Témoignage : Tjasha Gafner, harpiste
Photo: Philippe Pache
Formation : HEMU de Lausanne (Master soliste, 2021), Juilliard School de New York (Graduate Diploma, 2022), HEM Genève (Master d’enseignement instrumental, 2024)
La vie de musicienne
« Certains mois sont très intenses, cette année c’était janvier ; j’ai eu une quinzaine de concerts sur cinq pays différents. Le mois d’après j’avais une seule date de concert. Je ne saurais pas expliquer pourquoi ! C’est un peu aléatoire, mais on en a besoin aussi, de ces temps de préparatifs.
D’un pays à un autre, il n’y a pas les mêmes cachets, le même respect du travail des artistes. J’ai la chance de travailler avec des personnes qui connaissent la valeur du travail qu’on donne, qui savent qu’il ne s’agit pas juste de jouer sur scène. Ce n’est pas toujours évident de vivre de son art, mais la plupart du temps, je peux décrocher le téléphone et choisir les projets selon mes disponibilités et mes intérêts. […] C’est un luxe, j’en suis consciente !
Mon temps est partagé entre les performances, les voyages – comme je passe beaucoup de temps dans le train, il faut savoir comment mettre ça à profit –, quelques cours donnés en présentiel et en ligne, et le temps de repos. J’essaie de garder minimum deux jours par mois pour me ressourcer, ne voir personne, aller chercher le silence. Souvent je vais à la montagne et ne suis pas joignable »
La force des harpistes
« En Suisse romande, la communauté des harpistes est très liée. On a un groupe WhatsApp sur lequel on est une cinquantaine. On discute beaucoup de ce qu’il faut accepter ou pas, de nos revendications, de ce à quoi on fait attention, etc. On est soudé∙e∙s en tant que musicien∙ne∙s, et on essaie vraiment d’être transparent∙e∙s. Je pense que ça, c’est une nouveauté de notre génération : le fait d’exposer une situation à laquelle on a été confrontées, de dire si on l’a acceptée ou non et pourquoi. On fait en sorte de faire bloc, pour ne pas dire oui à une proposition mal considérée, par exemple. Ça permet d’affirmer un standard auprès des personnes qui veulent engager des harpistes dans un projet, et de forcer certaines choses à changer. Disons, on est en train de mettre ça en place depuis environ un an, et ça se développe par bouche-à-oreille. »
Récapitulatif de quelques points que fait ressortir ce témoignage:
- L’union fait la force
- La communication et la transparence permettent de réfléchir ensemble et tendre vers un fonctionnement viable
- Le fait que les harpistes soient une communauté moins nombreuse que d’autres, comme les pianistes ou les violonistes, par exemple, aide probablement à cette communication fluide et directe, qui mène à une cohésion forte.

