Comédie Musicale

Arnaud Curchaud

Nous avons fait un beau voyage 🎶

Au sortir d’une pièce de théâtre, on est toujours accompagné par une impression. De près ou de loin, et pour plus ou moins longtemps. Après la représentation de Frou-Frou les Bains, vaudeville musical avec lequel la compagnie TJP part en tournée romande, cette impression a été celle d’une joyeuse énergie pleinement dépensée.

Texte de Katia Meylan

C’est une joie toute entière d’être sur scène, d’y chanter, d’y danser et d’y interagir qui irradiait des neuf comédiens et comédiennes de la troupe du TJP hier soir, au Café-Théâtre de l’Odéon. Loin de se regarder dispenser au public les pitreries de leur cru ou écrites par l’auteur du texte, Patrick Haudecœur, toutes et tous semblaient les vivre avec une intensité et un plaisir d’autant plus communicatif.

L’histoire, d’abord simple, d’un directeur de cure thermale et de son équipe accueillant leur clientèle à l’heure de la réouverture saisonnière, se complique rapidement lorsque l’eau ne veut plus couler, que l’un des clients est pris pour le plombier et que des histoires amoureuses ou familiales s’entremêlent. Dans un beau décor tout de bleu et de blanc – seul élément paisible de la pièce –, le directeur (Fabrice Guillaume) râle et houspille son monde à qui mieux mieux tout en affichant un bagout de commerçant. Sa fille (Julie Schafer, rayonnante dans les parties musicales comme dans ses répliques) n’y va pas de main morte pour convaincre son amoureux Baptistin de demander sa main à son père. Ledit Baptistin (Jean-Gaël Diserens), bien qu’étant cabotin et spontané, essaie de surpasser son trac. Chez les curistes, la dépression de la lunatique Mathilde Moulin (Gisèle Balet, expressive à souhait) se frotte aux attitudes conquérantes du faux plombier Ferdinand Gronsard (Sylvain Dias, qui porte très bien la moustache et le costume des années 1910) et aux sourires renversants de la baronne (Léa Budaudi). Baronne enthousiaste mais qui reste lucide quant aux capacités intellectuelles et physiques son fils Charles (Pierre Saturnin), vieux garçon pas très dégourdi épris de Madeleine (Lucille Favre), une employée multitâche et vénale. Et, circulant là au milieu, un “Saturnin-Duguet-premier-chasseur-à-votre-service!” (Alexandre Juillet, danseur formé à l’école Rudra-Béjart), candide, adorable, décalé, qui répète tout sourire ce qu’on lui dit et ponctue gracieusement les imbroglios de grands battements et de pirouettes.

Frou-Frou les Bains

Photos: Arnaud Curchaud

Sur l’heure et demie que dure le spectacle, on rit beaucoup. Et si l’humour de répétition vaudevillesque n’est pas votre kiki – euh, votre dada –, pas le temps de s’en lasser, en voilà un autre qui rapplique: humour absurde, humour visuel, quiproquos, coups d’œil par le judas du 4e mur et petits imprévus du direct… Sans oublier une frénésie dans les répliques et un talent général pour la gestuelle – mention spéciale à la chanson Mon homme où Baptistin se fait malmener par une Juliette en pleine forme.

Les chorégraphies sont signées Alexandre Juillet, et la mise en scène est de Sara Gazzola. La metteuse en scène, formée à l’art de la comédie musicale et habituée aux productions de plus grande envergure, emmène cette fois un comité réduit de sa compagnie en tournée. Ayant obtenu les droits du vaudeville français pour une année, la troupe compte bien en profiter, avec 33 dates romandes décrochées. Débutée le 18 février au Théâtre de Colombier, la cure est actuellement à suivre au Café-Théâtre de l’Odéon jusqu’au 25 février, et se poursuivra à Morges, Pully, Fribourg, Cheseaux, Cossonay, Vevey ou encore Genève.

Sara Gazzola nous confie que ce début de tournée comporte déjà plusieurs défis, notamment celui d’adapter la mise en scène tant au petit espace de l’Odéon qu’au plateau de 100m2  de l’Octogone de Pully. Le contraste touche également le public, qui sera, selon le lieu, chaleureusement intercalé au plus près des comédien·ne·s ou confortablement installés sur les sièges rouges et rembourrés d’une grande salle de spectacle.

À chaque salle ses avantages, on aurait presque envie de toutes les essayer!

Frou-Frou les Bains
Jusqu’au 25 février
Café-Théâtre de l’Odéon, Villeneuve

Prochaines dates:

Jeudi 16 mars
Casino-Théâtre de Morges

Samedi 25 mars
Théâtre de l’Octogone, Pully

31 mars et 1er avril
Café-Théâtre du Bilboquet, Fribourg

compagnie.tjp.ch

Photos: Arnaud Curchaud

Cocotte Minute. Photos de Jimmy Zanone

Râpes à fromage, courriers des lectrices et barbershop

LA VIE DES MÉNAGÈRES VAUDOISES DANS LES ANNÉES 50

On n’imagine parfois pas, ou l’on a oublié, comment les perceptions bien ancrées du travail, de l’éducation et du dévouement que l’on avait il y a soixante ans modelaient alors la vie des femmes romandes. The Postiche est remonté aux sources pour nous le rappeler, articles de journaux et chansons originales a cappella à l’appui!

Texte de Katia Meylan 

Il y a huit ans, The Postiche chantait des reprises d’airs fifties en demi-cercle choral, dévoilant déjà des voix maitrisées dans des harmonies serrées style barbershop. Année après année, les impertinentes et rayonnantes chanteuses ont conquis l’espace scénique, non seulement par leur présence mais aussi par des petites mises en mouvement d’abord, des esquisses théâtrales, puis des chorégraphies entières, pour finalement arriver à la véritable comédie musicale originale qu’est Cocotte-Minute.

Postiche

Photos de Jimmy Zanone

Le spectacle ramène le public en 1959, lorsque les Vaudoises obtiennent le droit de vote – une première pour la Suisse. La trame et ses textes sont le résultat d’un travail de recherche de la librettiste et metteuse en scène Stéfanie Mango dans les archives de “La jeune ménagère, journal destiné aux jeunes filles”. Les perles qu’elle y pioche éveillent un mélange de sentiments; une certaine admiration pour celles qui à l’époque ont endossé courageusement ce rôle de ménagère pas toujours choisi; un amusement d’entendre ce qui aujourd’hui nous paraît des sermons venus d’un autre monde; un soulagement de constater que sur certains plans les choses ont évolué, et une inquiétude quant à celles qui sont restées engluées. Finalement peut-être, une détermination rieuse pour le chemin qui reste à parcourir.

Les compositions croustillantes a capella de Joséphine Maillefer permettent aux chanteuses de s’accompagner au rythme des râpes à fromages et autres ustensiles de cuisine, et dans les mouvements, quelle fierté de voir défiler ces douze femmes, présentées comme “les silhouettes d’aujourd’hui”. Des silhouettes oui, mais incarnées par des voix, et quelles voix!

Cocotte-Minute, le musical 50s des ménagères romandes
Du 6 au 10 avril 2022
Centre culturel des Terreaux

Concours

Le concours est terminé! Le délai était au 20 mars à minuit.

Pour un aperçu vidéo du spectacle:

https://fb.watch/bOEO99JIFO/

 

Fiasco. Photo de Louis Choisy

Road-trip vocal en Deux-Chevaux

Les quatre artistes de la troupe Provox, Dominique Tille, Faustine Jenny, Constance Jaermann et Jérémie Zwahlen, se lancent dans un road-trip sur des routes peu empruntées. Leur comédie musicale a cappella, qui n’aura du Fiasco que le titre, se joue dès ce mardi 8 mars et jusqu’au 20 mars au Théâtre 2.21 à Lausanne.

Texte: Katia Meylan
Propos recueillis auprès de Dominique Tille et Faustine Jenny

La trame

Alors que l’air n’est plus à la fête depuis longtemps, un quatuor se met en route aux aurores pour aller animer une noce à Chrüterchraft – une bourgade de plus sur leur routine de chanteurs de mariage. Quand l’incident se produit, les quatre ami·e·s se retrouvent à la croisée des chemins. Que devenir?

Des sketches à la comédie musicale narrative

En 2014, Provox se formait pour monter un premier spectacle intitulé Par les pouvoirs qui nous sont conférés, patchwork satirique de reprises sur le thème du mariage arrangées a cappella. “À l’époque, en chantant La Chenille ou Tourner les serviettes dans ce qu’on appelait notre Medley beauf, on s’imaginait déjà qu’on aurait pu être des chanteurs de mariage et certains sketch mettaient en scène les engueulades en coulisses, les moments de ras-le-bol”, nous racontent Faustine Jenny et Dominique Tille.

Avec Fiasco, le groupe parcourt une borne de plus. En gardant l’identité légère, humoristique et bien sûr a cappella de Provox, ils imaginent cette fois un spectacle entièrement original.

Pour la trame, ils se tournent vers la scénariste Stéphanie Mango. “Elle nous connait bien et l’histoire de Fiasco est liée à la nôtre, mais un peu décalée”, révèlent les membres du groupe. En se basant sur des types de personnalités proches des leurs, l’histoire tissée par Stéphanie propose à chacun·e un personnage approfondi. Un changement majeur par rapport aux sketchs interprétés jusque là.

C’est là une des spécificités de la pièce. “Chanter a cappella nous donne la contrainte théâtrale de ne pas pouvoir sortir du plateau, car à quatre voix, on est dans le minimum de l’harmonie. On doit trouver des astuces de mise en scène pour justifier le fait qu’on chante tout le temps; comme chaque personnage a sa volonté propre, si les quatre disent la même chose ce n’est pas cohérent”, partage Dominique. “C’est une contrainte nouvelle pour nous, qui peut créer un nouveau savoir-faire!”, ajoute-t-il encore, enthousiaste.

Fiasco. Photo Louis Choisy

Photos: Louis Choisy

Des compositions inédites

Qui dit spectacle original dit morceaux inédits. Lorsqu’on leur demande quel sera  le style musical de Fiasco, Faustine et Dominique répondent d’une seule voix: Lee Maddeford. La marque de fabrique du compositeur est en effet l’absence d’un style défini. “On lui a donné carte blanche. On pourra avoir un morceau purement comédie musicale avec des voix envoyées, un autre plus jazz avec des harmonies serrées, et tout à coup quelque chose qui ressemble à de la country”.

Bien placé en sa qualité de membre du quatuor, Jérémie Zwahlen réalise les arrangements vocaux pour un spectacle sur mesure. Et nos interlocuteurs de préciser: “Il connait nos voix, nos forces et nos faiblesses”.

Dominique Tille sent que la prise de risque et le côté intime du chant a cappella créent une communion avec le public. “On est nous-mêmes, à nu, c’est notre voix sans micro qui résonne. Je crois que cette sincérité plaît de plus en plus”.

Fiasco réunit ainsi les expériences de ces quatre artistes touchant à l’art choral, au chant classique, au théâtre ou encore à l’harmonisation. “On est dans notre zone de
confort, mais on en repousse les limites au maximum!”, résume le musicien.

Fiasco
Du 8 au 20 mars 2022
Théâtre 2.21, Lausanne
www.theatre221.ch

François Wavre

Mercury, un charisme pour enflammer les esprits et calmer le thermomètre

Des chansons de Queen et des réflexions sur le thème du réchauffement climatique. Quel rapport? D’un seul mot, comme un cotillon, la compagnie Calmez-vous! souffle et le fil se déroule: Mercury. Freddie Mercury, chanteur charismatique condamné par le SIDA. Mercure, dieu messager de potentielles mauvaises nouvelles. Mercure, planète inhabitable du fait de ses températures extrêmes ou élément chimique d’un thermomètre qui monte, qui monte…

Texte et propos recueillis par Katia Meylan

Quelques jours avant le début de la première de Mercury qui se tiendra ce jeudi 3 mars à l’Échandole, deux compagnies en pleines répétitions se croisent entre les pierres du théâtre, à la pause de midi. “Vous faites quoi, vous?” – “On sauve le monde!”, répond malicieusement la metteuse en scène Sophie Pasquet-Racine. Une boutade qui se réfère à l’axe engagé avec lequel les esprits rêveurs de la Cie Calmez-vous! montent leur pièce. 

Ce que l’on ne trouve pas dans Mercury (puisque l’on parle de décroissance)

Parmi les problèmes de ce monde en peine, c’est celui du climat que la pièce empoigne à bras-le-corps, non seulement par sa thématique mais aussi dans les différentes étapes de sa création. Pas d’achats, 95% de la production est du recyclage – ce qui a surtout donné du travail à la costumière et au scénographe! sourit Yvan Richardet, auteur de la pièce. Quant à la troupe, elle vit de nourriture locale végétarienne et de déplacements en train, dans la mesure du possible. “Comme dans le monde qu’on rêve!”, résume Yvan. Ce dernier n’en est pas à son coup d’essai sur le thème de la décroissance, puisqu’il s’était déjà intéressé de près à ce courant de pensée cinquantenaire dans son seul en scène L’Émeute, en 2018.

L’écologie a toujours été un élément central de la vie d’Yvan Richardet. Le comédien nous confie que pour le tout jeune fils d’agriculteur qu’il était au début des années 90, “les écolos, c’étaient ceux qui empêchent, les extrémistes qui voulaient toujours faire opposition à un projet”. Mais ce combat pour un idéal l’intrigue. Il se documente et prend conscience que l’échéance de notre système se rapproche… jusqu’à devenir l’urgence n°1. 

Mercury François Wavre

Passer l’étape de l’anxiété

Aborder une thématique si complexe demandait bien une rhapsodie.
C’est lors d’un laboratoire de création qu’Yvan Richardet constate qu’un morceau de Queen passé juste après avoir parlé d’un sujet grave avait comme allégé la tension et fait prendre au thème une dimension poétique. Dans l’écriture de sa pièce, il aménage donc des alternances entre les faits – que l’on n’a pas toujours envie d’écouter – et la musique qui fédère spontanément. Ni covers ni parodies, leurs adaptations sont tantôt tranches de vie du groupe ou traductions lyriques qui servent la trame.
Aude Gilliéron, comédienne, confirme: “Comme le personnage de Cassandre que je joue, je suis moi-même angoissée par la question climatique. Chanter du Queen me sort de toute sensation négative. C’est une énergie pour la révolution!”. 

L’énergie débridée

Ainsi, dans l’histoire de Mercury, la création théâtrale est mise en abîme, tout comme les enjeux du discours écologique. Cassandre, doctorante dans le domaine des sciences, sèche sur la préparation de sa conférence TED au sujet de l’effondrement climatique. Comment en parler sans être culpabilisante, moralisatrice, sans tomber dans une suite de chiffres assommants mais au contraire la susciter, cette envie de révolution? Dans leur petit appartement, Cassandre et son amoureux mettent alors leurs idées en commun pour imaginer une conférence à la manière d’un théâtre de marionnettes pour enfants, d’une scène shakespearienne, d’un vaudeville du siècle dernier ou… d’une comédie musicale rock se basant sur la vie du plus charismatique des chanteurs? En parallèle de l’histoire de ces jeunes gens,  on suit l’histoire d’autres jeunes gens, quarante ans plus tôt, qui apprennent que l’un entre eux a le SIDA…

Sur scène, Yvan Richardet, Aude Gilliéron, Simon Pellaux et Renaud Delay endossent tous les costumes et donnent de la voix. Quand certain∙e∙s dansent, les autres passent de la trompette au clavier électronique ou se font techniciens. Les flight cases tournoient en guise de décor et le public assiste à la création du tube We are the champions en même temps qu’il apprend le volume d’eau du lac de Morat et le pourcentage d’énergie renouvelable en Europe, qu’il se demande s’il veut faire naître des enfants dans ce monde ou qu’il se remémore ses jeunes années sur Bicycle Race, lorsqu’il s’était dit que c’était ok d’être gay.

Mercury
Du 3 au 5 mars à l’Échandole, Yverdon  
Du 9 au 11 mars au CPO, Lausanne  
Les 18 et 19 mars au Casino Théâtre de Rolle  

Hollywood - Scène d'ouverture

Hollywood – rencontres éphémères avec les personnages du 7e art

From now onEverybody, need somebody… déboulés… jetés… mashed potatoes… Ma tête pleine de musique et mes pieds jaloux parcourent, sous la pluie, la distance de la Sallaz aux bas de Lausanne. On ne regrette même pas d’avoir raté le bus de 23h39 à Servion qui nous aurait assuré la correspondance. Le Théâtre Barnabé et la Compagnie Broadway ont le don de nous faire rêver, le temps d’un retour à la maison, d’un week-end, et de nous laisser les réminiscences pailletées de ce rêve jusqu’au lundi au bureau.

Texte de Katia Meylan

Décidément un petit air de Hugh Jackman chez Noam Perakis lorsqu’il ouvre le spectacle, en veston de cirque entre les rideaux rouges, entonnant le titre The Greatest Show. Autour, les chœurs-coulisses annoncent déjà tout le potentiel vocal de la troupe. Le directeur de la Compagnie Broadway et metteur en scène du spectacle est rapidement rejoint par les douze artistes qui composent Hollywood, dans un tourbillon de chant, de danse et de personnages différents. Si les rôles sont répartis selon les domaines de prédilection (on est notamment scotché par la voix de Tania Zoppi ou par le jeu de jambes de Gilles Guenat, plusieurs fois champion du monde de claquettes), toutes et tous offrent une performance complète – comme le veut l’art exigeant de la comédie musicale.
À l’étage, le Vincent Kessi’s Free Fellowship Band (VKFFB) les accompagne en live. Ce samedi-là, trois musiciens sont absents, d’autres ont dû prendre leur place au pied levé: “Remplacer trois musiciens sur huit quelques jours avant la représentation était un challenge. Il a fallu expliquer les enchaînements rapides et les interactions avec les comédiens, en plus de toute la partie purement musicale!”, atteste Vincent Kessi, qui a assuré avec brio que le show n’en pâtisse pas.

Hollywood - Scène far west et DeLorean

Hollywood n’a pas de trame narrative, mais est composé d’une suite de sketches permettant de placer un maximum de références au 7e art (en débordant un peu de la pellicule, car on a cru y repérer Fort Boyard, Qui veut gagner des millions et peut-être Kaamelott). Impossible de toutes les citer, on en a sûrement raté quelques-unes et cela semble malicieusement fait exprès de leur part: Une DeLorean, un T-Rex, un Stormtrooper, Gollum-Dobby, Dumbledalf le Blanc discutant avec Katniss Everdeen, toutes et tous passent en un instant, éphémères, entrainé∙e∙s par le décor tournant du Théâtre Barnabé. D’autres références encore sont réservées au public fidèle de Servion, qui relèvera par exemple que Loren Muñoz et Giliane Béguin, véritables triple threat, retrouvent un instant leurs rôles respectifs de sœur Marie-Robert et Sœur Marie-Patrick de la production Sister Act en 2019. …Et cela juste après avoir campé la Petite Sirène ou Rose dans Titanic, et juste avant de redevenir des artistes de cirque pour clôturer le spectacle avec le titre From now on, à nouveau tiré de la comédie musicale The Greatest Showman. Après les blagues et le cinéma, retour au rêve, retour à ce que sont les artistes sur scène.

Oui, on a un peu la tête qui tourne de toutes ces rencontres. Et c’est ça qu’on aime!

Hollywood
Jusqu’au 19 février 2022
Théâtre Barnabé, Servion
barnabe.ch/spectacles/hollywood/

Voilà la vie parisienne

Voilà la Vie Parisienne

Les énergiques Raphaëlle Farman et Jacques Gay de la Comédie Lyrique sont de retour en ce moment à Genève, avec une création de leur crû, intitulée Voilà la Vie Parisienne, librement adaptée de l’opéra bouffe d’Offenbach (1866). Le livret, signé Raphaëlle Farman, est tissé autour d’airs lyriques et de chansons françaises familières à la troupe, qui en modifie les paroles aux besoins de sa trame humoristique.

Texte de Katia Meylan

Le décor est posé: un petit couvent, abritant cinq Sœurs et un Frère, décide de se transformer pour une nuit en maison des plaisirs afin d’entourlouper un riche baron, le faire dépenser son argent et ainsi éviter la ruine et la fermeture.

Si on dit que l’humour est personnel et que son sens varie d’une personne à l’autre… il est aussi sans aucun doute influencé par les fréquentations et par les discours qui nous nourrissent. Intéressée par les mouvances qui tendent à fluidifier plutôt qu’à exacerber les différences, je suis sceptique lorsque qu’un spectacle tire sur des ficelles genrées pour faire rire, mettant en scène hommes et femmes dans des rôles clichés bien définis. Si le rire passe en partie par la surprise, de voir un baron veuf à l’accent belge voulant s’en “fourrer jusque-là” de jeunes filles parisiennes, les reluquant, les consolant sur ses genoux, ne me surprend (malheureusement) pas plus que ça, ni de voir des filles se faire juger constamment sur leur beauté ou leur âge et toutes risquer de passer à la casserole contre leur gré.
(Un petit twist final dans les couples constitués a tout de même été inattendu, mais je ne vous le révélerai pas!)

Comme le chante le personnage du Frère dans une reprise en duo de Vous les femmes, travesti pour l’occasion et poursuivi par le baronJe comprends si bien les femmes qui balancent leur porc!“. Quelques clins d’œil de ce type rappellent que le tout est à prendre au second degré, et que ces personnages aux traits grossiers sont surtout là pour chanter, danser et faire rire d’eux.

Jacques Gay nous confie à la fin du spectacle: “tout aseptiser, tout aplatir, et il serait difficile de rigoler!”. Les opérettes ou les vaudevilles, jupes courtes, paillettes, perruques et léopard à l’appui, ont de tout temps joué sur ces clichés. La Comédie Lyrique reprend ces codes, et le public est réceptif, tant sur les blagues que sur les chansons qu’il lui arrive d’entonner en chœur. À la fin de la pièce, de façon sympathique et familiale, les artistes présentent les jeunes de leur troupe et discutent volontiers avec la salle.

C’est très personnel, mais je me dis que, couplé à cette bonne humeur et à ce talent, plutôt qu’une trame pastiche, on aimerait une fois voir une proposition plus actuelle!

 

Voilà la Vie Parisienne
Du 13 au 16 décembre à 20h
Salle Centrale Madeleine
www.comedielyrique.com/voila-la-vie-parisienne-2

 

La grande parodie genevoise

Pour fêter la fin d’année, Genève se met sur son 31 en rire, danse et chanson. La Revue genevoise reprend le style désormais classique du cabaret-théâtre et plusieurs comédien-ne-s et danseur-euse-s reviennent sur les éléments marquants de 2021 avec humour et talent.

Texte: Alexandre Romi 

C’était la première fois en deux ans que je me rendais dans une salle aussi pleine. Je retrouvais la bonne vieille salle du Casino-Théâtre, avec ses sièges de velours rouge, ses balcons et ses moulures décoratives. Bien que le public n’ait été prévenu, la salle était apparemment en travaux, à en croire la première scénette. Nous avons ainsi assisté à la presque rénovation du théâtre, du moins au nettoyage, aussi peu efficace que possible, mais aussi drôle que nécessaire. Nettoyage effectué par nulle autre que Claude-Inga Barbey, qui interprète son fameux rôle de Manuela, femme de ménage à la langue bien pendue qui tente simplement de nettoyer le “bordel” laissé par les neuf acteur·trice·s et les six danseur·euse·s entre plusieurs scènes.  

Et du bordel ils en font! Les nombreux décors, effets lumineux, costumes et accessoires nous nous ébahissent, tant par leur variété que par leur qualité. Les scènes sont tout autant variées, allant de la politique genevoise tumultueuse à la finale de l’euro en passant par le covid. Le public autour de moi, moi inclus d’ailleurs, riait à gorge déployée devant l’incarnation somme toute fidèlement parodique de Vladimir Poutine par Jean-Philippe Meyer, ou lors du “One man Circus” de Laurent Deshusses. La qualité des intermèdes musicaux n’est pas en reste, car, même si la plupart des interprètes ne ferait pas se retourner un seul siège à The Voice, l’ensemble était très réussi, sublimé par des chorégraphies de qualité. 

Photo: Igor Kromov

Personnellement, j’ai beaucoup apprécié les parties sur la politique, sur la culture et sur la médecine, qui étaient à la fois criantes de vérité par certains aspects tout en demeurant totalement satirique. Les interventions d’Alain Berset, nous enjoignant expressément à ne pas rire pour des raisons sanitaires et de médiocrité du spectacle, n’ont heureusement pas été respectées, tandis que Guy Parmelin nous montrait son fameux talent de polyglotte. 

Quelques rares scénettes étaient moins à mon goût; j’ai notamment trouvé que le propos du sketch sur le harcèlement en magasin, seul sketch où je n’ai pas saisi la référence d’ailleurs, était gênante, car il suggérait que les jeunes vendeuses étaient responsables de l’attitude machiste et harcelante de leur patron. En outre, j’ai constaté que certains éléments abordés dans le spectacle ont été tellement omniprésents cette année que les gens n’étaient pas forcément content·e·s de les aborder à nouveau, notamment sur le vote des femmes, et, d’un point de vue plus personnel, la victoire sur la France au football, bien que la scène constitue une très belle conclusion au spectacle. 

Photo: Igor Kromov

En guise de conclusion, j’ai été émerveillé par le brio du jeu et la diversité des pièces, entre théâtre, danse et concert, qui valent à mon avis le détour. C’était même un véritable feu d’artifice consacré à l’humour, j’entends

La Revue genevoise 
Du 14 octobre au 31 décembre 2021 
Casino-Théâtre, Genève 
www.larevue.ch  

Sugar, butter, flour

Ou “sucre, beurre, farine” – ce qui ne perd rien de son charme, c’est officiel. Mercredi soir au CPO, des artistes de comédie musicale de Paris et d’ici ont joué, en première mondiale, Waitress en français.

Texte: Katia Meylan

Écrite et composée d’après le film du même nom par la chanteuse pop Sara Bareilles, la comédie musicale Waitress a débuté en 2015 et se joue depuis à Broadway et dans le West End à Londres. La version française est toute fraîche puisqu’elle s’est créée – en version concert – pour la première fois sur scène avant-hier soir, à Lausanne!

Deux énergies ont convergé pour ce faire: celle des Parisiens Jérôme Bortaud et Laurent Stachnick, qui ont obtenu les droits pour devenir directeurs artistiques et co-auteurs/traducteurs de l’œuvre en français, et celle de l’équipe lausannoise de l’OPEN MIC & CO, qui travaillent passionnément à faire vivre la comédie musicale dans la région, notamment en organisant des workshop ainsi que des soirées concert suivi de scènes ouvertes au CPO.

Hier, la deuxième partie scène ouverte n’a pas pu avoir lieu pour cause de mesures sanitaires, mais personne parmi le public ne semblait déçu∙e. L’ambiance générale était plutôt à l’émotion d’avoir entendu Waitress sur scène, offerte par onze voix toutes plus généreuses les unes que les autres.

La troupe éphémère a pris le parti de présenter les chansons de Waitress en étant disposée en chœur, les solistes s’avançant pour chanter leurs solos, duos ou trios, accompagné∙e∙s en live par deux musiciens, au piano et à la basse électrique. Entre les différents morceaux, Laurent Stachnick narrait la trame de l’histoire, tragicomique, nous permettant de suivre pas à pas l’histoire de Jenna. Serveuse dans un “diner”, enceinte de son mari violent, elle qui fait de si bonnes tartes, elle qui vient de rencontrer l’amour mais n’ose pas le vivre, rêve de refaire sa vie ailleurs…

Même sans avoir vu une version théâtrale, on découvrait chacun des personnages dans les attitudes des chanteur∙euse∙s. Aude Gilliéron, qui interprétait le rôle principal, était formidablement touchante. Elle était bien entourée, et les regards qui se lançaient sur scène, en plus d’être ceux de Jenna, Dawn, Becky ou du Dr. Pomatter, disaient aussi le plaisir d’être là.

Monter cette comédie musicale serait un travail titanesque, la version concert était donc un premier pas vers ce qui pourrait se faire dans le futur… On a hâte!

www.concert-openmic.com

La Cuisine saupoudre Dickens de neige et de burlesque

Jusqu’au dimanche 22 décembre, le théâtre éphémère La Cuisine (qui remplace provisoirement le Théâtre de Carouge, en rénovation) présente Un conte de Noël de Charles Dickens. Ce grand classique de la prose victorienne est adapté au théâtre par Claude-Inga Barbey, comédienne et metteuse en scène réputée dans la sphère culturelle francophone.

Texte: Athéna Dubois-Pèlerin

Photo: Carole Parodi

L’histoire est bien connue: Ebenezer Scrooge, vieil avare au cœur de pierre, n’aime rien ni personne. Il méprise tout contact amical, rudoie son employé et refuse de venir en aide aux pauvres gens qu’il croise quotidiennement, malgré tous ses moyens. Sa vie bascule lorsque, dans la nuit de Noël, il reçoit la visite de trois fantômes, l’Esprit des Noëls passés, l’Esprit du Noël Présent et l’Esprit des Noëls à venir, qui lui ouvrent les yeux sur ses choix de vie et l’incitent à devenir un homme meilleur.

Fable émouvante sur le thème de la rédemption, l’œuvre se prête également très bien à une adaptation scénique, et Claude-Inga Barbey ne s’y trompe pas. Optant pour une approche ouvertement festive et familiale, la metteuse en scène monte un spectacle à mi-chemin entre la farce et la comédie musicale. Si la pièce accuse un certain manque de rythme et souffre d’un humour un peu répétitif, on retiendra la très bonne performance de Claude Vuillemin en Scrooge bougon et misanthrope, ainsi que le charme facétieux de Pierric Tenthorey, qui campe un jeune clerc débordant de jovialité (en distillant par-ci par-là quelques habiles tours de passe-passe dont le comédien et magicien a le secret).

Photo: Carole Parodi

Là où la version de Claude-Inga Barbey se démarque particulièrement, comparée à des adaptations plus traditionnelles du conte, c’est dans l’ajout d’un personnage qui, bien qu’il ne figure pas dans l’œuvre originale, paraît si “dickensien” dans son essence qu’on n’y voit que du feu. Il s’agit de la vieille Arabella, tante de Scrooge, interprétée par la metteuse en scène elle-même avec un délicieux accent britannique tout en subtilité. Acariâtre jusqu’à l’archétype, le personnage d’Arabella est inspiré par une longue lignée de figures dickensiennes irrésistiblement antipathiques, et son influence la plus probable est sans doute à chercher du côté de la sadique Miss Havisham des Grandes Espérances.

Arabella aurait élevé son neveu orphelin avec tant de dureté qu’elle lui aurait transmis son amertume et sa haine de l’humain: tel est le parti pris de cette adaptation-ci, qui cherche, sinon à excuser Scrooge, du moins à offrir une explication à sa légendaire insensibilité. “Je reste persuadée que tout le mal commis par des individus sur cette terre, vient en grande partie du mal subi par ces mêmes individus auparavant” affirme ainsi avec chaleur Claude-Inga Barbey. Une thèse puissante, qui permet d’offrir au méchant Scrooge la plus belle des rédemptions, celle qui passe par le pardon envers celles et ceux qui nous ont fait du tort.

Un conte de Noël
Jusqu’au 22 décembre

Théâtre de Carouge – La Cuisine

www.theatredecarouge.ch

Il était une fois Hollywood à la cinémathèque suisse

Pour notre plus grand plaisir en ces temps de compétition cannoise, la Cinémathèque suisse mise sur le glamour et les paillettes avec un cycle sur Hollywood. Retour sur quatre films à l’affiche, à découvrir ou à redécouvrir, jusqu’au 16 juin.

Texte: Marion Besençon

“Singin’ in the Rain” de Stanley Donen (1952)

Classique universel du cinéma, “Chantons sous la pluie” enchante son public depuis bientôt 70 ans. Cette comédie musicale nous parle d’amour en période de transition du cinéma muet au cinéma parlant. Avec humour et à grand renfort de situations burlesques, l’histoire des studios d’Hollywood est abordée dans l’esprit des meilleurs divertissements. Alors que les numéros dansés et chantés d’anthologie se succèdent, la bonne humeur est contagieuse. C’est le feel good movie de la rétrospective avec l’inoubliable Gene Kelly en as des claquettes!

“A Star is Born” de Frank Pierson (1976)

“Une étoile est née” est un remake à la signature musicale forte grâce à une bande son originale interprétée par Barbra Streisand qui tient d’ailleurs le premier rôle féminin. C’est l’histoire d’une passion entre un rockeur alcoolique sur le déclin et une chanteuse talentueuse sur le point d’être révélée au public. Dans cette version post-Woodstock de la naissance d’une star, préserver le couple des conséquences néfastes du succès consiste à adopter un mode de vie en autarcie dans les grands espaces américains. Malgré les garde-fous, l’utopie restera sans effet sur les pulsions destructrices du chanteur… Les rançons de la gloire et son lot d’émotions fortes: le tout façon hippie et en chanson.

“The Anniversary Party” de Jennifer Jason Leigh et Alan Cumming (2001)

Une actrice et un écrivain sélects réunissent leurs proches dans leur très chic villa hollywodienne pour célébrer leur sixième anniversaire de mariage. Les intentions sont pures: dire la longévité d’un amour, les réussites professionnelles de chacun et l’importance de l’amitié. Pourtant, la consommation d’alcool et de drogue autour de la piscine va faire surgir des vérités d’abord pour pimenter la soirée avant de la transformer en véritable cauchemar. Quels liens survivront aux nombreuses révélations explosives?

“Maps to the Stars” de David Cronenberg (2014)

Le retour inopiné d’une jeune psychopathe dans les quartiers huppés de Los Angeles va pousser au drame deux acteurs en quête d’une renaissance. Benjie est un enfant-star toxicomane sous pression sur le tournage d’une grosse production qui doit lui permettre de renouer avec le succès; Havana est une actrice dépressive qui vit dans l’ombre de sa célèbre mère et place tous ses espoirs dans l’obtention d’un rôle pour lequel elle n’a plus l’âge. Malgré un désir partagé d’affranchissement, ils seront rattrapés par leurs addictions et leurs démons – ceux-ci étant exacerbés par l’arrivée d’un personnage déviant à la casquette double de sœur et d’assistante personnelle. De cette vision radicale et morbide de l’industrie du cinéma ressortent les manies des stars et les pièges de la célébrité. Dirigée par Cronenberg, Julianne Moore crève l’écran (Prix d’interprétation à Cannes) et justifie en soi de voir le film.

Hollywood: l’envers du décor
Cinémathèque Suisse, Lausanne

Projections jusqu’au 16 juin

Tous les films de la rétrospective et horaires sur https://live.cinematheque.ch/films

 

 

De l’Université à Brode-Way

Issu·e·s de toutes facultés, de Psychologie à Chimie en passant par Lettres ou Informatique, la quarantaine d’étudiant·e·s de l’Association Comédie Musicale UNIGE présentait son dernier spectacle “Brode Way, l’Art de trouver chaussure à son pied” du 5 au 8 avril au Casino Théâtre de Genève. L’occasion de découvrir qu’il se passe bien d’autres choses que les cours en amphithéâtre et les longues sessions d’examens à l’Université de Genève.

Texte: Léa Frischknecht

Photo: G. Asper

Mathilde a des rêves d’Amérique et plus particulièrement de Broadway. Elle enchaine les auditions, malheureusement sans beaucoup de succès. Mais lorsqu’elle apprend que sa grand-tante, dont elle ignorait l’existence, décède et lui lègue un vieux magasin de vêtements presque en ruine, sa vie va basculer. Et c’est le public tout entier qui bascule également, dans un univers magique et coloré, où les vêtements s’animent, rêvent de trouver un·e propriétaire mais n’hésitent pas non plus à se rebeller en chantant le célèbre chant révolutionnaire”Do you hear the people sing?” de la comédie musicale “Les Misérables”.

C’est donc avec plaisir que les spectateur·trice·s sont emporté·e·s dans les péripéties de Mathilde qui, accompagnée de ses employé·e·s, essaie de redresser tant bien que mal son nouveau commerce, se frottant à d’épineuses difficultés telles que les complexités de l’administration ou les habiles tours de main de Mrs Prince, une millionnaire qui s’est mis en tête d’acquérir l’échoppe.

Photo: G. Asper

Lorsque l’on va voir une comédie musicale écrite, montée et jouée par des étudiant·e·s, on peut s’attendre à un certain amateurisme. En une heure et demi, les acteur·trice·s, chanteur·euse·s et danseur·euse·s du spectacle nous prouvent le contraire. On décèle un réel travail, tant dans l’écriture du scénario, mêlant habilement humour et finesse, que dans les chorégraphies qui, sans faire preuve d’une synchronisation militaire, apportent fraicheur et dynamisme au spectacle. Au niveau de la musique, le répertoire est varié, passant des classiques de la comédie musicale comme “Mamma Mia” ou “Starmania”, aux références cinématographiques avec “La Belle et la Bête” de Disney ou “La La Land”, agrémenté d’un peu de pop avec, notamment, des morceaux de Britney Spears et Mickael Jackson. Et en plus d’être justement interprétée, la musique nous fait découvrir de belles voix qui pourraient s’avérer prometteuses en cas d’abandon d’une carrière universitaire!

Un autre élément qui frappe lors de la représentation, c’est la forte complicité qui règne entre ces artistes en herbe, et qui renvoie une énergie positive et contagieuse. Rencontrée à la fin du spectacle, Mathilde, qui étudie en Sciences politiques et qui tient le rôle éponyme du spectacle, est plus que ravie de son expérience au sein de la CoMu. “J’ai rejoint l’association en septembre 2016, quand je suis rentrée à l’Uni, en première année. J’avais vu dans les activités proposées, un atelier de comédie musicale et j’ai trouvé ça très original et attirant. Il s’est avéré que ça n’a pas été seulement une activité culturelle mais aussi un endroit où on tisse des amitiés fortes et où on développe un esprit de groupe incroyable, avec une motivation et un intérêt pour le chant, la danse et le théâtre énorme et commun à tous les participants”.

Photo: G. Asper

Donc, en plus de présenter un spectacle de qualité, l’association universitaire offre une belle expérience de vie et l’occasion de créer des liens uniques lors de son parcours académique. De quoi donner envie aux futur·e·s étudiant·e·s de l’Université de Genève qui s’intéresseraient à l’univers de la comédie musicale.

Et si vous êtes déçu·e·s d’avoir raté cette joyeuse troupe, pas de panique: foncez le 11 mai prochain au Festival Fécule à Lausanne pour leur dernière représentation.

Brode-Way, l’art de trouver chaussure à son pied
Le 11 mai 
à la Grange de Dorigny
Dans le cadre du Festival Fécule (28 avril au 11 mai)
http://wp.unil.ch/grangededorigny/spectacles/

 

Petit concerto conjugal

Jeudi 22 novembre 2018. Salle centrale de la Madeleine, 20h30. Le brouhaha est impressionnant, il faut dire que la salle est pleine à craquer. Ce soir, Raphaëlle Farman et Jacques Gay présentent leur “Petit concerto conjugal” et on sent que le public, avant même que la lumière ne s’éteigne, est pris d’une certaine ébullition. On entend, dans les bribes de conversations, des personnes ravies de retrouver les comédiens et d’autres, impatients de les découvrir.

Texte: Léa Frischknecht

Soudain, le noir se fait, tout le monde se tait. Entrent en scène les deux auteur∙e∙s de la pièce qui sont, ce soir, Henri et Yvonne, un couple amoureux mais qui traverse quelques problèmes de fidélité. En effet, on apprend très vite qu’Yvonne, comédienne, aime son mari mais également les militaires… Et pas que! Cependant, elle n’y peut rien Yvonne, c’est une maladie qui se transmet de mère en fille dans sa famille, elle ne le fait pas exprès! Le couple est donc au bord de la rupture mais attend une visite importante: Esteban Ramirez, célèbre acteur de cinéma dont les histoires de cœur font la une des tabloïdes, est de passage à Paris. Auteur de théâtre accompli, Henri, qui aimerait bien voir Esteban jouer dans sa prochaine pièce, les a conviés à séjourner chez eux. Le couple met donc ses tracas de côté pour accueillir leurs invités. Mais c’était sans compter Paulette, la jeune femme qui accompagne Esteban Ramirez et dont le physique ne sera pas sans déplaire à Henri qui cherche un moyen de se venger de sa femme. Ces aventures sont suivies de près par les domestiques, Gracieuse, une flamande pleine de pep’s et Nestor, un snob au grand cœur, qui s’amusent ou s’inquiètent des chamailleries de leurs patrons. Mais leurs relations sont également quelque peu mouvementées!

À l’entrée, une affiche promettait une “comédie TRÈS musicale”. C’est plus que réussi puisque le niveau est excellent. C’est normal lorsqu’on sait que Raphaëlle Farman et Jacques Gay, qui ont de belles carrières de chanteurs d’opéra à l’international, ne visent que le meilleur. Le florilège de pièces choisies mélange des airs d’opéra, d’opérette et de chanson française. Il y en a donc pour tous les gouts! Les membres de l’équipe ne sont pas choisis au hasard non plus, tous ont de très beaux rôles à leur palmarès et cela s’entend: la qualité des prestations vocales est impressionnante. Certain∙e∙s chanteur∙teuse∙s et les membres de l’orchestre sont issus du projet “Le Pont des Arts”, qui permet à de jeunes talents en fin de cursus dans les Hautes Ecoles de Musique de Lausanne et Genève de se produire sur des spectacles professionnels. Le mélange entre expérience et souffle de jeunesse est bluffant et on ne peut que saluer le talent de ces jeunes – et moins jeunes – artistes.

Mais l’affiche aurait très bien pu nous promettre une “comédie TRÈS poilante” tant on passe son temps à rire. Entre rebondissements et quiproquos, on suit avec grand plaisir l’aventure presque vaudevillesque de ces personnages délirants. Situations absurdes et parfois un peu coquines, dialogues bien ficelés, chorégraphies amusantes et rythmées, tout est fait pour vous dérider. Et ça marche, si on en croit le fou-rire de quelques minutes d’une dame du cinquième rang qui a finit par contaminer toute la salle.

La bonne humeur de la joyeuse troupe est tellement communicative qu’on voudrait presque chanter avec elle ces airs que l’on connait et que l’on sifflote encore deux heures après la représentation… Chose qui sera bientôt possible avec leur nouveau spectacle, “Attention! Maîtres chanteurs” qui se jouera les 8 et 15 janvier ainsi que le 25 février 2019.

C’est avec beaucoup d’impatience que l’on se réjouit de retrouver toute la bande de la Comédie Lyrique Romande à la Salle Centrale de la Madeleine, en début d’année prochaine!

www.lyricomedies.com

“Cats” en tournée à Lausanne

Pour les amateurs de comédie musicale, la troupe londonienne est au Théâtre de Beaulieu jusqu’au 7 mai. Une production efficace et de haut niveau.

Texte: Cécile Python
Photos: Alessandro Pinna

Dans la pénombre, des paires d’yeux jaunes s’illuminent les unes après les autres. Alors qu’éclate la musique d’Andrew Lloyd Webber, des créatures hirsutes déboulent dans les allées pour nous entraîner au bal des chats: “Cats” vient de débuter au Théâtre de Beaulieu et ça commence fort. Dans un décor fantastique de terrain vague géant signé John Napier, la célèbre comédie musicale créée en 1981 à Londres va pouvoir se dérouler pour le plus grand plaisir d’une salle comble. Jouée dans le monde entier et récompensée de nombreux prix, la mise en scène originale de Trevor Nunn, longtemps directeur de la Royal Shakespeare Company, a été reprise en 2014 à Londres pour partir ensuite en tournée mondiale.

C’est donc en version originale surtitrée que le public de Beaulieu a pu assister au spectacle, contrairement à la production de Paris en 2015, où la même mise en scène avait été jouée en traduction française. Il faut avouer qu’entendre les acteurs dans leur langue maternelle a son charme, même s’il faut lever les yeux vers le surtitrage de temps en temps.

De toute façon, ce n’est pas vraiment l’action – minime – qui importe dans cette comédie musicale. En effet, celle-ci est vite résumée: une fois par an, les Jellicle Cats se réunissent autour de leur chef, le Vieux Deuteronomy, qui choisit parmi eux celui qui rejoindra la Felinosphère pour pouvoir renaître. Pas de quoi fouetter un chat et on peut se demander ce qui fait tenir le spectacle pendant 2h30. Basée sur des poèmes de T.S. Eliot, la pièce se constitue d’une suite de scènes au cours desquelles on nous présente chaque chat. Si elle ne contient pas tant de rebondissements, on y trouve une certaine poésie et des personnages attachants, tels que Gus, ancien chat de théâtre qui raconte ses gloires passées ou Macavity, le maître du crime, qui donne lieu à un superbe duo de chanteuses.

Macavity

Malgré quelques longueurs, le spectacle séduit car il est en grande partie basé sur la danse, qui prend le relais de l’action. Pas de dialogue étonnamment, seulement du chant et du mouvement ce qui se révèle très exigeant pour les interprètes qui assurent 2h30 de show. La chorégraphe Gillian Lynne a dansé dans de grandes compagnies de ballet avant de réaliser – entre autres – “Cats”. Sa chorégraphie qui recourt à plusieurs styles pour s’accorder aux divers personnages (classique, jazz ou encore claquettes) est sensuelle et joueuse. Elle se sert de mouvements vifs et précis pour figurer les chats. En dehors des danses de groupes, il y a tout au long de la pièce une gestuelle travaillée: souplesse, passages au sol, cambrures, yeux grands ouverts, gestes vifs de la tête, des mains et des pieds ainsi que des sauts, le tout stylisé évidemment. Seul bémol: elle a tendance à abuser des grands battements de jambe à une hauteur indécente. Cela demande des excellents danseurs capables encore de chanter malgré ce rythme haletant, ce que la troupe relève avec brio. La plupart des interprètes ont des parcours de haut niveau et ils nous servent la pièce avec énergie et précision. On sent en effet que la mise en scène est réglée au millimètre. Les effets spéciaux sont heureusement bien dosés et utilisés à bon escient. Enfin, on apprécie que la pièce déborde le 4ème mur et on profite que les chats viennent chanter nez à nez avec les spectateurs pour les admirer de près. Ainsi, toute la salle devient leur terrain de jeu et le public se laisse entraîner par la magie du spectacle.

www.theatredebeaulieu.ch/representation/spectacle/8012/cats 

Effervescence sur le pont!

Mercredi dernier à la Grange de Dorigny dans le cadre du festival Fécule, Comédies Musicales UNIGE a présenté avec une folle énergie sa comédie musicale bateau, “Meurtres & Marinières”. Trois représentations sont encore prévues au Théâtre de la Cité Bleue à Genève en mai.

Texte: Katia Meylan

Le Fécule, festival des cultures universitaires, accueille chaque année les projets estudiantins les plus divers: théâtre dans toutes les langues, philosophique, absurde, musical, improvisé, concerts et ciné-concerts. Mercredi c’est une troupe genevoise qui a montré de quoi elle était capable avec sa création originale “Meurtres & Marinières”.

Après une brève introduction des membres de la croisière, le ton est donné par un cours d’aérobic coloré sur “Boogie Wonderland”, qui rassemble les vingt-quatre comédiens-chanteurs-danseurs de la troupe.

Photo: Margaux Voumard

On entre dans le vif de l’histoire lorsque l’on apprend la mort de Madame Vieille, une vacancière assassinée durant la nuit. Le coupable se trouve forcément sur le bateau! Agatha Poivron, étudiante en criminologie à l’Université de Lausanne, compte bien faire valider ses crédits de Master en résolvant l’enquête.
La secrétaire de Madame Vieille a-t-elle à voir avec ce méfait? Bien qu’elle avoue que la nuit du meurtre elles ont toutes deux reached for the gun (“Chicago”), elle ne semble pas être la coupable. Est-ce alors la femme de ménage, qui travaillait pour la famille de Madame Vieille lorsqu’elle était adolescente et nous raconte nostalgiquement ses  Memories (“Cats”)? Le couple infidèle? La parano? Je ne vous révélerai pas le fin mot de l’histoire. Quoi qu’il en soit, les événements dramatiques n’empêchent nullement à l’équipage de présenter son spectacle de fin de croisière sur “Cabaret”, avec un solo très charmant de l’une des comédiennes.

Photo: Margaux Voumard

Au départ, je n’étais pas sûre d’être conquise, peut-être à cause des interférences des micros et de l’humour facile – la détective Agatha Poivron, le couple Tristan et Iseut qui s’est rencontré dans “l’Amour est dans le pré”, le Mousse qui organise les soirées mousses… C’est “Cell Block Tango” (“Chicago”) qui m’a fait chavirer. On imagine les heures de répétitions pour ce numéro abouti, autant vocalement qu’au niveau des chorégraphies et même des décors. Les performances de groupe en général contiennent une énergie rayonnante, et les comédiens communiquent au public leur réel plaisir d’être sur scène.

Si le spectacle compte des classiques de comédies musicales dont on ne se lasse pas, il y a aussi des surprises comme “Skyfall” de Adele, ou “Rich girl” de Gwen Stefani, avec un solo dynamique de la benjamine de la troupe et des danseuses reprenant les chœurs.

On ressort avec le sourire et, pour les plus enthousiastes, on se demande où il faut signer pour en faire partie l’an prochain!

La comédie musicale inédite sera rejouée, en entrée libre, du 6 au 8 mai au Théâtre de la Cité Bleue à Genève. https://www.facebook.com/events/206038199890924/
Quant au Fécule, il continue jusqu’au 6 mai. Une folle envie de philosophie, d’accent tessinois ou de costumes fluo? C’est à la Grange que ça se passe ! www.facebook.com/FestivalFecule

Effervescence sur le pont!

Mercredi dernier à la Grange de Dorigny dans le cadre du festival Fécule, Comédies Musicales UNIGE a présenté avec une folle énergie sa comédie musicale bateau, “Meurtres & Marinières”. Trois représentations sont encore prévues au Théâtre de la Cité Bleue à Genève en mai.

Texte: Katia Meylan

Le Fécule, festival des cultures universitaires, accueille chaque année les projets estudiantins les plus divers: théâtre dans toutes les langues, philosophique, absurde, musical, improvisé, concerts et ciné-concerts. Mercredi c’est une troupe genevoise qui a montré de quoi elle était capable avec sa création originale “Meurtres & Marinières”.

Après une brève introduction des membres de la croisière, le ton est donné par un cours d’aérobic coloré sur “Boogie Wonderland”, qui rassemble les vingt-quatre comédiens-chanteurs-danseurs de la troupe.

Photo: Margaux Voumard

On entre dans le vif de l’histoire lorsque l’on apprend la mort de Madame Vieille, une vacancière assassinée durant la nuit. Le coupable se trouve forcément sur le bateau! Agatha Poivron, étudiante en criminologie à l’Université de Lausanne, compte bien faire valider ses crédits de Master en résolvant l’enquête.
La secrétaire de Madame Vieille a-t-elle à voir avec ce méfait? Bien qu’elle avoue que la nuit du meurtre elles ont toutes deux reached for the gun (“Chicago”), elle ne semble pas être la coupable. Est-ce alors la femme de ménage, qui travaillait pour la famille de Madame Vieille lorsqu’elle était adolescente et nous raconte nostalgiquement ses  Memories (“Cats”)? Le couple infidèle? La parano? Je ne vous révélerai pas le fin mot de l’histoire. Quoi qu’il en soit, les événements dramatiques n’empêchent nullement à l’équipage de présenter son spectacle de fin de croisière sur “Cabaret”, avec un solo très charmant de l’une des comédiennes.

Photo: Margaux Voumard

Au départ, je n’étais pas sûre d’être conquise, peut-être à cause des interférences des micros et de l’humour facile – la détective Agatha Poivron, le couple Tristan et Iseut qui s’est rencontré dans “l’Amour est dans le pré”, le Mousse qui organise les soirées mousses… C’est “Cell Block Tango” (“Chicago”) qui m’a fait chavirer. On imagine les heures de répétitions pour ce numéro abouti, autant vocalement qu’au niveau des chorégraphies et même des décors. Les performances de groupe en général contiennent une énergie rayonnante, et les comédiens communiquent au public leur réel plaisir d’être sur scène.

Si le spectacle compte des classiques de comédies musicales dont on ne se lasse pas, il y a aussi des surprises comme “Skyfall” de Adele, ou “Rich girl” de Gwen Stefani, avec un solo dynamique de la benjamine de la troupe et des danseuses reprenant les chœurs.

On ressort avec le sourire et, pour les plus enthousiastes, on se demande où il faut signer pour en faire partie l’an prochain!

La comédie musicale inédite sera rejouée, en entrée libre, du 6 au 8 mai au Théâtre de la Cité Bleue à Genève. https://www.facebook.com/events/206038199890924/
Quant au Fécule, il continue jusqu’au 6 mai. Une folle envie de philosophie, d’accent tessinois ou de costumes fluo? C’est à la Grange que ça se passe ! www.facebook.com/FestivalFecule