Avelune ensorcelle déjà le Paléo

Mercredi début de soirée, le soleil tape sur la plaine de l’Asse. Alors que l’agitation commence à électriser l’air, voici que des notes cristallines interpellent vos oreilles. Vous suivez le fil, vous vous approchez de la scène boisée de la HES-SO: le duo Avelune, porté par les instrumentistes Emma Thomazeau et Baptiste Baudimant, offre ici une parenthèse magnétique. Mélange envoûtant de harpe, de trombone et de productions électroniques, vous vous trouvez convié.e à un voyage où l’art de la boucle croise les échappées organiques.

Je les rencontrais plus tôt dans l’après-midi en bord de scène, à l’aube des concerts.

Texte et propos recueillis par Laetitia Pralong
Photo: Hugo Siclier

L’Agenda: Avelune c’est un nouveau projet, à la croisée des genres et des pratiques musicales, quelle est l’histoire derrière ce duo?

Emma Thomazeau: On s’est rencontré en participant à l’Orchestre français des jeunes. On était dans des cursus très classiques tous les deux et est venue la question de savoir ce qu’on allait faire après. Comme on écoute particulièrement des musiques actuelles et électro, il y avait une envie de mêler les deux pour faire un projet qui nous parlait.

Est-ce qu’il y a des artistes qui vous sont apparu∙e∙s comme références? Qu’est-ce qui nourrit votre jeu?

Baptiste Baudimant: J’écoute beaucoup de musiques électro et instrumentales, j’aime beaucoup Kiasmos, Ólafur Arnalds et aussi des artistes français, comme Superpoze, Fakear ou Thylacine.

Je suis tombée un extrait du morceau Rémanence que vous avez produit lors du festival Lavaux Classic et j’ai été fascinée en voyant la harpe suivre l’aspect répétitif des boucles électroniques. Comment tu ressens ce jeu instrumental particulier Emma?

E. T. : Tu veux dire le style minimaliste? La transe c’est peut-être un grand mot, mais il y a quand même ce côté où tu rentres dans une vibe, où tu vois de l’extérieur.

B. B. : La musique minimaliste c’est un peu comme de l’hypnose.

E. T. : Après, je ne suis pas fan que ça se répète pendant 15 minutes, ce n’est pas forcément le but !

B. B. : Oui, tu es tombée sur le morceau le plus répétitif. On a souvent beaucoup d’idées, donc nos morceaux partent dans des directions vraiment variées. Certains sont même très lyriques, en fait.

E. T. : Je crois qu’on fait des musiques imagées. Il y a souvent des gens qui nous disent que ça ressemble à des musiques de films. Le fait de prendre le son naturel des instruments et d’amener ensuite l’électro – avec des nappes par exemple – crée quelque chose de particulier.

D’une certaine façon vous vous affranchissez du cadre strict de la boucle électronique?

E.T. : C’est vrai que ça dépend beaucoup. Il y a certaines parties de morceaux qui doivent être très cadrées, parce qu’avec l’électronique tu es obligé. Mais on alterne avec des parties plus libres, dans lesquelles la production électro est moins mesurée.

Vous faites des concerts dans des contextes très divers, aussi bien le Lavaux Classic que le Paléo. Différentes scènes et donc, différents publics…

E. T : Je trouve ça trop cool d’aller chercher des publics variés! On a joué dans plein d’endroits, qui n’ont rien à voir les uns avec les autres et au final, le fait d’assumer notre identité, ça a l’air de plaire.

B. B. : On aime bien dire qu’on mélange de la musique classique et des musiques actuelles, qu’on montre un bout de classique au gens quand on fait des scènes de musiques actuelles et inversement. On essaie de décloisonner, d’ouvrir les barrières

Vous avez eu des surprises dans le début de ce projet Avelune?

E. T. : Oui! Autant sur les sonorités que sur les opportunités.

B.B. : Déjà jouer Paléo, on a trop de chance et on ne réalise pas encore bien.

E. T. : On a aussi la chance de pouvoir sortir un album en novembre avec le label Claves. C’est une super opportunité qui nous force à grandir assez vite.

Vous jouez ce soir deux sets différents, comment ça va se passer?

E. T. : Le premier set est très intimiste, il se construit autour de poésies. On a mis des textes en musique, qui sont écrits par Caroline Despont, une poétesse de la région, et qui ne sont pas encore édités. En fait, j’ai croisé Caroline dans le train, elle était en train de travailler sur son manuscrit, et il y a une forme de connexion, de sororité qui s’est créé, d’où l’idée d’une ambiance intimiste, calme. Pour le deuxième set il y aura des lumières et ce sera plus électro. On n’est pas sur de la grosse techno, mais ça va bouger!

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Vous ressortez du concert avec le sentiment d’avoir assisté à un concert rare, heureuse pépite dénichée. Une proposition poétique, puissante et dansante, le duo Avelune réussit définitivement son entrée dans la plaine des grands.

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