Peut-être avez-vous eu vent de cette nouveauté fraîchement arrivée à Genève: les concerts éclairés à la bougie, qui promettent au public une ambiance mystique et enchanteresse. Avec des représentations prévues au Théâtre Les Salons, au Victoria Hall, à l’hôtel Four Seasons et même au sommet du Salève (si, si) la start-up américaine Fever, toujours à l’affût de «bons plans», fait les yeux doux au public genevois et espère le conquérir à la lueur romantique des chandelles. Pari réussi?
Texte: Athéna Dubois-Pèlerin
Parmi la palette de spectacles à l’affiche, aux programmations joyeusement hétéroclites, il a fallu faire un choix après avoir considéré les différentes soirées annoncées, célébrant Chopin, Enio Morricone, Daft Punk ou la musique traditionnelle espagnole. C’est peut-être là la première chose qui interpelle et amuse lorsqu’on découvre Candlelight: une envie presque candide de proposer des saveurs pour tous les goûts, doublée d’une bonne volonté à toute épreuve. On y trouve du Hans Zimmer comme du Vivaldi, les soirées spéciales « musiques d’animes japonais » s’affichent de manière décomplexée à côté des Quatuors Beethoven. Rafraîchissant.
On s’embarque donc pour un concert « John Williams » au Théâtre Les Salons. Le cadre historique et élégant se prête parfaitement au jeu et contribue à l’atmosphère frémissante qui accueille le public. Au centre de la scène, un piano baigne dans la lumière tamisée de 2000 bougies. La pénombre participe étrangement à assourdir les sons autant que les couleurs, et au lieu du bavardage caquetant qui envahit généralement les salles de spectacle avant la représentation, à peine surprend-on çà et là quelques murmures intrigués. Le jeune pianiste, Franck Laurent-Grandpré, semble un peu décontenancé de découvrir une salle moins remplie que ce qu’il attendait (la faute conjointe au Covid et à l’heure tardive sans doute, la représentation débutant à 21h30) mais s’amuse de ce « petit comité » et s’exécute avec le sourire, n’hésitant pas à faire précéder chaque pièce musicale d’une courte introduction humoristique.
On redécouvre ainsi les compositions les plus iconiques de John Williams, de Star Wars à Jurassic Park en passant par La Liste de Schindler, toutes réimaginées pour piano solo. Laurent-Grandpré allie la sensibilité à la virtuosité, laissant d’abord entendre le thème épuré, avant de le redessiner avec passion, à la manière d’une série de variations ornées, où la ligne principale au loin surnage. Certaines pièces – on pense notamment à la bande-son d’Harry Potter – prennent une couleur particulièrement féerique dans la lumière vacillante des chandelles. On regrettera seulement peut-être que l’ampleur symphonique des pièces de John Williams, dont beaucoup reposent sur un vaste ensemble de cordes, peine à être restituée par un unique piano. On n’en salue pas moins la performance magistrale du soliste et on se réjouit d’un prochain rendez-vous Candlelight pour aller écouter des pièces au style légèrement plus intimiste.
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