Depuis 80 ans, la Geneva English Drama Society divertit les anglophones et anglophiles du bassin genevois. En ce moment au Théâtre de Terre-Sainte de Coppet, elle propose une semaine de représentations de la pièce Steel Magnolias, portée par de talentueuses comédiennes.
Texte de Frida
Robert Harling, l’auteur de la pièce, l’a écrite peu après le décès de sa sœur Susan avec la volonté de raconter l’histoire de cette dernière et d’en chérir le souvenir. Celle-ci souffrait de diabète et les médecins lui déconseillaient d’avoir un enfant en raison des complications que cela pourrait engendrer. Elle a pourtant tenu à réaliser ce rêve. Malheureusement, la grossesse a fatigué son organisme, lui provoquant de graves problèmes rénaux.
Robert Harling ne s’attendait pas à entendre des rires fuser lors des premières représentations de sa pièce et c’est pourtant ce qui arriva, et ce qui n’a jamais cessé au fil des années. Ce récit tragique ne transforme en effet pas la pièce en un spectacle larmoyant. L’auteur ne se focalise pas uniquement sur la maladie de sa sœur mais aussi sur sa vie et celle des femmes qui l’entourent. La personnalité des protagonistes et la saveur des dialogues sont un véritable hommage à la vie, avec ses joies et ses peines.
Le public assiste aux échanges entre six femmes qui se retrouvent régulièrement dans le salon de beauté d’un village de Louisiane. Les discussions mises en scène ont lieu à différents moments de leur existence et s’étalent sur plusieurs années. On entre dans l’intimité de ces personnages, voit leur évolution et le renforcement de leur amitié. Six femmes, un salon de beauté, le contexte pourrait paraître superficiel. Les spectateur∙ice∙s se rendront rapidement compte qu’il n’en est rien. Sous l’humour et la légèreté, des sujets sérieux et profonds sont abordés. Les personnages partagent leurs réflexions sur leur mariage et sur leurs insatisfactions.
Chacune possède une personnalité propre et dévoile son unicité tout au long de la pièce. Robert Harling brosse un beau portrait de sa sœur au travers du personnage de Shelby. Elle se montre déterminée, forte et joyeuse et n’a aucune envie que sa condition définisse sa vie. Sa mère, M’Lynn, s’inquiète continuellement de son état et n’approuve pas toujours les décisions de sa fille, mais elle agit toujours avec amour. Sous couvert d’une relation parfois chaotique et conflictuelle, les deux femmes s’aiment tendrement.
Photos: Geds
Une attention spéciale semble portée aux tenues des protagonistes en parfait accord avec leur personnalité. Shelby nous fait notamment sourire avec sa passion pour la couleur rose qu’elle porte constamment. Truvy, la pétillante propriétaire du salon de beauté qui raffole de potins, s’habille de jupes courtes et de talons. M’Lynn porte toujours la même coupe de cheveux, simple et pratique. Sa fille pense qu’elle se rapproche davantage d’un ballon de football que d’une réelle coiffure.
La pièce se révèle drôle et touchante. L’actrice Olga Derenkova est excellente quand elle campe Ouiser, une vieille fille au caractère revêche et à l’humour décapant. Le public rit autant de son ironie que de sa personne. Comme elle le dit si bien: “I’m not crazy, I’ve just been in a very bad mood for forty years.” (“Je ne suis pas folle, mais juste de mauvaise humeur depuis quarante ans“.
Gillian Barmes, dans le rôle de M’Lynn, bouleverse quant à elle les spectateur∙ice∙s. Les mots poignants qu’elle prononce regorgent de colère et d’incompréhension face au sort de son enfant. Elle n’aurait pas fait les mêmes choix que sa fille et ne comprend pas toutes les décisions que cette dernière a prises. Mais elle l’a soutenue et a accepté ses choix. C’est une pièce profondément humaine qu’a mise en scène Neil-Jon Morphy.
Steel Magnolias
Du 8 au 12 novembre
Théâtre de Terre Sainte, Coppet
www.geds.ch