Au Mamco, la séquence automne-hiver du cycle « Des histoires sans fin » s’annonce riche et diversifiée, jusqu’au 18 janvier 2015

Après avoir été restructuré par l’artiste Tatiana Trouvé, le Musée d’art moderne et contemporain de Genève retrouve son espace originel, et fait de la place pour six expositions temporaires et quatre ensembles monographiques issus de la collection du musée. Vous pouvez tout de même vous remémorer l’exposition The Longest Echo de cet été, avec l’installation Prepared Space de Tatiana Trouvé au premier étage.

Comme à son habitude, le MAMCO présente ses expositions par étage, commençons donc par le quatrième. Son intégralité est consacrée à l’exposition d’Ulla von Brandenburg 24 Filme, kein Schnitt. Pour la première fois, l’artiste allemande présente tous ses films réalisés depuis les années 2000. Ulla von Brandenburg n’est pas cinéaste, le format vidéo s’est imposé à elle et elle propose ses 24 œuvres comme autant d’images par seconde dans un film. L’artiste travaille en plan séquence, sans montage, elle exploite uniquement ce que la caméra lui offre, ce qui donne des formats et des longueurs différentes. Le montage s’effectue au travers de l’installation, et le visiteur fait le sien au gré des salles. Les murs sont peints avec le nuancier de Johannes Itten, ce qui confère aux projections en noir et blanc une coloration qui participe de l’ambiance de chaque salle. Concernant les sujets, on retrouve des thématiques sociétales et familiales. Ulla présente des formes de tableaux vivants où les mouvements sont stylisés, mais aussi des ombres projetées, des découpages et travaille aussi beaucoup sur les réflexions en filmant le reflet d’une scène dans une sphère. D’une grande complexité mêlée d’étrangeté, on peut parler de son art comme d’un « cinéma théâtral ».

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Ulla von Brandenburg, Après L’Argent / After L’Argent / Nach L’Argent, 2014 (image still) Film 35mm transféré en vidéo HD, 2 min. Court. de l’artiste ; Art Concept, Paris ; Pilar Corrias, Londres ; Produzentengalerie, Hambourg. Photo : Ilmari Kalkkinen –  Mamco, Genève

Au troisième étage on retrouve la lauréate du Prix Manor, Sonia Kacem et son installation Loulou. Le titre est le nom du perroquet de Félicité dans Un cœur simple de Flaubert. Avec ce nom, Sonia Kacem insiste sur son goût pour l’imitation et la répétition. L’autre axe de son exposition est d’inspiration orientaliste, elle reproduit des formes pyramidales. Mais pas n’importe lesquelles: durant sa résidence à New-York, Sonia Kacem rencontre la sculpture minimaliste de Donald Judd ou Tony Smith, mais aussi le kitsch de Las Vegas avec ce casino pyramidal, le Luxor, qui se dresse dans le désert. En résulte un travail d’agencement de matières antagonistes avec des structures habillées de drapés. Ici, la rigidité du bois vient se frotter à la fluidité du tissu, ces formes pyramidales arrangées méthodiquement dans l’espace.

Sonia Kacem, vue de l'exposition Loulou, Mamco, 2014 Photo : Ilmari Kalkkinen –  Mamco, Genève
Sonia Kacem, vue de l’exposition Loulou, Mamco, 2014
Photo : Ilmari Kalkkinen –  Mamco, Genève

Les travaux de Dennis Oppenheim se trouvent aussi au troisième étage. Sous le titre Proposals, le Mamco propose soixante-deux dessins de projets d’œuvres d’art architecturales. Autour des années 1970, D. Oppenheim travaille sur la façon d’inclure des structures architecturales dans la nature, ou plutôt dessine les plans d’un paysage géométrisé. Ces dessins sont classés selon par période chronologique et différenciés par leur couleur.

Passons au deuxième étage, avec l’artiste Suisse Stéphane Zach et Les voix de la peinture. Ancien étudiant de l’ECAL, Stéphane Zaech est peu connu en Romandie. Il travaille principalement la peinture à l’huile, de façon « classique » dirait-on. Mais dans ses tableaux figuratifs, représentant des scènes familières, un détail vient se loger dans le registre de l’étrange: un troisième œil sur le front d’une jeune femme, par exemple. La rationalité est troublée par ces éléments singuliers, illustrant l’indépendance de la peinture de Stéphane Zaech.

Stéphane Zaech, Prime, 2010-2013 huile sur toile Photo : Ilmari Kalkkinen –  Mamco, Genève
Stéphane Zaech, Prime, 2010-2013
huile sur toile
Photo : Ilmari Kalkkinen –  Mamco, Genève

Certaines œuvres de Franz Gertsch sont aussi exposées. Au sommet de l’hyperréalisme, on peut notamment voir le portrait de Luciano Castelli, Luciano I (1976) considéré par Christian Bernard comme un chef d’œuvre.

Au premier étage, François Martin nous délivre un ensemble de deux cent cinquante-neuf dessins, fruit de sa collaboration avec Jean-Luc Nancy, son ami et philosophe. François Martin dessine, et Jean-Luc Nancy est libre d’y ajouter du texte. Le résultat et une forme de correspondance épistolaire, mais surtout une émanation de la relation entre l’artiste et le philosophe. L’Amitié en est le titre.

Amy O’Neill y présente aussi sa série Trucks. Travaillant sur la subculture américaine des chauffeurs de camions, les « trucks », l’artiste met en exergue les codes esthétique particuliers à cette subculture, sans jugement ni condescendance. Au travers de ses dessins, c’est l’âme américaine qu’elle essaye de transcrire.

Le Mamco expose aussi Photographies de Marcia Hafif, Un hommage à Claude Rychner par Taxophilia Abissa, Seven books of poetry de Carla Andre, et Cry me a river de Kristin Oppenheim.

Au-delà de ces accrochages, on peut aussi voir des œuvres ressorties des collections du Mamco : Piece Maker (1985) de Donald Lipski ou Le Grand Burundun (I à V) (1974) de Roberto Matta pour illustrer la thématique de la Violence dans l’Histoire.

Des histoires sans fin, séquence automne-hiver 2014-2015, c’est jusqu’au 18 janvier au Mamco !

Texte : Rachel Mondego

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