Du crime à l’écriture
Au salon du livre cette année, le roman policier a l’honneur de posséder sa propre scène du crime. Divers auteurs sont invités à discuter sur différentes questions autour de leurs œuvres. L’Agenda s’est intéressé à la conférence dévoilant la vie des professionnels du crime écrivant des policiers ou thrillers. Louise Anne Bouchard interviewait Nicolas Feuz, procureur à Neuchâtel, Danielle Thiéry, première femme haut commissaire et Mark Zellweger, ancien stratège pour les services secrets.
En tant que première femme divisionnaire, Danielle Thiéry est très vite et souvent contactée par la télévision et d’autres médias. Elle a d’ailleurs écrit une partie de sa biographie dans « La petite fille de Maria » ; comme ce livre a vingt ans, il n’est plus publié. Mais c’est par envie qu’elle décide d’écrire des romans policiers. Interrogée sur son dernier livre « Dérapage », l’auteur dévoile qu’elle ne s’inspire pas de ses enquêtes pour écrire. Cet ouvrage est né d’une discussion sur le lait maternel que les scientifiques ne peuvent pas encore dupliquer par manque de connaissances. Cet ouvrage explore le désir de rester en vie et éternellement jeune. En septembre, cet auteur, primé par le prix du Quai des Orfèvres en 2013, va sortir son nouveau livre : « Tabou » qui étudie la violence faites par les femmes.
Quand Louise Anne Bouchard demande à Nicolas Feuz si son travail a finit par l’atteindre psychologiquement, il répond sur le ton de l’humour « non, mais c’est peut-être du déni ». Très marqué par les auteurs de thrillers français, comme Jean-Christophe Grangé, il décide de se mettre à l’écriture. Ses histoires, sans jamais reprendre d’affaires réelles, sont le mélange de son travail et de sa passion. Dans « Les Bouches », son dernier roman, le héros, Eric Beaussant, s’inspire un peu de son caractère, mettant un peu de ses qualités et défauts dans chaque personnage, flics comme sérial killer. Cette affaire se passe en Corse, île que Feuz a visitée pour s’imprégner de l’atmosphère, parce que les sensations ne sont pas les mêmes si les écrivains décrivent un endroit en observant Google Maps ou s’ils décrivent des souvenirs. Les limites à ne pas franchir dans le roman policier sont fixées par l’avis des lecteurs. Sinon il ne s’en pose pas, sauf en ce qui concerne les noms réels. Il ne met jamais une institution connue dans ses livres pour éviter toute accusation de diffamation.
Mark Zellweger ne peut en aucun cas s’inspirer de son travail pour écrire ses livres. Encore étonné aujourd’hui, il révèle que jamais il n’aurait pensé devenir auteur. C’est en lisant Constantin Malnik, un ancien coordinateur des services de renseignement français, que l’envie de faire de même se développe. Grâce à sa nouvelle passion, il crée sa maison d’édition réservée au roman policier écrit en langue française. « Double jeu », son dernier roman, met en scène la face cachée des relations internationales. A l’intérieur de son livre, des déplacements géographiques incroyables sont effectués. Contrairement à Nicolas Feuz, Zellweger n’a pas pu aller dans tous ces pays parce que certains sont en guerre, comme la Syrie.
Une même question a été posée à ces trois auteurs : Est-ce que certains crimes sont particuliers à certaines zones géographiques ?
Zellweger n’a pas pu répondre à cette question puisque ce n’est pas son domaine d’expérience. Il s’intéresse aux enjeux d’états et aux affaires réglées en secret. Il connait beaucoup moins le monde du crime de sang ou de la drogue que ces deux confrères. Thiéry et Feuz pensent que les crimes sont partout les mêmes mais que parfois il y a une recrudescence d’un certain type de crimes, comme le braquage, mais le crime de sang, comme la drogue, reste universel. Le nouveau crime qui paye beaucoup et dont la peine reste faible, est l’escroquerie. Alors… a quand le grand roman policier d’escroquerie ?
Texte: Adélaïde Offner