Cully Jazz Festival – Colores

C’est un enchantement de reprendre la route du Cully Jazz Festival. Après la frénésie de l’ouverture, le premier samedi de l’édition 2015 a comme des airs d’empathie. Sublime comme toujours, la baie déploie ses charmes, pour une soirée sous l’égide de la Femme. Une promesse.

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Ylian Canizares illumine la scène du Chapiteau de sa jeunesse et de sa fraîcheur enjouée. Voix et violon s’entremêlent aux rythmes afro-cubains. Le mouvement est partout, dans chaque souffle, dans la moindre intention. Les titres de l’album « Invocacion » interpellent la salle, entraînée avec délice dans le rythme effréné d’un jazz originel, dont les racines légères et pourtant si profondes vous emmènent avec fougue et douceur. Une beauté sur la terre du jazz, comme un souffle d’au-delà sur les terres cullliérannes.

Plongée dans l’apnée de la foule. Les petites mains de l’ombre entament un ballet minutieux sur la scène du chapiteau. C’est reparti pour un tour de piste.

Ana Moura, dame en noir du fado, fait son entrée. Dans un jeu de lumière léché mais efficace, une silhouette incantatoire, telle une ombre de la voix, glisse sur la scène et appelle de son timbre eraillé la mélancolie d’un Portugal presque oublié. La salle frémit, un peuple en liesse se contient. La forme du fado prend aux tripes, entre tradition et frêle instantané. La soirée s’égrène au fil d’un temps immémorial, dont le souvenir fait vibrer la nostalgie de chacun. Un plaisir désuet, profond et délicieusement suranné.

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Ylian Canizares (voc, v)), Daniel Stawinski (P acoustique), David Brito (cb), Cyril Regamey (dms, perc), Inor Sotolongo (perc)

Ana Moura (voc), Angelo Freire (portuguese g), Pedro Soares (g), André Moreira (bg, db), Joao Gomes (kbd), Mario Costa (dms, perc)

Texte: Ophélie Thouanel

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