Été 2025, les villages vaudois sont pris d’une étrange torpeur caniculaire. Une troupe itinérante sillonne la région avec le remède.
Texte de Katia Meylan
Assise dans la salle de Spectacle de Renens, avant que commence la représentation du Docteur Miracle, je sens les mêmes symptômes que mes voisin∙e∙s me gagner : sueur, soif, mollesse grandissante et le besoin incontrôlable de me faire de l’air avec ce qui me passe sous la main (les moins prévoyant∙e∙s dont je fais partie usent du programme de salle, fort intéressant au demeurant si on arrête de l’agiter car il nous apprend que Le Docteur Miracle fut écrit par Bizet sous le patronage d’Offenbach alors qu’il n’avait que 18 ans, et que c’est la première fois que cet opéra-comique est donné par l’Opéra de Lausanne, dans le cadre de La Route Lyrique, une tournée ayant pour but l’insertion professionnelle des chanteur∙euse∙s et instrumentistes diplômé∙e∙s de l’HEMU et de la HEM de Genève).
La trame est légère – c’est un opéra-comique : le Podestat de Padoue, opposé à l’idylle entre sa fille et le capitaine Silvio, engage un nouveau domestique et le charge de tenir ce dernier éloigné de la maison. Une amoureuse ingénue et un amoureux ingénieux, un père qui peine à affirmer son autorité, une épouse volage et vénale. Rien d’inhabituel dans ces ficelles narratives qui ont fait leur preuves. C’est tout le reste charme ! Sur l’ouverture, un comédien en grande maitrise de sa gestuelle comique (Pierre Lebon, également metteur en scène), nous met de suite dans sa poche par sa facilité à habiter le décor et à bonimenter : « Dieu sait [s’il se] soucie d’imiter les beaux parleurs qui pour la plupart se mettent en scène pour ne rien dire » ! Les quatre personnages lyriques n’ont rien à lui envier : la jeune Laurette et son grain de voix frais (Naïma Wanshe, en 2e année de Master à l’HEMU), la picturale Véronique qui pose à l’envi (Carine Séchaye), le rebondissant Podestat (Rémi Ortega), et un Silvio (Jean Miannay) expressif qui passe du domestique benêt au « savant » Docteur Miracle pour mieux entourlouper le patriarche.
Photos: ©Opéra de Lausanne, Carole Parodi
Les artistes, tout de rouge vêtu∙e∙s et loin de se laisser abattre par la chaleur, semblent s’être donné pour mission de soigner le mal par le mal. Ils exaltent d’énergie, renchérissent de plus belle vocalement et chorégraphiquement. Le jeune chef d’orchestre (Anthony Fournier) et ses instrumentistes prennent des couleurs à mesure que la pièce avance, soutenant vaillamment le rythme. Tous s’attèlent avec succès à faire ressortir les traits d’humour de l’œuvre, un humour d’ailleurs très varié allant de la parodie musicale à l’absurde, en passant par le comique de situation et même par une petite fissure inopinée au quatrième mur.
On a passé un très bon moment, et un petit vent de fraicheur semble même souffler… « C‘est pas magique, c’est artistique ! »
Le Docteur Miracle
Coproduction de l’Opéra de Lausanne, l’Opéra de Tours, l’Opéra de Rouen Normandie, le Théâtre du Châtelet et Bru Zane France.
Première au Théâtre du Jorat (Mézières) le 20 juin 2025.
Tournée romande, les dates à venir :
- Le 1er juillet à 19h30 au Centre Sportif du Chêne d’Aubonne
- Le 2 juillet à 19h à la Grande Salle de Bex
- Le 4 juillet à 19h à la Grande Salle de Prilly
- Le 5 juillet à 20h à la Salle Davel de Cully
- Le 6 juillet à 20h et 8 juillet à 18h à l’Opéra de Lausanne
- Le 9 juillet à 19h30 au Casino du Brassus
- Le 10 juillet à la Salle de l’Abeille de Riddes