Idan Matary 1

La chronique danse d’Idan Matary

L’autre jour, j’ai été invité à un mariage. Cérémonie, apéritif, repas… le moment tant attendu arrivait enfin : le moment de se déhancher sur la piste. Un groupe de musique live était présent pour nous ambiancer, je me suis laissé porter par la musique et ai fait quelques petits pas. Je précise : rien d’impressionnant, juste de quoi marquer la musique et se faire plaisir. Tout à coup, on me tapote l’épaule et l’on me dit à l’oreille : « Toutes ces années d’entraînement pour danser de cette façon ».
Second degré ou non, ce n’est pas la première fois que je reçois ce genre de commentaires. L’intention n’était certes pas condescendante, mais sur le moment, j’ai néanmoins été pris au dépourvu, lançant une blague en guise de réponse.

Des exemples comme celui-là, j’en ai des dizaines, voire des centaines, comme la fois où l’on m’a demandé de danser à la douane en arrivant aux États-Unis avec un contrat de danseur. J’avais alors créé une « vague » avec mes bras devant l’agent. Ce qui était certes bien intentionné, et aujourd’hui amusant à repenser, s’inscrit dans cette même logique. Au fil du temps, face aux sollicitations concernant mes mouvements de la part de mon entourage et d’inconnus, j’ai établi une série de réponses soigneusement préparées : « Je danse déjà toute la semaine, tu aimerais toi que je te demande de me rédiger un avis de droit un dimanche ? », « Tu veux que je fasse une petite performance ? Tu me paies combien ? », et bien d’autres encore. Je précise : je ne le fais jamais dans un but moralisateur, toujours avec un ton taquin.

En m’entretenant avec d’autres artistes, ce sentiment de devoir prouver notre pratique s’avère assez largement partagé. Oui, un chanteur a le droit de ne pas vouloir chanter à un karaoké. Oui, une humoriste n’est pas obligée d’aligner une blague à chacune de ses phrases. Peut-être que les métiers artistiques sont encore bien trop souvent associés à un talent naturel, inné, ce qui peut amener à les concevoir comme autre chose qu’un travail de longue haleine pour en arriver à un niveau professionnel. Et donc, à penser que lâcher un petit « move », c’est n’est pas si fatiguant que ça, « c’est ta passion après tout ». À nouveau, je ne souhaite pas me poser en donneur de leçons, voyez ça comme de la sensibilisation. Parce que ce que j’apprécie le plus, c’est de me retrouver sur la piste de danse avec mes proches, de les voir danser sans gêne et de laisser de côté, ne serait-ce qu’un instant, mon statut de danseur.

Ironique, non ?

Idan Matary

La première chronique d’Idan Matary:

Phantom of the Opera

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