Après des années d’incertitude et de travaux, la scène musicale renaît sous les arches du Grand-Pont. Une réouverture qui marque un tournant dans l’offre culturelle de Lausanne et la réinjection de vie dans un secteur musical en pleine évolution.
Texte et propos recueillis par Emilie Zoller
Article en collaboration avec le Master de spécialisation en analyse des discours et de la communication publics, UNIL
L’historique des travaux en bref
Il y a quelques semaines encore, l’entrée du Romandie sous le Grand-Pont était fermée, et des barrières cachaient les rénovations qui se déroulaient sous les arches. Mais depuis la semaine dernière, ce lieu emblématique a enfin réouvert ses portes. Pour rembobiner les événements, la salle du Romandie avait dû fermer en 2020 en raison du covid. Quelques mois plus tard, la découverte d’infiltrations d’eau avait annoncé un avenir incertain pour le club. En 2021, la Ville de Lausanne réussit à débloquer des fonds pour financer les travaux nécessaires, permettant ainsi au Romandie, piloté par l’association …e la nave va, de reprendre son activité, accompagné d’une nouvelle voisine : La Brèche. Grégoire Junod, syndic de Lausanne, qualifie cette réouverture, quatre ans plus tard, de grande importance pour l’offre culturelle lausannoise: « Cette réouverture vient couronner une politique de renforcement du soutien de la ville de Lausanne aux musiques actuelles initiée en 2019 […] dans la perspective de proposer de nouveaux dispositifs qui répondent mieux à l’évolution qu’a connu le domaine musical depuis une vingtaine d’années ». Cette politique a ainsi permis aux deux associations de pouvoir s’installer dans de nouveaux espaces adaptés pour redynamiser les scènes musicales locales.

Grégoire Junod lors de la conférence de presse
© Ville de Lausanne – Mathilde Imesch
Photo de haut de page: Le Romandie deux semaines avant sa réouverture. Photo: Emilie Z.
Le lieu
C’est sous les arches du Grand-Pont, dans ce lieu historique, que se trouvent désormais ces deux salles de concerts. Grégoire Junod se réjouit de cet emplacement : « C’est à la fois un lieu splendide, et j’en suis convaincu, deux salles qui vont être assez uniques à Lausanne et en Suisse romande, par leur emplacement ». En effet, la localisation au cœur de la ville, dans le quartier du Flon et à proximité des stations de métros et de nombreux bus, permet au public de venir de partout. De plus, les rénovations ont permis d’augmenter la capacité d’accueil du Romandie, passant de 240 à 300 personnes, et d’accueillir, en voisine, la salle de la Brèche, gérée par l’Association du Salopard. Diane Delallée (présidente de l’association …e la nave va) décrit cette différence de capacité d’accueil comme une « complémentarité idéale avec la salle de La Brèche, plus intimiste ». Ces deux espaces permettent ainsi de répondre à une diversité de projets musicaux, offrant au public lausannois une véritable richesse d’expériences sonores.
La musique et les rendez-vous
Quant à la programmation musicale, Alicia Paladino (programmatrice du Romandie) évoque pour l’association …e la nave va, « une programmation variée mais qui répond aux envies du public actuel ». Cela inclut des têtes d’affiche aussi bien mainstream, tels que Disiz (ayant collaboré avec des artistes comme Yseult ou Damso) que de niche dont on citera quelques noms suisses comme Schade (le 6 mars 2025) ou Atlas Ashes (le 11 avril 2025). Du côté de La Brèche, Nikita Thévoz (responsable communication et co-programmatrice de l’Association du Salopard) explique que cette volonté est également présente : « Ça veut dire aussi qu’il y en a pour tous les goûts, on a essayé vraiment de toucher un maximum de styles et de repenser nos entités au niveau de l’offre culturelle. […] Nous mettrons en lumière des artistes émergents et des projets audacieux, tout en laissant une place à des musiciens confirmés souvent désireux d’explorer de nouveaux horizons. » En résumé, ces deux lieux ambitionnent d’offrir une scène ouverte à toutes les envies musicales, où chaque concert devient une invitation à la découverte et à l’expérimentation.

Quoi de plus ?
En plus de l’offre musicale, Nikita Thévoz nous apprend que Le Salopard souhaite offrir un espace aux artistes et aux structures culturelles locales « en recevant des festivals et en accueillant régulièrement des résidences dans un cadre propice à l’expérimentation et à la réflexion autour de leurs projets ». Elle ajoute que ces résidences visent à proposer, aux artistes qui le souhaitent, un accompagnement technique, mais également des formations sur des sujets dits « essentiels tels que l’administration et la promotion d’un projet artistique ». Le club se positionne ainsi comme un véritable tremplin pour les artistes, favorisant leur développement et leur insertion dans le monde musical et culturel. Pour ce qui est de la participation bénévole, Diane Delallée précise que l’association gardera « bien évidemment une partie de fonction bénévole, permettant aux personnes ne connaissant pas ce milieu de le découvrir et de s’y faire une place ». La démarche des deux clubs s’inscrit donc dans un désir de soutenir les musicien·ne·s en leur offrant des opportunités concrètes de développement, tout en démocratisant l’accès à ce milieu en favorisant l’implication bénévole. Cela permettra aux nouvelles générations de découvrir les coulisses de la musique et des événements culturels.
Et jusqu’à maintenant ?
Pour l’instant, le public montre un grand engouement face à la réouverture des deux clubs, comme en témoignent les affiches complètes pour les prochains concerts et les retours positifs après leur double crémaillère du 7 et 8 février. Si vous souhaitez réserver des billets, on vous conseillera donc de vous y prendre à l’avance pour avoir la chance de découvrir en ce lieu emblématique de nouvelles sonorités, tout en profitant du merveilleux cadre architectural que les salles offrent sous les arches.
Le Romandie et La Brèche
Place de l’Europe 1a – 1003 Lausanne
Le Romandie : www.leromandie.ch
La Brèche : www.la-breche.fun