Musique traditionnelle

Volver

Piazzolla raconté

Le concert théâtral Volver, le tango de l’exil joué cette semaine à la Salle Centrale Madeleine à Genève mène à la rencontre d’Astor Piazzolla au travers de ses propres compositions et de celles des artistes qui l’ont inspiré. Son essence prend vie dans des textes racontés à plusieurs voix – dont la sienne – et dans les gestes du metteur en scène Philippe Cohen, qui incarne le compositeur et bandonéoniste argentin du début du 21e siècle.

Texte de Katia Meylan

Piazzolla aura “façonné le tango en profondeur pour les siècles à venir”. C’est le postulat que la compagnie Les muses Nomades raconte dans cette histoire d’exil. Car en effet, l’amour du compositeur pour le tango et son désir de le faire évoluer est d’abord passé par l’éloignement, tant de son pays que de cette musique populaire nationale, de quelques dizaines d’années son aînée.

Réminiscences spatiales et temporelles

Volver, le tango de l’exil narre donc, dans un doux désordre chronologique, les étapes de la vie de Piazzolla. Sa collaboration plus ou moins fluide avec l’écrivain Jorge Luis Borges; sa fascination pour le bandit Jacinto Chiclan pour qui il compose un air; son enfance, lorsque sa famille quitte Buenos Aires pour s’installer à New-York; ses insolents 18 ans, lorsqu’il tape à la porte du compositeur Juan José Castro, qui le redirige vers Ginastera; sa vingtaine, qui le voit s’identifier à la musique européenne… sa trentaine et le bouleversement de la rencontre avec la célèbre Nadia Boulanger, qui lui conseille de revenir à ses racines.

Les conteur∙euse∙s

Le public découvre ainsi l’évolution des sonorités et de la réflexion du compositeur, cheminant aux côtés des muses Nomades et de la Compagnie Confiture en la personne de Philippe Cohen. En 2021, le comédien genevois d’adoption avait déjà eu l’occasion d’écrire et d’interpréter pour la scène un autre pan de l’histoire de la musique, dans la pièce La bonne soupe de Ludwig van B. imaginée par les sœurs Joubert. Aujourd’hui, Volver réunit à nouveau le talent de Philippe Cohen et d’Oriane Joubert, ainsi que des deux musiciens avec lesquels la jeune pianiste compose le Latin Trio, Tomas Hernandez-Bages au violon et Mario Nader Castaneda au violoncelle. Pour compléter l’orchestre, ils s’entourent de la bandonéoniste Gaëlle Poirier et du guitariste Narcisso Saùl, qui signe également les arrangements du spectacle. 

Piazzolla

Photo © Gilbert Badaf

Une histoire à plusieurs voix et plusieurs gestes

Le concert est raconté de bien des façons autour du noyau de musicien∙e∙s, dans des configurations de quintettes, trios ou solo selon les morceaux choisis.
Philippe Cohen mime un premier air de tango traditionnel. Comme il frétille, on aurait presque envie de voir en lui la silhouette du chef d’orchestre Juan D’Arienzo, qui guette les notes, marque le rythme, apostrophe les musicien∙ne∙s. Puis, le tango traditionnel laisse la parole aux influences classiques, de Bach à Ginastera en passant par Gershwin, pour mieux revenir, se transformer, et devenir du Piazzolla.

L’aspect scénique du concert passe par les gestes, des mimes et des jeux de marionnettes, et même par quelques moments qui avoisinent le stand-up dont Philippe Cohen a le secret, comme lorsqu’il sort de la narration au beau milieu du spectacle pour présenter les artistes avec l’accent italo-latino-new-yorkais.

Le texte accompagne la musique et les mouvements tout au long du spectacle, à travers ce grand cahier noir qui circule de mains en main sur scène. Chacun∙e des musicien∙ne∙s en lit une partie à sa façon, comédien, pédagogue ou même interprète lorsqu’il faut traduire la voix de Piazzolla que l’on entend grâce à des archives audio.

On comprend avec émotion que toutes et tous ont une histoire forte avec cette musique, et que c’est elle qui transcende leur intensité concentrée.

Volver, le tango de l’exil
Du 18 au 21 janvier 2023
Salle Centrale Madeleine
theatre-confiture.ch


Your Fault portrait ©MarySmith_Marie Taillefer

Culture estivale à Lausanne

La plateforme CultureDebout! recense toutes les actions et initiatives mises en place en un temps record par la scène culturelle lausannoise. Rivalisant de créativité, elle vous propose cet été un programme inédit et majoritairement gratuit dans des conditions respectueuses des normes sanitaires.

Texte: Sandrine Spycher

Un des rendez-vous phares de l’été lausannois est, depuis de nombreuses années, Le Festival de la Cité. Annulé à cause de la pandémie de coronavirus, il vous donne rendez-vous pour sa version revisitée, Aux confins de la Cité, qui se tiendra du 7 au 12 juillet 2020. Les différents lieux, choisis avec attention afin de respecter les normes sanitaires tout en garantissant une expérience de spectacle enrichissante, ne sont dévoilés qu’aux participant·e·s. En effet, les projets, in situ ou sur des scènes légères, ne sont accessibles que sur inscription. C’est donc après tirage au sort que les chanceux et chanceuses pourront profiter de spectacles de danse, théâtre, musique et bien plus encore Aux confins de la Cité!

Pour ce qui est des arts de la scène, L’Agenda conseille, au cœur de cette riche sélection, la pièce Sans effort de Joël Maillard et Marie Ripoll. Déjà présenté à l’Arsenic en octobre 2019, ce spectacle est un joyau de texte et de créativité, qui explore les questions de la mémoire humaine et de la transmission entre générations. Côté musique, vous retiendrez notamment la pop velours de Your Fault, projet de Julie Hugo (ancienne chanteuse de Solange la Frange). Cette musique aux notes envoûtantes ne manquera pas de rafraîchir la soirée à l’heure où le soleil se couche. Enfin, pour apporter une touche grandiose dans ce festival, Jean-Christophe Geiser jouera sur les Grands Orgues de la cathédrale de Lausanne. Ce monument symbolique de la Cité où se déroulent les festivités contient le plus grand instrument de Suisse, que l’organiste fera sonner. Bien d’autres projets et spectacles seront présentés au public inscrit. En prenant soin de respecter les consignes sanitaires, on n’imaginait tout de même pas une année sans fête à la Cité !

Your Fault portrait ©MarySmith_Marie Taillefer
Your Fault, © MarySmith : Marie Taillefer

Les cinéphiles ne seront pas en reste cet été grâce aux différentes projections, par exemple dans les parcs de la ville. Les Toiles de Milan et les Bobines de Valency ont repensé leur organisation afin de pouvoir offrir un programme de films alléchant malgré les restrictions sanitaires. Les Rencontres du 7e Art, ainsi que le Festival Cinémas d’Afrique – Lausanne se réinventent également et vous invitent à profiter de l’écran en toute sécurité. La danse sera également à l’honneur avec la Fête de la Danse ou les Jeudis de l’Arsenic, rendez-vous hebdomadaires au format décontracté, qui accueillent aussi de la performance, du théâtre ou encore de la musique.

La plupart de ces événements sont rendus possibles grâce au programme RIPOSTE !. Selon leurs propres mots, RIPOSTE !, « c’est la réponse d’un collectif d’acteurs culturels lausannois pour proclamer la vitalité artistique du terreau créatif local ». L’Esplanade de Montbenon et son cadre idyllique avec vue sur le lac Léman a été choisie pour accueillir, chaque vendredi et samedi en soirée, une sélection de concerts, films en plein air et performances de rue. L’accès y sera limité afin de respecter les mesures sanitaires.

L’Agenda vous souhaite un bel été culturel !

Informations sur culturedebout.ch


 

Polyphonies au Rosey

Le Rosey Concert Hall a vu juste en invitant la chanteuse Noa pour l’ouverture de sa sixième saison. Une telle expression de liberté, peu importe la langue dans laquelle elle est exprimée, la culture ou le siècle qui l’a inspirée, atteint toujours le public en plein cœur. Hier soir, suspendu devant l’artiste entourée de la Menuhin Academy, l’auditoire a fini par se lever pour applaudir et danser sur le dernier morceau.

Texte: Katia Meylan

Ce qui inspire Noa depuis ses neuf ans, lorsqu’elle composait et chantait pour les événements organisés dans son quartier d’enfance du Bronx, nous dit l’artiste elle-même, ce sont toutes les unanswered questions, ces questions de la vie qui restent en suspens. C’est cela qui l’inspire encore aujourd’hui, cela et l’amour qui l’entoure. Par le passé, sa grand-mère, dans le présent ses enfants, et hier, au Rosey Concert Hall, le talent des élèves de la Menuhin Academy, l’orchestre résident du Rosey.

La charismatique artiste s’adresse non seulement au public sans barrières, mais le fait d’une façon charmante et originale: en improvisation mélodique. Elle lui souhaite la bienvenue accompagnée à la guitare par Gil Dor (son premier professeur – ce qui lui fait rappeler aux élèves du Rosey, toutes et tous présent·e·s ce soir-là, qu’un bon professeur peut cheminer avec vous à vie!), puis elle présente sans attendre les musicien·ne·s qui l’entourent avant de commencer le concert.

Le projet “Letters to Bach”, imaginé en 2019 par Noa et Gil Dor, s’écrit comme trois histoires entrelacées.

Des chants en hébreu reçus de sa grand-mère, des paroles empruntées aux poétesses ou encore composées par l’artiste elle-même et harmonisées par le guitariste ouvrent le concert. Les mélodies nous emportent dans un ailleurs imaginé, alors que les messages, forts sont d’actualité, qu’ils abordent le droit de décider pour les femmes ou l’impossibilité d’avoir un enfant. Sa voix est parfois accompagnée uniquement par la guitare, parfois rejointe par l’orchestre.

Elle laisse également la place à la Menuhin Academy qui interprète, à plusieurs intervalles au cours du concert, les trois mouvements du Concerto pour deux violons de Bach dans sa version baroque.

Mais “Letters to Bach”, comme son nom l’indique, est enfin et avant tout le projet “fou et galvanisant” de chanter des paroles inspirées par ce grand compositeur, et de créer autour des  mélodies des arrangements pour voix et cordes. Noa relève dans l’œuvre de Bach la notion de polyphonie, le pouvoir de faire que des voix différentes trouvent toujours un moyen de sonner ensemble merveilleusement bien.
C’est ce que les artistes sur scène réalisent ce soir-là: faire sonner ensemble différents siècles, différentes cultures.

La liberté de Noa sur scène et dans sa créativité est totale, et sa joie de vivre contagieuse! À travers des paroles malicieuses et profondes, Bach nous faire rire, “Bach est rock’n’roll, mais s’il avait vécu aujourd’hui il aurait probablement aimé le jazz, “crazy and free” comme lui. Noa elle-même prouve qu’on peut exceller dans différents genres, quand ses improvisations blues font sourire et bouger les épaules des violonistes derrière elle, et se lever le balcon du Rosey Concert Hall!

Une ouverture de saison magique qui laisse espérer une suite qui le sera tout autant!

www.roseyconcerthall.ch

Notes de partage à l’Alhambra

Lundi 6 mars, l’Alhambra recevait le chanteur israélien Idan Raichel, avec une première partie proposée par Noga et Patrick Bebey. Les deux concerts, bien que de styles différents, ont trouvé une cohérence comme un jeu de miroir, tissant chacun à leur manière une atmosphère envoûtante.

La soirée commence avec l’arrivée de la chanteuse genevoise Noga, accompagnée d’Olivier Koundouno et de son violoncelle. La voix retentit sur les cordes. Puis, Patrick Bebey les rejoint au piano. Le Camerounais forme depuis 2010 avec Noga un duo équilibré par leurs personnalités respectives. Elle est éblouissante et déterminée, il est détaché et joueur. Ensemble, ils proposent leur dernier album Laisser partir  sorti en janvier 2016.  Une musique métissée, jazz mêlée de sonorités africaines, sur des paroles pétillantes soufflées tant par l’intime que par l’universel, tant par le quotidien que par le monde. On se laisse bercer par la musique et piquer par les paroles qui interrogent notre rapport aux autres, on reste pendus aux lèvres de Noga.

Car l’une de ses forces est la maîtrise de sa voix. Douce ou puissante, elle se fonde dans les atmosphères, prend la forme des mélodies, déguste les délices de la langue française ou dérive sur les profondeurs du chant hébreu, s’échauffe encore en improvisation spontanée. L’entente entre les musiciens, évidente, teinte l’ensemble de douceur et de spontanéité auxquelles le public répond avec enthousiasme.

Les capteurs d’émotions des spectateurs sont donc déjà bien ouverts quand Idan Raichel fait son entrée sur la scène de l’Alhambra. Depuis les débuts de son Idan Raichel Project en 2002, l’artiste de renommée internationale a multiplié les collaborations prestigieuses dans de nombreux pays, promouvant une musique multiculturelle et ouverte à l’échange. Depuis 2016, il se consacre cependant à son premier album solo, At the Edge of Beginning. Un retour aux sources et à l’intimité pour celui qui est devenu père de deux petites filles. Sur scène, cela se traduit par des mélodies souvent douces et contemplatives, envoutées par la voix chaude et caressante d’Idan Raichel. Des paysages et des horizons sans fin se dessinent bientôt au fil de notes et de l’imagination. Seul à son piano, il s’amuse aussi avec une guitare et des percussions en format jouet empruntées à ses filles. Idan Raichel offre une prestation décontractée et généreuse.

Pendant le concert, Noga, Patrick et Olivier le rejoignent pour deux chansons, une forme d’improvisation commencée en coulisse et offerte au public pour prolonger le plaisir. La complicité des musiciens a encore prouvé, si besoin est,à quel point la musique est universelle.

Texte: Marie-Sophie Péclard
Photos: Irina Popa

 

Retrouvez Noga et Patrick Bebey en concert à Genève le 25 mars, dans le cadre du festival Voix de Fête.

Mais d’où vient cette énergie entraînante? Nolosé !

Jeudi soir au D!Club le groupe lausannois de salsa-jazz Nolosé a présenté son 5ème disque en avant-première accompagné de plusieurs artistes invités pour l’occasion: “White Night Mambo” a conquis le public.

À l’occasion de la sortie de leur 5ème disque “White Night Mambo”, Nolosé a organisé un grand concert inédit dans sa ville natale. Sur scène, trois couples de danseurs, deux chanteuses et deux percussionnistes (Edwin Sanz et Mambi) ont rejoint les neuf membres du groupe de salsa-jazz pour un concert qui a décidemment réchauffé l’ambiance du D!Club. Les voix envoutantes des deux solistes, Lidia Larrinaga et Pilar Velásquez, couplées aux mélodies entraînantes rappelant La Havane créées par les instruments accompagnants et les choristes gospel de Madrijazz, n’ont laissé aucune chance à ceux qui étaient venus sans prétention de danser. Si tout le monde ne possède pas le talent dont ont fait preuve sur scène les danseurs des écoles Alia Salsa School, Salsa y Dulzura et Cubaliente, il n’était tout de même pas possible de rester figés: dans la pénombre de la salle, les silhouettes ondulaient toutes au même rythme, celui de Nolosé. Des bulles se forment alors parmi la foule pour laisser place à quelques intrépides qui connaissent les bons pas de danse, quelqu’un bat sa main sur une petite table au rythme des chansons. Les applaudissements en fin de concert confirment la bonne réussite de la soirée.

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L’ensemble des artistes sur la scène du D!Club

Pour en découvrir d’avantage sur “White Night Mambo”, L’Agenda a rencontré Laurent Cuénoud, percussionniste et membre fondateur de Nolosé, ainsi que la charmante Lidia Larrinaga, âme cubaine du groupe. On apprend alors que le disque n’a pas un mais plutôt quatre pays d’origine: Cuba bien évidemment, Lutry où il a été enregistré, la Grèce où Nolosé a fait une tournée intense, et New York, ville d’où viennent Hector Martignon et Christos Rafalides, deux musiciens renommés qui ont collaboré à la création de ce disque. Signe de l’inspiration internationale de cette dernière œuvre, les quatre faces de la case du disque présentent chacune un de ces lieux.

“Qué cuenta La Habana”, leur 4ème disque qui a été enregistré à Cuba juste après la participation au Festival International Jazz Plaza et qui a gagné la distinction “Premium de la catégorie International” au CubaDisco en mai 2014, avait des sonorités “très cubaines”, affirme Laurent Cuénoud. Avec “White Night Mambo” le groupe penche cette fois plus vers le jazz/soul: c’est un disque qui, selon Lidia Larrinaga, a “plus de richesse et de subtilités”. Richesse qui, au sein du groupe, est représentée par le mélange: de sonorités peu communes, d’un côté, et de nationalités, de l’autre. Nolosé est hétérogène, tout comme la Suisse qui regroupe différentes cultures et paysages: “le mélange est quelque chose de positif, c’est grâce à cela qu’on obtient de la richesse” estime Laurent.

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Nolosé

Comme déjà le nom du groupe, qui apparemment suscite pas mal de gags, aussi le titre du 5ème disque de Nolosé cache une histoire drôle: la légende narre qu’il a bien fallu une “nuit blanche” pour obtenir le neuvième et dernier morceau de l’album. De “Plazos Traicioneros” qui incite à une évolution continue à “Soy la rumba” qui donne une folle envie de danser, “White Night Mambo” véhicule un message très important: “on veut transmettre l’énergie, on veut que les gens se sentent bien, qu’ils se disent ‘on va voir Nolosé: on va s’amuser’ !” souligne Lidia. “La salsa c’est le plaisir de vivre, c’est l’amour”, ajoute-t-elle avec un grand sourire.

Pour présenter les résultats de leurs derniers efforts, le groupe part maintenant en tournée nationale. Prochains rendez-vous: 30 avril à l’école K’Danse, et 20 mai au Chorus Jazz Club pour le vernissage officiel de “White Night Mambo”.

Texte: Céline Stegmüller

Nolosé… Yo tampoco

Composé de sept musiciens et de trois chanteuses, Nolosé s’est produit jeudi soir au D! Club de Lausanne. Attendu par un public désireux de voyager jusqu’à la Havane, le jazz band helvético-sud-américain accueillait pour l’occasion deux musiciens new-yorkais : Hector Martignon et Christos Rafalides.

Nolosé, ce sont trois chanteuses à voix portantes, et sept musiciens — conguero, bassiste, batteur, pianiste, flûtiste, tromboniste et trompettiste. Ce cocktail explosif issu du conservatoire de Lausanne se caractérise par ses rythmes jazzy et sa salsa urbaine. Mais jeudi soir, l’explosion de la Terre promise cubaine n’a pas eu lieu.

Face à un public timide et distant, Nolosé a pu compter sur le renfort de deux grands jazzmen new-yorkais : Hector Martignon au synthé et Christos Rafalides au vibraphone. Pendant plus d’une heure et demie, les deux artistes ont joué et improvisé de façon remarquable, accompagnés par les musiciens et les chanteuses du groupe. Au cours des morceaux, les spectateurs ont approché la scène et entamé des pas de danse épars.

Photo: Caroline Penzes
Photo: Caroline Penzes

Indissociable du jazz, l’improvisation nous entraîne dans l’imaginaire du musicien qui, dans un accès de spontanéité, laisse parler son instrument. Pourtant, c’est cette valeur ajoutée qui a semblé perturber l’harmonie du groupe. Ce soir là, les envolées successives des musiciens de la Grosse Pomme, entremêlées au tempo latino, ont paru déstabiliser les chanteuses. De fait, elles se sont perdues dans le rythme et les paroles.

Une des chanteuses s’est même adressée au public: « Avez-vous déjà entendu un mélange étrange comme celui-ci ? ». La foule est restée de marbre, alors que le groupe devait s’attendre à une émotion mêlant surprise et délectation. Que s’est-il passé ? « Nolosé », je ne le sais pas. « Y nosotros tampoco », et nous non plus.

La bonne volonté et le potentiel des artistes n’ont pas suffi : le voyage n’a pas été celui pour lequel le public s’était embarqué. En effet, malgré l’enthousiasme des couples sur la piste, les changements incessants de tempo ont rendu chaque pas de danse difficile, à l’exception de deux morceaux, à la fin du concert, qui ont entraîné cavaliers et cavalières sur des rythmes salseros. Ajouté à cela, un jeu de lumière quelque peu agressif et un ingénieur du son souvent excessivement généreux ont contribué à rendre le concert trop peu agréable pour les yeux et les oreilles. Quel dommage !

Texte : Caroline Penzes

Le Gagaku à la rencontre du violon et de l’accordéon

Bâtiment des Forces Motrices (BFM) à Genève, le 22 octobre 2014

« Tall, fat, cute. » [Grand, gros, mignon.] (Tôgi)

Durant la représentation, c’est par cette plaisanterie que le trio explique son nom ! Mais en réalité, les initiales TFC sont simplement celles des trois acteurs principaux de cette démonstration musicale haute en couleurs : Furusawa Iwao (au violon), Tôgi Hideki (à l’Hichiriki et au Shô) et enfin, mais non le moindre, coba (à l’accordéon).

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S’ils sont venus jusqu’en Suisse, c’est dans le cadre des festivités données à l’occasion du 150ème anniversaire des relations diplomatiques entre la Confédération et le Japon, qui se trouvait déjà à l’honneur lors du Salon du livre et de la presse cette année ! Mais coba, bon vivant, nous raconte qu’en ce qui le concerne, un verre de fendant accompagnant une bonne brisolée suffit pour le séduire et le convaincre de garder avec nos contrées un contact très étroit !

Humour et énergie sont donc les maîtres mots durant cette performance, où se rencontrent l’ancestral et le récent, l’Orient et l’Occident. Et quelle réussite ! Car pour parvenir à cette alliance par laquelle naissent de saisissantes compositions et adaptations de titres internationaux, c’est toute une troupe de musiciens qui entre en scène !

Un pianiste qui joue simultanément d’un piano à queue et d’un clavier électronique, un guitariste qui doit presque malgré lui échanger son engin en cours de spectacle, un batteur jonglant entre ses percussions, ainsi qu’un bassiste faisant également office de contrebassiste sont autant d’artistes nécessaires à cette étonnante symbiose. N’oublions pas non plus l’ingénieur du son, sans qui le Shô [instrument représentant la lumière descendue du ciel et dont les tonalités sont proches de celles d’un orgue] et l’Hichiriki [instrument désignant la voix émanant du cœur et dont l’éclat rappelle celui d’un saxophone] maniés par Tôgi Hideki n’auraient pas toute cette résonance !

Car cette découverte de talents est aussi celle d’une autre culture, avec sa musique et ses traditions. Furusawa Iwao nous le rappelle d’ailleurs, tout en plaisantant sur les habits traditionnels qu’il porte : « It’s beautiful ! It’s beautiful… But, it’s uncomfortable ! » [C’est magnifique ! C’est magnifique… Mais, c’est inconfortable !]

Finalement, je crois que les commentaires de ma jolie complice sont éloquents : « C’est étrange. » […] « Ils sont… transcendants ! »

Être partagé(e) entre étonnement et émerveillement, quelle plus belle manière de découvrir l’autre ?!

Vous aussi, apprenez à mieux connaître « le pays du soleil levant » grâce aux différentes activités programmées.

Texte: Michael K.

4 et 5 octobre: Festival 1066, le phénix d’Epalinges!

1066_affiche1L’histoire commence en 1974, lorsque Géo Voumard crée le Festival Folk d’Epalinges. Cette première édition, deux ans avant la création du Paléo, inaugure l’un des premiers festivals de Suisse romande. Après 9 éditions, le festival s’arrête en 1982.

L’idée de Guillaume Morand, Virginie Guisan et Florian Schmied, en créant l’association 1066, est de redynamiser la vie musicale de la commune d’Epalinges. Ce nouveau festival, qui aura lieu pour la première fois le 4 et 5 octobre 2013, s’inscrit dans la continuité et porte “l’esprit” du Festival Folk.

Si l’organisation est totalement assumée par les Palinzards, avec l’aide de la commune, le programme mélange les musiciens régionaux et internationaux, misant sur la découverte d’artistes et l’ouverture aux autres cultures. Ainsi, le vendredi 4 octobre sera placée sous le signe de la musique tzigane et des artistes Roms. Loin des débats politiques, c’est au Kolektif Istanbul (TR) que reviendra l’honneur d’ouvrir le bal. Place ensuite aux 26 musiciens de Band of Gypsies (RO), le big band balkanique né de la rencontre des roumains du Taraf de Haïdouks avec les macédoniens du Koçani Orkestar. Deux monstres sacrés de la musique tsigane pour un concert d’anthologie! Pour finir la soirée en beauté, c’est Kadebostany (CH) qui s’emparera de la Salle de la Croix-Blanche.

Le lendemain, c’est l’Afrique qui sera mise à l’honneur avec, pour commencer, Infinite Livez vs Stade (CH/UK), une performance à la frontière de l’électronique live et du jeu acoustique. Le public du 1066 festival a ensuite rendez-vous avec  le  dernier fils du Black President Seun Kuti, accompagné par les légendaires Egypt 80 (NG), qui fera résonner Epalinges de son afro-beat à l’énergie funk débordante. Une première suisse romande à ne manquer sous aucun prétexte. Le festival se clôturera  avec le groupe The Procussions, du hip-hop mêlé de dubstep, de rock, de jazz et de funk.

Toutes les informations de ce festival prometteur sur leur site, http://www.1066festival.ch/.