Joséphine la cantatrice ou le peuple des souris, dernier récit de Franz Kafka, conte l’histoire d’une fausse diva avide de scène et de célébrité. Bien que son art ridicule se rapproche plus des couinements de souris que du chant, Joséphine réussit néanmoins à envouter le public d’une manière inexplicable, soulevant ainsi la question de la nature et de l’essence de l’art.
Mise en scène par Gabriel Alvarez, la pièce plonge le spectateur dans un univers burlesque, lugubre, teinté d’humour où Joséphine évolue entre son boudoir orné d’extravagantes chaussures et un pianiste collectionnant les bouteilles d’alcool. Si en début de représentation l’on craint pour ses oreilles, le spectacle mêle finalement couinement, chant populaire et sonorité électrique avec beaucoup d’harmonie, et la voix tantôt suave, tantôt rauque de l’actrice nous hypnotise de la même manière que Joséphine fascine son public.
L’exercice du (quasi-)monologue peut s’avérer difficile, mais le jeu d’acteur est ici parfaitement maîtrisé et sublimé par les accessoires. En tombant manteau, perruque et chaussures, Joséphine se dénude lentement pour révéler la femme qui se cache derrière les paillettes et la vanité, une femme certes névrosée, mais hantée par des peurs somme toute fort communes telles que la reconnaissance, la vieillesse ou encore l’avenir de notre société.
Joséphine cantatrice du peuple des souris, à découvrir jusqu’au 14 décembre 2014 au Théâtre du Galpon.
Texte: Aurélie Quirion