Théâtre des Marionnettes

Antigone, des grands plats pour les petits

“Un os à la noce” est un regard sur la tragédie grecque “Antigone”, proposé aux enfants dès 8 ans. Créée en 2008, la pièce est remise sur le devant de la scène du Théâtre des Marionnettes de Genève par la compagnie des Hélices, qui voyait dans ses thèmes une résonnance avec des problématiques actuelles.

Texte: Katia Meylan

Photo: Carole Parodi

Presque aucun changement dans la mise en scène ni dans le texte de la création qui avait été jouée il y a dix ans. La compagnie avoue s’être demandé si la recette  de 2008 marcherait toujours aujourd’hui. Mais “la pièce est basée sur une histoire qui a plus de 2400 ans, on n’était pas à 10 ans près”,  nous fait remarquer Isabelle Matter, qui met en scène la pièce avec Domenico Carli. Leur souhait, en adaptant cette tragédie, a été de donner aux enfants une première approche de la structure type des pièces classiques qui, touchant à des thèmes universels, traversent les âges et les frontières.

L’histoire en quelques mots:
Polynice et Étéocle, les frères d’Antigone, prétendent tous deux au trône et pour calmer leur dispute, s’accordent sur une solution supposée équitable: alterner les années de règne. Pourtant, une fois son année écoulée, Étéocle refuse de passer la main à son frère. Ce dernier lui déclare la guerre et attaque la cité. Ils finissent par s’entre-tuer, laissant la couronne à leur oncle Créon. Ce nouveau roi va alors interdire à quiconque d’enterrer ni même de pleurer le “traître” Polynice, sous peine de se faire couper la tête. Antigone, par amour et fidélité des liens de sang, va s’opposer à cette loi pour offrir à son frère un rituel de passage dans l’au-delà.


S’attaquant au récit de Sophocle, les metteurs en scènes expliquent avoir souhaité mettre en exergue le choix d’Antigone qui, faisant fi d’une loi injustement édictée, décide d’agir selon ses propres valeurs morales.
En rejouant cette pièce, la compagnie souligne le caractère actuel de cette problématique avec des situations qui pourront sembler familières au spectateur de 2018. Par des indices dans l’adaptation du texte est évoquée la situation des migrants et des citoyens des pays d’accueil, et comment certains individus passent outre les barrières que dressent des lois désincarnées.

La tragédie originale, comme son genre l’indique, mène à la mort d’Antigone. “Un os à la noce”, destiné aux enfants, finit toutefois sur une note plus positive, pour ne pas leur laisser la terrible impression que lorsqu’on décide de privilégier les valeurs humaines par rapport aux lois, on finit forcément zigouillé·e!

Photo: Carole Parodi

Pour ce faire, la mise en scène met les petits plats dans les grands; elle joue tout au long de l’histoire sur la métaphore culinaire, et sur différents niveaux de narration. Les quatre comédien·ne·s sont des garçons de café – qui n’en finissent plus de jeter les morts dans la poubelle de table, et dont l’étrangeté prend des airs burtonien. Ils représentent le chœur de Thèbes, faisant avancer l’histoire sans pouvoir l’influencer, tout en ajoutant à la sauce un ingrédient comique. D’autres fois, ils s’effacent au profit des marionnettes à crosses qu’ils manipulent. Ils content ainsi l’histoire des citoyens de Thèbes… vue d’en dessus, par une bande de vautours, qui ne manque pas de commenter les travers et qualités des humains.
Nekbeth, la fille du chef vautour, peu intéressée par les cadavres et encore moins par son futur mariage avec un capitaine, s’envole vers un autre destin… et pour elle, l’histoire se terminera bien.

Mais les représentations n’étant pas finies, arrêtons-nous là pour vous laisser aller découvrir le spectacle!

Un os à la noce
Les 22, 23, 25, 26, 29 et 30 septembre.

www.marionnettes.ch

Antigone, des grands plats pour les petits Lire la suite »

Wunderkammer

« Wunderkammer », traduit littéralement de la langue allemande en Chambre à Miracle, nous plonge dans un grenier clos où tout reprend vie pendant une petite heure. Accompagnées musicalement, nous regardons défiler les figurines qui mettent en scène différents symboles ; du mal, de la mort à la vie, de la tristesse à la joie et au temps qui passe. Chaque pantin est représenté avec un élément de l’apprentissage de la vie de tous les jours. Les émotions se bousculent les unes après les autres.

Avec de la ficelle et en bougeant uniquement les doigts, les trois marionnettistes nous envoient dans leurs souvenirs de l’enfance jusqu’à l’âge adulte, avec légèreté et rythmé d’une musique tambourine et scintillante. Les mignonettes vont faire apparaitre des expressions et des paysages de la vie de tous les jours.  Elles réinventent à chaque fois les trésors cachés de leurs propres histoires. La boite à musique en début de spectacle nous permet ainsi de remonter le temps d’une heure pour ainsi faire comme si rien ne s’était produit et faire de cette magie une douce illusion à la fin de la représentation.

WUN4

Sans un mot, les marionnettes sont mises en scène individuellement dans la première partie pour finalement se retrouver conjointement pour la deuxième partie. Elles apprennent à se copier afin de rentrer mutuellement en relation, cela nous renvoie implicitement à notre manière basique de communiquer : on communique plus facilement avec les personnes qui nous ressemblent.  L’absence de langage est un langage en soi. La puissance du silence touche parfois plus qu’un simple mot ou une simple phrase.

A découvrir jusqu’au 5 novembre au Théâtre des Marionnettes, 3 rue Rodo, 1205 Genève.

Texte: Jenny Raymonde

Wunderkammer Lire la suite »