Dès l’entrée dans le T/50 , caché dans la ruelle du Couchant, le décor nous appelle, comme s’il nous invite à le rejoindre. La scène est aménagée comme un confortable intérieur londonien et déborde de babioles qui sauront faire effet au moment le plus importun. Mais pour le moment, on découvre cet univers à la fois familier et étrange, ce « No man’s land » dans lequel évolue Hirst, propriétaire des lieux et hommes de lettres miné par l’alcool. Il a invité Spooner, poète à ses heures, qui serait bien incapable de dire pourquoi il est là et s’il convient mieux de rester ou fuir. Deux autres personnages rejoindront cette tragi-comédie sombre et prenante.
La scène devient alors un laboratoire d’observations des réactions humaines, selon les différents rapports entre les personnages qui ne sont jamais établis pour de bon. Par exemple, Hirst est-il un pantin ou le marionnettiste? Les tensions qui se développent à plusieurs niveaux (dans cette imprécision du texte, dans la gestuelle des comédiens, dans l’humour arrivant toujours en contrepoint) créent toute la saveur de cette mise en scène. Ajoutons le jeu admirable des quatre comédiens (Jaques Maître, Vincent Jacquet, Nicolas Fortini et Thomas Durant) et il devient alors impératif de découvrir cette adaptation de « No man’s land » d’Harold Pinter par la Compagnie Virgule. Jusqu’au 29 novembre au Théâtre T/50 à Genève.
Texte: Marie-Sophie Péclard