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Michal Drewnowski – Chopin, une évidence, un éternel défi

Le pianiste polonais Michal Drewnowski s’est prêté au jeu de l’interview, quelques semaines avant sa venue à Genève pour le concert d’ouverture du Festival Chopin.

Propos recueillis par Katia Meylan

Il est 17h sous nos latitudes, 10h à Chicago où vit Michal Drewnowski. Au téléphone, il s’exprime dans un français enthousiaste, appris dès son plus jeune âge et perfectionné lors de ses quatre années d’études au Conservatoire de Genève au début des années 2000.

Katia : Vous avez joué plusieurs fois au Festival Chopin. Quelle atmosphère y ressentez-vous ?
Michal Drewnowski :
Un festival dépend beaucoup de la personnalité de son directeur artistique. Aldona [Budrewicz-Jacobson,  fondatrice et directrice du festival depuis 27 ans, ndlr] est une personne fantastique, très émotionnelle, elle adore Chopin, elle adore la Pologne. Au milieu de Genève, elle a créé une bulle à l’atmosphère très polonaise, que j’aime beaucoup fréquenter. Déjà du temps où j’étais étudiant au Conservatoire dans la classe de Dominique Merlet, en 2002 et 2003, j’avais pris part à des Masterclass avec Eugen Indic. Cette année, c’est moi qui y donnerai une Masterclass pour la première fois. C’est incroyable !

Vous rappelez-vous du tout premier contact que vous avez eu avec la musique de Chopin ?
Ah ! Bien sûr ! Mon père est pianiste, alors j’ai entendu les œuvres de Chopin depuis toujours, c’est quelque chose de très naturel pour moi. J’ai des souvenirs de quand j’avais trois ans, puis plus grand, quand on habitait à Varsovie, et qu’il travaillait toutes les valses…

Comment avez-vous élaboré le programme chopinien que vous allez jouer le 3 octobre au festival ?
C’est une collaboration avec Aldona. Je voulais absolument jouer le Rondo car son style brillant me plait beaucoup. J’ai choisi aussi les Scherzo, et Aldona a eu l’idée de combiner ces trois pièces avec trois Nocturnes dans la même tonalité. En deuxième partie, je vais jouer le Concerto en fa mineur. J’ai beaucoup joué le Concerto en mi mineur, mais je n’ai appris celui en fa mineur qu’il y a deux ou trois ans. Pourtant, il est beaucoup plus proche de moi, de ma personnalité et de mes émotions. Il a une mélancolie unique, quelque chose qui m’émotionne toujours, même quand je le travaille, même après l’avoir écouté tellement de fois. Je ne sais pas comment expliquer. Vous savez, à 47 ans, on commence à penser très souvent à la jeunesse… cette mélancolie est proche de celle du concerto. Je la ressens dans les trois mouvements, même si mon préféré est le premier. 

Il vous parle et pourtant vous avez mis toutes ces années à l’approcher ?
Je pense que c’était une erreur de jeunesse : quand on est étudiant, on valorise beaucoup la technique, alors on choisit du répertoire difficile en se disant que le public va apprécier la vitesse. Bien sûr, le Concerto en mi mineur appelle plus d’effets, il est plus virtuose. Mais maintenant que je suis beaucoup plus âgé [on l’entend sourire à travers le combiné] je choisis des œuvres uniquement en relation à mes émotions et mes états d’âme.

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Photos: Festival Chopin ©Olivier Miche

Comment évolue votre rapport à ce répertoire ?
J’ai enregistré beaucoup de disques mais jamais, jamais Chopin. Je ne suis pas prêt. J’aimerais le faire, mais… je ne sais pas. Mon interprétation change si souvent, c’est un problème ! Si j’enregistre quelque chose cette année, l’année prochaine je risque de le détester ! Pour moi, enregistrer Chopin est plus difficile qu’enregistrer n’importe quel autre compositeur. D’ailleurs, je ne sais même pas quel programme je choisirais. Peut-être un récital, avec quatre ballades, quatre scherzi, deux sonates, quelque chose comme ça, de très intégral. En fait, j’ai toujours un peu peur de montrer mon Chopin ; de ne pas faire quelque chose d’assez unique, intéressant. Mais je veux le faire dans les années à venir, déjà pour moi-même, pour le défi que ça représente.

En attendant, je dois apprendre trois Nocturnes pour octobre !

Michal Drewnowski et le Quinette Éphémère
Concert d’ouverture du Festival Chopin
Jeudi 3 octobre à 20h
Conservatoire de Genève – Salle Franz Liszt

Festival Chopin, du 3 au 13 octobre
Tout le programme sur :
www.societe-chopin.ch

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