L’exposition Data Blossom, ayant eu lieu à L’Arboretum du Vallon de l’Aubonne du 16 octobre au 7 novembre, a rassemblé les œuvres de trois artistes: Refik Anadol, Dr. Kirell Benzi et Florent Lavergne. La rédaction de L’Agenda l’a visitée le weekend passé et, à présent, vous partage avec plaisir ses impressions.
Texte: Margarita Makarova
Plongée dans le cadre idyllique du parc de L’Arboretum, un samedi matin, je m’approche de la salle d’exposition. À l’entrée, je deviens tout de suite fascinée par une explosion de couleurs. L’installation Quantum Memories (2020) de Refik Anadol, jeune artiste de Los Angeles originaire de Turquie, est au centre de l’exposition. C’est un écran LED de 5 x 5 mètres visualisant en 3D une expérience immersive basée sur un corpus d’environ 200 millions de photographies de la nature. Des recherches sur l’utilisation de l’ordinateur quantique menées par Google, l’apprentissage automatique et la statistique ont rendu possible la naissance de cette œuvre.
Le titre de l’exposition, Data Blossom, renvoie d’une part à la nature et à l’épanouissement des fleurs, par le jeu de mot avec l’expression Cherry Blossom, et d’autre part, à la beauté cachée de l’abondance des données.
L’ordinateur de travail habituel n’est pas suffisamment rapide pour traiter une vaste collection de données, et le superordinateur est déjà plus puissant pour le faire, bien qu’il soit difficile pour un non-chercheur d’y avoir accès. L’ordinateur quantique (qui n’est pourtant pas encore utilisé à large échelle même par les chercheurs) est quant à lui parfait: il effectue une tâche donnée en environ trois minutes, tandis que le superordinateur y aurait passé 10 000 ans! C’est donc à cette technologie-là que l’artiste a confié l’apprentissage automatique basé sur son corpus de 200 millions de photographies. Non seulement le processus de création est novateur et inédit, mais le résultat n’en est pas moins impressionnant!

Refik Anadol s’est déjà fait remarquer sur la scène artistique romande. En 2020, son installation Melting Memories, basée sur le traitement des électroencéphalogrammes, en collaboration avec un laboratoire de neurosciences de Stanford, avait été présentée au Festival Images de Vevey. Son futur projet, dont on peut avoir un aperçu sur son site, semble être encore plus immersif.
Dr. Kirell Benzi, chercheur et artiste de l’EPFL travaille également sur le traitement et la représentation des données par des algorithmes d’intelligence artificielle. C’est son œuvre Connaissance secrète (Secret Knowledge, 2016) qui a attiré mon attention. Au premier abord, l’œil est confronté à une fleur de forme inhabituelle, mais en l’observant de plus près, on remarque une multitude de lignes créant une structure bien définie. Ce sont plus de 300 millions de liens hypertextes de Wikipédia regroupés en fonction des visites d’utilisatrices et utilisateurs. Chaque nœud représente un groupe de pages visitées. Les nœuds sont liés les uns aux autres, s’ils ont au moins une page en commun, et forment des pétales. Une vraie floraison des données!
Les œuvres de Florent Lavergne invitent à réfléchir aux sujets écologiques et se marient avec l’ambiance de l’Arboretum. L’artiste offre par exemple une visualisation par continent des pays les plus pollués au monde. Il fonde son travail sur des travaux de recherche publiés.
Toute l’énergie électrique utilisée dans le cadre de l’exposition est 100% renouvelable et provient du barrage de l’Arboretum du vallon de l’Aubonne. Les organisateurs souhaitant accueillir Data Blossom peuvent se manifester auprès de l’équipe de l’AI Transparency Institute (contact@aitransparencyinstitute.com).
Pour découvrir ces différents univers:
Arboretum du Vallon de l’Aubonne: www.arboretum.ch/
Refik Anadol: refikanadol.com/works/machine-memoirs-space/
Kirell Benzi: www.kirellbenzi.com/
Florent Lavergne: www.behance.net/florentlavergne
AI Transparency Institute: aitransparencyinstitute.com
Image en haut de la page: Kirell Benzi