Lundi 6 mars, l’Alhambra recevait le chanteur israélien Idan Raichel, avec une première partie proposée par Noga et Patrick Bebey. Les deux concerts, bien que de styles différents, ont trouvé une cohérence comme un jeu de miroir, tissant chacun à leur manière une atmosphère envoûtante.
La soirée commence avec l’arrivée de la chanteuse genevoise Noga, accompagnée d’Olivier Koundouno et de son violoncelle. La voix retentit sur les cordes. Puis, Patrick Bebey les rejoint au piano. Le Camerounais forme depuis 2010 avec Noga un duo équilibré par leurs personnalités respectives. Elle est éblouissante et déterminée, il est détaché et joueur. Ensemble, ils proposent leur dernier album Laisser partir sorti en janvier 2016. Une musique métissée, jazz mêlée de sonorités africaines, sur des paroles pétillantes soufflées tant par l’intime que par l’universel, tant par le quotidien que par le monde. On se laisse bercer par la musique et piquer par les paroles qui interrogent notre rapport aux autres, on reste pendus aux lèvres de Noga.
Car l’une de ses forces est la maîtrise de sa voix. Douce ou puissante, elle se fonde dans les atmosphères, prend la forme des mélodies, déguste les délices de la langue française ou dérive sur les profondeurs du chant hébreu, s’échauffe encore en improvisation spontanée. L’entente entre les musiciens, évidente, teinte l’ensemble de douceur et de spontanéité auxquelles le public répond avec enthousiasme.
Les capteurs d’émotions des spectateurs sont donc déjà bien ouverts quand Idan Raichel fait son entrée sur la scène de l’Alhambra. Depuis les débuts de son Idan Raichel Project en 2002, l’artiste de renommée internationale a multiplié les collaborations prestigieuses dans de nombreux pays, promouvant une musique multiculturelle et ouverte à l’échange. Depuis 2016, il se consacre cependant à son premier album solo, At the Edge of Beginning. Un retour aux sources et à l’intimité pour celui qui est devenu père de deux petites filles. Sur scène, cela se traduit par des mélodies souvent douces et contemplatives, envoutées par la voix chaude et caressante d’Idan Raichel. Des paysages et des horizons sans fin se dessinent bientôt au fil de notes et de l’imagination. Seul à son piano, il s’amuse aussi avec une guitare et des percussions en format jouet empruntées à ses filles. Idan Raichel offre une prestation décontractée et généreuse.
Pendant le concert, Noga, Patrick et Olivier le rejoignent pour deux chansons, une forme d’improvisation commencée en coulisse et offerte au public pour prolonger le plaisir. La complicité des musiciens a encore prouvé, si besoin est,à quel point la musique est universelle.
Texte: Marie-Sophie Péclard
Photos: Irina Popa
Retrouvez Noga et Patrick Bebey en concert à Genève le 25 mars, dans le cadre du festival Voix de Fête.