques Deep Rivers, du pianiste jazz Paul Lay, sera présenté au chantier naval Rohn, et le concert se verra précédé d’une visite guidée des lieux. Die Europaërin, spectacle musical d’après une œuvre de l’écrivain biennois Robert Walser, emmènera son public dans l’ancienne usine de pâte à papier de Rondchâtel, qui a autrefois produit les pages sur lesquelles l’écrivain aura couché son œuvre. Une représentation du Chant de la Terre de Mahler donnera rendez-vous aux spectatrices et spectateurs dans les fours à chaux de Saint-Ursanne, et sera introduite par des géologues et spécialistes de la région.
Pour les jeunes oreilles
Autre habitude de la maison, le ciné-concert garantit un moment ludique et exaltant à partager en famille. Cette édition mettra à l’honneur Buster Keaton et livrera deux représentations du grand classique La Croisière du Navigator: la bande-son, composée pour l’occasion, sera assurée en live par l’Orchestre des Jardins Musicaux. Les petits mélomanes auront également l’occasion de participer à deux ateliers organisés dans le cadre du festival, qui leur dévoileront les coulisses d’une répétition d’orchestre, et leur feront explorer l’univers de la radio lors d’une activité autour du son.

Pour ceux et celles que la distance n’effraie pas, nous ne pouvons que recommander ce joli festival neuchâtelois à la programmation aussi fraîche qu’éclectique !
Les Jardins Musicaux
Divers lieux, Neuchâtel
Du 15 au 29 août 2021
www.jardinsmusicaux.ch