One woman show

La Lesbienne invisible: on peut la voir à nouveau!

L’humoriste Marine Baousson reprend le spectacle La Lesbienne invisible écrit par Océan en 2009, une prestation pleine d’énergie et de fraicheur. L’Agenda l’a découverte vendredi dernier à Vernier, dans le cadre du festival Les Créatives.

Texte: Jennifer Barel

©Ville de Vernier. Photo: Greg Clément

À peine entrée sur scène, Marine Baousson diffuse dans l’air une espièglerie communicative. L’ambiance est à la bonne humeur et les sourires s’impriment sur les visages. Puis, elle se lance. C’est l’histoire d’Océanerosemarie, jeune femme qui nous raconte l’exploration de son homosexualité et son quotidien en tant que lesbienne. Elle pioche dans les nombreux clichés à propos des femmes homosexuelles et arrive à les mettre à mal à travers l’humour. Pendant une heure et quart, les blagues fusent. Quelques unes tirées à gros trait pour appuyer l’absurdité de certaines remarques et attitudes à l’égard des femmes lesbiennes et d’autres beaucoup plus subtiles et intelligentes. Au final, il y en a pour tous les types d’humour dans ce spectacle porté par une Marine Baousson pétillante et dynamique. Pas le temps de s’ennuyer avec Marine sur scène. Elle bouge, elle danse sur du Britney Spears, elle chante une reprise hilarante de Harley Davidson de Brigitte Bardot et, même, elle se roule par terre. Le tout avec une assurance et une présence scénique qui captent l’attention. Ça se voit, elle prend beaucoup de plaisir à faire ce spectacle et même lorsqu’elle se trompe dans son texte, elle sait se rattraper avec finesse et naturel, toujours à l’aise, ce qui rend la situation encore plus comique et donne une dimension unique et plaisante à la représentation.

C’est un récit qui parle de l’homosexualité des femmes (et rien que ça, c’est important!) avec fierté et perspicacité mais surtout avec humour, sans lourdeur ni gravité. Un récit qui, dix ans après les premières représentations, reste très actuel. Cela prouve bien que les choses n’ont malheureusement pas beaucoup changé et qu’il est nécessaire de faire du bruit et de remuer un peu la fourmilière. Marine Baousson tente de la remuer, cette fourmilière, avec sa vitalité débordante, dans un spectacle léger, drôle et bienveillant qui arrive subtilement à rendre l’homosexualité des femmes tout simplement normale. À retenir: non, les lesbiennes n’aiment pas que le football et, non, elles n’ont pas l’annulaire plus grand que l’index!

www.instagram.com/marinebaousson
www.vernier.ch
www.lescreatives.ch

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Un spectacle drôle à Rolle

Un spectacle drôle, c’est ce à quoi j’ai assisté ce samedi 9 février dans la commune de Rolle. “Un spectacle drôle”, c’est aussi le titre du spectacle de Marina Rollman. Un intitulé qui est également une promesse en soi, ce n’est pas forcément rare en humour, mais un spectacle qui va au-delà de sa promesse, c’est plus rare. Et pourtant…

Texte: Yann Sanchez

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Je me rends au Casino Théâtre de Rolle en cette journée grisâtre et morose pour y retrouver un rayon de soleil susceptible de remettre un peu de chaleur dans mon cœur et dans ma tête. J’arrive sur place trente minutes avant l’heure annoncée sur mon invitation, au moment où la directrice artistique du lieu, Marie-Claire Mermoud, prend la parole. Debout sur sa chaise, devant les portes d’entrée de la salle, la patronne prend ses responsabilités et nous annonce que suite à un léger malentendu, l’artiste du soir sera en retard car elle pensait jouer à 20h alors qu’elle est officiellement annoncée pour 19h. On nous parle d’un quart d’heure de retard, rien de bien méchant.

Il est 19h13 quand Madame Mermoud nous annonce que l’humoriste est arrivée et soudainement Marina entre en scène! Comme quoi, une Suissesse, même en retard, reste très ponctuelle. Marina Rollman s’installe derrière le micro pour nous saluer et immédiatement s’excuser du retard. Oui, ponctualité et politesse, deux stéréotypes sur les Suisses qu’on peut définitivement admettre comme des vérités inhérentes à nos origines helvètes. Elle nous explique qu’elle était au restaurant en famille à Genève, qu’elle a dû sauter dans le premier taxi trouvé pour arriver ici à temps. Taxi qui aura servi de moyen de transport ainsi que de loge maquillage et coiffure. WonderRollman!

Photo: Charlotte Abramow.

Et puis, c’est parti pour un peu plus d’une heure de rires. Marina, moitié Marianne et moitié Heidi, nous parle de Genève qui l’a vue naître et de Paris qui la voit vivre actuellement. Fraîchement néo-Parisienne, elle est bien placée pour remarquer les différences entre les Français·es et les Suisses mais aussi pour examiner l’évolution d’une société qui use excessivement d’acronymes pour tout et n’importe quoi, l’opposition entre vegan et carnivore ou encore l’ouverture permanente de nouveaux concept stores en tout genre. Elle dépeint formidablement les nouveaux rapports entre hommes et femmes, le concept de mariage, les comportements sexuels des un·e·s et des autres influencés notamment par les magazines féminins et la pornographie. Marina évoque également des sujets plus lourds comme la folie, la dépression et les peines de cœurs destructrices, avec autant d’humour et d’élégance.

L’artiste de stand up, par définition, observe la société et ses travers, ses semblables et leurs comportements, elle scrute tout ce qui l’entoure en réalité afin de restituer ses impressions de la manière la plus drôle possible. Les meilleur·e·s dans le domaine le font avec brio. Marina Rollman est indéniablement de cette trempe. Elle est à l’image de son titre: rapide, concise, sobre, efficace et drôle évidemment. Elle ne gesticule pas dans tous les sens, elle n’occupe que l’espace au centre de la scène, elle n’a que le micro comme accessoire, pas d’artifice, et elle fait rire son public toutes les dix secondes environ. Elle est non seulement notre meilleure humoriste en Suisse romande à mon avis – avec Thomas Wiesel et Nathanaël Rochat sur le podium– mais je pense qu’elle est aussi l’une des meilleures de toute la francophonie.

Avec des apparitions dans le Burger Quiz d’Alain Chabat, dans la fameuse Boîte à Questions de Canal+ ou encore dans les médias hype du web, Konbini en tête, elle gagne encore plus en notoriété en 2019 et je ne serais pas étonné que sa carrière s’embellisse encore et perdure. Si je parlais tantôt d’un intitulé de spectacle trop modeste, c’est parce j’ai assisté à un spectacle drôle, intéressant et intelligent. En qualité de slogan sur son affiche, Marina savait sans doute que c’eût été perçu comme de la vanité. Comme quoi, une Parisienne, même une nouvelle, n’est pas forcément prétentieuse.

www.theatre-rolle.ch

Prochaines dates:

Bilboquet, Fribourg

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