Depuis jeudi, les bords du lac vibrent au rythme de l’humour. À Montreux, le 2m2c s’est transformé en fourmilière géante où grouillent spectateurs et humoristes. Mots d’ordre: vanne et rire. Échange gagnant. L’Agenda vous raconte.
Mais avant Montreux, passage par Genève où Laurent Gerra a donné ce mercredi 3 décembre une avant-première au Théâtre du Léman. C’est que, tout comme le Montreux Comedy, l’humoriste fête ses vingt-cinq ans de scène. Sa tournée anniversaire s’est donc arrêtée par le bout du lac où il a donné une version généreuse de son spectacle « normal ». La formule du succès ne change pas: imitations minutieuses et plus vraies que nature de ses personnages fétiches, de Fabrice Lucchini à Serge Lama en passant par Michel Drucker et Johnny Halliday, tous ses amis étaient là! Il les griffe avec humour et tendresse et réserve une belle part à l’hommage et l’émotion, notamment quand il reprend « Quand on a que l’amour » sous les traits de Johnny. Les politiques et leur incompétence ne sont pas en reste. Finalement, c’est même le coeur du spectacle. Henri Salvador commence le show avec « Faut rigoler avant que le ciel ne nous tombe sur la tête ». Le clou du spectacle est le moment où, casque de moto à l’appui, Laurent Gerra imite le Président dans un numéro presque muet de sept minutes hilarantes, et dans lequel François Hollande promet de faire encore des promesses… Un constat un peu amer sur la situation française, que l’imitateur combat avec brio par l’humour.
Laurent Gerra était également très attendu au Gala d’ouverture du jeudi, mis en scène par Jérémy Ferrari avec la complicité de Caroline Vignaux. Partant des vingt-cinq ans du festival, l’humoriste a imaginé un show dans lequel personne ne saurait ce qu’on fête, parce que Caroline Vignaux a oublié de mentionner le thème aux invités… Ainsi, les humoristes présentent un sketch totalement décalé, faisant découvrir au public enthousiaste leur univers. Dans la liste, on trouvera beaucoup de pupilles de l’émission de Laurent Ruquier « On ne demande qu’à en rire ». Après la prestation réussie de Laurent Gerra-Michel Drucker, Antonia de Rodinger met la barre très haut avec son sketch sur l’épilation. Se succèdent Les chevaliers du Fiel, Anne Roumanoff, Karim Slama, Olivier de Benoist, Tano, les Décaféinés et Vérino, avant de retrouver le Président Hollande (Gerra) se faire interviewer par Raphaël Mezrahi: beau moment de complicité et de fous rires à peine maîtrisés.
Entre deux, Jeremy Ferrari et Caroline Vignaux passent les plats: des transitions efficaces et drôles, jouant sur l’opposition entre la lumineuse ex-avocate, toute de paillettes vêtue, et le sale caractère du « prince » de l’humour noir, comme le surnomme la presse. Ce dernier, qui a écrit le gala, sait se mettre en retrait pour sublimer sa partenaire ou les autres comédiens. Il reste néanmoins que l’ensemble manque de liant, laissant un sentiment de sketches à la chaîne. Il est dommage, pour les vingt-cinq ans, de n’avoir pu trouver plus de cohérence entre les artistes.
Le résultat reste cependant très séduisant et augure de très belles rencontres autour du rire cette semaine.
Texte: Marie-Sophie Péclard