Explore Demain © Kim Schneider

Explore Demain – L’engagement citoyen genevois en fête

Partager un repas anti-gaspi sur le parvis d’Uni-Mail, ajouter son portrait chiffré à une fresque commune sur le Pont des Bergues, tourner des films à la Michel Gondry, en apprendre plus sur l’Arve ou l’IA, discuter démocratie et transition écologique puis faire une pause pour danser sur les sons de Bongo Joe : c’est ce que prévoit, entre autres rencontres passionnantes, le festival Explore Demain du 17 au 25 mai 2025 à Genève !

Texte et propos recueillis par Katia Meylan

En 2019, face aux divers enjeux et défis présents sur son territoire, le Département du territoire (DT) du Canton de Genève lance Explore Demain, un festival gratuit ayant pour but de créer des espaces de rencontres entre pouvoirs publiques et citoyen·ne·s. Des espaces de réflexion collective, d’échange, de débat et d’action liés aux enjeux écologiques sur le territoire de Genève et sa région.

Imaginé dans un bureau, Explore Demain est depuis sorti dans les rues, a investi les quais et les maisons de quartier, a bourgeonné organiquement en embarquant les enthousiastes sur son passage. Aujourd’hui, le festival est porté par cinq départements du Canton, en collaboration avec la Ville de Genève et de nombreuses institutions et associations genevoises. « Sur ces questions de transition, qui sont d’une complexité inouïe, il n’y a pas de réponse simple », atteste Frédéric Josselin, responsable du service participation citoyenne au DT. « En revanche, il existe déjà plein de bribes de réponses présentes sur le territoire. Avec Explore Demain, le Canton propose de les découvrir, d’en échanger voire d’en débattre. C’est aussi le rôle de l’État de mettre en lumière, d’encourager et développer la capacité d’agir des habitantes et des habitants. »

Le pari de la culture

En abordant les questions de transition sous forme de festival, en faisant se côtoyer réflexion, création et récréation, Frédéric Josselin et son équipe ont placé leur foi en la force du culturel. « On a pris le parti de la joie, d’une certaine légèreté, parce que l’inspiration et l’engagement viennent aussi dans ce genre de moments partagés. Ce sont de vrais leviers d’action », affirme notre interlocuteur. Culturel par sa forme événementielle, le festival propose un contenu artistique : conférences, concerts, stand-up ou encore expositions. Cette approche sera thématisée en soi lors de la table ronde Art et transition, le 18 mai à 12h sur le Pont des Bergues, qui traitera de la place de la culture et de l’art en périodes de transition.

À vivre – Une programmation consciente

Le festival s’étend sur dix lieux du canton et, dès jeudi 22 mai, installe son QG à la Salle Communale de Plainpalais. Le programme se compose d’acteur·ice·s du territoire (même parfois d’habitant·e·s, qui proposent des visites guidées de leurs quartiers!) et de personnalités internationales inspirantes: l’enseignant britannique Rob Hopkins, la journaliste française Salomé Saqué, le pianiste Patrick Scheyder, l’humoriste Swann Perissé ou encore la photographe Mary-Lou Mauricio. Le projet de cette dernière, intitulé Born in PPM, a passionné Frédéric Josselin et son équipe. Dans son studio photo installé sur l’Île Rousseau à l’occasion de la journée Bergues en Fête le 18 mai, elle inscrira sur le corps des participant·e·s, au pinceau et à l’encre noire, le nombre de particules par million (PPM) responsables de l’effet de serre présentes dans l’atmosphère lors de leur année de naissance. Puis une exposition de tous les portraits sera montée à la Salle Communale de Plainpalais du jeudi 22 au dimanche 25 mai.

« On invite systématiquement des artistes engagé·e·s, qui mettent les réflexions sur les transitions au cœur de leur processus créatif », explique Frédéric Josselin. La graphiste Kim Schneider (LaGonz), l’une des quatre artistes mandaté·e·s pour réaliser des comptes-rendus illustrés du festival, ne déroge pas à la règle: « Dans ma vie personnelle et professionnelle, je me concentre sur les petits détails qui font la différence », nous confie celle qui se forme en ce moment dans l’accompagnement créa-thérapeutique. « Ce qu’on peut contrôler le mieux, c’est ce qu’on fait soi-même, dans son périmètre proche. Quand on rend service à la personne qui vit juste à côté, quand on change notre manière de consommer, c’est déjà une étape. Dans mon travail, je dessine beaucoup sur des posts-its – ce qui n’est pas une approche très coûteuse! – et même quand je fais des choses plus abouties, je fais attention à ne pas acheter sur internet mais dans des boutiques de Genève. Mon approche consciente se fait à 360° ».

Kim Schneider, alias LaGonz. Photo: Sebastien Arsenijevic

La jeune femme avait déjà réalisé des comptes-rendus des tables rondes l’an dernier, ainsi que des petites fresques humoristiques – ou non – résumant des thématiques abordées lors du festival. Elle réitérera l’expérience lors de cette édition 2025, aux côtés des artistes Pierre Schilling, Muriel Dégerine et Popy Matigot.

Se remémorer – Le concept de PV illustré

Si le festival tient à faire vivre à son public une expérience intense et rassembleuse, son but est également de laisser des traces et des ressources consultables. Notamment des podcasts, mais aussi  ces fameux PV illustrés, support inventif qui résume le contenu et rend accessible au plus grand nombre. « Le PV illustré, c’est assez challenging », nous dit Kim Schneider d’une voix dont l’énergie solaire traverse le combiné. « À mon sens, c’est de la traduction instantanée : ça nécessite une écoute active et une synthèse directe. D’une certaine manière, c’est toujours un peu comme ça j’ai travaillé, que ce soit dans mon métier de graphiste pour résumer ce qui se disait durant les briefings d’agence, ou sous mon nom d’artiste LaGonz, en faisant des petits dessins qui synthétisent des pensées, des moments de vie ». L’année dernière, l’illustratrice se plaçait tantôt en observatrice, tantôt sous les feux des projecteurs lorsque ses créations se déroulaient en « live sketching », rétro-projetées sur un écran en direct pendant la table ronde. La jeune femme nous raconte comment elle avait abordé le défi : « J’avais préparé un lexique inspirationnel de dessins sur le thème de l’écologie dans mon carnet de croquis, que j’ai gardé sous la main et dans lequel j’ai parfois puisé sur le moment. C’était une vraie gymnastique cérébrale! Il y a beaucoup d’informations à la fois, entre ce qui se dit, ce qui se passe dans ma tête au niveau de la création, le canevas auquel je dois penser pour articuler les informations de façon attractive et structurée. Ce qui me plaît le plus, c’est de trouver comment je vais mettre tout ça en forme pour raconter des histoires! ».

Des histoires auxquelles chacun·e est invité·e à prendre part, du 17 au 25 mai à Genève!

Explore Demain
Du 17 au 25 mai 2025
Divers lieux du Canton de Genève
QG à la Salle communale de Plainpalais du 22 au 24 mai

Tout le programme sur : www.exploregeneve.ch

Quatre questions à Frédéric Josselin et Kim Schneider

Une réflexion écologique qui vous suit au quotidien ?
Frédéric Josselin : La question de l’héritage, ce qu’on nous a donné et ce qu’on va laisser.
Kim Schneider : Je suis convaincue – c’est un peu mon mantra – que le changement se fait à l’intérieur.

Une chose que le festival vous a apprise ?
Frédéric Josselin : Qu’il y a une force vive à Genève extraordinaire, source d’inspiration et de mouvement. Il y a une dynamique collective qui montre qu’on a énormément de carte en mains pour agir.

Pendant le festival, où est-on sûre de vous trouver ?
Kim Schneider : Ah!  Je peux vous dire, car j’ai reçu mes horaires : Je serai le 17 mai à 14h à la Ferme de Budé pour la table ronde sur le prix de l’alimentation, et dimanche 18 mai à 12h pour la table ronde Art et transition.

Le demain du festival, vous serez…
Kim Schneider : À Coppet pour un projet de fresque collaborative dans une école. Et je prévois aussi la post-prod des dessins du festival sur cette semaine-là, bien sûr !
Frédéric Josselin : Heureux, et probablement fatigué.

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