Le Reflet de l’amour et du hasard

Samedi soir, sur les planches du Reflet  – Théâtre de Vevey se jouait un classique: « Le Jeu de l’amour et du hasard ». Un décor tout de marbre et de verdure, un brillant casting et une comédie d’amour intemporelle, tel fût le programme de la soirée.

Texte: Yann Sanchez

C’est au 6e rang du parterre que je m’installe, les yeux rivés sur le sublime décor mis en place pour l’occasion et les oreilles enchantées par le son du violoncelle de Vérène Westphal, déjà installée sur les hauteurs de la scène. Au travers d’une fenêtre ouverte au 1er étage de la demeure, la musicienne sera présente du début à la fin pour quelques interludes musicaux de toute beauté.

Du côté des comédien·ne·s, on retrouve Vincent Dedienne, l’exégète tarabiscoté comme il aime à se définir sur Instagram. Chroniqueur TV, humoriste, auteur et acteur, il est le lauréat d’un Globe de Cristal 2019 du meilleur comédien pour cette pièce-ci. Laure Calamy est également de la partie. Une notoriété grandissante auprès du grand public grâce à son personnage de Noémie dans la série « Dix pourcent », elle est quant à elle la lauréate d’un Molière 2018 de la comédienne dans un spectacle de théâtre privé également pour cette pièce-ci. Le reste du casting n’est pas en reste car il est composé ce soir de Clotilde Hesme, Emmanuel Noblet, Cyrille Thouvenin et Alain Pralon, sociétaire honoraire de la Comédie-Française. À la mise en scène, c’est Catherine Hiegel qui tient les rênes, elle aussi nommée aux Molières dans la catégorie théâtre privé. Quand je vous parlais d’un brillant casting…

Photo: Pascal Victor/ArtComPress

« Le Jeu de l’amour et du hasard » est sans doute l’œuvre la plus célèbre de Marivaux. Jouée pour la première fois au 18e siècle, cette histoire faite d’amour et de hasards plus ou moins orchestrés est très caractéristique du style de son auteur. Son nom a même donné naissance au verbe « marivauder » et par extension au mot « marivaudage » et ce, de son vivant. « Marivauder » c’est échanger des propos galants et raffinés, en résumé. C’est ce parlé si atypique, ces nouvelles expressions et sa façon de manier la langue française qui ont bâti sa réputation et son succès.

Les thématiques de cette pièce et les questionnements qui en ressortent sont toujours d’actualité. On parle du sentiment amoureux, de mariages arrangés, de lutte des classes, d’incertitudes vis-à-vis de son ou sa partenaire et de l’aspiration au bonheur. Deux marié·e en devenir, deux stratagèmes identiques, quatre arroseur·euse·s arrosé·e·s, deux personnages dans la confidence pour deux heures très rythmées de confusions, de rebondissements et de sentiments.

À la sortie du théâtre, j’ai le sentiment que ce cocktail marivaudesque fonctionne encore et toujours. Je ne dois pas être le seul à le penser car en observant le public quitter les lieux, je vois des visages ravis et j’entends des « Ça c’est du Marivaux! » et des « On aurait vraiment raté quelque chose si on n’était pas venu! ». Le rappel des comédien·ne·s couronné·e·s de longs et bruyants applaudissements m’en étaient déjà témoins.

À revoir: Samedi 20 avril au Théâtre du Crochetan à Monthey.

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