Lorsque l’on entre dans la salle, le décor est posé : deux femmes et un homme jouent au volleyball tandis qu’une autre s’affaire à autre chose sur fond de la chanson La Madrague. La pièce commence. On reconnaît rapidement les trois icônes : Audrey Hepburn, Brigitte Bardot et Marylin Monroe.
Texte de Marie Butty
La pièce s’intitule Falta Lady, la femme manquante. Elle a été conçue par les trois actrices présentes sur scène – Danae Dario, Lisa Veyrier, Sarah Calcine – et produite par la compagnie Cie Boule à Facettes.
Loin d’un spectacle biopic sur les vies de ces actrices que l’on connaît trop bien, cette production nous propose d’envisager leurs humanités, de se défaire de tout l’imaginaire et des étiquettes qui surgissent à l’évocation de ces trois noms pour les considérer avant tout comme des femmes comme vous et moi. Pour ce faire, la pièce les met en scène dans des situations proches de notre quotidien.
Réunir ces trois femmes en même temps sur une seule et même scène permet de réfléchir aux similitudes qui les ont emprisonnées et ont fait d’elles des icônes dont l’image leur échappait. La pièce analyse le regard empreint de male gaze que nous avons porté et que nous portons encore sur la vie de ces actrices. Le passage de l’image publique à l’intimité de ces femmes permet de relier l’histoire individuelle à celle de l’histoire collective et de rapprocher les problématiques auxquelles elles ont dû faire face à celles de toutes les femmes – comme le rapport au corps, au temps qui passe, à l’image, au regard de l’autre, à la nécessité de rester désirable ou encore aux stéréotypes de la femme-mère, la femme-enfant etc..
La présence d’un homme tout au long de la pièce – Arthur Viadieu – permet également d’ajouter une dimension intéressante : celle des rapports femmes-hommes et de leurs dynamiques. De plus, bien que les actrices présentes appartiennent à un temps passé, la pièce réussit le tour de force de les relier au temps et thématiques contemporaines afin de mettre en lumière la continuité des problèmes d’hier sous d’autres formes ou parfois même à l’identique. Bien que les thématiques évoquées, importantes, puissent parfois être synonymes de crispations dans les rapports femmes-hommes et dans l’espace médiatique et politique, la pièce les aborde brillamment sous le prisme de l’humour, ce qui lui apporte une certaine légèreté. Le pari est donc une réussite et ainsi, entre intime et regard extérieur, passé et présent, la pièce connecte des univers et des humanités en apparence éloignés et fait émerger des réflexions fructueuses dans une ambiance joyeuse et pleine d’humour.
Falta Lady
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Les 5 et 6 décembre
Villa Moyard, Morges -
Du 11 au 15 décembre
Maison Saint-Gervais, Genève