Performance

Piscine

Le public de la piscine

Deux ans après une première performance dans une serre Fulleraine, l’artiste-chorégraphe valaisanne Florence Fagherazzi et ses élèves de danse sont de nouveau allés à la rencontre du public avec Silent Fights.

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Assis∙e sur un banc de la paisible Martigny, vous regardez les voitures passer. Nous sommes le 18 septembre et, en cette fin d’après-midi, le temps est encore clément. Que faire? Où aller? Une balade vous ferait du bien mais il n’est pas évident de se décider. D’ailleurs, somme toute, vous êtes quand même bien sur ce banc.

Texte de Clara Boismorand

Aux abords de la sortie du parking, le soleil vous plisse les yeux et se reflète dans les vitres des véhicules. Ébloui∙e vous détournez la tête. Une voiture est sur votre gauche. La fenêtre du passager avant s’abaisse et des visages familiers émergent de la pénombre carrossière. “Vous faites quoi? […] À la piscine, il y a un spectacle de danse contemporaine. […] C’est gratuit. […] dans cinq minutes. […] Venez! “.

Sans vraiment comprendre comment cela est arrivé, vous vous retrouvez sur un des sièges arrière. On vous parle, on rigole, on s’agite. La piscine a fermé pour la saison depuis quelques jours. C’est excitant de se rendre dans un lieu condamné la moitié de l’année. Quel lieu singulier, la piscine, tout de même! C’est irréel de passer ainsi de la vie à la mort, d’une eau bleue nerveuse et effervescente en été, à une eau verte plate et chagrin en hiver. Les piscines publiques ont cela d’étrange: une fois fermées, elles inquiètent. On se demande si elles rouvriront un jour, si l’été reviendra. Il reviendra, n’est-ce pas?

reflet

 

Vous passez le tourniquet de l’entrée. Il y a du monde sur le gazon mais personne n’ose s’approcher de la piscine. Interdit∙e, vous évitez les bassins du regard et préférez concentrer votre attention sur les gens autour de vous; jusqu’à ce qu’une voix vous extirpe de l’inconfort. La voix, qui vous parvient à travers des haut-parleurs, vous invite à vous mettre en marche. Curieux∙se et incertain∙e quant à ce qui vous attend, vous avancez dans le gazon et, au tournant, trébuchez, sur une rangée de danseurs et danseuses tout vêtu∙e∙s de noir, le visage encré de mots.

La musique débute et vous voici parti∙e pour une heure de performance itinérante. Du gazon, vous rentrez dans la piscine – vidée à l’occasion – et découvrez, au fond, d’autres danseurs et danseuses. Les corps se disloquent, se tordent, se crispent et se relâchent; on court, on rampe et on tombe! Le tout se termine sur la musique de Cerrone Supernature. À l’image de la scène d’ouverture dans Climax de Gaspard Noé, danseur∙euse∙s et public chaloupent ensemble dans les  profondeurs de la piscine. Grisé∙e et un peu sonné∙e par ce que vous venez de voir et de vivre, vous échangez avec quelques personnes autour de vous.

piscine portrait

Photo: Colombe Boismorand

Parmi elles, Remy, un entraîneur de natation de Martigny, Noélie et Colombe, deux sœurs, Leopold et Sophie, deux danseurs et Arnaud, un jeune graphiste. Amené∙e∙s par la curiosité et le bouche à oreille, leurs paroles résonnent encore contre les parois de la piscine:

  • “c’était intéressant”
  • “ils auraient pu un peu plus sourire tout de même”
  • “j’ai surtout aimé la fin”
  • “on m’a forcé à venir ici”
  • “certains danseurs se démarquaient, c’était sympa”
  • “ils ont choisi la facilité”
  • “la musique était très belle”
  • “ça m’a inspiré”
  • “elle m’a dit de venir et je suis venu”
  • “beaucoup d’émotions dans ce spectacle et on les a ressenties, c’était bien fait”
  • “j’ai eu peur, j’ai été pensif, peut-être un petit peu triste mais j’ai eu beaucoup de joie, les danseurs n’étaient pas des humains mais des pensées”
  • “je n’aime pas trop la danse contemporaine mais sur les deux spectacles que j’ai vus, celui-ci était mon préféré”
  • “par hasard”
  • “j’ai aimé la dernière partie où on se prenait moins au sérieux et qu’il n’y avait pas nécessairement de message à faire passer”

instagram: @florence_fagherazzi_danse

Photo de haut de page: © Florence Fagherazzi

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Utopolis©Ana Lukenda

Utopolis – La ville et ses alternatives en partage

Si l’on considère que le théâtre permet d’observer notre réalité au travers du prisme de l’art, par son format inhabituel, le théâtre ambulatoire et participatif du collectif Rimini Protokoll ajoute à cela une dimension: celle qui nous implique, vous, nous, “professionnel·le·s du quotidien”,  dans le processus de création et de réflexion. Leur pièce, intitulée Utopolis, débutera le 13 mai prochain et propose d’envisager des alternatives à nos fonctionnements actuels le temps d’un cheminement dans Lausanne avec des compagnons inconnu·e·s. Stefan Kaegi, co-fondateur du collectif, nous parle de ce projet, cadeau éphémère à vivre dans le présent.

Texte de Katia Meylan
Propos recueillis auprès de Stefan Kaegi

Pour l’homme de théâtre maintes fois récompensé, l’occasion est spéciale, car s’il a monté plusieurs projets personnels à Lausanne ces dernières années, c’est la première fois depuis 2013 à Vidy que les trois membres fondateurs de Rimini Protokoll, Helgard Haug, Stefan Kaegi et Daniel Wetzel, y sont à nouveau réunis dans un projet commun. 

Parmi les créations de Stefan Kaegi, on se souviendra notamment de Boîte noire, théâtre-fantôme pour personne seule à Vidy pendant la période 2020… ou encore Remote Lausanne au Festival de la Cité en 2014. Se réunir au cimetière de Prilly avec un groupe de personnes, se munir d’écouteurs, monter dans le LEB et en perturber très légèrement l’environnement, marcher, passer devant ce que l’on voit tous les jours en se le faisant raconter par une voix informatisée, hésiter puis ne pas adresser un doigt d’honneur à l’autre moitié du groupe même si ladite voix nous le demandait, s’asseoir par terre dans le CHUV… sans aucun doute, les souvenirs de Remote Lausanne il y a huit ans sont encore bien présents dans mon esprit.

Retrouvera-t-on en Utopolis un dérivé de Remote Lausanne? Pas exactement, nous répond Stefan Kaegi. Dans Remote, une voix dématérialisée nous chuchotait comme un secret, dans des écouteurs individuels, ses réflexions sur une société telle qu’elle existe déjà. Alors qu’Utopolis, pour imaginer des alternatives à cette société, donne la parole aux voix et aux dialectes d’ici, aux intonations diverses, qui parlent d’utopie à travers un haut parleur à partager avec toute la ville. “L’histoire commune se crée par petites parts personnelles”, explique Stefan Kaegi.

Utopolis2©Ana Lukenda

Photo: Ana Lukenda

Ainsi, guidé par un “orchestre de hauts-parleurs qui synchronise et sonorise la ville”, le public déambule dans Lausanne par petits groupes de 5-6 personnes, avec pour point de départ l’un des 48 endroits participants. En effet, pour planifier cette déambulation d’environ 3 heures, Rimini Protokoll s’est adressé à 48 interlocuteur·ice·s, leur a posé des questions sur leur fonctionnement, sur leur idée de possibles utopies. Ce sont leurs réflexions que l’on entendra durant notre voyage. Parmi ces “agents d’accueil décentralisés”, on trouve des magasins, des bars, des associations, des kiosk, des bureaux d’architecte, des gymnases, parfois même des lieux auxquels on n’a habituellement pas accès… 

Lausanne, sur l’initiative du Théâtre de Vidy et de Plateforme 10, est la quatrième hôtesse de l’expérience Utopolis, après Manchester, Köln et Saint-Pétersbourg. “Vous imaginez que c’est tout autre chose de jouer dans un endroit où ils disent que l’utopie est quelque chose qu’ils ont déjà connu”, mentionne Stefan Kaegi à propos d’une expérience vécue en Russie. Ainsi, du point de vue du contenu et des réflexions, les visions diffèrent, tout comme les problématiques plus “techniques”: le metteur en scène nous raconte une ancienne billetterie de train ou un tribunal, lieux fascinants investis dans les autres villes, qui n’existaient pas à Lausanne ou auxquels ils n’ont pas eu accès. “Il faut réinventer d’autres histoires, d’autres points de départ à chaque fois. On continue à écrire notre grand livre de l’Utopie!”.

Il ajoute, reconnaissant envers le Théâtre de Vidy avec qui il collabore régulièrement: “C’est un défi pour les théâtres de nous programmer. Ce n’est pas juste un accueil, mais cela témoigne d’une envie de participer à l’invention d’une vision du monde”. 

Comme Rimini Protokoll et les 48 interlocuteur·ice·s avant lui, le groupe qui déambule aura lui-aussi la possibilité de se faire co-auteur de l’histoire. Pour ce faire, le collectif a imaginé un système d’écriture collective de l’Utopie… mais Stefan Kaegi n’en dévoile pas plus, nous laissant la découverte pour la semaine prochaine. Plus que des résultats ou des archives, nous dit-il, l’esprit qui anime Utopolis est l’éphémère, le partage, et l’envie d’attester de réalités sociales ou politiques, mais de réaliser que ces réalités pourraient aussi être différentes, et que ce qui nous entoure est ouvert à des modifications. 

Utopolis Lausanne
Du 13 mai au 4 juin 2022
Divers points de départ seront annoncés aux participant·e·s 12h à l’avance par email

vidy.ch/utopolis-lausanne

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Viktor Vincent

Mental Circus: Assister à une performance hors normes

Le moins que l’on puisse dire c’est que Mental Circus nous pousse dans nos retranchements. En effet, dans ce show non conventionnel, Viktor Vincent fait la démonstration de ses talents de mentaliste, c’est-à-dire de sa capacité à deviner ce à quoi vous pensez. Oui, il s’agit d’un fait étonnant, cet homme est en mesure de dire ce que vous avez précisément en tête. Manie-t-il des puissances surnaturelles, est-il un magicien ou un fin psychologue? Vous êtes piqué·e·s de curiosité? Parfait! Rendez-vous ce soir à la Salle Métropole de Lausanne.

Texte de Marion Besençon

Si vous avez déjà vu Viktor Vincent à la télévision, vous vous souvenez probablement de ses yeux bleus perçants et de sa moustache façon 19e siècle. Vous devez vous rappeler aussi qu’il fait un usage spécifique de son intuition révélant au public médusé le nombre, l’objet ou encore la personne à laquelle pensent des stars invitées sur le plateau. Perspicace, le mentaliste parvient à chaque fois à la réponse juste pour le plus grand plaisir des spectacteur·trice·s qui pâlissent et dans un même temps s’amusent de cette étrange capacité…

Sur les planches, les performances du showman sont soigneusement scénarisées. En effet celui-ci aime créer des spectacles à l’identité visuelle forte où il peut allier le cinéma à son amour du théâtre. Avec son nouveau spectacle Mental Circus, le mentaliste nous embarque dans le New York des années 30 et fait le choix d’un visuel très luhrmannien. Et pour nous montrer l’étendue de son étonnant talent, il utilise le ressort de la narration. Ainsi il nous raconte l’histoire véritable et passionnante d’un couple de télépathes qui produisait un intrigant numéro de musichall dans les rues new-yorkaises.

Dans ses shows, Viktor Vincent se plaît à croiser les parcours individuels avec la grande Histoire. C’est pourquoi il est aussi question de Charlie Chaplin, de Lindbergh, ou encore du débarquement de 44 dans sa nouvelle production. Ces destins incroyables auxquels il redonne vie sous nos yeux préparent et accompagnent agréablement des performances mentales dont on se souvient longtemps. Pour ajouter à la magie du moment, une musique envoûtante composée par Romain Trouillet accompagne les démonstrations.

Viktor Vincent

Le mentaliste laisse difficilement indifférent·e: que la pensée du surnaturel nous inquiète, que ses astuces de magicien pique notre curiosité ou que nous souhaitions simplement connaître sa méthode de lecture du langage corporel, c’est à une découverte passionnante sur les capacités de l’esprit que nous sommes convié·e·s. Comme l’artiste l’analyse lui-même, le mentalisme offre la sensation que l’esprit n’a aucune limite; et c’est probablement ce frisson-là que nous affectionnons tant.

Peut-être oserez-vous monter sur scène pour vous découvrir un pouvoir insoupçonné?

Viktor Vincent – Mental Circus
Jeudi 3 février à 20h
Salle Métropole, Lausanne
Billets sur www.prestoprod.ch

Les représentations au Théâtre du Léman à Genève sont reportées au 29 octobre 2022.

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Marco Smacchia

Une mystérieuse boîte magique

Marco Smacchia nous invite à aller à la rencontre de nos âmes d’enfants et nous laisser porter par la magie de la vie à travers son nouveau projet. Pas de lapin sorti d’un chapeau ou de carte dans sa manche, mais c’est le cœur sur la main que l’artisan de l’illusion nous accueille dans sa boite magique pour un voyage onirique à travers le temps et l’espace.

Texte de Coralie Hornung

Dans la grande tapisserie de la vie, divers événements ont marqué l’évolution de l’enfant d’abord ébloui, puis passionné et finalement artiste. C’est dans les liens familiaux que naît l’intérêt de Marco Smacchia pour le divertissement, plus particulièrement au contact de sa tante Marilena: l’étincelle de la famille. C’est elle qui orchestre et anime les réunions familiales avec brio. C’est d’elle qu’il tient le sens de la fête, de l’échange, bref de la magie qui relie les êtres. C’est encore elle qui l’emmènera voir son premier spectacle de magie.

À l’âge de 8 ans, il reçoit son premier coffret de magie. Puis, très vite, il rencontre le célèbre magicien et tenancier du Truc’Store de Genève, Jean Garance, qui le prend sous son aile et lui transmettra le goût de la simplicité efficace. Le talent n’attend pas le nombre des années, et bien qu’il soit jeune, le magicien en herbe est invité à de nombreuses conférences de magie. Il obtiendra ensuite un diplôme de l’Académie de Magie de Lausanne dès qu’il en aura l’âge. En 2014, il fonde Red Curtain afin de grouper les services magiques qu’il propose aux entreprises comme aux particuliers. Il utilise également sa salle de spectacle et son atelier de magie à Lausanne pour transmettre certains de ses secrets à quelques élèves privilégié∙e∙s ou pour co-créer de nouveaux tours en leur compagnie.

Malgré les normes sanitaires et les règles de distanciation, l’illusionniste continue à partager sa passion avec petit∙e∙s et grand∙e∙s depuis le début de la pandémie. Cet adepte de close-up aime se produire directement sous les yeux de son public et être en interaction avec lui. L’artiste nous confie: “Pour moi, la magie c’est quelque chose qui se vit”. Il fait des spectacles dans les écoles ou pour des anniversaires, même à cinq lui compris, afin d’apporter un peu de légèreté et de poésie pour lutter contre la morosité ambiante. Quand on est magicien, rien n’est impossible.

Finalement, l’artiste profite de la baisse de la demande d’animations ou d’événements sur mesure pour se lancer dans un rêve un peu fou qu’il caresse depuis quelques temps: créer de toutes pièces son propre spectacle. Pour ce faire, il collabore avec le metteur en scène Laurent Baier et toute une équipe technique afin de créer un show grandiose à l’américaine qui conserve toutefois la simplicité et la poésie de l’enfance. Le magicien nous invite donc à le rejoindre dans une mystérieuse boite magique qui sera installée au coeur de Morges de fin janvier à début février 2022.

Vendredi 21 et 28 janvier 2022
Vendredi 4 et 11 février 2022
www.redcurtain.ch
www.kubus.swiss

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Your Fault portrait ©MarySmith_Marie Taillefer

Culture estivale à Lausanne

La plateforme CultureDebout! recense toutes les actions et initiatives mises en place en un temps record par la scène culturelle lausannoise. Rivalisant de créativité, elle vous propose cet été un programme inédit et majoritairement gratuit dans des conditions respectueuses des normes sanitaires.

Texte: Sandrine Spycher

Un des rendez-vous phares de l’été lausannois est, depuis de nombreuses années, Le Festival de la Cité. Annulé à cause de la pandémie de coronavirus, il vous donne rendez-vous pour sa version revisitée, Aux confins de la Cité, qui se tiendra du 7 au 12 juillet 2020. Les différents lieux, choisis avec attention afin de respecter les normes sanitaires tout en garantissant une expérience de spectacle enrichissante, ne sont dévoilés qu’aux participant·e·s. En effet, les projets, in situ ou sur des scènes légères, ne sont accessibles que sur inscription. C’est donc après tirage au sort que les chanceux et chanceuses pourront profiter de spectacles de danse, théâtre, musique et bien plus encore Aux confins de la Cité!

Pour ce qui est des arts de la scène, L’Agenda conseille, au cœur de cette riche sélection, la pièce Sans effort de Joël Maillard et Marie Ripoll. Déjà présenté à l’Arsenic en octobre 2019, ce spectacle est un joyau de texte et de créativité, qui explore les questions de la mémoire humaine et de la transmission entre générations. Côté musique, vous retiendrez notamment la pop velours de Your Fault, projet de Julie Hugo (ancienne chanteuse de Solange la Frange). Cette musique aux notes envoûtantes ne manquera pas de rafraîchir la soirée à l’heure où le soleil se couche. Enfin, pour apporter une touche grandiose dans ce festival, Jean-Christophe Geiser jouera sur les Grands Orgues de la cathédrale de Lausanne. Ce monument symbolique de la Cité où se déroulent les festivités contient le plus grand instrument de Suisse, que l’organiste fera sonner. Bien d’autres projets et spectacles seront présentés au public inscrit. En prenant soin de respecter les consignes sanitaires, on n’imaginait tout de même pas une année sans fête à la Cité !

Your Fault portrait ©MarySmith_Marie Taillefer
Your Fault, © MarySmith : Marie Taillefer

Les cinéphiles ne seront pas en reste cet été grâce aux différentes projections, par exemple dans les parcs de la ville. Les Toiles de Milan et les Bobines de Valency ont repensé leur organisation afin de pouvoir offrir un programme de films alléchant malgré les restrictions sanitaires. Les Rencontres du 7e Art, ainsi que le Festival Cinémas d’Afrique – Lausanne se réinventent également et vous invitent à profiter de l’écran en toute sécurité. La danse sera également à l’honneur avec la Fête de la Danse ou les Jeudis de l’Arsenic, rendez-vous hebdomadaires au format décontracté, qui accueillent aussi de la performance, du théâtre ou encore de la musique.

La plupart de ces événements sont rendus possibles grâce au programme RIPOSTE !. Selon leurs propres mots, RIPOSTE !, « c’est la réponse d’un collectif d’acteurs culturels lausannois pour proclamer la vitalité artistique du terreau créatif local ». L’Esplanade de Montbenon et son cadre idyllique avec vue sur le lac Léman a été choisie pour accueillir, chaque vendredi et samedi en soirée, une sélection de concerts, films en plein air et performances de rue. L’accès y sera limité afin de respecter les mesures sanitaires.

L’Agenda vous souhaite un bel été culturel !

Informations sur culturedebout.ch


 

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Montez dans le théâtre-fantôme

Après plusieurs mois sans culture autre que celle relayée par le web, moyennant toutes sortes d’adaptations, de conditions et d’éloignements, le théâtre peut exister à nouveau. Le Théâtre Vidy-Lausanne existera donc du 9 juin au 10 juillet, comme une parenthèse fantôme entre le vide des trois derniers mois et l’au-revoir au bâtiment actuel qui, pendant 2 ans, sera en travaux pour rénovation.
Dans ce contexte où la notion d’isolement et l’importance de la culture nous touche plus que jamais, l’artiste Stefan Kaegi a imaginé Boîte noire, un spectacle déambulatoire pour une personne dans les différents espaces de l’institution. Départ chaque 5 minutes, écouteurs sur les oreilles. C’est à moi dans 20 secondes… 10… 

Texte: Katia Meylan

©Philippe Weissbrodt

“Une heure au théâtre ne dure jamais une heure, elle dure toujours un peu plus, ou un peu moins”, nous dira une voix dans le casque au fil de notre déambulation. Les 1 heure et 20 minutes que propose Boîte noire s’inscrivent dans cet autre espace-temps. J’en émerge comme d’un rêve nostalgique.

Ce n’est pas tant le format déambulatoire, quoi que toujours follement excitant, qui m’a surprise cette fois (il me rappelle l’expérience intitulée Remote Lausanne, du même collectif Rimini Protokoll, vécue au Festival de la Cité en 2014) que l’émotion qui s’en dégage.
Seule, croisant parfois un autre “fantôme”, avec pour guide la voix de l’archiviste du théâtre, je suis passée par les couloirs, j’ai vu les anciennes affiches et les insides-jokes des collaborateur·trice·s épinglées au mur. Les ateliers des technicien·ne·s, remplis de câbles, de machines et d’outils m’ont mis sous les yeux la grosse machine à rêve qu’est le théâtre. Pourtant je ne me suis pas réveillée. J’ai continué dans les ateliers coiffure, costume et accessoires, où je me suis prise à tout ouvrir avant même que l’archiviste ne m’y enjoigne. J’ai senti un trac derrière le rideau côté jardin, profité de mon salut au public depuis la scène, réfléchi à notre statut de public et à mon statut de spectatrice isolée, assise au milieu du parterre, puis attablée à la Kantina.

Bel hommage au Théâtre de Vidy que cette visite. Bel hommage aussi à tous·tes celles et ceux qui y œuvrent: en effet, dans chaque espace que l’on visite, on entend leurs voix qui nous confient ficelles du métier et souvenirs du lieu. Bel hommage enfin au théâtre en tant qu’art, alors que les confidences deviennent parfois philosophiques.

©Philippe Weissbrodt

Que les voix nous soient familières ou non, que l’on connaisse les rouages des coulisses, le frisson de la scène ou uniquement le confort des sièges rouges côté public, que l’on soit fervent·e abonné·e ou en visite à Vidy pour la première fois, on enregistre telle une caméra subjective les images du lieu auxquelles on superpose ses propres souvenirs – passés, et à emporter pour plus tard. 

Boîte noire, théâtre-fantôme pour une personne
Du 9 juin au 10 juillet
Mardi au vendredi de 18h à 22h
Samedi de 14h à 17h et de 19h à 22h
Théâtre de Vidy, Lausanne

www.vidy.ch

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Plus pop et hétéroclite que jamais, Antigel souffle ses 10 bougies en grande pompe

Depuis 2011 déjà, le festival international de musique et danse genevois Antigel offre durant trois semaines un programme culturel fun et actuel. En tête d’affiche cette année, le spectacle Inoah d’une figure majeure de la danse contemporaine, le brésilien Bruno Beltrão à voir au Bâtiment des Forces Motrices le 13 février prochain. Avant cela, L’Agenda est allé découvrir la performance intrigante de Simon Mayer.

Texte: Marion Besençon

Questionnant ce qui nous rassemble, l’artiste protéiforme Simon Mayer convie son public à l’expérience d’une fusion des formes du folklore et de la danse contemporaine. Pour son solo, c’est nu qu’il s’est présenté sur la scène du Point Favre, dans ce “costume traditionnel de tous” comme il nous l’a expliqué à l’issue de sa représentation. C’est un pont entre le primitif et le moderne que tisse progressivement le danseur, dans le mouvement et par le chant, avec le son des différents objets aussi. Dans son spectacle SunBengSitting (Sunbeng, ce fameux banc en bois devant les maisons surlequel on s’assied pour prendre le soleil), celui qui est d’ailleurs originaire du monde rural autrichien livre une performance ludique et organique, une ronde qui convoque les éléments du monde par la danse folk et le yodel, entre patrie et ouverture au monde.

Il ne s’agit pourtant plus d’être en transe autour du feu, c’est le micro suspendu qui paraît aujourd’hui symboliser l’action féconde des cycles de mort et renaissance; et peut-être même incarner le prolongement de la lumière, c’est-à-dire l’illumination.

Le musicien sollicite donc la mémoire de la communauté humaine ainsi que l’imaginaire de nos sociétés contemporaines en se jouant de la bienséance et de la vraisemblance, exploitant sur scène des artefacts aussi classiques que subversifs: un violon, un fouet ou encore une trançonneuse. Jouant crescendo, la performance se clôt dans la jubilation du storytelling révélant, dans le même temps, la légende d’intrépide cueilleur d’edelweiss du personnage et sa fin logiquement tragique en bas d’une montagne. Subtile et drôle, une performance d’art vivant qui nous laisse penser que le festival genevois a sorti le grand jeu pour cette édition anniversaire…

Dans la catégorie de la danse urbaine et du hip hop, Bruno Beltrão présentera quant à lui dix jeunes hommes comme autant de figures de migrants. Réunis pour former d’éphémères duo ou trio de danse, ces déracinés manquent à dépasser ce qui les sépare pour bénéficier de l’aide et de la chaleur d’une communauté. Le spectacle Inoah agit en ce sens en électrochoc: par cette distance entre les corps qui dansent, sans cesse réétablie dans l’espace de la scène, c’est une difficulté de la migration qui se dévoile à nos sens. Portés par une chorégraphie virtuose, ces corps portent ainsi magnifiquement le message humaniste au public. Un moment époustouflant, ancré dans la réalité du monde présent, à vivre d’urgence à Antigel.

Festival Antigel
Festival international de musique et danse

Communes genevoises
Jusqu’au 15 février 2020  

Inoah
Jeudi 13 février à 20h30 au Bâtiment des Forces Motrices (BFM), Genève

Programmation complète sur www.antigel.ch

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Invisible: Fauteurs de micro-troubles à Plainpalais et à la Ferblanterie

Un sentiment de puissance – de beauté. Une gêne – une excitation – une réflexion…
Pêle-mêle selon les personnalités, les impressions ressortent alors qu’assis
 autour d’une table à La Comédie de Genève, on débriefe Invisible.

Texte: Katia Meylan

Invisible, ce n’est pas un spectacle mais une performance participative imaginée par Yan Duyvendak, co-écrite par 32 auteur·trice·s et testée dans différents contextes sociaux et culturels. Y ont participé La Manufacture, l’Arsenic et La Comédie de Genève où elle est encore au programme jusqu’en mars 2020, mais aussi des théâtres et fondations en Hollande, en Inde et en Serbie.

En m’y inscrivant, je m’attendais à devoir sortir de ma zone de confort. Heureusement, j’ai avec moi un allié.
“Hors les murs”, indique le billet, et je ne spoilerai rien si je dis que le but de ce jeu est d’effectuer, par groupe de 7 à 12 et en feignant de ne pas se connaître, trois micro-actions en 2h pour troubler imperceptiblement l’espace public. Ces Actions ne constituant pas la surprise en elle-même mais plutôt son déclencheur potentiel, nous découvrons nos missions dès notre arrivée à La Comédie, en même temps que nous rencontrons nos complices d’un soir – également venu·e·s par paires. Valérie, Corentin, Rébecca, Gaëlle, Valentin et moi-même recevons donc trois Actions à effectuer, modes d’emploi à l’appui.

Action #8, S’aligner: Arriver de manière successive dans une rue commerçante. S’arrêter sur une même ligne qu’une personne qui attend. Jouer avec la durée, la visibilité et la mobilité de la ligne. […]
Action #6, L’amour à deux? S’installer par couples dans un bar. Commander à boire. Rester ensemble sans échanger la moindre parole. Communiquer normalement avec les serveur
·euse·s.
Action #3, Monte le son: [Toujours par couples ] choisir un sujet de conversation. Faire monter puis descendre le volume des conversations en synchronie avec les autres couples, via Whatsapp. Chercher à contaminer les usager
·ère·s du lieu […].

D’apparence simple, le concept n’est banal ni dans la vie de tous les jours ni au théâtre. Il ne fonctionne en réalité qu’en équilibre entre ces deux univers. Si l’action est identifiée comme artistique par les passant·e·s, l’effet serait neutralisé, nous prévient Laura Spozio, une des créatrices du jeu, car notre acceptation de l’étrange est plus souple en connaissance de cause.

Plus ou moins confiant, déjà hilare ou curieux, notre petit groupe de six sort alors dans la rue pour aborder Plainpalais et sa première mission. Avoir des consignes me rassure, mais voulant bien faire – ou disons-le, ayant carrément peur de mal faire –, je m’inquiète sans cesse du fait que notre ligne n’est pas bien droite, que personne ne nous remarque… La fête foraine brouille les pistes, on semble passer inaperçu, mais la situation est surréaliste et une étrange excitation empêche l’ennui, ne serait-ce qu’une seconde. On offre une magnifique ligne à une jeune homme, mais tout occupé qu’il est sur son portable, il ne la remarque pas.

Une demi-heure plus tard, lorsque l’on entre successivement à la Ferblanterie pour attaquer l’Amour à deux, la situation redevient pour moi presque confortable. Nous restons dans nos binômes rassurants et ne jouons pas beaucoup la comédie. Lors du débriefing, on regrette presque de ne pas s’être imposé ce challenge supplémentaire. Chaque groupe choisit sa manière de communiquer, les unes par Whatsapp interposés, les autres au crayon gris sur des vieux tickets de caisse, Valentin et moi préférons les gestes et les regards. Là aussi, passe-t-on inaperçu? Ce sont surtout les paires qui s’observent entre elles.

Cela pour mieux prendre de l’élan pour notre troisième mission. Monte le son se profile et on s’accorde sur Whatsapp. J’appréhende. Se mettre à hurler dans le bar, ne va-t-on pas déranger? Et va-t-on nous juger sur le contenu de nos conversations? On rit beaucoup, mais je doute de l’effet sur notre environnement, qui semble une fois encore imperméable à tout trouble.

Je sors du bar avec la forte impression que “ça n’a pas marché” et la tête pleine de réflexion au sujet de ma personnalité et de celle des autres. De retour à La Comédie en présence de deux organisatrices pour le débriefing, pourtant, les discussions avec le groupe renversent aussitôt mon ressenti.

Corentin a remarqué pendant la première mission des spectatrices que je n’avais pas vues, cela me rassure et me réjouit. Mais au-delà de notre réel effet sur les autres, c’est bien les différents comportements, les difficultés, les sensations engendrées, partagées ou non et les discussions qui me marquent dans cette expérience, encore plus que le fait d’être sortie de ma zone de confort et d’avoir osé brailler des bêtises avec un accent vaudois qui se transforme tout à coup en accent portugais.

Valérie avait déjà participé, et avait donc réalisé trois des six autres actions qui se jouent quant à elles le samedi après-midi, dont certaines demandent des interactions directes avec des inconnu·e·s. Son expérience contribue à alimenter le sujet, qui s’étend.

Invisible. Est-on l’espace d’un instant spectateur·trice du “normal”? Doit-on jouer un rôle pour troubler cette normalité? Ou au contraire, ces actions nous poussent-elles simplement, en restant nous-même, à dépasser nos limites dans un espace public qui nous voit habituellement restreint·e·s à un comportement neutre et inattentif·ve·s aux autres?

Conseils aux futur·e·s invisibles:

– S’habiller chaudement (environ 30 minutes statiques en extérieur pour les Actions du mercredi soir)
– Prévoir minimum 3h pour tout le déroulement
– Pas de Whatsapp? Pas de soucis, quelques appareils sont à disposition

Invisible
Samedi 21 décembre 2019
Les 15, 18, 22, 25 et 29 janvier 2020
Les 1, 5, 8, 19, 22, 26 et 29 février 2020
Les 4, 7, 11, 14, 18, 21 et 25 mars 2020
(les mercredis à 19h, les samedis à 14h30)
La Comédie de Genève
www.comedie.ch

Pour des dates futures et découvrir le travail de Yan Duyvendak:
www.duyvendak.com

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Ze Tribu, l’aventure a déjà commencé

Faire l’école à la maison, inventer des spectacles en famille, partir apprendre le kung fu, prendre le train et commencer un tour du monde, ce n’est pas très raisonnable n’est-ce pas? Pourtant certains le rêvent, et même le vivent! Frédéric, Deborah, Merlin et Arsène forment une tribu, ou plutôt, Ze Tribu. Et que l’on soit hyperconnecté ou old-school, on pourra suivre le fil de leur aventure d’une année autour du monde; sur Youtube, Instagram ou leur vlog, mais aussi dans une gazette papier, à la télévision… et même, une fois qu’ils seront rentrés et que tout sera dans la boite, sur grand-écran.

Texte: Katia Meylan

Ze Tribu, c’est d’abord deux parents comédiens, Frédéric et Deborah, qui se sont posé la question de ce qu’ils souhaitaient transmettre à leurs enfants. “C’est presque instantanément, quand Déborah est tombée enceinte de notre ainé, qu’elle s’est dit qu’il allait falloir voyager pour leur apprendre que tout n’était pas comme chez nous, qu’il n’y a pas qu’une seule manière de vivre, de fonctionner en société. Ça n’a pas commencé tout de suite, ça fait 7 ans qu’on fait l’école à la maison et qu’on a commencé à voyager. Petit à petit l’envie de partir plus longtemps s’est installée dans les rêves. C’est l’âge de notre fils ainé qui nous a fait nous dire “c’est maintenant ou jamais”. Les deux ados, Merlin (15 ans) et Arsène (13 ans) développeront leurs potentiels, leur esprit critique, leur créativité, leur compassion, leur sérénité, leur civisme, leur éthique et leur amour de la nature… tout un programme!

“On a lancé plein de projets en l’air et pour le moment ils sont en train de tous se faire!”.

Projet Bye-bye la Suisse!

La tribu ne part pas pour toujours comme le font en général les protagonistes de l’émission Bye-bye la Suisse de la RTS… mais l’émission documentaire fait une exception, et décide de suivre cette famille qui se lance un an sur les routes. Elle la rejoindra plusieurs fois durant son voyage, pour partager ensuite en six épisodes ses aventures et ses découvertes, mais aussi sa philosophie de vie.

 

Projet vlog

En plus de l’émission, également produits par la RTS, de petits sujets parallèles de 4-5 minutes seront tournés par l’un∙e ou l’autre avec une caméra 360°, montés et postés sur le vlog de Ze Tribu. “Le New York Times fait déjà des reportages en réalité virtuelle mais pour l’instant ça reste un concept en développement. Tout est à inventer!”, s’enthousiasme Frédéric. Le potentiel est énorme – il pense déjà à leurs deux mois de résidence dans un monastère Shaolin pour étudier le kung fu – et les sujets ne viendront pas à manquer, si l’on sait qu’ils passeront par la Russie, la Chine, le Japon, l’Asie du Sud, l’Inde puis l’Amérique du sud dans une optique de rencontre.

Projet théâtre

La “tournée” de deux pièces se met petit à petit sur pied avec l’aide des différentes ambassades suisses et des Alliance française, pour trouver des lieux où jouer et y attirer francophones et francophiles. Frédéric et Déborah ont travaillé à réduire ces pièces à l’essentiel pour pouvoir s’adapter aux lieux qu’ils vont croiser.

La première, Love Letters, déjà à l’époque de sa création au Théâtre Pitoeff 2010, avait donné à ses interprètes Frédéric et Déborah une sensation d’intimité entre les spectateurs et l’histoire. “On s’était dit, déjà à ce moment-là, que ça vaudrait le coup de le faire en petit comité”. Ils ne jouent toutefois plus la pièce pendant quelques années, puis, il y a deux ans, un petit théâtre à Porrentruy leur fait la proposition de la reprendre, ce qui leur donne l’occasion de la réadapter dans sa version actuelle.

Le monologue La confession du pasteur Burg avait quant à lui été un grand succès, joué par Frédéric dès 2006 et pendant six ans entre 150 et 180 fois dans la région et même jusqu’à Paris. Dernièrement, Didier Nkebereza, metteur en scène de la pièce et directeur du Centre Culturel des Terreaux, lui propose de la reprendre pour deux représentations en ouverture de la saison actuelle, dans une série d’événement autour des 10 ans de la mort de Jacques Chessex. Frédéric a alors l’idée d’adapter directement la pièce à son projet de voyage.

Le format du dernier spectacle qui partira sur les routes avec les Landenberg est un peu différent. En effet, Red nose on a trip est une création à eux, clownesque et sans paroles, dont l’histoire est celle d’une famille de clowns qui voyage. Tous les accessoires qu’ils utilisent sont ceux qu’ils auront vraiment dans leur sac, et ils seront libres de la jouer où bon leur semble, dans des trains ou chez les gens. Cette pièce sera donc leur outil de rencontre, leur moyen pour communiquer dans le langage universel des clowns et se faire comprendre non seulement par les francophones mais par tous ceux qui croiseront leur chemin. Le spectacle qui se veut évolutif s’enrichira et se métamorphosera au fil des aventures. La famille en a répété une première version et s’apprête à la tester dans la rue à Genève, avant la fin du mois. “Pour le moment on imagine ce que cet objet interactif peut donner, mais on s’est dit qu’il fallait qu’on se lance un moment donné, et qu’on aille se confronter à ça avant d’arriver à Moscou!”

Projet film

Pour la dernière étape du voyage en Amérique du Sud, un autre projet de taille a été imaginé: la famille a proposé à Fred Baillif, avec qui Frédéric avait travaillé sur le film “Tapis rouge”, de tourner une fiction inspirée de leur histoire. Un thème et une situation propice au travail du réalisateur, travail qui se développe depuis quelques temps dans une direction cinématographique propre, avec des acteurs et des non-acteurs, en laissant pour le tournage une part d’improvisation et de surprise. L’auteur Fabrice Melquiot, proche de la petite famille, a rapidement accepté lorsqu’elle lui propose d’écrire le script. “Il a monté le niveau du fond du film. On avait envie de raconter la cellule familiale, le voyage, mais lui est allé prendre l’essence de cette thématique. Il nous a pris à contrepied. Quand on a pris la première version du scénario, on s’est pris une claque, il a su voir la relation à nos enfants, notre manière de transmettre et d’éduquer”.

Ze Tribu prendra les rails en 2020, mais l’aventure a déjà commencé! Pour récolter une partie des fonds nécessaires, le couple a joué Love Letters la semaine dernière à Genève et on pourra voir Frédéric dans La confession du pasteur Burg ce soir 7 décembre à 20h et demain 8 décembre à 17h à ImpactHub, Genève.

Ze Tribu lance aussi dès lundi un crowdfunding We Make It, où chacun∙e peut contribuer à leur projet et en contrepartie recevoir par exemple leur Gazette papier et autres nouvelles.

www.zetribu.com

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Du hip-hop en béton

Cela fait maintenant quelques années que la culture hip-hop renaît de ses cendres en Suisse romande. Nombreux·ses sont les artistes qui osent se lancer sur la scène artistique francophone et deviennent de flamboyant·e·s représentant·e·s urbain·e·s made in Switzerland. Le Festival Transforme, qui aura lieu le 27 juin au Centre de Formation Professionnelle de Ternier à Lancy, est un projet alliant une participation active des jeunes apprenti·e·s qui l’organisent et la culture dont ils se rapprochent le plus, le hip-hop new school.

Texte: Giovanna Santangelo

Qui n’a jamais entendu le principe traditionnel et endurci qui disait que les grandes études valaient mieux que tout le reste, sous prétexte qu’elles seules permettaient d’ouvrir les meilleures portes de la vie laborieuse. Transforme constitue la clôture d’un projet plus général de valorisation de l’apprentissage dans le canton de Genève, qui tend  justement à lutter contre ces préceptes archaïques.

L’aspect participatif est ce qui est le plus mis en avant. Les nombreuses créations des apprenti·e·s réalisées tout au long du semestre ont une fonction concrète lors du festival. Le flyer est confectionné par des étudiant·e·s en graphisme et design, l’enseigne “TRANSFORME” est taillée dans le bois par les apprenti·e·s en menuiserie, et le bar en béton est réalisé par celle et ceux en maçonnerie. Cet événement est créé pour eux et géré par eux. L’autre but, c’est d’intéresser les plus jeunes, les 12-15 ans, qui à l’heure du choix pour déterminer leur futur parcours, auront l’occasion d’être plus informé·e·s sur l’amplitude de formations professionnelles existantes et indispensables dans la vie de tous les jours. En mettant en scène l’offre culturelle dans un projet open-air consacré au hip-hop, on attire un public dynamique composé des futur·e·s protagonistes du monde professionnel de demain.

Cette année, un programme paritaire est annoncé. Il y aura autant d’artistes féminines que de rappeurs masculins qui se produiront sur la scène musicale. De plus, la tête d’affiche du festival est une femme, elle aussi. IAMDDB incarne le nouvel espoir  de l’urban jazz anglo-saxon et à seulement 23 ans, elle compte déjà trois albums à son actif. En restant dans le même répertoire de genre mais de manière plus régionale, seront présentes aussi Women At Work, un collectif pluridisciplinaire prônant notamment le rap engagé dans leurs textes, et aussi Ella Soto, la star suisse polyvalente de R’n’B lo-fi.

Issus de la scène française cette fois-ci, on retrouvera 13 Block, quatuor masculin constituant un phénomène explosif de la trap francophone actuelle et Dosseh, figure immanquable du rap qui enchaîne les collaborations avec des grands noms tels que Booba, Seth Gueko ou encore Youssoupha. La petite touche locale sera amenée par Rouhnaa & Gio Dallas, deux jeunes artistes de la nouvelle génération du rap genevois.

En plus de l’aménagement d’un skatepark et de démonstrations de parkour qui avaient déjà fait fureur l’année passée, d’autres nouveautés sont prévues pour la deuxième édition de Transforme. Il sera possible d’assister à un défilé fusionnant mode streetwear et danse et à un open mic libre rythmé et organisé par le collectif La Ruelle.

Rendez-vous à Transforme pour célébrer le début de l’été dans une atmosphère débordante d’artistes underground prometteur·s·es.

Festival Transforme

Le jeudi 27 juin au centre de formation professionnelle de Ternier de Lancy, Genève

https://festival-transforme.ch

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Gender Cubicles par le collectif Woman’s Move

Les 21 et 26 novembre dernier, six danseuses et danseurs sont venus chambouler les habitudes du hall d’Uni-Mail, à Genève. À travers trois tableaux de dix minutes chacun, les artistes nous intriguent, d’abord, puis nous embarquent dans un univers qui questionne le genre sous des rythmes breakbeat. C’est le dernier projet du collectif Woman’s Move, qui, à travers la puissance du corps, cherche à bousculer l’ordre établi et éveiller les réflexions.

Texte: Jennifer Barel

Photo: Varvara Vedia

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans les locaux du Projet – H107 pour la création en danse contemporaine, j’ai le privilège d’assister à l’une des dernières répétitions avant le jour J. Devant la petite assistance, les danseuses et danseurs présentent leur spectacle, concentrés et énergiques, avant que la chorégraphe et responsable du projet, Iona D’Annunzio, propose que nous donnions nos avis et d’éventuelles recommandations. Une ouverture à la collaboration avec le public qui traduit bien la volonté d’accessibilité dont m’a parlé Iona. “Gender Cubicles” veut questionner le genre, mais surtout provoquer la réflexion chez le spectateur. Pour cela, elle a créé un spectacle accessible tout en restant subtile.

Un spectacle pensé spécialement pour le hall d’Uni-Mail. Lorsque la musique commence, la fourmilière universitaire s’étonne et ralentit. Les curieux regardent et s’approchent. Certains sourient ou sortent leur portable pour filmer, d’autres se penchent depuis les étages pour observer le spectacle et les plus motivés osent même quelques pas de danse au rythme de la musique. les danseuses et danseurs jouent avec l’architecture du lieu, chaque tableau se déroulant sur une scène différente. Une première fois sur les grandes marches aux allures de gradins d’amphithéâtre, ayant chacun·e sa marche et sa couleur de tenue sportive, les danseur·seuse·s nous offrent un véritable tableau en trois dimensions sur un bon rythme tapant. Puis, en face, sur les deux escaliers formant un triangle, ils·elles montent, descendent, changent de côté, mais surtout transmettent leur énergie à travers des chorégraphies belles et dynamiques. Pendant un court moment, le temps est suspendu et une succession de chorégraphies questionnent les gestuelles féminine et masculine; qui les fait, qu’est-ce qu’elles signifient? Enfin, au centre du hall, au niveau du sol, ils·elles détonnent et s’abandonnent à leurs danses dans un dernier souffle explosif.

Un interlude qui vous prend par surprise, une bonne dose d’énergie qui met du “punch” dans la journée, une coupure captivante qui invite subtilement à la réflexion sur le monde et sur soi-même. Par des danses et musiques aux mouvements et sonorités actuelles, cette performance pousse à se questionner sur la place de son propre corps et de ses gestes et, plus loin, remet en question les normes de genre dans la société d’aujourd’hui.

Mis en mots lors d’une table ronde accueillant deux acteur·trice·s de la scène artistique de la région et une doctorante à l’université de Genève, les questionnements liant le genre et les pratiques artistiques sont, dans ce spectacle, traduits en gestes et surtout en émotions, offrant une autre manière d’aborder ce thème et d’éveiller les consciences. Cette performance est une alarme qui veut retentir autrement que par les mots.
À la fin, des danseur·seuse·s essoufflé·e·s et satisfait·e·s, une chorégraphe contente, des applaudissements et cris d’encouragements de spectateur·trices·s touché·e·s viennent clore ce beau spectacle. Parmi le public, les discussions concernant le genre se prolongent, objectif atteint? En tout cas pour certain·e·s, reste à convaincre les autres! Pour cela, le collectif Woman’s Move prévoit déjà un deuxième round lors de la semaine de l’égalité en mars, peut-être à Uni-Mail, peut-être dans un autre bâtiment universitaire de Genève. Car c’est cela l’intelligence de cette performance, pouvoir s’adapter à tout type de lieux, et être adaptée à tous les publics.

Pour suivre le travail du collectif Woman’s Move: www.womansmove.com

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Le Château de Prangins fête ses 20 ans

Les enfants, les adolescent∙e∙s et les adultes sont venu∙e∙s participer aux diverses animations au Château de Prangins pour fêter ses 20 ans. Dans une ambiance amicale et familiale, les bougies se sont allumées pour faire place à la magie de cet instant qui illumine tout le jardin et les alentours.

Texte: Jenny Raymonde

Représentée de fleurs, symbolisant l’exposition temporaire “Indiennes”, la dimension du jardin nous parait plus grande que d’habitude. Le clin d’œil en hommage au siècle des lumières y est exceptionnellement réalisé.

© www.muma-art.com

« Fleurs de feu » réalisé par le plasticien Muma a rassemblé 500 bénévoles pour allumer les 50’000 bougies disposées dans le domaine du château, tous∙toutes heureux∙ses de participer à cet anniversaire.

Très originales et créatives, les animations autour du château ne manquent pas et l’événement est chaleureusement fêté par le public dont les ombres se promènent dans tous les axes du domaine du nord au sud et d’est en ouest.

Fiers de l’événement, les organisateurs et le personnel guident les visiteurs à travers le château. Le Musée National nous replonge dans quelques siècles passés; le salon expose de grands tableaux et des fauteuils de style ancien, et dans la chambre à coucher trône un vieux lit à baldaquin.

Dans les différentes pièces du château, l’exposition temporaire consacrée aux tissus imprimés de motifs appelés “indiennes”, à l’industrie et à la mode du 17e et 18e siècle.

Nous nous attardons également vers la salle où sont entreposés dans de belles vitrines des machines à écrire et un ancêtre du disque vinyle. Un métier à tisser et sa description nous rappelle qu’au 18e siècle, le travail à domicile existait aussi. Qui aurait pu se douter que le concept redeviendrait à la mode parmi les générations du 21e siècle?

Pour clôturer la visite, une pièce dont la scénographie rappelle une épicerie nous remémore des marques telles que Nestlé, Cailler ou Banania, qui ont fait le succès de la Suisse et de son image à l’international.

Le Musée National Suisse du Château de Prangins vous ouvre ses portes tous les jours du mardi au dimanche de 10h à 17h.

www.nationalmuseum.ch/f/prangins

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Art et Intelligence artificielle : le déploiement de l’imaginaire

Lorsqu’une graine d’artiste passionnée par le cerveau et l’intelligence artificielle rencontre des docteurs en psychologie, des performeurs et des curatrices désireuses d’exposer un travail de recherche artistique, un univers riche et actuel se construit sous vos yeux.

 Texte : Gauvain Jacot-Descombes

Photos : Nadia Elamly

L’espace Topic et ses curatrices, Ghalas Charara, Maïté Chenière et Nadia Elamly, invitent les visiteurs à découvrir l’élégante proposition d’Emma de Filippo. Cette jeune artiste — bachelière diplômée en 2017 de la Haute École d’art et de design de Genève — propose un espace à la frontière des arts visuels et des sciences.

Pour guider le public dans son univers, l’artiste a accroché au mur toute une série d’éléments permettant de décrypter et de revivre les différentes étapes de sa recherche. Elle a choisi de montrer, entre autres, comment une intelligence artificielle a passé le test de Rorschach. Ce test permet d’explorer la personnalité d’un sujet en se basant sur son interprétation de formes créées par des tache d’encre. Ce dernier est invité à partager ce que ces taches d’encre lui évoquent. L’exposition retrace donc cette étape avec des diapositives sur lesquelles sont disséquées les réponses données par l’IA. Mais, les interpréter et les rendre exploitables n’est pas à la portée de tout le monde.

C’est pourquoi l’artiste a fait appel à l’expertise des docteurs en psychologie Pascal Roman et Alex Lefebvre. Ils ont accepté de relever ce défi, une étude hors norme pour des professionnels habitués à travailler avec des humains. Ils ont donc appliqué un protocole d’analyse précis et remis à l’artiste un rapport détaillé. Par la suite, les performeurs Thibaud Pedraja, Charles Mouron et Jérémie Nicolet s’en sont inspirés pour incarner des personnages lors du vernissage de l’exposition. Il en est ressorti principalement une difficulté pour les personnages, des intelligences artificielles fantasmagoriques, à s’intégrer socialement.

Mais, pour quelle raison l’artiste a-t-elle choisi de faire passer ce test conçu à l’origine pour les humains à une IA ? C’est là le cœur de sa recherche. En effet, la seule réponse attestant du bon fonctionnement d’une intelligence lors de ce test, c’est  que celle-ci identifie bien une  tache d’encre lors de l’exercice. Seulement, dans cette recherche, il apparaît que l’IA interprète l’image à sa façon. Elle déploie ainsi son « imaginaire » et nous livre des réponses étonnantes. L’artiste propose donc une autre image de l’intelligence artificielle fondamentalement étrangère et ouvre des perspectives pour d’autres projets artistico-scientifiques.

Venez découvrir cette recherche étonnante dans l’espace Topic jusqu’au 19 juillet 2018.

Et pour voir les autres travaux d’Emma de Filippo, rendez-vous ici

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L’expérience Messmer ou l’hypnose par les cinq sens

Samedi 9 juin, je me rendais en famille au Théâtre du Léman, à Genève, pour assister au spectacle “Hypersensoriel” de Messmer, l’occasion d’observer en temps réel et sans le filtre de l’écran, celui que l’on connaît sous le nom de “Fascinateur”.

Texte: Christelle Bujard

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Le spectacle commence et met tout de suite dans l’ambiance par ses jeux de fumées et de lumières.  On ressent différentes émotions s’élever à l’intérieur du théâtre: doute, anxiété, scepticisme, amusement. Messmer s’avance sous les applaudissements et nous propose très vite un premier test de réceptivité afin de sélectionner les “élu∙e∙s” parmi le public.

La majorité des personnes présentes se prête au jeu et le show commence, l’artiste endort une quinzaine de volontaires devant nos yeux ébahis, qui se retrouvent désormais hypnotisé∙e∙s et sous son contrôle. Puis, il les fait évoluer dans différents tableaux, dont un homme qui se retrouve accroché par un câble à quelques mètres du sol et qui est persuadé d’être un oiseau survolant New York. Une journaliste improvisée nous relatera même les faits dans un chinois tout autant improvisé, pendant que le reste des figurant∙e∙s se transforment en paparazzis.

Après l’entracte, le spectacle reprend et Messmer propose un second test de réceptivité afin de sélectionner de nouvelles personnes dans le public, puisque selon son explication, la sensibilité à l’hypnose augmente au fur et à mesure du spectacle. Comme beaucoup, je joins mes mains, j’écarte les index, enfin, j’essaie. Je souris, car me voilà moi aussi sous l’emprise du “Fascinateur”. Au compte de trois, mon voisin et moi-même nous assoupissons, en apparence du moins, car intérieurement, je suis consciente de tout ce qu’il se passe. Je lutte pour ouvrir les yeux, pour séparer mes mains, mais rien n’y fait.

Autour de moi, le public s’amuse alors que certains obéissent aux suggestions de Messmer sans pouvoir opposer la moindre résistance. Puis, avec sa seconde sélection, il nous propose de nouvelles scènes. Les personnes choisies se retrouvent tour à tour dans un sauna, une émission de télévision et une discothèque. Et je n’en dirais pas plus, afin de laisser aux gens le plaisir de découvrir le spectacle

Verdict: Hypnotisé∙e∙s ou bon∙ne∙s comédien∙ne∙s? À chacun d’en juger. Pour ma part, j’ai été indubitablement convaincue par cette performance et c’est avec un grand plaisir que j’assisterai à son prochain spectacle en 2019.

www.messmer.ca/fr/

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