Adapter l’un des plus grands classiques de la littérature enfantine à l’Opéra ? Voilà un beau challenge que vient de relever Michaël Levinas en proposant aux petits comme aux grands de (re-)découvrir l’histoire du Petit Prince dans une version lyrique !

Fidèle au conte d’Antoine de Saint-Exupéry, l’Opéra met en scène la singulière rencontre du Petit Prince, habitant d’une minuscule planète lointaine, avec un aviateur terrien perdu dans le désert saharien. Le jeune garçon lui raconte alors ses voyages sur d’autres astres et lui décrit les surprenants individus qu’il a croisés.
Malgré une entrée en matière un peu longuette où les mêmes trois phrases sont chantées sur tous les tons, le spectacle résume avec brio les préoccupations philosophiques principales soulevées dans le conte. Les émotions sont bien au rendez-vous et l’on ne peut s’empêcher de rire devant certains aspects de notre société tournés en ridicule, de frissonner d’effroi devant le serpent géant ou encore de ressentir un pincement au cœur lorsque l’aviateur comprend que son nouvel ami doit déjà s’en aller. Les comédiens évoluent au son d’une étonnante musique, parfois mélodieuse, parfois franchement dissonante. Interprétée par l’Orchestre de Chambre de Genève, cette musique est en effet soutenue de sons électriques rappelant l’univers étrange et décalé du roman. Le chant, quant à lui, se fait simple et peu varié, rendant l’opéra légèrement répétitif, mais surtout très abordable pour les plus jeunes.
La vraie force du spectacle réside surtout dans les décors et les costumes magiques et colorés, qui donnent vie à l’imaginaire de Saint-Exupéry. Grâce à un subtil jeu de projections, les paysages se transforment au gré des pérégrinations du prince, passant du désert rocailleux aux embouteillages d’une ville, tandis que les costumes permettent au même acteur de jouer à la suite un roi, un ivrogne, un allumeur de réverbères ainsi qu’un aiguilleur sans que le spectateur se rende compte du subterfuge !
Après avoir rempli la salle de l’Opéra de Lausanne en novembre dernier, Le Petit Prince éblouit les yeux du grand et du petit public genevois du 6 au 10 janvier au Bâtiment des Forces Motrices.
Texte: Aurélie Quirion