Hier soir, le Rosey Concert Hall proposait à son public une expérience musicale un peu particulière. Grâce aux prouesses technologiques de la société BASE Hologram, les spectateur·trice·s ont en effet pu assister à la renaissance virtuelle de la magnifique Maria Callas qui, le temps d’un concert, a repris vie plus de 40 ans après sa mort. Accompagnée par l’Orchestre de Chambre de Genève et la génialissime cheffe d’orchestre Eímar Noone, la cantatrice a ainsi entonné certains de ses plus grands airs d’opéras.
Texte: Mélissa Quinodoz
Les curieux·ses étaient nombreux·ses à se presser à Rolle mercredi soir pour assister à ce concert atypique proposé par le Rosey Concert Hall. Que ce soit par nostalgie ou bien par simple intérêt technologique tout le monde semblait impatient de voir resurgir La Callas sur scène. Or, dès les premières minutes du concert, l’auditoire semble avoir été conquis par cette réapparition holographique. Là, devant des yeux émerveillés la Divine se déplace, interagît avec l’orchestre et chante comme elle l’aurait fait de son vivant. Un spectacle unique rendu possible par le travail remarquable de la société BASE Hologram. Pendant des semaines cette dernière a travaillé avec une comédienne équipée de capteurs qui était chargée de reproduire les postures et les attitudes de la chanteuse. Par dessus, ont ensuite été superposées des images colorisées et remastérisées de la diva pour un rendu final plus vrai que nature. Pendant près de 2h, le public a ainsi pu écouter des airs mythiques de Rossini, Verdi ou encore Bizet. Une Callas virtuelle donc, pour une émotion quant à elle bien réelle!
Face à la diva holographique, c’est l’incroyable Eímar Noone qui dirigeait l’Orchestre de Chambre de Genève. Un choix qu’on ne peut que saluer étant donné le talent de la jeune femme et sa personnalité plus qu’attachante. Connue comme l’un des grands noms de la musique de jeu vidéo, Eímar Noone semblait être l’évidence même pour accompagner un projet tel que celui-ci. Sur scène, on a presque l’impression qu’une complicité se noue entre la chanteuse et la cheffe d’orchestre qui applaudit Maria Callas, la salue et finit même par lui offrir une rose. On saluera d’ailleurs la rigueur épatante avec laquelle Eímar Noone dirige ce concert puisque le fonctionnement même de l’hologramme exige de respecter un timing extrêmement strict pour que l’illusion soit parfaite. C’est cette justesse qui a fait de ce duo entre l’hologramme et l’humaine, entre la brune et la blonde, un moment musical réussi.
Cette soirée au Rosey Concert Hall aurait pu en définitive être parfaite. On regrettera cependant certains comportements dans la salle qui sont venus polluer toute la durée de la représentation. Prises de photos, de vidéos, flashs agressifs et des spectateur·trice·s qui apparemment ne savent pas se taire sont ainsi venus perturber le retour sur scène de Maria Callas. On espère qu’à l’avenir le Rosey Concert Hall saura se montrer plus ferme contre ce genre d’attitudes qui sont non seulement irrespectueuses pour les musicien·ne·s présent·e·s mais également désagréables pour le reste de l’auditoire. Malgré tout, cette expérience restera une agréable découverte qui s’est même révélée plus émouvante qu’on aurait pu le présager. Si certaines personnes pourraient trouver la démarche un peu glauque, qu’elles se rassurent puisque le concert, même s’il nous ramène pour un temps la célèbre diva, n’a rien d’une séance de spiritisme et la frontière entre réel et irréel reste bien visible même si, par moment, on aimerait la voir complètement disparaître.