Puplinge classique (2)

Jumelage à Puplinge

Ouf, tous les festivals n’ont pas disparu de l’été 2020, et les Romand·e·s ont de quoi profiter musicalement de leurs vacances. Lorsque l’équipe du Puplinge Classique a lui-aussi annoncé le maintien de son festival du 18 juillet au 22 août, L’Agenda s’est empressé d’aller découvrir ce que nous réservait cette 11e édition!

Concours: Gagnez vos places pour trois soirées!

Texte: Katia Meylan

L’année dernière nous avions rencontré François-Xavier Poizat, directeur du Puplinge Classique, qui fêtait, avec son ami et collègue co-fondateur Damien Bachmann, un jubilé. Le pianiste nous avait retracé les étapes d’un festival qui a toujours aspiré à se réinventer, et avait souligné une ligne directrice empreinte de diversité: diversité dans les générations d’interprètes, dans les configurations sur scène, dans les styles et les époques de musique.
Après la Rétrospective, c’est par le Jumelage qu’elle s’exprime dans cette 11e édition.

François-Xavier Poizat a répondu à nos questions autour d’un café à Genève, quelques jours avant le concert d’ouverture qui se tiendra ce samedi 18 juillet.

L’Agenda: Le festival présente dès samedi douze concerts et une programmation internationale. Vous êtes des rescapés?
François-Xavier Poizat:
Pendant quelques mois on a préparé un plan B en parallèle, une édition digitale. Tous nos sponsors sont restés en sachant que ce serait peut-être une édition filmée. Finalement, à part deux concerts où les artistes nous ont dit ne pas pouvoir venir – un quatuor du Canada et un orchestre d’enfants de Corée du Sud, qui viendront peut-être l’année prochaine – on a gardé la programmation initiale!

La possibilité de voyager a été reconsidérée ces derniers temps, comment l’avez-vous vécu en tant que pianiste et comment cela a-t-il a affecté le festival?
Une dizaine de mes concerts internationaux ont été annulés. Après, lorsqu’on donne un concert, que ce soit à l’autre bout du monde ou à côté de chez soi, le plaisir reste le même et l’essentiel est là. J’ai arrêté de voyager mais pas de travailler. J’ai continué à donner des concerts pour cinq personnes, puis pour trente… Maintenant la reprise est assez « juteuse » si j’ose dire, car beaucoup de gens ont été frustrés par l’absence de concerts. Je joue ce mercredi au Festival des Bastions  par exemple, qui a été créé par l’énergie de cette frustration.
Quant au Festival Puplinge Classique, pour moi qui ai l’habitude d’investir mes étés dedans, l’annuler n’était pas une option. Sans l’orchestre de Corée et le quatuor du Canada, cette édition reste internationale, mais plus européenne qu’intercontinentale: les artistes viennent de France, de Grande-Bretagne, d’Allemagne, de Suisse-alémanique… et on a quand même un pianiste russe qui vient de New-York!

Dans la programmation, où s’exprime le thème du Jumelage, choisi pour cette édition?
Dans le jumelage des œuvres entre elles. L’exemple est flagrant dans le concert du 23 juillet, où on trouve des musiques populaires baroques et des œuvres de compositeurs vivants, par exemple Technoparade de Guillaume Connesson, qui est une imitation classique d’un morceau de techno. Lorsque je peux choisir le programme d’un concert, je me permets évidemment de choisir des morceaux en lien avec le thème. Le 21 août, je vais jouer deux concertos pour clavecin qui se ressemblent dans leur facture: l’un de Jean-Sébastien Bach (18e s.), l’autre de Górecki (1980), un compositeur moderne polonais. Le clavecin est un instrument qui se jumelle bien, car il a un répertoire soit baroque, soit moderne.
Mais d’autres programmes où je ne joue pas sont aussi dans le thème. Par exemple les concerts liés à la célébration des 250 ans de Beethoven, qui jumellent les œuvres du compositeur avec celles de ses inspirations (13 août) et ses héritiers symphoniques (15 août).

Quelle est votre histoire avec les programmes des concerts pour lesquels vous jouez, le 23 juillet et le 21 août?
Le 23 juillet, on va jouer pour la troisième fois A Friday Night in August de Daniel Schnyder, dont je dis souvent qu’il est est mon compositeur vivant préféré. Ce trio pour piano, violoncelle et clarinette faisait partie du tout premier concert du Puplinge Classique, il y a presque 10 ans jour pour jour.
Sinon, je profite d’être dans mon festival et d’y avoir une liberté totale. Ailleurs on me demandera plus souvent du grand répertoire, pour un public qui est habitué à cela. Puplinge a construit au fil des années une programmation audacieuse, on y trouve beaucoup d’œuvres du grand répertoire mais aussi une ouverture vers d’autres musiques.

…par exemple avec la soirée traditionnelle arménienne (28 juillet), qui a été rejointe par une soirée tango (16 août) et une soirée klezmer (18 août)?
La soirée arménienne est emblématique du festival et je sais que certains viennent exprès pour ça! Elle représente à la fois un côté « exotique » grand public, et le répertoire arménien compte des dizaines de grands compositeurs, ce qui laisse une liberté aux invités dans le choix des œuvres.
Ces soirées diversifient la programmation en même temps qu’elles amènent un aspect festif. Ce sont des musiques de plaisir, de célébration, et un festival sans ça ne serait pas vraiment un festival, plutôt une suite de concerts de musique classique!
La question avec l’ensemble de musique klezmer était: « est-ce qu’on fait une soirée dansante dans la salle communale, ou une soirée plus « intellectuelle » dans l’église »? Dans le contexte actuel, on a préféré la deuxième option, et le choix des instruments s’est porté sur un accordéon au lieu des percussions, ce qui donne une musique d’écoute, mélodique et polyphonique.
C’est une spontanéité et une adaptabilité qu’on apprécie dans ces musiques, qui seraient plus difficile avec une partition de musique classique lourde de richesses.

D’autres temps forts dans la programmation?
Le récital de piano (qui est le seul récital du festival, car on fait attention à ne pas avoir deux fois la même disposition). Vyacheslav Gryaznov est un pianiste comme je les aime: il porte en lui une grande tradition, il a fait le Conservatoire de Moscou et l’Université de Yale à New-York, et sa première partie sera une sonate de Beethoven que tous les pianistes connaissent par cœur. Dans la deuxième partie, il jouera ses transcriptions de Tchaïkovski, Rachmaninov ou Glinka, dont certaines totalisent plusieurs millions de vue sur YouTube. Ce n’est pas de la vulgarisation – car ceux que ça attire s’arrêteraient souvent à ça – mais des arrangements virtuoses de morceaux moins connus du grand public.

L’une des fiertés de cette édition est aussi la présence de Martin Engstroem en tant que Président d’honneur. On nous compare souvent avec un peu d’ironie au Verbier Festival en sachant que nos tailles sont bien différentes, c’est donc touchant d’avoir une petite tape sur l’épaule de la part de son directeur!

Festival Puplinge Classique
12 concerts, du 18 juillet au 22 août 2020
Église de Puplinge, GE
www.puplinge-classique.ch

 

CONCOURS!

1 x 2 billets pour le concert Baroque and pop le samedi 23 juillet à 20h

1 x 2 billets pour le concert Beethoven II, Jeunesse et postérité, le jeudi 13 août à 20h

1 x 2 billets pour le récital Piano russe, le jeudi 20 août à 20h

Écrivez-nous un mail à info@l-agenda.online en précisant quelles places vous souhaitez gagner


 

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