Texte: Adélaïde Offner
Dans un décor de coulisses où se mêlent un mythique miroir de star à ampoules et un phonographe, Nicolle Rochelle, une artiste métisse du New Jersey, incarne avec humour et justesse Billie Holiday. Ce spectacle, « Le Blues de Billie Holiday », du Swiss Yerba Buena Creole Rice Jazz Band, un orchestre de jazz aux créations folles, parle d’un combat pour la liberté qui nous a fait vibrer.
Billie Holiday enchaîne les morceaux entrecoupés d’anecdotes sur sa vie. Avec son accent anglophone, elle enjolive des souvenirs tels que le mariage imaginaire de ses parents lorsqu’elle avait trois ans. Elle nous dévoile également les coulisses de ses concerts en tant que seule noire du groupe, obligée de passer par derrière alors que les autres entraient par la grande porte, ou encore interdite d’utiliser les mêmes toilettes que les blancs. Elle nous raconte ses combats à travers des chansons comme Strange fruit, métaphore du lynchage des Noirs dans le Sud des Etats-Unis, et progressivement nous divulgue, de manière enjolivée et avec énormément d’humour et d’ironie, ses problèmes d’alcool et de drogue qui, à cause d’un sevrage en clinique, l’envoyèrent une première fois en prison.
Puis vient la confession d’avoir toujours voulu un petit club, où elle pourrait jouer ce qu’elle veut, comme elle le veut et quand elle le veut, ou même changer de chanson au milieu d’une autre si l’envie lui en prenait. Et la chanson finale tombe, plongeant le spectateur dans une légère mélancolie. Au milieu des applaudissements admiratifs retentit la voix du personnage déclarant qu’elle ne peut tout de même pas finir sur une chanson si triste… et le show continue.
Pour la petite anecdote, au bis, un invité inattendu a fait son apparition. Le temps d’une danse et d’une chanson, son petit chien accompagnait la si talentueuse Nicolle Rochelle.