Ciné-concert Charlie Chaplin « La Ruée vers l’or », par l’Orchestre de Chambre de Genève, dirigé par Philippe Béran, le mardi 11 juin au Rosey Concert Hall, Rolle.
Chargé·e·s de la distribution des programmes et du contrôle des billets, les élèves de l’Institut Le Rosey, dont l’emblème doré brille sur le revers gauche de leur veston, accueillent chaleureusement les spectateur·trice·s au dernier événement de la saison 2018-2019.
La lumière s’éteint, le public regagne les sièges, Marie-Noëlle Gudin monte sur la scène afin de prononcer un bref discours, à la fois d’introduction (à une nouvelle saison) et de clôture (de celle en cours), puis apparait l’Orchestre de Chambre de Genève, suivi de Philippe Béran, leur irremplaçable dirigeant, comme le présente M.-N. Gudin.
Charismatique et charmant, le chef d’orchestre fournit au public quelques informations plus détaillées et assez curieuses sur la projection. Par exemple, la première a eu lieu le 26 juin 1925 et est considérée comme la plus luxueuse de son époque. Le nombre de figurant·e·s s’élève à 2500 personnes, un chiffre important pour le cinéma d’antan. Le film dure une heure vingt-six minutes et vingt-six secondes et ne prévoit aucune pause dans la musique, bien qu’il y ait toutefois quelques minutes de répit lors de la transition d’un épisode à l’autre.
Après nous avoir distraits par ces faits intéressants, Philippe Béran nous explique la composition de l’orchestre, en faisant lever à chaque musicien·ne son instrument, une façon inhabituelle et originale de présentation.
Les premiers sons retentissent, la salle retient son souffle, fascinée par la magie du cinéma muet. L’union dans lequel se marient l’image et la musique est juste parfaite. Dès le début, le contraste musical entre le Vagabond, Charlie Chaplin, et les autres chasseurs d’or est basé sur la lourdeur des uns et la légèreté de l’autre, souvent rendu par staccato. La musique nous induit en illusion tout le long, par exemple, en faisant croire que les personnages chantent de leur propre voix.
Quant à l’intrigue, elle se fonde sur un fait historique. En 1896, dans la région canadienne du Klondike, l’or fut découvert. Une année plus tard, de nombreux prospecteurs américains arrivèrent à sa recherche, malgré les conditions climatiques extrêmement dures. Ils quittaient leur poste et se jetaient dans l’affaire le corps perdu. C’était une véritable « fièvre de l’or ». Le film reprend la traversée du col Chilkoot, à la frontière entre les États Unies et le Canada.
Chaplin représente un chercheur d’or qui se balade tout seul à la montagne en espérant tomber un jour sur un trésor. Lorsqu’une tempête de neige le surprend, il est obligé à entrer dans la cabane d’un bandit, sans s’en rendre compte. Il échappe néanmoins à la mort grâce à l’apparition d’un autre chercheur d’or, Jim. Comme la tempête persiste, les trois hommes sentent l’appel de la faim. C’est à ce moment-là que le spectateur voit la fameuse et épouvantable scène de famine où Charlot cuisine et déguste un soulier. Qui pouvait savoir alors qu’elle se reproduirait à Leningrad assiégé, sans le moindre but comique cette fois-ci? Le bandit part à la recherche de provisions et les personnages bientôt se séparent. Après une suite d’événements, Charlot descend au village où il tombe amoureux de Georgia, une fille de saloon, qui non seulement le rejette, mais aussi le prend constamment en dérision. Jim resurgit et demande au Vagabond de lui montrer la cabane. Il est persuadé d’y trouver de l’or et ne se trompe pas. Ils deviennent riches. Ainsi l’amante est finalement conquise!
Anti-capitaliste, touchante, semblant être tout à fait d’actualité, cette comédie sème un grain de réflexion dans l’esprit du spectateur, sans oublier de l’amuser d’abord.
Texte: Margarita Makarova
Pour découvrir ce que le Rosey nous réserve pour sa saison 2019-2020:
www.roseyconcerthall.ch