#38-2024

Apocalypso

Apocalypso

Après avoir un peu vagabondé, la Tour Vagabonde est venue s’installer à l’ancienne caserne de la Poyaà Fribourg la semaine dernière, avec la bonne intention d’y rester tout l’automne, tout l’hiver, et jusqu’au printemps! Ce petit espace chaleureux, inspiré par le Globe Theatre de Shakespeare, accueille une programmation de musique, théâtre, danse, cirque et performances.

Vendredi et samedi, les compagnies Buffpapier et Têtes de Mules réunissent leurs talents pour faire la fête, dans une pièce clownesque, un art forain libre et anticapitaliste.

Informations pratiques:
Vendredi et samedi 20 et 21 septembre à 20h30
La Tour Vagabonde, Fribourg
www.tourvagabonde.com

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Lire à Lausanne

Lire à Lausanne

Lausanne fête la rentrée littéraire avec une librairie éphémère 100% lausannoise installée à l’Hôtel de Ville. 

En plus d’y bénéficier d’une promotion 1 livre offert pour 2 achetés, l’espace accueille…

  • Des séances de dédicaces des autrices et auteurs lausannois
  • La performance “Vous avez un appel”: 20 textes de l’écrivain Antoine Jaccoud lus au téléphone par les comédiens et comédiennes de la Compagnie générale de théâtre
  • Des ateliers et concours d’écriture jeunesse
  • Des petits interviews vidéo avec les autrices et auteurs sélectionnés pour la 11e édition du Prix du livre de Lausanne
  •  Des performance d’écriture collective par plusieurs collectifs d’auteur-ice-s lausannois
  • Deux balades historiques dans Lausanne (jeudi 19 et samedi 21 septembre à 18h).

Informations pratiques:
Du 18 au 21 septembre 2024
Forum de l’Hôtel de Ville, Lausanne
www.lausanne.ch

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La Flûte Enchantée

La Flûte Enchantée

La compagnie ZoT propose une interprétation contemporaine, colorée et accessible de l’opéra La Flûte Enchantée de Mozart. Les personnages Tamino et Pamina, humains, cotoient les autres personnages représentés pour la plupart sous forme d’insectes – des marionnettes, la spécialité de la compagnie.

L’opéra est chanté en allemand, et expliqué par des interventions en français. Le temps de concentration est de deux fois 45 minutes, auquel s’ajoute un entracte de 30 minutes. 

Les dimanches 29 septembre, 6 et 20 octobre de 13h à 14h30, les enfants dès 8 ans peuvent participer à un atelier de réalisation d’un mobile en origami.
(prix: CHF 32.- pour l’atelier et la représentation)

Informations pratiques:
Du 21 septembre au 20 octobre 2024
Et du 27 au 30 décembre 2024
Espace Grange-Collomb, Carouge
www.zot-compagnie.com

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Virginia Sirolli

Virginia Sirolli, à la reconquête des planches

Suite à un concert donné au BFM en novembre 2023, notre rédactrice Athéna Dubois-Pèlerin avait rencontré la jeune étoile de la comédie musicale Virginia Sirolli. Dans L’Agenda papier n°107, l’artiste était revenue sur son parcours, du Conservatoire populaire de Genève aux castings de West End. Nous, on est fan, et comme elle chante ce jeudi 19 septembre au Montreux Jazz Café de Genève, on trouvait que c’était une bonne occasion de reposter ici son portrait, pour celles et ceux qui ne l’avaient pas encore lu!

Texte et propos recueillis par Athéna Dubois-Pèlerin

C’était un vendredi soir de novembre 2023, le Bâtiments des Forces Motrices à Genève affichait complet. Des familles entières se pressaient dans la salle pour assister au concert Young Broadway donné par le collectif LYMPA, qui réunissait sur scène six chanteur·euse·s solistes de comédie musicale et l’orchestre du Collège de Genève sous la baguette du chef Philippe Béran. Stupeur au moment du très attendu Gethsemane, morceau-phare de l’opéra-rock Jesus Christ Superstar: « Jésus » s’avance, c’est une très jeune femme en combinaison argentée, le regard de biche étiré à l’eyeliner, la tête ceinte d’un impressionnant chignon frisé, à défaut d’une couronne d’épines. Chatoyante, la voix de soprane s’approprie la mélodie avec une aisance insolente, refuse tout compromis avec la partition écrite pour voix d’homme, soigne les graves veloutés, éclate dans les aigus lancinants du Christ se préparant à la crucifixion.

Rideau. Dans le foyer du BFM, le public se gratte la tête, encore sonné. On cherche en vain le nom de la chanteuse, qui ne figure nulle part dans le programme du concert.

Un mois plus tard, nous la retrouvions dans un café du centre-ville à Genève, vêtue cette fois d’un simple pullover, cheveux lâchés et sourire décontracté aux lèvres. Virginia Sirolli, artiste italo-suisse de 24 ans, était de passage dans sa ville d’enfance – en coup de vent, comme toujours. Les Abbruzzes dans le sang, Genève dans le coeur et tout Broadway dans la voix, la jeune femme passait alors le plus clair de son temps à Londres, où la prestigieuse Mountview Academy venait de lui décerner son diplôme de comédie musicale.

Au pied levé
Tout en sirotant un thé à la menthe, elle raconte les coulisses de la fameuse soirée au BFM, où elle a été appelée à remplacer au pied levé l’un des ténors de la production, terrassé par une extinction de voix. « Jeudi à 23h, Ylan [Assefy-Waterdrinker, directeur artistique de LYMPA, ndlr] me demande si je peux reprendre le rôle. Je ne connaissais aucun des morceaux. J’ai dit oui, immédiatement, pour ne pas me laisser le temps de tergiverser. »

Comment accomplit-on un tel tour de force? « Oh, c’était très ambitieux! reconnaît Virginia, l’oeil brillant. Mais c’est ça, la scène: l’appel du vide, et le saut à exécuter. C’est normal d’avoir le vertige. Mais dans ce métier, j’ai appris à ne pas redouter l’inconfort: c’est une étape transitoire, qui a pour but de nous faire mûrir. »

Du ballet à la comédie musicale
Des mots qui surprennent dans une bouche aussi jeune, mais Virginia Sirolli n’est pas à un contraste près. C’est avec une gaieté philosophe qu’elle revient sur les surprises et les déceptions qui jalonnent la vie d’artiste du spectacle. La sienne commence comme tant d’autres, enfant de la balle née de deux parents chanteurs d’opéra, minois mutin et esprit généreux qui se destine très tôt à la scène. Aux vocalises, elle préfère toutefois les pointes: la danse classique est son premier, et restera longtemps, son seul amour. À 11 ans, sitôt finie l’école primaire, elle intègre la filière pré-professionnelle du Conservatoire populaire de Genève, et s’entraîne à raison de 20 heures par semaine.

Quatre ans plus tard, c’est le drame: ses genoux lâchent, son corps épuisé par les entraînements lui fait comprendre que la carrière de ballerine n’est pas pour elle. À l’amertume de la désillusion s’ajoute un profond sentiment d’aliénation qui entraînera la jeune fille jusque dans les gouffres de l’anorexie. « Ça a été si dur, en pleine adolescence, de devoir faire ce travail de deuil et de renaissance. De réapprendre à aimer ce corps qui m’empêchait de faire ce que j’aimais le plus au monde. »

En 2017, un séjour à Londres lui fait découvrir les spectacles de West End et lui fournit l’occasion d’un premier cours de chant, pour lequel elle se révèle douée. La comédie musicale lui apparaît alors comme une planche de survie, un moyen de se donner à la scène sans épuiser son corps. « J’ai déplacé sur le chant tout le bagage que j’avais durement acquis pendant mes années de danse. Toute la rigueur, la discipline, le sens de la beauté, l’amour de l’excellence. J’ai compris que ce que j’aimais dans la danse, ce n’était pas tant le mouvement du corps, mais l’expression qu’il permet. Et cette expression, cette narration, je pouvais aussi la capturer par le chant et par le théâtre. »

Photo ©Marco Pugliese

Le rôle de l’échec
Sa première tentative d’intégrer une école de comédie musicale échoue, mais à la seconde, elle est reçue à Mountview. S’ensuivent trois années de formation pratique en chant, danse et théâtre, qui lui donneront notamment son plus beau rôle à ce jour sur scène, celui de Morticia dans La Famille Addams d’Andrew Lippa. Pour autant, tout n’est pas gagné à l’obtention du diplôme. « On ne parle pas assez du rapport à l’échec dans ce milieu, alors que c’est une composante essentielle de tous les parcours, sans exception. Être artiste du spectacle, c’est courir les castings, et donc fatalement enchaîner les refus. Derrière chaque réponse positive se cachent 30, 50, peut-être même 100 échecs. »

Un refus particulièrement douloureux? « Le rôle de Christine, dans une production du Fantôme de l’Opéra. Mais je ne désespère pas de le chanter un jour. » La comédie musicale culte d’Andrew Lloyd Webber serait donc son Saint-Graal personnel? « Non, le rôle de mes rêves, c’est Cunégonde, dans l’opérette Candide de Bernstein. Mais voilà qui ouvre la porte à d’autres problèmes. »

Elle sourit en secouant ses boucles, pointe du doigt un énième contraste qui sous-tend sa personnalité d’artiste: une voix de jeune première, dans un corps androgyne qui ne correspond pas entièrement aux critères de beauté qui sévissent dans l’industrie du spectacle. Ainsi, les rôles pour lesquels on l’envisage à Londres se réduisent encore trop souvent à des personnages secondaires cocasses, des folles ou des sorcières. « Des personnages féminins excentriques ou abrasifs. Rarement des protagonistes ingénues. Mais les temps changent, les mentalités s’élargissent petit à petit. »

Et en Suisse? « Ici, tout est encore à inventer! La comédie musicale est un art mineur dans ce pays, alors même qu’il y a un public fervent et une vraie soif pour ce genre de spectacles…» 

***

À l’heure où Athéna l’interviewait, elle ne le savait pas encore : elle a obtenu le rôle de meneuse de revue dans la Revue Genevoise 2024!

On peut donc aller l’écouter prochainement:

  • Ce jeudi 19 septembre 2024 au Montreux Jazz Café,Genève Aéroport, accompagnée du pianiste Evariste Perez pour des airs de jazz et de comédie musicale
  • Du 10 octobre au 31 décembre 2024 dans La Revue Genevoise

virginia-sirolli.com

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© Filip Van Roe

Nomad, se lier pour survivre 

Pour évoluer dans un univers hostile, il faut en connaitre les codes. Chaque mouvement, chaque regard compte, le lien que l’on tisse à l’autre peut être salvateur ou mener à sa perte. En septembre, la scène du Théâtre du Jorat deviendra le terrain de survie des nomades interprété·e·s par les danseurs et danseuses de la compagnie Eastman de Sidi Larbi Cherkaoui.  

Texte de Katia Meylan 
Photos: © Filip Van Roe

Fondateur de la compagnie Eastman en 2010, directeur artistique du Ballet du Grand Théâtre de Genève depuis 2022, le chorégraphe belge Sidi Larbi Cherkaoui a aussi bien travaillé sur des opéras à la Scala de Milan et des comédies musicales à Broadway que sur des clips de Beyoncé et des tournées de Madonna. La reconnaissance de son travail à l’international, les nombreux honneurs reçus – il est notamment titré Baron de Belgique en 2023 – font de lui une figure incontournable de la danse contemporaine. Ce qui semble le caractériser, c’est un attrait, une imprégnation de diverses cultures : marocaine par son père, flamande par sa mère, française par la langue qu’il parle, japonaise par sa fascination des mangas, américaine par les séries qu’il regarde à la télé, chinoise par le kung-fu des films et des moines Shaolin avec qui il travaille pour l’un de ses pièces. Dans un entretien de mars 2024 sur France Inter, il dit que plutôt que de « culture », il aime parler de « géographie » : de paysages qui évoquent des sonorités, de chants qui ramènent à des lieux. « J’aime emporter les gens d’une autre géographie dans ma géographie ». 

En 2019, il crée le spectacle Nomad, aux paysages désertiques dans lesquels se débattent onze danseur∙euse∙s. La musique qui fait écho à ces paysages, c’est la voix en live du chanteur Kaspy N’dia, des mélodies de Turquie, de Jordanie, du Maroc et du Japon, des titres de Woodkid, des compositions de Felix Buxton – un artiste avec qui le chorégraphe travaille régulièrement –, et aussi… des compositions du chorégraphe lui-même, au piano. « Je ne suis pas pianiste mais j’aime essayer de trouver le mouvement sur différents instruments. Il y a des sonorités qui sortent de ces mouvements et soudain, ça devient presque de la musique », dit-il dans ce même entretien. 

© Filip Van Roe

Nomad a subjugué et subjugue toujours, et sa tournée se poursuit encore aujourd’hui à l’international. Dans cette pièce, les corps sont fluides, organiques. Scorpions, femmes et hommes, tissus, sable, en âmes du désert animées et inanimées, évoluent dans des conditions intenses à la fois belles et terribles. Les éléments se déchainent et rien ne leur est épargné. Le désert représente à la fois la liberté infinie et l’impossibilité d’y évoluer sans en comprendre les codes. 

Ainsi, dans cet éloge de la communauté, la clé de survie est l’élasticité des liens qui unissent les entités : la symbiose, le mimétisme, la solidarité, la confiance, la méfiance, le rapprochement et l’éloignement. La prise de conscience de notre lien plus large avec la terre qui nous porte, aussi. « Le spectacle est un appel au secours. Il demande ‘Est-ce qu’on veut vraiment aller jusque-là ?’ » 

Nomad 3

© Filip Van Roe

Nomad 
Les 19 et 20 septembre 2024 à 20h 
Théâtre du Jorat, Mézières 
www.theatredujorat.ch

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Biennale in situ

«Condamnées pour légitime violence» ou «Ceci n’est pas un opéra»

Transgresser les conventions et briser les barrières de l’art lyrique avec une expérience immersive inédite. C’est ce que propose la Biennale In Situ, du 21 au 27 septembre à Lausanne. La série d’événements réinventera la scène, le théâtre et l’opéra dans le but de démocratiser l’accès à l’art lyrique. Dans un espace original, une ancienne gare CFF, la Biennale explorera la thématique « Condamnées pour légitime violence » qui abordera les violences faites aux femmes.

Texte et propos recueillis par Marie Butty

La conférence de la sociologue Natacha Chetcuti-Osorovitz ouvrira cette semaine qui se profile riche en nouvelles expériences. Performances, concerts ou encore films documentaires seront proposés tous les soirs avec, notamment, spécialement créée pour l’occasion, la production Les Suppliantes d’après Eschyle et A. Salieri de la compagnie AGORA qui aura lieu le 21, 24, 26 et 27 septembre. Créée en 2015 sous l’impulsion de l’artiste Benjamin David, AGORA propose d’explorer les frontières entre théâtre, musique et nouveaux médias. Également directeur artistique du projet, Benjamin David nous a accueillies à l’Espace Amaretto afin de nous présenter la Biennale.

benjamin_david. photo Marie Tercafs

Benjamin David. Crédit: Marie Tercafs

Quelle a été la réflexion derrière la proposition de ces événements?

Je viens de l’opéra classique. J’étais assistant à l’opéra Munich et, après quelques années là-bas, j’avais l’impression que l’opéra avait besoin d’un renouvellement, de redéfinir ses contours. Lorsque l’on pense à l’opéra, on voit un domaine très difficilement accessible tant par les thématiques – qui sont souvent déconnectées des préoccupations sociétales actuelles ou, du moins, nécessitent un savoir spécifique pour comprendre ce qu’il se passe – que par les prix pratiqués. La Biennale cherche à élargir ce que le mot « opéra » signifie – d’ailleurs nous utilisons très peu le mot « opéra », nous essayons plutôt de parler de « théâtre lyrique ». Nous nous basons sur la musique de Salieri, nous gardons les éléments musicaux et visuels propres à l’opéra, mais nous sommes dans un espace atypique – une ancienne gare marchande CFF – qui n’a rien à voir avec un opéra. Le public n’est plus assis dans un siège mais amené à déambuler au sein de l’orchestre, au sein des chœurs, être proche des artistes. Il est invité à vivre l’opéra comme il le souhaite: si une personne veut s’allonger, fermer les yeux et uniquement écouter la musique c’est possible! Il n’y a donc pas de scène mais une volonté de projet véritablement immersif, in situ. Nous avons également fait des choix artistiques drastiques comme couper dans la musique, l’enrichir avec la collaboration de la harpiste jazz Julie Campiche. Il y aura ainsi une discussion entre différents styles musicaux.

Comment en êtes-vous venu à aborder cette thématique?

Je suis toujours à la recherche de nouvelles œuvres en tant que metteur en scène d’opéra. Je suis tombé sur une pièce qui s’appelle Les Danaïdes de Salieri. Cet opéra m’a beaucoup travaillé puisque c’est un des seuls dans lequel les femmes prennent leurs destins en main en passant à l’acte – elles décident de tuer leurs maris le soir de leurs noces. Il existe quelques autres opéras comme Elektra de Richard Strauss où les femmes sont représentées un peu différemment, mais, la plupart du temps, elles subissent. Avec ce point de départ, j’ai commencé à faire des recherches et suis tombé sur le livre de Natacha Chetcuti-Osorovitz. Cette sociologue, qui est d’ailleurs invitée pendant la Biennale, s’est intéressée aux femmes en prison qui avaient écopé de moyennes et longues peines. Elle les a interviewées et s’est rendu compte que 35 des 42 femmes avaient subi des violences domestiques ou intrafamiliales avant d’elles-mêmes passer à l’acte, ce qui pose la question de la légitime défense. Le travail qu’a effectué Natacha Chetcuti-Osorovitz avait pour but d’essayer de cadrer ou d’ouvrir un espace d’expression pour ces femmes judiciarisées. C’est précisément ce que nous essayons de faire avec la Biennale et cette thématique: ouvrir un espace d’expression pour un sujet sensible et qui, à notre avis, devrait être débattu au sein de notre société.

La pomme croquée de Blanche-Neige, et une installation de Gent Shkullaku à Tirana, deux images symboliques, proches des thématiques abordées par la biennale.

Sous quelles formes allez-vous traiter ce sujet lors de Biennale?

Bien que nous nous soyons documentés un maximum pour interroger ce thème sensible afin de mettre en place notre production, la fiction ne remplacera jamais un témoignage de personne ayant vraiment vécu ces violences. C’est pour cette raison que nous avons enrichi notre programme avec des films documentaires et le projet participatif AppARTenir qui réunit des femmes judiciarisées. Trois d’entre elles viendront nous parler de leur film en préparation, qui sera d’ailleurs tourné à l’Espace Amaretto. Ces femmes viennent de la région, elles illustrent donc le fait que la Suisse n’échappe pas à cette réalité. Cela nous met face à la responsabilité que nous avons en tant que citoyen romand de s’informer sur les réalités qui existent autour de nous. Nous nous évertuons encore trop souvent à ne pas trop nous occuper de ce qui se passe de l’autre côté de son palier, c’est pour cette raison que, pour notre compagnie, cet ancrage dans la réalité était vraiment important.

Comment êtes-vous parvenu∙e∙s à illustrer les questionnements autour de cette thématique dans la scénographie du théâtre lyrique?

Nous allons jouer sur la lumière, la présence et la non-présence. Nous nous sommes beaucoup inspirés de la tache aveugle dans l’œil. Il s’agit de quelque chose que l’on voit, mais que notre cerveau remplit afin de la rendre invisible. Nous trouvions intéressant de travailler avec passablement de rideaux puisque nous voyons à travers, mais cela reste flou. Le public aura la possibilité de se déplacer où il le souhaite et donc de regarder ce qu’il se passe derrière le rideau. Ainsi, la question « Est-ce que nous avons vraiment envie de regarder derrière le rideau et, si oui, est-ce que nous allons réellement aller regarder ? » est mise en perspective.

Cette Biennale implique donc un but de réveiller les consciences?

Oui, absolument! Pour nous, il est très important lorsque l’on parle d’art lyrique que cela ait un impact sociétal. Nous croyons à l’opéra, à la musique et au théâtre mais il est primordial de les reconnecter avec le public et donc à l’actualité et aux problèmes sociétaux. Dans la même perspective de reconnexion, nous avons tenté de rendre le théâtre lyrique accessible à tout le monde tant sur les prix que sur la longueur – il ne s’agit pas de rester assis pendant trois heures. Nous espérons que les spectateur·ice·s pourront repartir en ayant vécu des émotions et avoir des réflexions sur le comment vivre en communauté.

Informations pratiques:
Biennale In Situ
Du 21 au 27 septembre 2024
Espace Amaretto, Lausanne
www.biennaleinsitu.ch

Ouverture de la billetterie le 23.08.24

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