Hakanai: songe poétique

L’Arande, lieu majeur de la vie culturelle à Saint-Julien-en-Genevois présentait le jeudi 17 décembre une performance aux frontières de la danse et du numérique, Hakanaï, de la compagnie Adrien M/Claire B.  Dans un cube animé, une danseuse donne vie à des images et nous plonge dans un instant de songe éveillé et de poésie moderne.

 A l’arrivée dans la salle, nous sommes intrigués par l’installation en place.  Au centre, sur le même niveau que celui des spectateurs, se trouve un cube aux parois en tulle. Le public se répartit tout autour des trois faces, la dernière permettant l’entrée et la sortie de la danseuse.

Des images animées, sous forme de lignes, formes et symboles que l’on observe avec curiosité et intérêt dans l’attente du début de la representation, défilent sur la surface du volume grâce à un dispositif de quatre vidéos synchronisées.

 Puis la danseuse fait son entrée dans la salle obscurcie. Toute vêtue de blanc, elle fait le tour du cube à pas légers et entrecoupés. La proximité avec le public est surprenante, à seulement quelques mètres des spectateurs du premier rang.

HAKANAI Compagnie AMCB Danseuse AKIKO KAJIHARA THEATRE DE ROANNE MARS 2014 Photo: Romain Etienne
HAKANAI
Compagnie AMCB
Danseuse AKIKO KAJIHARA
THEATRE DE ROANNE
MARS 2014
Photo: Romain Etienne

Elle entre ensuite dans le cube, espace de sa performance. Le volume sera le support à son improvisation artistique et chorégraphique. C’est elle qui va littéralement donner vie au ballet de lignes, formes et images par ses gestes et mouvements. Elle est la compositrice d’une partition visuelle à laquelle vient s’ajouter une création sonore réalisée en direct.

La danseuse nous transporte alors dans un voyage visuel dont elle maîtrise et imagine chaque étape. Elle débute au sol dans une position foetale. Les mouvements, la musique et les projections sont calmes et lentes. Puis la performance gagne en amplitude de mouvements, en accéleration d’images sur une musique plus dense et présente avec des basses assourdissantes. On navigue dans plusieurs univers. Le cube se fait tantôt cage, décor poétique ou futuriste.

 Dans ce tourbillon d’images on ne sait plus vraiment si la danseuse appartient à notre réalité ou à une réalité numérique. Les lignes blanches habillent son corps, la dispersion des images se fait sous ses gestes et les mouvements de ses mains. On se dit alors que la proximité du début fortement contrastée avec cette immersion dans un cube virtuel constitue alors l’essence même de la performance. Songe ou réalité? En langue japonaise “Hakanaï” signifie  ce qui est impermanent, fragile, évanescent, transitoire, entre le rêve et la réalité. Il s’écrit en conjuguant deux éléments, celui qui désigne l’homme et celui qui désigne le songe.

Jamais un titre n’avait été en si belle adéquation avec le spectacle. Cette performance unique et improvisée se vit l’instant des quarante minutes qui s’écoulent. Le concept est tellement immersif qu’on se laisse facilement prendre au jeu et au voyage personnel de la danseuse qui passe d’une intériorité à une plus grande ouverture au monde au fur et à mesure de la performance, pour finir en une ascension virevoltante.

À l’issue de la chorégraphie le public est invité à entrer dans l’espace de la boîte pour intéragir avec le dispositif numérique et ainsi entrer dans le décor de la scène et du songe.

Texte: Julia Faivre

 Hakanaï, Performance dansée
Conception et mise en scène: Adrien Mondot et Claire Bardainne
Danse: Akiko Kajihara

HAKANAI Compagnie AMCB Danseuse AKIKO KAJIHARA THEATRE DE ROANNE MARS 2014 Photo: Romain Etienne
HAKANAI
Compagnie AMCB
Danseuse AKIKO KAJIHARA
THEATRE DE ROANNE
MARS 2014
Photo: Romain Etienne
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