L’Agenda est parti à la rencontre des stands présents au salon du Livre. Interview d’Alexandre Regad, Président des Éditions Encre Fraîche.
L’Agenda : Quand les éditions Encre Fraîche ont-elles été créées ?
A.R. : On publie depuis 2004 mais on existe depuis 2001. On commence à être ancré dans le paysage local.
L’Agenda : Depuis combien d’années les éditions Encre Fraîche tiennent-elles ce stand ?
Alexandre Regad : Ça va bientôt faire une dizaine d’années.
L’Agenda : Au fil des éditions, avez-vous perçu une évolution du Salon ?
A.R. : Oui. C’est vrai qu’au début, les gens ne connaissaient pas du tout le cercle des libraires et des éditeurs, et maintenant on voit qu’ils savent que ça existe, ils viennent nous trouver et ils ont envie de découvrir les maisons d’édition locales.
L’Agenda : Quelles sont vos attentes, et celles des éditions Encre Fraîche par rapport au Salon du Livre ?
A.R. : Alors pour nous, le Salon offre une bonne visibilité à la maison d’édition. Il y a beaucoup de passage, et on a un contact direct avec les gens, ce qui est vraiment agréable. En librairie, le livre est disposé, il y a des dédicaces d’auteur, mais l’éditeur n’est pas là.
L’Agenda : Cette année, plus de mille exposants sont présents au Salon du Livre. Comment vous démarquez-vous parmi la foule ?
A.R. : Alors déjà, les gens commencent à nous connaître. Avant, quand on demandait si les gens connaissaient Encre Fraîche, ils répondaient non, ils n’en avaient jamais entendu parler. Tandis que maintenant, les gens lisent nos livres, entendent notre nom à la radio ou autre, c’est un autre rapport. Quand les gens ne connaissent pas une maison d’édition, ils se disent souvent « Oh non, encore une petite maison, ce n’est pas intéressant. » Je pense qu’il y a aussi toute une dynamique autour des petites maisons d’éditions qui existe maintenant. On a lancé le Salon des Petits Éditeurs qui a lieu une fois par an. Les gens ont envie de voir du local, ce qui se passe. On a des éditeurs de qualité au niveau local.
L’Agenda : Comment se ressent l’ambiance entre les exposants du Salon? Est-elle conviviale, ou y a-t-il une certaine compétitivité?
A.R. : Alors sur l’espace du Cercle, c’est vrai qu’on est tous au même niveau, on se connaît tous, alors l’ambiance est plutôt bon enfant. On se réjouit de retrouver les autres éditeurs. Il n’y a pas de concurrence. Je pense qu’on est tous complémentaires, on a chacun notre ligne éditoriale, des coups de cœur différents. Au tout début, c’est vrai qu’on se regardait un peu comme si on était des ennemis, on pensait que si quelqu’un allait à un stand il ne viendrait pas voir le nôtre, alors que pas du tout. Les gens viennent et regardent, il s achètent…
L’Agenda : Vos éditions participent-elles à d’autres événements ?
A.R. : Oui, on organise des événements tout au long de l’année, comme des lectures musicales, des balades à pied, à vélo, toutes sortes d’activités. On aime que les textes soient portés vers les gens, qu’ils soient vivants. Je trouve qu’il n’y a rien de pire que des livres alignés contre une paroi dans les librairies, que personne n’ouvre… Il faut qu’ils vivent, qu’ils existent.
L’Agenda : Vos éditions organisent aussi un concours « Encre Fraîche », avec un thème différent chaque année…
A.R. : Tout à fait. Celui qu’on a lancé l’année dernière était « Au fond du jardin… », le recueil est disponible. Et le nouveau titre, c’est « Un jour de pluie ».
L’Agenda : Comment choisissez-vous les nouvelles qui seront publiées ?
A.R. : On a un jury de cinq personnes, on lit toutes les nouvelles, puis on se réunit. On n’est pas toujours d’accord sur nos coups de cœur, etc. On avait cent cinquante-sept textes, et on devait en choisir dix-sept.
L’Agenda : Quid de vos projets futurs ?
A.R. : Le prochain Salon des Petits Éditeurs aura lieu le 12 novembre au Grand-Saconnex. Sinon, il y aura aussi une journée à Lausanne avec l’association Tulalu!? le 21 mai, avec des lectures musicales le matin, et une balade dans la vieille-ville de Lausanne l’après-midi, dans des lieux insolites…
L’Agenda : Comment voyez-vous l’avenir du paysage littéraire romand?
A.R. : Je pense qu’il y a un vrai foisonnement de plein de choses. On a des auteurs créatifs, et je vois l’avenir plutôt positivement. Je pense qu’avant, l’écrivain écrivait son livre et faisait des dédicaces, c’était tout. Alors que maintenant, on lui demande d’être plus actif, original. Il y a une belle dynamique entre les écrivains aussi, ce que je trouve intéressant.
Propos recueillis par Lorraine Vurpillot