Hier soir devant le public de la Comédie de la Gare, dans l’affaire “Garnier contre Sentou”, le verdict était sans évoque: deux heures de rire ininterrompu. Le duo révélé par l’émission “On ne demande qu’à en rire” livre un spectacle impeccable, terriblement déjanté et redoutablement efficace.
Le grand et le petit, le flegmatique et l’hystérique, le benêt et le manipulateur… le jeu des antonymes s’arrête là. Car bien que Cyril Garnier et Guillaume Sentou s’affrontent sur scène dans un combat dans lequel ils jettent en pâture leur amitié vieille de vingt-cinq ans, le public n’est pas dupe. Ce duo, c’est un mimétisme, une fusion, une infinie complémentarité.
Sortant du cadre strict du sketch, Garnier et Sentou tissent une trame autour de leur amitié, revenant sur les circonstances obscures de leur rencontre, leurs premières conquêtes et les inévitables disputes où le seul gagnant est la mauvaise foi. Les scènes s’enchâssent à la manière d’une pièce de théâtre et défilent une série de personnage, de l’adolescente écervelée à l’avocat véreux croqués à la perfection.
Le fil rouge? Une indestructible complicité, construite depuis l’enfance et qui permet tous les détours, tous les fous-rires, toutes les improvisations: Garnier retombe toujours sur les pattes de Sentou qui rattrape toujours Garnier au vol. Sur scène, l’amitié se déploie avec générosité et délectation, un peu d’émotion parfois. On rit beaucoup, tout le temps, et puis soudain, une vanne fulgurante ou un pas de danse nous rappelle le travail que cache chaque éclat de rire. Le duo nous impressionne par son impressionnante maîtrise dissimulée sous un apparent bordel. On ne peut que penser au parcours de ces deux comédiens. Pour Sentou, une vocation, pour Garnier, une reconversion. Un jour de 2005, ils décident de partager une scène, juste pour voir. La suite est connue. Trouver son clown, c’est important pour un acteur. Mais quand ce clown est son meilleur ami, c’est encore mieux.
Texte: Marie-Sophie Péclard