Assises à côté de jeunes candidat·e·s, au Théâtre de Beaulieu, nous avons assisté samedi 3 février 2024 à la Finale du Prix de Lausanne et partageons nos émotions et nos impressions de cette 52e édition.
Texte de Margarita Makarova
Arabesque, chaîné, piqué… les finalistes semblent absorbé·e·s par le cours de danse classique donné par Elisabeth Platel. Ils ne remarquent pas le public, impatient de voir la Finale, entrer dans la salle de Beaulieu. Parmi les spectateur·ice·s, nous retrouvons des candidat·e·s qui n’ont malheureusement pas été sélectionné·e·s pour se présenter devant le jury aujourd’hui. Nadia Corboud, participante suisse et élève de la Danse Académie Vevey, est assise juste à côté de nous. Nous avons saisi l’occasion pour la féliciter de sa belle apparition sur la scène du Prix de Lausanne. Tout sourire, elle se dit ravie d’avoir participé à l’édition 2024 du Prix. Derrière est assise une représentante de la Zurich Danse Academy d’origine ukrainienne, Yelyzaveta Lazovska, entourée par d’autres candidates.
Le cours de danse terminé, les finalistes attaquent la danse classique. Nous les voyons légèrement nerveux·ses. Ils sont pourtant de petites vedettes qui fascinent le public et le jury non seulement par leurs variations mais aussi par leurs tenues. Les costumes de João Pedro Dos Santos (Harlequinade) et de Martinho Lima Santos (Le Corsaire, boy variation) ainsi que les tutus de Crystal Huang (Le Corsaire, Gulnara) et de Jioh Kim (Coppelia, girl variation, act III) nous ont particulièrement marqué.

Martinho Lima Santos. Photo: Gregory Batardon

Jioh Kim. Photo: Gregory Batardon

João Pedro Dos Santos. Photo: Gregory Batardon

Crystal Huang. Photo: Gregory Batardon
Du point de vue technique, une multitude de sauts et de pirouettes font tourner la tête, notons par exemple les exécutions de Martinho Lima Santos, Carson Willey (Sleeping Beauty, Prince Désiré, act III), Crystal Huang et Takafumi Hori (Grand Pas Classique, boy variation). Jioh Kim nous impressionne par son côté artistique. C’est aussi le cas de João Pedro Dos Santos, devenu notre favori après la première partie du concours. Il fait preuve d’aisance technique, d’aptitude physique et d’une indéniable capacité de s’affirmer.
Wongyeom Lee, avec une sensible et tendre interprétation de la chorégraphie Do you care? par Aleisha Walker (lauréate du Young Creation Award 2023), entame la deuxième partie du Prix, consacrée à la danse contemporaine. Les finalistes semblent bien plus rassuré·e·s. En particulier, João Pedro Dos Santos qui danse Plan to B d’une façon extrêmement énergique, sûr de lui. Yelyzaveta, assise derrière, confie à son amie que João serait en tête du classement, à son sens. Gardons le mystère pour l’instant (pour celles et ceux qui ne sont pas encore au courant) et poursuivons nos observations!
La chorégraphie Do you care? s’avère la plus populaire parmi les candidat·e·s et chacun·e l’interprète à sa guise. Crystal Huang est très gracieuse et souple. Martinho Lima Santos s’investit pleinement dans l’exercice: dans la salle, on entend ses souffles remplis d’émotions et d’efforts. Giuseppe Schillaci s’empare de l’attention du public et nous laisse deviner un prix pour sa variation contemporaine. Il recevra, en effet, le Best Swiss Candidate Award, offert par un donateur anonyme.
E-Eun Park et Paloma Livellara Vidart choisissent la chorégraphie You Turn Me on I’m a Radio par Christopher Wheeldon, qui a fait sa première apparition à cette 52e édition du Prix. Les deux finalistes se font applaudir par le public pour leur élégance et leur allure coquette. Les spectateur·ice·s sont, d’ailleurs, généreux et applaudissent beaucoup ce soir.
Après un petit entracte, les variations contemporaines sont suivies de l’Intermède de la Finale. Il comprend une présentation de deux chorégraphies gagnantes, Groovin par Quinn Bates (États-Unis) et Under Glass, par Kseniya Kosava (Bélarus). Le public du Prix a également la chance d’accueillir Madison Young et Julian Mackay, deux ancien·ne·s lauréat·e·s du Prix de Lausanne, qui dansent le pas de deux Le Parc d’Angelin Preljocaj ainsi que le pas de deux de Don Quichotte durant l’Intermède, avec un professionnalisme exceptionnel. Comme chaque année, le Projet chorégraphique, réunissant 25 danseuses et danseurs du monde entier, est une merveille. Créé par le chorégraphe et designer helvético-canadien Kinsun Chan, le projet SCHRäääG est non seulement une danse mais un jeu géométrique et, somme toute, une véritable œuvre d’art contemporain en mouvement.

Le spectacle de Kinsun Chan nous fait presque oublier que le moment de vérité approche! Les discours prononcés, les candidat·e·s et les finalistes félicité·e·s, les noms des gagnant·e·s sont annoncés. Comme l’a prédit Yelyzaveta Lazovska, une des bourses est effectivement attribuée à João Pedro Dos Santos du Brésil. C’est même la première bourse, « Jeune espoir ». Ému et heureux, il perd le don de la parole pour quelques instants, puis remercie (en portugais et sous les applaudissements) toutes les personnes qui ont contribué à sa victoire.

João Pedro Dos Santos lors de la remise de son prix. Photo: Gregory Batardon
Les autres finalistes ayant bénéficié d’une bourse sont Martinho Lima Santos (Portugal), Paloma Livellara Vidart (Argentine), Crystal Huang (États-Unis), Airi Kobayashi (Japon), Jenson Blight (Australie), Juliann Fedele-Malard (France), Natalie Steele (États-Unis) et Taichi Toshida (Japon).
Liste complète des lauréat-e-s
Bien que ce soit la fin, pour les candidat·e·s, les finalistes et les lauréat·e·s, ce n’est qu’un début. Le début de leur épanouissement personnel et professionnel. L’Agenda leur souhaite tout de bon et plein de succès dans leur future carrière d’artiste de ballet!